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I

2.O. ^. ZO

r \

HISTOIRE DE FRANCE

AU mX-HUITIÈME SIÈCLE

XVIJ

Le lecteur est prié de ne pat Ifre avant de corriger let Brrata

luîvanti :

KRRATA

Kt d'abord la faute capitale de la page 77 : Homme d'esprit, homme de cœuTf lisez : Homme d'esprit, homme de cour.

Page 17, ligne 14. Effacer le mot terrible.

40, 24. Au lieu de : une d^mt-brume; lisez : une brume.

62, 20^ Au lieu de: son faible frère ; lisez : son frère.

74, 6. Au lieu de : Emile de Rousseau : lisez Edouard de

J^ousseau.

141, 8. Au lieu de : périssait d'elle-même; lisez : ne

pouvait manquer de périr.

152, 13. Au lieu de : du gouvernement; lisez : de gouver-

nement.

216, 2. Effacer ces mots : les vidant y renvoyant tant

d'hommes ensevelis au jour.

260, 28. Au lieu de : assolée ; lisez assotie.

265, 4. Au lieu de : /^Polignac; lisez : laPolignac.

276, 2. Au lieu de : ce mode; lisez : ce monde.

303, 2. Au lieu de : Chapitre XVIII; lisez : Chapitre XIX.

(Les chapitres suivants sont aussi mal numérotés.)

336, 5. Au lieu de : Louis XVI; lisez : Louis XV.

371 , 24. Au lieu de : mineurs ignorants; lisez : mineures,

ignorantes.

375, supprimer les lignes 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23.

379, ligne 18. Alu lieu de : hait; lisez : hait.

385, 26. Au lieu de : faible ; lisez : faihlet.

PARIS. ■— IlIP. SIMON R^ÇON ET COMP., RDE D'ëRFDRTH^ 1.

HISTOIRE DE FRANCE

Al] DIX-HUITIÈME SIÈCLE

LOUIS XV

ET

LOUIS XVI

PAR

J. MICHELET

PARIS

LIBRAIRIE GHAHEROT ET LAUWEREYNS

iZ, RDB DU JARDINET

1867

L'Auteiir et l'Editeur se réservent le droit de traduction et de reproduction à l'étranger*

PRÉFACE

L'Uisloire de France est lermiaée.

J'y mis la vie. Je ne regrette rien.

Commencée dès 1850, elle s'achève enfin (1867).

Il est rare que celte courte vie humaine suffise à de pareils labeurs. L'un des grands travailleurs du siècle, M. de Sismondi, eut le chagrin de ne point achever. Plus heureux, j'ai vécu assez pour mener celte histoire jusqu'en 89, jusqu'en 95, traverser ces longs âges , enfin joindre à celte épopée le drame souverain qui l'explique.

Tout mon enseignement et mes travaux divers convergèrent vers ce but. Je déclinai ce qui s'en écartait, le monde et la fortune, les fonctions pu- bliques, estimant que Thistoire est la première de loulotj.

a

Il

Mes livres secondaires qu'on croyait des excur- sions, ont été les éludes, les constructions préa- lables, parfois même des parties essentielles du grand édifice.

Je ne réclame rien pour le travail pénible que j'eus d explorer le premier, à chaque âge, les sources alors peu connues (manuscrits, ou im- primés rares). J'ai été trop heureux de les signaler à Taltention. Chacun de mes volumes, attaqué, discuté, n'en fut pas moins l'occasion d'éditer les nouveaux documents que j'avais exploités. Beau- coup sont maintenant publiés, dans les mams de tous.

Le principe moderne, tel que je l'exposai (1846) en tête de ma Révolution, trouve au présent vo- lume, en Louis XV et Louis XVI, sa confirmation décisive. La clarté saisissante des documents nou- veaux, comme une blanche lumière électrique, perce de part en part le trouble clair-obscur s^affaissa la monarchie.

Nos pères, par une seconde vue, aperçurent en 92, qu'un complot fort ancien de l'étranger contre la France se tramait en Europe et dans Vei'sailles même. Les preuves étaient insuffisantes et ils ne pouvaient qu'affirmer.

Dans ma Révolution, j'en pus dire davantage (sur le procès de Louis XVi). Les royalistes eux-

III

mêmes, leurs aveux triomphants, éclaircissaienl au moins 92.

Mais jusqu'où remontaient Tintingue et les ma- chinations? Récemment dans mon Louis XV (ch. xn, p. 192), réunissant des documents irré- cusables, j'établis que nos pères n'avaient eu qu'une vue partielle et incomplète en ce qu'ifs appelaient le Complot autrichien. Je remontai plus haut. Je donnai un fil sûr pour l'histoire de cinquante années : la Conspiration de famille. Je montrai que, non-seulement par Marie- Antoinette, Choiseul et les traités de 1756, mais bien avant, et dès Fleury, l'étranger régna à Versailles, bien plus, que le Roi fut constamment l'étranger *.

C'est le grand courant de l'histoire, et le fil général. Ceux qui voulaient durer et garder le pou- voir, comme Fleury, Choiseul, savaient parfaite- ment qu'il fallait se ranger au grand courant , ne pas s'en écarter, se soucier fort peu de la France, être bon Espagnol, boïi Autrichien, ser- vir la pensée fixe, l'intérêt de famille.

Louis XV écrivait tous les jours à Madrid, à sa fille rinfanle. La grande affaire de sa vie fut

' Est-ce à un éiranger qu'en doit remettre Tépée, Tarniée et le salut? grosse question. Un livre spécial là-dessus, un livre fort est parti de Zurich, livre amer, mais sahibre et sain (chose aujourd'hui si rare), plein de réveil et plein de vie, dont plus d'ua dormeur vy^^rersi (Dufraisse, Histoire du droit de guerre et de paix, de 89 à 1815. Paris, éd. Lechevaher.)

IV

de faire reine celte fille, ou mieux, de faire impé- ratrice la fille de sa fille qui épouserait Joseph IL

De vient que le Roi, de cœur très-espa- gnol, devient très-aulrichien, T Autriche étant la seule maison celle de Bourbon puisse se maiîer sans déroger. Joseph II naît à peine qu'il est le mari projeté, désiré, de Versailles et Madrid. Prise énorme pour Vienne. La catholique Autriche, par un ministre philosophe, Choiseul, met la France en chemise, amuse l'opinion, mystifie Versailles et Ferney.

Voilà, je le répète, le grand courant qui domine l'histoire : l'intérêt de famille. Y eut-il un eonlre- courant? une politique française qui balançât un peu cet ascendant de ^étranger? On voudrait bien le croire, et quelques-uns l'ont soutenu. On eût trouvé piquant de découvrir que Louis XV, ce toi sournois, haïssant ses ministres et trahissant la trahison, fut en dessous un patriote. L'excellente et curieuse publication de M. Boularic (1866) a montré ce qu'on en doit croire. On y voit que Conti et BrogHe firent tout pour l'éclairer, lui trouvèrent des observateurs habiles et de pre- mier mérite, des Vergennes et des Dumouriez, et qu'ils ne réussirent à rien. Dans ses petits billets furtifs, il ne veut et ne cherche qu'un certain plaisir de police. C'est la jouissance peu- reuse du mauvais écolier qui croit faire un tour

a ses maîtres. Nulle pari ii n'est plus misérable. Il s'égare en ses propres fils, veut tromper ses agents, ment à ceux qui mentent pour lui, il perd la tête et convient qu'il c< s'embrouille. » son tyran Choiseul le pince et Thumilie. Il se renfonce dans l'obscur, dans la vie souterraine d'un rat sous le parquet. Mais on le tient : Ver- sailles tout entier est sa souricière.

L'affaire d'Eon (et la confirmation que M. Boularic donne au récit de M. Gaillardet, tiré des papiers d'Eon même) , cette affaire illu- mine le rat dans ses plus misérables trous. Choi- seul y est cruel, impitoyable pour son maître. On ne s^étonne pas de la haine fidèle que lui garda un homme qui haïssait peu (Louis XVI).

Sur Choiseul j'ai été très-ferme, contre Voltaire et autres dupes. Croira-l-on que Flassan ose im- pudemment dire que Choiseul n'est pas Autrichien? (t. VI, 151.)

Que nous en coûta-t-il? rien que le monde. En- fermée désormais, perdant à la fois ses deux Indes, bannie d'Amérique et d'Asie, la France vit l'An- glais occuper à son aise les cinq parties du globe.

Cela apparemment nous brouille avec l'Au- triche? Nullement. Remarquable progrès de cette invasion intérieure. Vienne nous a menés quatorze ans par le fil peu sûr d'une maîtresse usée >

VI

la Pompailoiir, ou d'un pelil roué, Choisail. Elle prend à Versailles un solide établissement par une jeune reine charmante, toute-puissante par la passion , immuablement Autrichienne^ et qui, dans le trône de France, mettra de petits Autrichiens. De même que, par sa Caroline, Marie-Thérèse a repris Naples et Tascendant sur ritalie, par Marie-Antoinette elle pèse sur la France, l'exploite aux moments décisifs.

Il est curieux de voir combien notre diplomatie a été et est autrichienne. M. de Bacourt (Intr. à Lamarck) n'a pas craint d'avancer que Marie- Antoinette ne se mêla pas des affaires, n'agit pas pour sa mère, son frère, etc.!! Voilà jusqu'où, aux derniers temps, on osait nier l'hisloire, démentir la tradition, tous les témoignages con- temporains, la concordance des mémoires, l'aveu des royalistes eux-mêmes.

Ce n'était plus un parti, c'était la grande masse des honnêtes gens et des gens bien pensants qui laissait l'histoire, préférait le roman. Sur celle pente, la fantaisie s'enhardissait et avançait, mê- lait ses jeux à des ombres si sérieuses. La légende allait son chemin. Des esprits inventifs, des plumes adroites, habiles, avaient des bonheurs singuliers, des trouvailles imprévues, charmantes. Ces nou- veautés étonnaient quelques-uns ; mais , dans peu, devenant anciennes, elles auraient fini par

vu

être respeclees, prendre rautorilé du temps. Un matin, qui l'eut cru? des archives de Vienne, d'un dépôt si discret, si peu intéressé à édaircir l'histoire, arrive à la légende le plus accablant dé- menti !

Et de qui, s'il vous platt? de la reine elle-même, sa mère, de ses frères.

Par qui? par la voie la plus sûre, l'honorable archiviste de la maison d'Autnche, M. Ârneth, qui donne ces lettres textuelles, et sans changement que l'orthographe (qu'il a eu le tort de rectifier).

Le fameux complot autrichien, tant nié, n'est que trop réel. Qui le dit? C'est Marie^Thérèse. Rien de plus violent que l'action de la mère sur la fille, de celle-ci sur le Roi.

Les projets de démembrement que formait la Coahtion, furent-ils coïinus du Roi et de la Reine, quand ils appelaient l'étranger? Savaient-ils qu'il voulait mutiler, déchirer la France? Point fort es- sentiel qui devait influer sur le jugement définitif que l'histoire porterait sur eux*.

^ L'ignorance Ton était, explique VindiUgence des historiens, de MM. Tbiers, Mignet, Droz, Louis Blanc, Lanfrey, Garnot, Ternnux, Qui- net. C'est en juin 1865, que M. Geffroy, lo premier en France, fit connaître la pubtication d'Arnetli, apprécia los inraies et les fausses letlres du roi et de la reine avec une ingénieuse et pénétrante critique. Voir l'appendice de son livre Gustave III et la cour de France, si riche, de faits nouveaux 9ur Tbif toire de ce temps.

VIII

Les lettres pttbliées par Arnelh monlrenl qu'ils furent très-averlis. Ils surent que le secours de- mandé coûterait à la France ses meilleures fron- tières, les barrières qui la gardent, et ne purent pas douter qu'ainsi démantelée et à discrétion, elle ne fût en péril pour l'intérieur, le corps même de la monarchie. L'ambassadeur d'Autriche les ayertit expressément « que les puissances ne fe- raient rien pour rien, » se payeraient de l'Alsace, de nos Alpes et de la Navarre (7 mars 91 , p. 147-149) . Malgré cette communication, la reine réclama de nouveau l'invasion (20 avril). Enfin, la Coalition s'élant armée et complétée, la reine révéla à l'Au- triche le plan de Dumouriez et le point que devait attaquer Lafayette : « Voilà, dit-elle, le résultat du conseil d^hier y » conseil tenu devant le Roi et dont elle connut par lui le résultat pour en informer l'ennemi (26 mars 92, Arneth, 259).

Tout ce que les Campan et autres amis de la Reine, pour excuser ses torts, nous disent de la froideur du Roi, est mis à néant par ces lettres. Il la suspectait fort, il est vrai, à son arrivée. 11 fut un peu tardif. Mais dès 71, un an après le mariage, quoiqu'ils fussent encore des enfants, elle était maîtresse de lui. Les ministres étrangers le voyaient, en tiraient augure (Creutz, ap. Get- froy). Duclos dit à Tavénement (en mots très-crus

IX

que je traduis) : « La femme el le lit régne- ront. »

Louis XVI n'eut rien de la France, ne la soup- çonna même pas. De race et par sa mère, il était un pur Allemand, de la molle Saxe des Augustes,

*

obèse et ail ourdie de sang, charnelle et souvent colérique. Mais, à la différence des Augustes, son honnêteté naturelle, sa dévotion, le rendirent régulier dans ses mœurs , sa vie domestique. En pleine cour il était solitaire, ne vivant qu'à la chasse, dans les bois de Versailles, à Coni- piègne ou à Rambouillet. C'est uniquement pour la chasse, pour conserver ses habitudes, qu'il tint les États généraux à Versailles (si près de Paris I )

S'il n'eût vécu ainsi, il serait devenu énorme ^ comme les Augustes, un monstre de graisse, comme son père le Dauphin, qui dit lui-rpême, à dix-sept ans, « ne pouvoir traîner la masse de son corps. » Mais ce violent exercice est comme une sorte d'ivresse. Il lui fit une vie de laureau ou de sanglier. Les jours entiers aux bois par tous les temps. Le soir , un gros repas oii il tombait de sommeil, non d'ivresse, quoi qu'on ait dit. Il n'était nullement crapuleux comme Louis XV. Mais c'était un barbare , un homme tout de chair et de sang. De sa dépendance de la reine. On le vit dès son âge de vingt ans,

X

dans la crise indécente de juillet 74. On le vit d'une manière effrayante dans les premières grossesses. Il était hors de lui, pleurait.

Nul roi ne montra mieux une loi de l'histoire, qui a bien peu d'exceptions : « Le Roi, c'est l'é- tranger. » Tout fils tient de sa mère. Le Roi est fils de l'étrangère, et il e& apporte le sang. La ^sécession presque toujours a l'effet d'une inva- sion. Les preuves en seraient innombrables. Ca- therine, Marie de Médieis, nous donnèrent de purs Italiens ; la Farnèse de même (dans Charles III d'Espagne). Louis XVI fut un vrai Saxon, et plus Allemand que l'Allemagne, dans l'alibi complet, la parfaite ignorance du pays il a régné.

Étrangers par la race, les rois le sont par la croyance, tous nécessairement attachés à la reli- gion qui veut Tobéissance et la résignation, sup- prime la patrie , les fiers instincts de liberté. Le chrétien pour patrie a le ciel, le catholique Rome. Tout roi est ti^s-ohrétien. Espagne, Au- triche, Portugal, etc., ont un litre analogue. Le schisme n'y fait rien. Papauté de Moscou, papauté de Londres, il n'importe, le trône a pour base l'autel. Notre roi, entre tous, portant jadis la chape, chanoine à Saint-Quentin, abbé de Saint- Marlin, fut essentiellement un personnage ecclé- siastique. Les deux derniers ont été très-fidèles à <îe caractère intérieur, essentiel, de la royauté.

XI

Louis XV, au moment décisif de son règne, vers 1750, quand la grande question peut déjà s'en- trevoir, lorsque déjà Ton crie : « Allons brû- ler Versailles ! » Louis XV affronte l'avenir , et à tout prix sauve les biens de l'Eglise. Louis XVI, sérieux, excellent catholique, très- i^posé à toute nouveauté, non-seulement refusa douze ans l'État civil aux Protestants, non-seule- ment garda et ménagea les biens d'Église, mais se perdit plutôt que de demander au Clergé un serment purement politique, qui ne blessait en rien sa foi religieuse.

Telle n'était point la Reine. Elle ne fut d'aucun des deux mondes, ni philosophe, ni dévote. Elle n'eut de religion que la famille. Malgré sa ser- vitude passionnée de la Polignac qui semblait l'é- carter de Vienne, il suffisait d'un mol de sa mère, de son frère, pour réveiller en elle le fond du fonds, Pintérêt autrichien.

Les leltres qu'on vient de publier éclairent terriblement la figure de Marie-Thérèse, la part qu'elle a dans le tragique destin de sa fille. Elle la conseille bien comme femme et pour la vie privée, mais elle la corrompt comme reine, exige d'elle tout ce qui doit la perdre. Par sa lourde, pressante et infatigable insistance, ses prières (qui vont jusqu'aux larmes), elle en fnil, dans les moments

XII

graves, ce que soupçonnai l Louis XVI, un funeste agent de rAulricbe. Parfois elle la trompe, lui ment (ment à sa fille !), Souvent elle l'exploite et spécule sur ses grossesses qui lui asserviront le Roi. Le détail très-honteux en est très-authen- tique.

On peut le dire, on lui vendit la Reine. Il ne l'eut (en juillet 1774) qu'au prix d'une concession déplorable. Il lutta quelque peu, et là, il est inté- ressant. Aidé de Maurepas, Vergennes, de ses

souvenirs surtout, de sa piété filiale, il s'obstina à repousser Choiseul, l'ennemi de son père, le chef du parti autrichien. Mais sa servitude char- nelle lui enleva le peu qu'il avait de force et do sens. Il faiblit trois fois pour l'Autriche, et, pour l'intérêt de Joseph, il compromit longtemps la cause américaine.

Les véritables royalistes ne pardonneront pas aux amis de la reine d'avoir avili Louis X\'I en le faisant compère des Galonné et des Loménie, de l'avoir employé à couvrir de sa parole, de sa personne aimée et populaire, ces minisires in* dignes. C'est le moment il tombe au plus bas, le seul moment vraiment il m'étonne. Dans quel néant moral le jela sa matérialité pesante pour qu'il oubliât le vrai Louis XVI, le roi dévot, et subît l'homme de la reine, l'incrédule et le prêtre athée (1787) !

XIII

Mais si le Roi, entraîné par la Reine , eut ce mo- ment d'inconséquence, reconnaissons qu'en tout le reste, il fut fidèle à sa tradition. 11 ne fut nulle- ment, comme on a dit, incertain et variable, mais toujours le même et très-fixe (au moins dans son for intérieur) contre toute nouveîiulé, contraire à FAmérique, contraire à Turgot et à Necker, forcé de marcher quelquefois, mais n'avançant qu^à re- culons, et eu protestant en dessous.

Les réformes que lui arracha la force de l'opinion, n'eurent aucune portée sérieuse ; on le verra par ce volume. Les fameuses Assemblées provinciales qu'on a fait valoir récemment, ne furent qu'un leuiTe en 1786. Le Roi, loin de céder en rien au progrès et à la raison, s'aigrit par les conces- sions, fort légères, qu'il lui fallut faire, les men- songes quMl lui fallut dire. Nos pères ne se trompèrent en rien lorsqu'ils sentirent en lui le so- lide, rinconvertissable ennemi de la Révolution.

Pour établir cela et le mettre dans (oui sou jour, j'ai m'écarter peu, effleurer, éluder ce qui m'en éloignait. De plusieurs lacunes \ Maintes

^ Ëii revanche ; j'ai développé certains laits vraiment capitaux; par exemple, la révolution de Grenoble qui fit celle de la France, et pour laquelle M. Gariel m*avait ouvert les sources les plus précieuses. Je regretterais beaucoup plus mes lacunes si mon ami, M. Henri Martin, dans sa judicieuse histoire, si viclie en précieux détails, n'y suppléait souvent avec autant tf exactitude que de talent. L'histoire de l'art est

XIV -—

choses ne sont montrées que de profil, plusieurs même passées tout à fait.

Rien ne me pèse plus que d'omettre sur le chemin tels faits admirables, héroïques, qui sont restés sans récompense, sans mémoire jusqu'ici.

4

L'histoire doit payer pour la France. Ces dettes me suivent et me poursuivent. Je ne me pardonne pas de n'avoir pas parlé de cet obscur Léonidas qui nous a sauvés à Sainl-Cast, et dont la vail- lance oubliée m'est révélée à ce moment par mon savant ami, M. le professeur Macé.

Que de dévouements, que d'efforts, de sacrifices et de cruels malheurs, que de vertus punies par la dureté du sort, dans notre histoire maritime et coloniale I Je resterais inconsolable si je n'y reve- nais un jour.

Il faut dire que la France entière du dix -hui- tième siècle (tant légère qu'on la croie) a eu un esprit étonii^nl de générosité , parfois excessif en bonté. L'élan pour l'Amérique est sim- plement sublime. -^ L'attachement bizarre , obstiné , acharné , qu'elle eut pour Louis XVI, fermant \e$ yeux à l'évidence, le croyant toujours un bonhomme , est ridicule, si l'on veut, mais

mieux da^is les fines et «ivantcs notices de MM. de Goncourt, qi^e je n^aurais pu faire* Deux sérieux esprits, si ne! s et si loyaux, MM. Ber- spi, Barni, ont donné sur nos philosophes d'excellents jugements <)ui resteront définitifs. Ils ocNrrigent ec que peut avoir peut-être ^'excessif ma critique de Rousseau.

XV

touchant. Âueunefaiiten'y piU rie»^ non pas même les fusillades de Paris, en 88»

Nul fiel en celle âme de France. Tellemenl baïc par l'Angleterre, elle ne la hait pas du tout» E^, c'est juste au moment TAngleterre la ruine» que la France Tadmîre, s'en engoue, ta copie. Et notez que, pour le progrès des idées, la. France fait tout, V Angleterre rien^ pendant soiocante-dix ans. De la mort de Newton à Watt, elle est exactement stérile ( loyal aveu de M. Buckle).

Ce cœur exubérant, si facile et si bon, si char- mant de la France, il faudrait bien le dire tout au long, ce que je n'ai pu. Ces justices dues à nos pères pour une foule d'héroïsmes obscurs, il fau- drait, tôt ou tard, qu'on les rendît enfin. On dit que Camoëns eut aux Indes un emploi, fut V adminis- trateur du bien des décédés. Ce titre, cette charge, sont ceux de Thislorien. Je n'en resterai pas in- digne, j'acquitterai ces dettes et ne mourrai pas insolvable.

Il me convient d'être mon juge. J'essayerai, si je vis, dans un travail à part , d'apprécier cette œuvre, en ce qu'elle a de bon, d'incomplet, de mauvais. Je ne sais que trop ses défauts. Alors, je pourrais faire ce qu'on ne peut dans une pré- face : je dirais les méthodes dont j'ai usé selon

XVI

les temps, la spécialité de nos arls historiques que Ton connaît fort peu.

Mais je voudrais surtout y dire le travail |)er- sonnel, intime, qui se faisait en moi pendant ce long voyage. Mon œuvre était pour moi (plus qu'un livre) la voie de l'âme. Elle m'a fait ol a fait ma vie.

Paris, 1*^' octobre 1867.

HISTOIRE

DE FRANCE

AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE.

CHAPITRE PREMIER.

Chute de Bernis. Avènement de Choiseul. 1758.

La paix ou la banqueroute, telle était la si- tuation en 1758. Et une banqueroute sanglante, des combats dans Paris, peut-être. Le Roi avait dit lui-même : « Si Ton ne paye pas la rente, il y aura une révolte. »

Le Roi n'allait plus à Paris. Mais si Paris af- famé avait été à Versailles? Dans la redoutable émeute de mai 1750, quelqu'un l'avait proposé.

L'attente d'une révolution était telle en ce .moment, que plusieurs voulaient partir, émigrer^ ^se mettre à l'abri. Rousseau y songeait, et bien

XVII.

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d'autres, comme cet homme du Parlement, qui le consulta là^dessus {Confessions).

Bernis aurait tout donné pour ne plus être ministre. Seulement qui eût pris celte place? Il semblait qu'un homme perdu pouvait seul accepter l'héritage de la ruine et du désespoir. Bernis supplia Choiseul, notre ambassadeur à Vienne, de venir, de s'unir à lui, ou plutôt de le remplacer.

La situation avait fort empiré depuis Rosbach. Un Condé (prince de Clermont) battu, reculant jusqu'au Rhin. Les Anglais descendant en France et démolissant Cherbourg, brûlant en sécurité cent vaisseaux devant Saint-Malo. Point d'argent pour en refaire. Cinq cents millions de dépense, trois cents millions de recette. Un déficit annuel de deux cents millions. Le Roi vivant, de mois en mois, sur les avances usuraires que lui fai- saient les banquiers, les priant, souvent en vain {Rich.y IX, 429). Les choses en étaient au point que Ton n'osait plus compter. Une enquête fit connaître, en 1764, que depuis huit ans on n'écri- vait plus dans nos ports. Plus de registres de nos armements maritimes {Deffandj I, 317).

Le contrôleur des finances, Séchelles, était devenu fou. Bernis était près de l'être. Il bavar- dait éperdu, proposait des choses vaines, conseil- lait à la Pompadour d'appeler ses ennemis, Mau-

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repas et Chauvelin I Chauvelin, ennemi de la cabale autrichienne! Maurepas, l'ennemi des maîtresses, qui, le lendemain peut-être, eût chassé la PompadourI

Nous n'avons pas assez dit ce qu'était ce pau- vre Bernis, monté si haut par hasard. Il n'était pas ambitieux. S'il hasarda, dit Duclos, de faire une grande fortune, c'est qu^il ne put réussir à en faire une petite. Son esprit, ses jolis vers, sa jolie figure poupine, longtemps Pavaient laissé pauvre. Ayant fait un mauvais poëme de la Reli- gion vengée y il plut au Roi, qui le mit auprès de la Pompadour pour la polir, la former, la mettre au niveau de Versailles (1745). Elle le fit minis- tre à Venise (1752), son agent près de l'Infante dans leur complot autrichien. Il fut l'homme de l'Infante, beaucoup trop lié avec elle, et lancé surtout par elle dans la criminelle affaire qui compromettait la France sur le vain espoir que TAutriche donnerait à cette folle le trône des Pays-Bas.

Il se vit avec terreur l'automate dont jouait l'Autriche. Cela fut très-ridicule pour la Conven- tion de Hanovre. Bernis d'abord applaudit. Mais, l'Autriche murmurant, Bernis blâma. Puis, sous le coup de Rosbach, la marionnette vira, ap- prouva. Il n'était plus temps.

Il était pourtant un point cessait son obéis-

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sance, l'impuissance de payer le subside promis à Marie-Thérèse. Il exposa sa misère à l'impéra- trice elle-même, lui fit craindre que s'il y avait ici une explosion , elle ne perdît tout à la fois. Elle-même était fort abattue. En 1758, Frédéric vainqueur, vaincu, resta cependant si fort, que l'Autrichien, plus malade, n'en pouvant plus, recula et se cacha en Autriche.

Bernis, malgré la Pompadour, parla au Con- seil pour la paix. Il parla admirablement, avec la naïve éloquence de la peur, et cela gagna. Le Roi, encore tout autrichien, partagea l'effroi de Bernis. Avec le Dauphin, le Conseil, îl passe au parti de la paix , il autorise à traiter.

Nul homme n'aurait osé, dans une telle extré- mité , prendre la responsabilité énorme de s'op- poser à la paix. Il y fallait une audace d'igno- rance que n'eût eue pas un homme. Ce fut un crime de femme.

Elles osent moins dans la vie commune , vont moins devant les tribunaux. Mais, dans la haute vie d'intrigue, rien ne les fait reculer. Avec un sens, souvent fin et délicat des personnes, elles ont une ignorance terrible des choses , qui fait leur intrépidité oii tous les hommes ont peur.

Ce fut une affaire de théâtre. La Pompadour, qui ne fut jamais qu'une actrice, à quarante ans ne jouait plus les bergerettes; elle visait

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aux grands rôles. Faible çt molle (au fond), poitrinaire^ usée, vide, un vrai néant, elle avait son âme, sa force en son petit conseil secret, trois Lorraines qu'on peut appeler la vraie ca- bale d'Autriche. Avec des vues personnelles, très-diverses , elles agissaient à merveille dans le même sens près de la créature régnante. Comme une mauvaise indienne, sans revers, qui n'a rien dessous, salie, usée et fripée, qu'on raidit, qu'on met à l'empois, on lui donnait de l'attitude, une certaine consistance. Elle en reprenait l'apparence dans ses souvenirs dramatiques. Elle paradait de- vant la glace, se haranguait. Fausse en» tout, elle se trompait, elle-même. Elle se refaisait Cornélie, déclamait en long, en large, sur les échasses de Corneille. Les trois spectatrices admiraient, la trou- vaient belle, de hauteur, d'indomptable obstination. Lorsque Bernis arrivait avec ses yeux éga- rés, lui montrait le gouffre béant, lui disait que le danger, 1^^ haine et la fureur publique, les regardaient eux deux seuls, qu'on n'accusait qu'elle et lui, elle était sourde et muette, ouvrait de grands yeux, nobles, tristes, le laissait dire, s'agiter. « Je suis le ministre des limbes , » disait-il, du monde des rêves, incertain, vague et flottant. Elle, elle ne flottait point. Poussée par ses trois Lorraines, elle travaillait en dessous à se délivrer de Bernis.

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Il ne demandait pas mieux. Il brûlait de se sauver, pourvu qu'il fût cardinal, abrité par le chapeau. Il avait un double périL Sa dange- reuse princesse, Tlnfante, Pavait fourré dans les fils obscurs d'une intrigue nouvelle qui pouvait mettre contre lui et le Roi el le Dauphin, de plus trois rois étrangers. Il croyait voir déjà la foudre, croyait que, sans la robe rouge, il était en grand danger.

L'Infante qui rêvait tous les trônes, et Milan, et les Pays-Bas, et la Pologne, et les Siciles, se jetait à ce moment dans un nouvel imbroglio^ En août 1758, la mort de la reine d'Espagne, et la mort prochaine du roi Ferdinand, lui firent faire un plan hardi. Ferdinand, fils d'un premier lit, aimait peu son frère D. Carlos, roi de Naples, qui était pourtant son héritier naturel. Ne pou- vait-on le décider à adopter D. Philippe, duc de Parme, mari de l'Infante? Rome et les jésuites auraient applaudi. Les jésuites, maîtres de l'Es- pagne, avaient en horreur D. Carlos, frémissaient de le voir venir. Ce prince, livré aux avocats, aux ardents légistes de Naples, faisait une guerre ter- rible aux privilèges du Saint-Siège, aux Jésuites, à l'inquisition. Tout en s'habillant en chanoine et chantant l'office au lutrin, il allait rapide- ment dans la voie d'émancipation.

Mais pour exclure D. Carlos de l'Espagne, il

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fallait faire un scandale audacieux^ le déclarer illégitime et bâtard adultérin , fils d'un crime , d'une surprise du scélérat Albéroni S

Le général des Jésuites, Ricci , travaillait à cela. Il eût cloué Carlos à Naples, donné l'Es- pagne à noire Infante, Chose très-grave qui au- rait sauvé les Jésuites et en France, et en Espa- gne, prévenu certainement l'abolition de leur ordre. Dans une lettre de Ricci que lut M. de Choiseul, dans les mémoires qui furent saisis en

* L^histoire était romanesque, mais moins invraisemblable qu'on n'a dit. D. Carlos n'avait nul rapport avec son père Philippe V, ennemi des nouveautés, serf Texcès) de Thabitude. Par sa facilité extrême à adopta les réformes, sa partialité pour les Italiens, par Tadoption em- pressée de leurs plans les pins utopiques, Carlos, on ne peut le nier, rappelait fort Albéroni. Celui-ci avait été maître un moment de la Farnèse. Il Tavait créée, inventée, tirée de son grenier de Parme, mise au trône de TËspiigne et des Indes. Italienne chez les Espsignols, seule et mal voulue, elle n'avait d^appui que cet Italien. £lle fut six mois sans être grosse, ne prenant nulle racine encore contre le fils du pre- mier lit. Son mentor Albéroni put lui rappeler comment Anne d'Au- triche, enceinte à tout prix, se moqua de tous et régna. Albéroni était un nain, un gnome aux paroles magiques, diable noir aux yeux de dia- mant, n fit miroiter devant elle le monde défait, refait par lui, un D. Carlos roi dltalie, qui plus tard devenant roi d'Espagne, serait un autre Gharles-Quint. Elle n'était pas libertine, mais furieusement ambi- tieuse. U en serait D. Carlos. Elle n'aurait conçu du roi qu'à la chute d' Albéroni. Celui-ci croyait la tenir par le secret; il la raillait. Elle fut obligée de le perdre. Elle espérait le tuer, l'enterrer avec ce secret. Elle envoya des assassins, mais par miracle il échappa. Voilà le roman, bien lié, et qui eût pu réussir entre les mains de gens ha- biles autant que l'étaient les Jésuites. Serait-ce la cause réelle qui irrita tellement D. Carlos contre eux, le poussa plus qu'à l'expulsion de Tordre, mais à des traitements sauvages, qu'on aurait cru de ven- geance, qui semblaient avoir pour but la mort même des individus? (Y. Al. de StUnt-Priest, etc.)

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Espagne aux collèges des Jésuites (V. Aï. de Saint-Priest) ^ la bâtardise adultérine de D. Car- los était posée.

L'Infante, pour réussir dans un plan si hasar- deux , eût eu besoin que son père fût pour elle en 1758 ce qu'il avait été en 49 et 50- Elle avait vingt ans alors. Mais le temps avait passée Sa familiarité hardie, italienne, ne pouvait plaire, au roi, sec et fermé de plus en plus. Elle n'était pas aimée. Son intrigue de Pologne contre la mai- son de Saxe indisposait la Dauphine, le Dauphin, madame Adélaïde.

L'Infante n'avait réellement pour elle que Ber- nis, son Albéroni. Malheureusement il tombait. Il désirait de tomber, de partir sous le chapeau, que lui-même il appelait « un excellent para- pluie. » Il se retira le 10 novembre, en appelant Choiseul, et se réservant seulement de travailler encore pour ce qu'il avait mis en train , la paix avec le Parlement, surtout l'affaire de l'Infante. Ce fut son dernier acte politique. Il finit en galant homme, travaillant encore (14 novembre) à cette: adoption de l'Infant par le roi d'Espagne, Ferdi- nand, qui baissait rapidement. (Coxe.)

Cependant il n'était point dans l'intérêt de rAutriche, dans les vues de la Pompadour, que Berais restât à côté de Choiseul, embarrassant celui-ci dans la trahison hardie qu'on tentait au

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profit de Tienne. On n'agit pas directement, mais bien plus habilement, en employant la cabale, la petite cour du Dauphin. On prit un moyen brutal, simple et sûr, de les assommer. On pré- tendit que rilalienne, étant au lit après souper, aurait appelé Bornis, lui aurait dit : a Mettez-vous là. » Et ce n'était pas Bernis qui entrait; c'était un homme du Dauphin qui redit tout. On fit grand bruit de l'affaire. Et pourtant ce mot jeté ainsi sans précaution, portes ouvertes, pouvait fort bien signifier : « Mettez-vous à celte table, écrivez pour moi ceci. »

Le Roi était fort jaloux. Quand la chose lui fut rapportée, il en voulut cruellement à Tln- fanlé et à Bernis. Il ne put se rétracter, il lui donna le chapeau (30 novembre), mais il le jeta plutôt « comme on jette un os à un chien » {Hausset).' Bernis se sentit perdu. Il fut exilé le 15 décembre à Soissons, ne revint jamais, en- fin s'établit à Rome.

Mais le roi fut bien plus cruel pour l'In- fante. Il lui lança un affront , à la tuer. Il lui écrit qu'il exile Bernis et qu'elle doit être con- tente de cette satisfaction qu'il lui donne {Bar-- hier^ \n, 110)1 Mot de risée, s'il voulait dire qu'elle allait être joyeuse, plus outrageant s'il voulait dire qu'il voulait la venger par de celui qui l'avilissait.^

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Cette fille tellement aimée, pour qui le Roi a donné le sang de cinq cent mille hommes, reçoit ce cruel coup de fouet 1 Elle n'y survit qu'un an, ayant la douleur de voir que dans le nouveau traité, en donnant tout à l'Autriche, Choiseul ni le Roi, ni personne, ne se sou- vient de l'Infante, ni de ce qu'on lui a promis. Personne ne s'occupe pluç de son adoption d'Es- pagne, du plan contre D. Carlos.

Le traité que Choiseul osa, en arrivant au pou- voir, futrétonnement du monde. Conticuit terra. Nos vieux alliés les Turcs ne purent jamais le comprendre. Il renversait toute l'histoire de France en remontant à Richelieu, Henri IV et