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Elle se propose : De veiller à la conservation et à la restauration des monaments anciens^ et particnllèrement des édifices religienx; De développer le goût et l'étnde de l'archéo- logie; (*) Ud règlement provisoire avait été fait lors de la formation de la Société en 1851 ; ce règlement définitif fat arrêté dans la séance do mois d'ayril 1854 , et adopté dans la séance générale du mois de mai de la même année. a^ t* r II REGLEMENT De réunir tous les documents relatifs aux diverses branches de rbistoire civile et religieuse du Ni- vernais ; De rassembler tous les objets d'art et de science^ de quelque nature qu'ils soient ; De se mettre en communication avec les différentes sociétés savantes ; En un mot , de travailler à la propagation et au progrès des sciences , des lettres et des arts. IL ORGANISATION. La Société se compose : De membres titulaires; De membres honoraires ; De membres correspondants. Pour être membre titulaire , il faut être présenté par deux membres titulaires de la Société et admis au scrutin secret ^ et à la pluralité des voix. Sont de droit membres honoraires : Mgr TÉvêque, M. le Préfet du département , M. le Maire de Nevers , et M. le Président du tribunal civil. Pour être membre correspondant, il faut être présenté par un membre tilulaire, muni d'une demande écrite du candidat. L'admission aura lieu au scrutin secret et à la pluralité des voix. La Société se divise en quatre sections : 1"* Archéologie et histoire; 2* Littérature ; 3* Arts; i Dfl LA soasTÉ. m A* Sciences et indostrie. Un bureau d'administration, composé de membres titulaires , est chargé de ia direction de la Société» III. COMPOSITION DD BUREAU. Le bureau d'administration se compose : D'un président; D'un vice-président ; D*uii secrétaire; D'un pro-secrétaire ; D'un bibliothécaire-archiviste ; D'un architecte ; £t d'un trésorier , remplissant en même temps les fonctions de conservateur. Les membres du bureau sont élus au scrutin secret et renouvelés tous les trois ans , à la séance spéciale du premier jeudi de mai Les membres sortants peuvent être réélus. Le président 9 le vice-président^ le secrétaire et le trésorier siègent seuls au bureau. IV. FONCTIONS DES MEMBRES DU BUREAU ET SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. Le président dirige les travaux de la Société ; en cas d'absence , il est remplacé par le vice-président, et k défaut de celui-ci , par le plus ancien sociétaire, en suivanlTordre du tableau d'admission. r IV ftEfiUSMËNT Le secrétaire dresse les procès r- verbaux des séances et «Bt chargé de la confespondaiiee de la Société ; il est aidé dans ses fonetiiiiis par le pro- secrétaire. Les procès-verbaux des séances sont signés du président et du secrétaire. Le bibliothécaire-archiviste recueille les livres et manuscrits qui peuvent être offerts à la Société ; il en dresse ^ le catalogue et est chargé d'enregistrer les livres et manuscrits qui ont pu être prêtés aux membres de la Société. Le conservateur est chargé du soin et du clas- sement des objets d'art acquis à la Société; 11 inscrit, sur un registre spécial , les noms des donateurs, ainsi que Tindication du jour auquel Tobjet a été déposé. Chaque objet , décrit et numéroté sur un registre , porte avec lui son numéro. Le conservateur est, en outre, dépositaire des fonds appartenant à la Société ; il perçoit les souscriptions des membres titulaires, et acquitte les créances, après la décision du bureau , sur le vu bon à payer du président. L'architecte dresse les plans qui sont demandés pour les travaux de la Société. COLLECTIONS. £n cas de dissolution de la Société , la répartition des objets qui lui appartiennent sera faite par le bureau entre les Musées de Nevers et la Bibliothèque de la ville. INI LA SOGIBTS. V ASSEBIBLÉES. La Société se réoDit , h noins d'avis contraire , le premier jeudi de chaque mois, dans le local ordi- naire de ses séances. Après la lecture du procès- verbal de la séance précédente et les communications du bureau d'administration, le président propose les questions à Tordre du jour. L'ordre du jour épuisé , on entend les membres qui ont des commu- nications à faire. Avant de lever la Séance , le pré- sident, après avoir pris l'avis de l'assemblée» détermine l'ordre du jour pour la séance suivante. Les membres titulaires ont seuls voix délibérative ; les membres correspondants peuvent assister à toutes les séances , mais avec voix consultative seulement. Les décisions sont prises à la pluralité des voix des membres titulaires présents. Une réunion spéciale a lieu chaqiie année , au mois de mai. Dans cette réunion , le secrétaire pré- sente un compte-rendu des travaux de la Société pendant l'année, l^e conservateur lit un catalogue des objets acquis dans le cours de l'année. Il fait connaître l'état de la caisse , préalablement vérifié par le bureau; sur l'apprabation de l'assemblée, cet état est définitivement arrêté et signé par le bureau. VIL DISCIPLINE DES SÉANCES. Le président donne ou retire la parole ; il ouvre et ferme la discussion. TI RÈGLEMENT DE LA SOCIÉTÉ. Toute discussion purement politique ou religieuse est formellement interdite. VIII. COTISATION. Tout membre titulaire payera une cotisation annuelle de dix francs.. Les membres correspondants ne sont soumis à aucune cotisation. Toutefois , il payeront dix francs pour droit de diplôme. Ils peuvent recevoir le Buiîetin moyennant une somme annuelle de trois francs. Tout membre correspondant , dont un article a été inséré au Buiietin, reçoit le numéro ou les numéros qui contiennent cet article , ou la mention qui en a été faite. IX. Le présent règlement , adopté en séance générale, sera transcrit au commencement du registre des procès-verbaux ^ inséré (au Buiietin et affiché dalia la salle des séances. Vu et approuvé par nous , Préfet de la Nièvre. Nevers, le 25 septembre 185^. Le Préfet de la Nièvre, Â. De Magnitot. SOCIÉTÉ NFVERNAISE DBS SCIENCES, LETTRES ET ARTS. <8:S>- BUREAU : MM. Ceosniie . président ; MoBBLLBT, viee-pTètid9nt\ Lhospibd, secrétaire; Gautbeeoii, pro-Mcrétaire ; Dblaeocbb, architfiite; Paillard, architecte ; Baeat, trésorier, MEMBRES HONORAIRES : Mgr D.-A. DuFÉTRB, évéque de Nevers. MM. De Magnitot, préfet de la Nièvre. Le Maire de Nevers. De Toytot, président du tribunal de première instance. MEMBRES TITULAIRES: MM. Le Baron db Bar. Barat , officier supérieur en retraite. Barbât, Juge de paii à Brinon. Baudiau, curé de Dun-Ies- Places. Rretin. YIII LISTS MM. Le comte Gaspard de Bizy. Le vicomte Adrien de Bizt. Blanche, Juge au tribnoal de première instance de Nevers. . BoMPOis fils , à Marzy. BoRifET t ancien ingénieur de la marine. BoccAUMONT atné, ingénieur en chef. BoucAUHONT Jeune , ingénieur en chef. DE BouRGOiNG, préfet de Seine-et-Marne. DE Bréhoict D'Ans , conseiller de préfectare. DU Broc de Ségan ges , conseiller de préfecture. Caffort« colonel d'artillerie en retraite. Chautrier , professeur de dessin à Nevers. De La Chaume , inspecteur des forêts. Ghbyillot, notaire à Nevers. Chouet fils, avocat à Nevers. Clêmeict , curé de Cbâtillon. GouGNT, professeur de rhétorique au lycée de Bourges. Gro8Nier« vicaire général da diocèse de Nevers, mem- bre de rinslilul des provinces. DE Crozant , médecin des eaux de Fougues. Decolons , ancien Juge à Nevers. Deforges , entrepreneur à Nevers. Dblaroche, professeur au collège de Nevers. Demerger , à Ghàtillon. Achille DuFAUD , directeur des forges de FourchambauU. Le Marquis de Falaiseav. Fauron, curé de Saint- Martin-du-Puy. Frbbault, membre du conseil général de la Nièvre. DE Gaillon. Gauthebon , licencié , archiviste de la préfecture dé la Nièvre. Girebd père, avocat à Nevers. Gbandmotté, professeur du collège de Nevers. Guisont, architecte à Nevers. HuMANN, receveur général de la Nièvre. Hdbault , jchanoine-hon.f curé de Saint-Père de Nerers. DES MEHBRftS. IX If M. JacqOinot , docteur en médecine à Iraphy. Edmond Lafond , à Pooilty. Louis Lbfbbtbb, avocat à Nevers. Lebbun, chan.-hon., aamônier du collège delferers. Lenoblb, Juge de paii de Nevers. Lhospibd , instituteur à Nevers. Manuel, sénateur. £. Martin , directeur de la fonderie de Fourctaambault. Martin fils. Mary-Lépinb, ancien juge. Le comte V. de Maqmiont. MéTAiRiB, conseiller à la cour impériale de Bourges. Millet, chanoine honoraire, curé de Sâint-Amand. Le comte A. db Montbicbabd. Morbllbt , professeur de rhétorique au collège de Nevers. Paillabd, architecte du département de la Nièvre. Le Général haron Pétibt , membre du corps législatif. Peybidibd , professeur au collège de Nevers. Raymond, peintre à Nevers. Raynaud , inspecteur de TUniversité pour la Nièvre. P. RlFFET.. Philibert Robbbt , avocat à Nevers. Alfred Robebt , avocat à Nevers. Robbbt Saint-Gyb , docteur en médecine à Nevers. Le Baron Rogbt db Bbllogcet , à Paris. De Romanbt , capitaine d'artillerie. Arthur de Rosemont. Adolphe DE Rosemont. Be Sainte-Mabie. Le Marquis de 9aint-Ph allé , membre du conseil général de la Nièvre. DE Saulieu de La Chaumonebie , membre du conseil général de la Nièvre. Gh. DE Sa VIGNY. R. DE Sayigny. Sghaebf, directeur des mines de La Machine. ». X LISTE DES MEMBRES. MM. SERGE5T , vicaire géoéral du diocèse de Ne vers. Le Comte de Soultrait , membre du conseil générai de ia Nièvre. Thierriat, curé d'Aunay. Thomas fils, docteur en médecine à Nevers. Thuret , notaire à Nevers. Trochebbau, membre du conseil municipal de Nevers. Henri dd Ybrub. DE YiLLEFOSSE, arcbïviste à Paris. MEMBRES CORRESPONDANTS : Baudoin , architecte à A vallon. Bbrry, conseiller à la cour impériale de Bourges. DE BuRBS, président delà Société d*émulationder Allier. Boudard , à Châtillon-en-Bazois. Charlbuf, propriétaire à Sémelay. Gebmain , docteur en médecine à Paris. Thomas , employé au ministère de ta guerre. Tbesvaux de Bbrtbux , à Decize. BULLETIN DS t.A SOCIÉTÉ NIVERNAISE DES LETTRES . SCIENCES ET ARTS, l. lie 12 mai 1851 , sar la convocatian de M. Fabbé Crosnier , membre et iospecteur de la Société Fran- çaise pour la conservation des monuments , une première réunion s'est tenue dans la salle de la bibiiotbèque de la ville de Nevers , sous la présidence dn doyen d'âge, M. AvriU ^ Teffet de s'entendre pour la formation d'une Société Nivernaise des lettres, sciences et arts.  cette séance furent arrêtés les principes constitutifs de la Société , et l'on s'ajourna au premier jeudi de Juin. 4 — 2 IL A la séance du 5 juin, tenue sous la présidence de M, l'abbé Crosnîer, le règlement fut adopté, et la Société Nivernaise acheva de se constituer en formant son bureau par la voie du scrutin. Ce bureau est ainsi composé : M. Tabbé Crosnîer , vicaire général du diocèse , président^ M. le colonel d*artillerie CalTort, vice président; M. Morellet ^ professeur d'histoire 9 secréiaire; M. Cougny , professeur de rhétorique , pro-secre- taille; M..Delaroche, professeur de philosophie et bi bliothécaire de la ville , archiviste ; M. Paillard, architecte; M. Barat, trésorier- conservateur^ III. SÉANCE DU 3 JUILLET 1851. Sont présents : MM. le général de division Pélîet 5 le colonel d'artillerie Caflford , V. de Wau- migny, les docteurs Ë. Thomas et H. Jacquinot; Crosnier, vicaire-général du diocèse ; rabbé Millet, professeur au Grand-Séminaire ; de Yillefosse, archi- viste paléographe à la Préfecture de la Nièvre ; le commandant Barat; Guisoni, architecte ; Louis Lefeb- vre , avocat ; Bernet, Bertin , Ghouet, fils ; Delaroche, professeur de philosophie au Collège et Morellet , professeur d'histoire. S'asseyent au bureau M. l'abbé Crosnier, pr^«- dent; M. Caffort, vice président \ M. Morellet > secrétaire. — 3 — Après Fadoptlon du procès-verbal de la séance précédente (5 juin 1851), M. Tabbé Crosnier expose que la Société Nivemaise, en se formant, s'est proposé de travailler sérieusement et de rendre ses travaux utiles. Ils ne peuvent le devenir que par la publicité. Le devoir de publier est donc imposé à la Société Nivernaise. Mais toute société qui se forme a besoin, d'économie. Pour lui ménager ses ressources naissantes, M. Tabbé Grosnfer propose pour les travaax de la Société un mode de publication qui présente le double avantage de coûter peu et de les répandre il un graùd nombre d'exemplaires. Gc mode consiste à les faire paraître dans le journal de la localité et à les faire tirer à part ensuite dans le format in-8*. De cette manière, la Société Nivernaise n'aurait à payer que le tirage et le papier. Une intéressante discussion , à laquelle prennent part MM. de Maumigny, Louis Lefebvre et Morellet , s'engage sur les inconvénients et les avantages du mode de publication proposé. M. Morellet fait observer qu'il ne faut pas imiter ceux qui vendent la peau de Tours avant de le tuer. Avant de rien décider sur le mode de publication , il fautsavoir si la Société publiera et ce qu'elle publiera.* Il ne suffit pas d'avoir des travaux terminés, il faut savoir s'ils sont dignes d'une société littéraire. M. Morellet demande donc avant tout la formation d'un comité de publicalion chargé d'examiner les travaux présentés et de faire à la société un rapport sur le mérite de ces travaux et sur la convenance de les publier. Un travail peut intéresser , avoir même une certaine valeur, et cependant ne pas mériter les lionneurs d'une publication officielle. M. l'abbé Crosnier appuie les observations de M. Morellet La Société arrête qu'un comité de publication sera préalablement formé. M. Morellet propose de commencer Ja série des publications de la Société par l'impression de son règlement, antérieurement adopté dans la séance du 5 jaln dernier. — M. Crosnier appuîe la proposition de M. Morellet ; et la Société décide que le format hi-8* est adopté pour l'impression du règlement et qu'il sera celui des publications ultérieure». M. de Maumigny expose que M. de Gaumont et le» savants qui raccompagnaient à la^XVIIP session du Congrès archéologique , ont jugé fort utile et con- seillé le classement méthodique des objets curieui enfermé» aux deux Musées de la ville de Nevers. M. de Maumigny croit qu'il est convenable de s'oc- cuper sans délai de ce travail; 11 en fait la proposition expresse et demande la formation d'une commissio» spéciale pour faire le classement demandé et dresser le catalogue qui devra être imprimé. L'assemblée, sur la proposition de M. Louis^ Lefebvre, décide que cette commission se composera des membres du bureau , et qu'elle pourra s'adjoin- dre MM. GaMois, Paillard, de Villefosse et tous le» membres de la Société dont le concours loi sera de quelque utilité. > M. Loui» Lefebvre fait ressortir l'Inconvenance qu'il y a pour la Société à se réunir dans un local étranger {la salle des Ouvriers) i il pense que le» séances pourraient se tenir dans l'une des salles du Musée de la porte du Groux. — M. Barat objecte l'absence de mobilier pour y recevoir la Société ; il offre , au nom de M. Avril , le local où se réunit la Société d'agriculture de la Nièvre. — M. de Maumi- gny appuie les observations de M. Louis Lefebvre , et raconte les pérégrinations forcées de la Société d'agriculture, accueillie d'abord avec faveur à la préfecture de la Nièvre , puis chassée de salle en salle , et mise enfin à la porte , ne sachant plu» où se réfugier. C'est alors seulement qu'elle s'est avisée d'avoir un local !i elle. La Société Nivernaise subira les mêmes vicissitudes, si elle n'y prend pas garde. M. de Maumigny demande la formation d'une commission qui s'occupe du local , et de voir si celui du Musée lapidaire peut convenir. La Société Nivernaise arrête qu'une commission — 5 — sera formée , et elle la compose de MM. Louis Le^ febvre , H. Jacquinot , Barat et de Maumigny. Puis, sur la proposition de M. de Maumiguy» la Société ordonne qu'elle aura un sceau gravé dont %ïle fera timbrer ses livres, ses manus- crits et tous les objets qui seront sa propriété. Ce sceau portera en exergue : Société archéologique nivernaise , et au centre les armes de la ville de Nevers , d'azur , semé de biUettes â^or , au Lion de même, armé et lampassé de gueule, brochant sur le tout. M. Morellet demande que la Société achève de s'organiser. Le règlement admet trois sections ; archéologie , histoire et géographie ; — lettres et arts ; — industrie et sciences. Il est nécessiUre 9 pour que la Société poursuive ses travaux avec régularité » que ses membres s'inscrivent dans l'une des sections ou dans plusieurs à la fois , suivant la nature de leur goût et de leurs études. Le règlement ordonne que les sections auront chacune sa séance tour à tour, et qu^à la séance , ainsi spécialisée, on devra d'abord s'occuper de ce qui intéresse la section prytane; ce n'est qu'après l'ordre du jour épuisé qu'on passera aux travaux concernant les autres sections. Après un débat sans importance , la Société dé- cide qu'une liste des membres sera déposée à la bibliothèque de la ville , et elle prie le conservateur de cet établissement , M. Delaroche , de recevoir les inscriptions. M. l'abbé Crosnier expose qu'il est un travail dont il est convenable que la Société s'occupe, le CatO" logue chronologique des monuments du Nivernais ; le vœu en a été émis à la XVIIP session du Congrès archéologique. M. Crosnier se charge volontiers des monuments religieux; si M. de Soultrait consent à prendre les monuments civils et militaires, à eux deux ils pourront faire un travail assez complet. Sur ce catalogue seront pointées la date réelle et la date archéologique , qui ne sont pas toujours en accord parfait. Quand il y a dissidence, elle s'explique par — 6 — quelque resUiuratioD dont les monuments écrits n'ont pas conservé le souvenir. La date archéologique est la seule exacte ; un œil exercé la détermine avec une exactitude qui tient presque de la divination. M. Crosnier a pris une telle habitude de dSler un monument à la seule inspection de ses caractères architéctoniques^ que Terreur dans ses calculs est rarement de vingt ans. Par Tétude des monuments et de leurs caractères^ M. Crosnier est arrivé à relever et à corriger une erreur archéologique généralement accréditée de nos jours ^ c'est que pour le style ogival , le Rïidi de la France est d'an siècle en arrière du Centre et du Nord , et ce retard on l'expliquait par Tinfluence des croisades contre les Albigeois au XIIP siècle. M. l'abbé Crosnier a pu , dans ses voyages dans le Midi, reconnaître Terreur des archéologues. La séance est levée à cinq heures et demie. Le Secrétaire de la Société Nivernaise , J.-N. MORELLET. IV. SÉANCB DU 21 AOUT. S'asseyent au bureau , MM. Crosnier ^ président; Cafford» vice-préMent ; Morellet, secrétaire. Sont présents ; MM. A. Dufaad , Senly , Coagny père , Bertin , Desveaux , G. de Soultrait , le général Pétiet , de Yillefosse , Robert Philibert , Chouet fils , H. Jacquinot^ Barat , Dumouza. MM. Tabbé Sergent^ recteur de TAcadémie, — 7 — CougDy , professeur de rhétorique , Louis Lefebvre , se font excuser de leur absence. M. de SouUrait dépose sur le bureau trois bro- chures dont il fait hommage à la Société* La Société remercie M. de SouUrait et ordonne le dépôt des brochures dans sa bibliothèque. M. de SouUrait demande à faire quelques obser- vations sur le mode de publication adopté par la Société. Il dit que TÂcadémie de Mâcon a pour habitude de livrer au journal de la localité les procès- verbaux de ses séances. Ces procès-verbaux tirés à part forment la série chronologique et Thistoire de ses travaux. Mais outre ces compte- rendus de ses séances , TAcadémie de Mâcon a des travaux spé- ciaux qu'elle publie à part. M. de SouUrait croit que la Société archéologique doit procéder de môme. Les procès-verbaux de ses séances formeraient comme une publication courante et qui se développerait au fur et à mesure de ses séances. En dehors et dans un format différent , plus approprié au caractère des ouvrages , seraient publiés les travaux particuliers , comme la Monographie ds Saint- Cyr, par M. Cros- nier. M. Tabbé Grosnier insiste sur la convenance et la commodité du format in-8^ M. de SouUrait revient sur rutilité qu'il y aurait à faire des publications autres que celle des procès- verbaux. Il est tel genre de documents fort curieux qu il est à peu près impossible de faire entrer dans un procès- verbal ; et cependant la pubHcalion peut en être fort utile. Or, comment le faire sinon sépa- ment des procès- verbaux des séances? Tel est l'état de la maison des comtes de Névers au XIV siècle , sur lequel il se propose d'appeler l'attention de la Société ; telles sont les pièces officielles et curieuses qui existent encore à la préfecture de la Nièvre , et dont la Société devra la communication au savant et zélé archiviste du département , M. de Villefosse. M. de Villefosse faU remarquer qu'il aura peu de communications à faire avec les archives de la Nièvre , si iong-temps laissées k i'abaodon et spoliées par ceux qui auraient dû veiller à leur conservation. RI. Grosnier fait observer que M. de Soultrait parle des publications futures de la Société » comme si ses ressources pécuniaires Ivi permettaient de grandes dépenses. M. de Soultrait insiste sur l'utilité des publications faites en dehors des procès-verbaux. Comme expé- dient pécuniaire , il propose à la Société » non de prendre toute la dépense nécessitée par la pvbfioh- tion d'un mémoire utile , mais de la partager avec Tauteur , sll voulait publier et qu'il fût arrêté par rétendue du sacrifice demandé. M. Grosnier fait remarquer que cet arrangement équivaudrait à une souscription , puisque la Société retirerait comme propriété une partie des exem- plaires du mémoire publié. M. de Soultrait en convient Il n'est pas pris de décision à cet ^ard ; la Société avisera plus tard ^ quand besoin sera. M. Morellet dit que iUL. Méline^ collecteur distingué qui habite Saint- Ré vérlen, vient de faire une décou- verte qui intéresse à un haut ûegvé la science arcbéo- logique. Des ouvriers étalent à niveler à Moussy , à trois kilomètres de Saint- Révérien » à deux des ruines romaines^ le sommet de la hauteur de Tran- chy. Après huit à dix pouces de terre végétale , ils ont rencontré des pierres disposées en dallage ; ils les ont enlevées, et à peu de profondeur Ils oiH trouvé deux cadavres coiKhés c6te à côte et orientés tous les deux de la même manière , la tête vers le nord et les pieds au sud. L'un de ces cadavres est celui d'un homme fait et de taille avantageuse ; il portait au bras et au cou des colliers de cuivre cr«ux el ornés d'un grossier guiliochis ; ces bracelets et ces colliers ressemblent à ceux qu'on a trouvés dans la tombelle celtique fouillée à Ghaulgnes 11 y a quelques années. L'autre cadavre est petit et parait être celui d'un enfant ; il ne portait ni anneau ni bracelet. M. Moreliet a eu l'honneur d'écrire à M. Méiine , qui Mo ^/ — 9 - fait partie da jury en ce moment , e venir lai-même donner à la Société oents plus précis ; mais M. Méilne n'a 3ber à ses fonctions de juré, résente aux membres de la Société un creux- en cuivre , trouvé entre Alligny id en 181^89 et donné par M. A. Frossart Mdaire * ision s'engage sur la destination qu'ont s ces anneaux et ces bracelets de cuivre. trait conjecture que les gros ameaux à celui trouvé entre Alligny et Saint- rraient bien avoir été des armes défensi- otéger le baut du bras ; d'autres membres penser que ce sont uniquement des objets i , des marques de distinction pour les récompenses pouc les guerriers. illet signale sur les hauteurs voisines de ! petits tertres qui pourraient bien n'être qut: >^ Lombelles celtiques. Il serait bon de les fouiller; peut-être fourniraient-elles quelques faits nouveaux pour Tarchéoiogie celtique et l'histoire du pays. M. Morellet propose de prier M. le Président d'écrire à IVL Méiine pour l'inviter à poursuivre les fouilles. Il y a certainement avantage à se mettre en rapport avec M. Méiine , qui apprendra ainsi qu'il y a à Nevers deux musées à enrichir et une Société qui s'occupe activement de toutes ces études. La Société invite son président^ M. l'abbé Grosnier, à écrire à M. Méiine de la manière dont il jugera convenable de le faire. M. Grosnier dit qu'il y aurait avantage pour le pays à faire connaître et à décrire , outre les musées de Nevers , celui d'Entrains , la curieuse collection de M. Méiine, composée presque uniquement d'objets trouvés dans les ruines de la ville romaine de Saint- Révérien et dans des fouilles faites aux alentours ; la magnifique collection de numismatique de M. Mi- doux 9 à Poullly 9 et qui est l'une des plus riches de la province. M. Midoux a tout , Vantiquité grecque , — 10 — raniiquité romaine , pièces d'or , pièces d'argent , pièces de bronze de tout module ; il n'y a guère que quelques pièces consulaires qui lui manquent. M. Midoux a chez lui tous les matériaux nécessaires pour écrire l'iiistoire de la Grèce et de Rome d'après les médailles. M. de SouUrait objecte que la collection de M. Mi- doux^ toute belle qu'elle est, offre peu de ressources pour l'histoire du pays , qui n'a rien à faire avec les Grecs; du reste la plupart des pièces ont été trou- vées ailleurs que dans le Nivernais ; M. Midoux en a peu qui viennent même du pays. M. Grosnier réduit sa proposition à faire la des- cription de ce qui intéresse l'histoire du pays dans les diverses collections formées dans le département. M. G. de SouUrait propose d'insister sur les pièces gauloises et les monuments qui nous restent et que l'on peut trouver de l'époque celtique. Notre pays est pauvre en médailles gauloises , tandis que les pièces romaines s'y trouvent par milliers. M. Barat dit que M. Méline a trouvé une pièce arabe à Saint-Révérien , dans des déblais faits pour assainir la belle église romane qui vient d'être res- taurée avec tant d'intelligence par M. l'architecte Paillard ; M. Méline pense que cette pièce provient des croisades. M. Grosnier conjecture que celte médaille pourrait bien être plus ancienne et avoir été apportée par les Arabes d'Espagne ^ lorsque après avoir vaincu le duc Eudes et avoir parcouru l'Aquitaine, ils se rendirent maîtres d'Autun, en 725, et renversèrent les bains romains de Saint-Honoré , dans le Morvand. M. de SouUrait et M. Morellet prennent tour à tour la parole pour exposer que si la médaille arabe est venue en France avec les Sarrasins d'Espagne du VHP siècle , elle est une des plus anciennes qui existent. Avant Abdel-Melek , qui ceignit le sabre de calife, en 685, les Arabes se servaient de pièces bilingues frappées par les Romains du Bas-£mpire ; — li- re calire , le premier , en fit frapper d'arabes , Tan 76 de Thégyre , en 698. M. de SonKralt ajoute qu'il serait boa d'avoir Tempreinle de la médaille ; on la communiquerait à M« de Longpérler , qui s'est beaucoup occupé de numismatique orientale. M. Morellet expose que pendant l'éclIpse du 28 juillet dernier, 11 a observé un phénomène végétal assez curieux : c'est que les plantes sont sensibles à rinfluence de l'éclipsé. Ainsi il a vu dans son jardin la belle-de>nuit fermer ses fleurs monopétales et l'acacia replier ses folioles comme à l'approche de la nuit. Ce fait était en même temps observé pour la première fols par un;botaniste du Jardin-des-Plantes à Paris. M. Chouet fils déclare avoir fait une observation semblable sur la sensitive. M. Grosnier ajouté que Téclipse solafre a sensi- blement agi sur lesoiseaux, qui se sont mis à chanter au commencement de l'éclipsé comme Ils font à l'approche des nuits. M. de Soultrait expose que le 1 2 septembre pro- chain va s'ouvrir le congrès scientifique d'Orléans. Dans cette ville seront réunis des membres de la plupart des sociétés savantes de France. Il est d'usage que les Académies se fassent représenter dans ces réunions par des délégués qui ont spécialement la mission d'étendre et de multiplier les relations de la Société dont ils sont membres. Ainsi l'Académie de -Mâcon 5 la Société littéraire de Moulins , enverront dans ce but des délégués à Orléans. M. de Soultrait demande que le Société archéologique fasse de même. La société adopte la proposition et prie le général Pétiet et M. de Villefosse, qui ont l'intention de prendre part aux travaux du Congrès d'Orléans , de vouloir bien l'y représenter comme ses délégués. Le généra] Pétiet et M. de Villefosse acceptent la mis- sion donnée. M. de Soultrait expose qu'il est important de léga- — 12 - Siser rcxistence de la Société , en préseotant son règlement à l'approbation du Ministre. Sur la proposition de M. Grosnier , la Société invite le secrétaire à copier le règlement. Cette copie sera portée à M. le Préfet de la Nièvre par le prési- dent et le secrétaire , qui le prieront de vouloir bien la transmettre au ministre. M. de Soultraît expose que la Société , qui a com- pris la nécessité de publier ses travaux , devrait commencer à donner signe de vie. Elle pourrait commencer par le procès-verbal de la séance du 3 juillet dernier ; il offre de Fintérét et donne une couleur et une position à la Société. La Société adopte la motion de M. de Sonltrait, et ordonne Timpression du procès-verbal du 3 juillet dans le journal de M. Fay. M. Grosnier dit que plusieurs membres de la So- ciété ayant le désir d'apprendre l'archéologie vite et commodément , lui ont demandé de consacrer une partie des premières séances à l'exposition des éléments de la science archéologique. M. Gros* nier se met à la disposition de la Société; mais il pense qu'il suffirait de lire un livre récemment pu- blié , ce livre c'est V Archéologie sacrée, par M. l'abbé Godard. M. Grosnier présente en quelques mots l'analyse de cet excellent traité. M. de Soultrait pense que le travail proposé par M Grosnier a son utilité ; mais il ajoute qu'il en au- rait une plus grande 9 si cette étude des éléments archéologiques était appliquée à l'histoire monu-' mentale du Nivernais. M. Moreliet appuie les observations dé M. de Soultrait. M. Grosnier se range à cet avis et propose de commencer ce travail à la séance prochaine et d'y consacrer une demi-heure chaque fois. M. de Soultrait expose qu'il a eùtre les mains les pièces d'un procès desquelles il appert que vers 1750, M. Leblanc, seigneur du Bessay^ voulut exercer sur ses lerres son droit de haute justice; il l'exerça en — 15 - effet ; mais cette fantaisie loi occasionna taot de frais qu'il en fut ruiné. M. de Soaltrait demande si un travail fait à ce sujet plairait à la Société. La Société invite M. de Sonltrait à s'occuper de ce travail ; elle Técootera avec intérêt. M. de Souitrait expose qu'on vient de mettre à découvert à la prison de Nevers (ancienne Chambre des comptes) 9 une substruction qui porte les carac- tères architectoniqnes du XV' siècle, et les armes de Jean de Glamecy ou deBourgogne, comte de Nevers de 1464 à 1491. M. Robert (Philibert) ajoute que cette chambre voûtée qu'on vient de disposer pour servir de ma<* gaidn , servait naguère de fosse d'aisance. AI. Crosnier annonce à la Société la fin d'un procès qui date de plusieurs siècles et qui intéresse l'histoire du Nivernois féodal. En 1214 , Hervé, baron de Donzy et comte de Nevers , eut quelques difficultés avec les habitants de Donzy au sujet de leurs droits d'usage dans tous ses bois. Il leur proposa un partage qu'ils acceptèrent : il devait avoir la moitié de ses bois en toute propriété, et les habitants jouir de leurs droits d'usage dans l'autre moitié. Plus tard, Robert de Flandre (1271.1280) prétendit à partager la seconde moitié de ses bois avec les habitants de Donzy. Ceux-ci s'adressèrent au roi et plaidèrent devant le bailli de Villetieuve-le-Roi. Le procès durait encore lorsqu'un bailliage royal fut établi à Âuxerre avec un ressort assez étendu , et qui com- prenait le Donziais (1371). Les habitants de Donzy refusèrent de se soumettre à la juridiction nouvelle, et le comte plaida contre le bailliage d'Âuxerre pour conserverie Donziais au ressort de Yilleneuve*le>Roi. Ces procès duraient encore, lorsqu'en 1538 le Ni- vernois fut érigé en duché-pairie ; dès-lors le duc prétendit ne relever que du parlement de Paris. De là un nouveau procès qui, en 1745, fut jugé en faveur d'Auxerre ; mais Tarrét laissa au duc de Nivernois la faculté d'acquérir l'indépendance désirée pour son bailliage de Donzy , à la seule condition de payer une iodcttslté an officiers un baiiiLnge d'Auxerre. D'an autre côté les habitants de Donzy désiraient firement rétablissement et l'indépendance de leur bailliage. Ponr arriver à leurs fins^ ils abandonnèrent au duc une partie de leurs droits, à la condition que celui-ci rétablirait le bailliage deDoczy dans tousses avantages avec le ressort de Paris (1782), et psf%^ rait rindemnité convenue aux officiers du Ittttliage d' Auxerre. Quelques annéesaprès édaU la révoluttoo^ avant que le duc de Nivenoia. eât payé rindemnité convenue. Les habitants s'^t prévalurent pour reven- diquer leurs anciens droits ; de là un procès qui , commencé vers 1807 , vient d'être terminé par un arrêt du tribunal civil de Gosne ; il déboute la ville de Donzy. La séance est levée h cinq heures et demie. Le Secrétaire de la Sociétés m J.-N. MORELLBT. V. SÉANCE DU 11 SEPTEMBRE. S'asseyent au bureau M. Grosnier , président ; M. Morellet » secrétaire. ^ Sont présents : MM. Avril, de Saint- Phalle, Delà- roche , de Villefosse , Berlin , de Soultrait , Barat M. Morellet expose que M. Méline lui a fait Thon* neur de venir le voir; il s'est excusé sur ses devoirs de juré de ne s'être pas rendu à l'invitation qu'il avait reçue ; puis il a donné quelques renseignements sur la tombelle de Tranchy et sur la médaille arabe trouvée à Saint-Révérien. M. Méline conjecture que MKa — 15 — les pierres disposées en dallage sous lesquelles on a trouvé deux cadavres ( voir le procès* verbal delà séance^u 21 août) se prolongent sûr toute Téteodue du plateau , et pourraient bien recouvrir d'autres cadavres. U faut remarquer aussi que Tranchy est. sur la voie romaine qui d'Augustodunum (Autun) se rendait à Intaranum (Entrains). Quant à la médaille arabe > M. Méllne en donne le fac*simile et croit qu'elle est du X* siècle , peut-être du khalif Mok- tader-BiUah. On présume qu'elle a été apportée dans le pays par les chefs spirituels du prieuré de Saint 'Révérien , dont quelques-uns passent pou? avoir été en môme temps chevaliers de Malte. M. de SouUrait et M. Crosnier disent qu'on a tort de croire que plusieurs prieurs de Saint-Réverien ont été en même temps chevaliers de Malte ; ils affirment qu'il n'y a rien de commun entre l'ordre de Saint- Jean -de- Jérusalem y ordre * religieux et guerrier 5 et l'ordre de Saint-Benoît ^ uniquement religieux. M. Morellet conteste le dernier fait. Il objecte que Tordre du Temple a reçu sa règle de Saint-Bernard^ abbé de Clairvaux ^ ordre de Giteaux ; qu'en Espa- gne et en Portugal la plupart des ordres de moines guerriers tiennent à l'ordre de Giteaux^ et que l'ordre de Giteaux est fils de Saint-Benoit. Il ajoute que les jCistersiens de Glairvaux , à la mort du cardinal-roi de Portugal (1580), se portèrent comme héritiers du trône vacant , concurremment avec le pape, Catherine de Médicis , Philippe II , etc. Au reste , U ne faut pas croire que l'ordre de Saint-Benoît , en France , est toujours resté étranger à l'esprit mili-* taire : au XII* et XIII* siècles, c'est l'ordre de a- teaux qui a provoqué, commencé et fait les croisades contre les Albigeois. M. de SouUrait revient à la pièce arabe et se charge de consulter M. de Longpérier« auquel il fera passer un fac-similé. M. Grosnier lit une notice sur la cérémonie de la consécration de l'église des Places : \ ^ — 16 — Au milieu des roches granitiques du Bas-Morvand, à peu de distance des rives si pittoresque de la ri- vière de Cure 9 s'étend entre deux crêtes de mon- tagnes le plateau gracieux des Places^ centre de la commune de d'Hun. La population avait pris un ac- croissement considérable; et Tancienne église placée aa bourg de d'Hun» à l'extrémité de la commune» était InsuflQsante et menaçait ruine. Les habitants en gé- néral peu aisés se trouvaient dans l'impossibilité ab- solue de parer à ce double inconvénient; lorsque M. Marie-Augustin-Xavier Feuillet » maire de la commune , ancien officier de marine et chevalier de la Légion-d'Honneur , conçut la généreuse idée de doter cette population d'une nouvelle église qui de- vait occuper le plateau des Places. Homme à idées larges et généreuses, il ne voulut pas faire les choses à demi ; Il se détermina à consacrer une partie de sa fortune à l'exécution de son projet. M. Lenormand, architecte de Paris» fut chargé d'en étudier le plan et de dresser le devis. Sachant ap^ précier tout ce qu*il y a de grand et de majestueux dans l'art chrétien » l'architecte n'eut pas même la pensée de chercher ses inspirations dans l'architec- tare grecque ou latine ; il ne s'agissait donc pour lui que de choisir dans les œuvres du moyen-âge un type qui pût s'approprier aux matériaux qu'il aurait à sa disposition et aux lieux où devait s'élever la nouvelle basilique. Ses matériaux» il les trouvait dans les flancs de ces énormes roches de granit qui garnissent les bords escarpés de la Cure» 00 qui composent l'ossature des montagnes voisines. Quoique ce granit' soit plus fin que celui qu'on rencontre aux environs de 4.ormes et dans d'autres parties du Morvand» il eut cependant été impossible de le façonner de manière à lui donner les formes ogivales et la riche ornementation de cette époque » cassant lorsqu'on veut par trop amoindrir ses masses » jamais il n'aurait pu se contourner en crosses végétales telles qu'on les voit aux XIII* et XIV* siècles» et encore moins se dessiner en festons» — 17 — eo guirla ides détachées et en dentelles du XV' el du XVP. Il n*y avait donc pas à balancer, il fallait adopter le genre de Tépoque romane, aux membres moins délicats, aux formes moins sveltes et plus vigoureu- ses. Ce genre, du reste, semble être plus en rapport avec la nature âpre du sol. On sait qu'à Tépoque romane deux grandes écoles se trouvaient en présence : celle de Cluny avec sa luxuriante ornementation , f t colle de Citeaux avec son style sévère et cependant majestueux. Les raisons qoe j'ai alléguées plus h;îut , ne permirent pas à A. Lenorroand de prendre pour modèle une église de Cluny ; il adopta un genre approprié aux durs maté- riaux qu*ildevaitmettreenœuvre,etilélevaune église telle que saint Bernard lui-même Teût comprise. Construite sur le plan basilical^ Téglise dçs Places. présente la forme de la croix laiiue. Trois nefs divi- sées en cinq travées conduisent au transept ; puis les nefs latérales se prolongent en déambulatoire autour de la demi-coupole du sanctuaire,, dont les sept ar- cades symboliques reposent sur six colonnes mono- lytes de près de ^ mètres de hauteur et sont contre- butées à la naissance du rond-point par les piliers de rintertransept. Tous lesr piliers sont carrés et flanqués de colonnes engagées cantonnées en croix ; toutes les fenéires sont en plein-cinirc comme les autres arcaturcs, et ont leurs piédroits garnis de colonnette^t. Trois chapelles absidales rayonnent au- tour du s:.nctuaire. L'abside centrale , dédiée à la Sainte-Vierge, se prolonge de manière à former une travée avant le rond-point. C'est au milieu de cette travée que M. Feuillet a fait creuser son tombeau , désirant que ses dépouilles mortelles reposent un jour au pied de rautcl de Marie. Les fenêtres du ronJ-poiut sont garnies de verrières à sujets, celles des absidioles et de la grande nef sont ornées de riches mosaïques, tandis que les fenêtres des bas- côtés répandent une lueur mystérieuse au moyen de lear vitraux romains incolores. 2' ' — 18 — Ces nitraax sortent des ateliers «le M. Vinceirt . Larcher, de Troyes ; ils conlribueront à étendre la répatalion de cet habile artiste. Nous regrettons de ne pouvoir accorder les mômes éloges aux vitraux de l'abside centrale ùbriqués ti Paris. Nous devons l'avouer, on n*y reconnaît pas la richesse de coloris qu'on admire dans les productions de M. Vincent Larcher ; disons plus, les teintes sont fausses. Déci- dément ici Troyes l'emporte sur Paris. La tour, placée en avant de la nef principale, forme narihex à sa partie inférieure ; elle paraît s'alléger d'étage en étage, et prend une allure plus coquette à l'étage supérieur ; là les ouvertures se multiplient et sont plus ornées. A la base de la flèche octogone qui la couronne , quatre cornes tumulaires coupent les angles , et une ouverture simple , dont les piédroits sont flanqués de coionnettes surmontées d'un fron- ton triangulaire , garnissent les quatre f ices. Des boudins bien nourris dissimulent les angles de la ilècbe, et vont se perdre dans le couronnement, sur- monté d'une boule qui supporte une croit. La hau- teur de cette tour est de 25 mètres ; la flècbe a, en outre, 12 mètres d'élévation. La longueur de l'édifice , compris le narthex et l'abside centrale, est dé 53 mètres 55 centimètres; sa largeur, au transept , est de 26 mètres 60 centi- mètres, et dans la nef, de 18 mètres 30 centimètres; la hauteur de la grande voûte , sous clé , est de 12 mètres 50 centimètres, et 6 mètres 28 centimètres dans les collatéraux. Les voûtes sont en briques à plat et à arêtes. Tout dans cet édifice est en pierres d'appareil, posées en assises régulières ; on n'y ren- contre pas un seul moellon. Après avoir exprimé toute notre admiration sur l'œuvre confiée aux soins de M. Lenormand , qu'il nous soit permis d'ajouter quelques mots de critique; critique qui du reste ne saurait atteindre l'habile architecte, car nous savons que ce fut en son absence et contre sa pensée qu'une main moins exercée fit exécuter la partie que nous criliquons. Il s'agit des - 19 - cliapiieaux da sanctuaire. Où a eu la malheureuse idée d€ se laisser guider pour la forme des chapiteaux par les lignes partant du centre du rond-point, de telle sorte que, resserrant le chapiteau entre deux rayons, au lieu de luidonneriine forme quadranguiairedans le tailloir, on Ta rétréci à Tintérienr eu lui donnant plus de largeur dans la partie qui regarde le déam- bulatoire ; c'est une espèce de trapèze tronqué de l'effet le plus disgracieux. Heureusement on pourra dissimuler ce défaut quand , plus tard , on garnira de feuilles d'eau , seul ornement que comporte le (>ra- nit, les chapiteaux qui ne sont encore qu'épannelés. Telle est la magniûque église que M. Feuillet avait entrepris d'élever. Dès le mois d'août ISZt^i, on jetait les fondations de ce monument, d'après le vaste plan que nous venons d'indiquer. Au 1" septembre de la même année, ces fondations sortaient de terre, et M. Oupin déposait sous les premières assises des mé- dailles commémoraiives. Après tant de sacrifices en tout genre, le véné- rable fondateur n'était pas encore satisfait ; il a voulu que la décoration intérieure répondit au reste, et il a chargé de cette partie du travail 51. Amé, archi- tecte d'Avallon. Nous ne reprocherons pas à ce der- nier le ton moins sévère qu'il a imprimé à ses autels, car l'autel est l'objet principal , et nous pourrions dire l'âme du sanctuaire. Les matériaux plus pio- pices lui ont permis de se livrer à une ornementation plus fiche. Nous a\ons admiré, et tout le monde a pu admirer avec nous, les nielles variées qu'il a su disposer avec art, soit sur lés gradins, soit sur la table de soubassement^ l'élégance du tabernacle et de l'expositoire, et le bon goût des croix de consé- cration. Le 8 de ce mois déjà, le hameau des Places com- mençait à s'animer ; ce n'était cependant que la veille du grand jour de la consécration de l'église ; mais M. le curé avait eu l'heureuse idée de faire pré- céder cette imposante cérémonie par une retraite préparatoire, et avait fixé à cette époque les exer- — 20 - cices du jubilé dans sa paroisse. Le 8 septembre était la clôture de ces exercices : la commuDion gé- nérale, la coDlirmatioD. La retri ite avait été prêcbée par les RR. PP. Ma- rie-Jeane triomphe de Jésus- Christ y doDt elle proclamait les victoires, le mémo- rial des devoirs que nous avions à remplir et des promesses que nous avions faites, le g^ge de nos immortelles espérances, et aussi notre soutien, notre force et notre consolation au milieu des épreuves de la vie. De retour aux Places, on commença les cérémo- nies préparatoires à la consécration; on psalmodia les matines et les laudes des saints martyrs dans la salle de l'école, qu'on avait transformée eu chapelle pour y déposer les reliques des saints, qui devaient èirS le lendemain renfermées dans le tombeau de Tautel. Ces reliques sont celles de saint Mathieu, apôtre et évangelistc; de saint Firmin^ évêqoc d'Amiens et martyr; de saint Théodule, martyr ; de sainte Solang-, vierge et martyre ; enfin, di saint Ândoche, martyr. Mgr Tévéque a\ait eu l'heureuse idée, en passant à Saulieu, de demander des re- liques de ce premier apôtre du Hlorvand, pour les déposer dans la plus belle église qui ait jamais été élevée dans le Morvand. Elles furent placées dans une botte en plomb, avec un procès-verbal sur par- chemin, signé par le prélat. Le lendemain 9 septembre, à huit heures du ma- tin, Mgr l'évêque se rendit à Téglise pour s'assurer que tout était prêt ; puis il alla avec son clergé à la chapelle où étaient exposées les reliques pour y faire les prières d'usage. C'est de là que la procession se mit en marche, pour se rendre à la nouvelle église qui devait être consacré?. Parmi les personnes présentes à la cérémonie, on comptait M. Dnpin, président de l'assemblée natio- nale; MM. le préfet de la Nièvre, Ponsard, secrétaire général ; les sous-préfets de Clamecy et de Châtean- Cbinon ; MM. de Chabanne, de Chambure , et grand nombre d'autres notabilités du département et des départements voisins, sans compter plus de cent — 24 — S"" Il sora réservé dans la principale nef une place con\enablc pour un banc alTecté, aux membres de ma famille qui assisteront à roffice. Ledit droit à perpétuité. A* Je me réserve aussi d'expliquer dans mes testa- ments ou codicilles certaius détails d'exécution que pourront exiger la perfection de mon œuvre et rentier accomplissement de mes intentions. .... Dont acte. Fait et passé aux Places, en la salie de la mairie , Tan mil huit cent cinquante-un, le deux septembre. En présence de : 1°M. André-Marie-Jean-Jacques Dupin, grand- croix de ia Légion d'Honneur, présidentde l'Assem- blée Nationale et procureur-général à la Cour de Cassation, demeurant à Paris, momentanément an château de Raffigny, commune de Gâcogne ; 2"" M. Angustin-JosephCrosnier, vicaire-général de Nevers, y demeurant; 3° M. Louis-Henri -Victor de Chabanne, proprié- taire, demeurant à Eschanips, commune de Saint- Léger- de-Fourche; A° M. Jacques-François Baudiot, curé de la com- mune de d'Hun-les-Piaces, demeurant à d'Hun^ té- moins instrumentaires requis. Après la lecture de cet acte, la procession entra dans i'égiise, et le pontife continua les cérémonies de la consécration. Quand tout fut terminé, Mgr révoque monta en chaire ; il exalta les nobles proportions du nouveau temple et sa solidité^ qui devait, comme les rochers qui avaient fourni la pierre dont il est formé, braver les vents elles oroges, image de Téglise que Jésus- Christ a fondée sur la terre, seule iiumuable, tandis que tout croule autour d'elle , seul rempart de la société chancelante , au sein de laquelle on cherche à détruire tout principe d'autorité. En ter- — 25 -- minant cette éloquente allocuMon , !e prélat adressa de nouveaux éloges au digne fondateur, sans oublier les habitants de la commune , qui tous s'étaient mis îi sa disposition pour .seconder ses généreux ef- forts. Il annonça ensuite qu'il était chargé d une mission qui mettait le comble à s^^i joie ; c'était de remettre à M. Feuillet, de la part du souvcraiu pontife^ la croix de Pie IX et le brevet qui le nomme chevalier de cet ordre, eu témoignage de sa satisfaction et en ré- compense de son généreux dévouement. En descen- dant de chaire, Mgr Tévêque , arrivé au milieu du cliœur, donna l'accolade au nouveau chevalier et lui reuiit la croix et te brevet; puis il célébra la sainte messe sur l'autel nouvellement consacré. Jamais peui ê;re aucune localité du Morvand n'a- >ait (^té iriiioin à'un tel concours. Les roules qui cjouJulsent aux Placei et les clieus'ns vicinaux étaient couvtits de Calèches , do rabrîjlots et de voitures de tout gtjnre. Ou voyait dans les champs v(>isins de r^gilse^des cafés champêtres, d'élégantes boutiques de marchanits , des buvettes improvisées des che- vaux de bois, etc. On eût dit les Champs-Elysées de la capitale en un jour de fête. M. de Soultrait fait observer qu'il conviendrait que nul ouvrage offert ne passât inaperçu du bureau dans la bibliothèque de la Société ; il propose la formation d'une commission de trois membres qui serait chargée de rendre compte à la Société des ouvrages offerts ou donnés. M. Tabbé Crosnier appuie la proposition de M. de Soultrait; il pense cependant qu'au lieu de nommer une commission de trois membres , la Société ferait mieux , quand un ouvrage arrive , d'en commettre la lecture et l'examen à un membre qui présenterait son rapport dans Tune des séances postérieures. La Société adopte la motion de M. de Soultrait ainsi modifiée par M. T abbé Crosnier. — 26 — M. Tabbé Grosnier dit qu'on a beaucoup vanté les monuments druidiques qu'on rencontre dans le fias- ftJorvand. lien a visité quelques-uns dans l'excursion qu'il vient de faire dans cette contrée. La Roche-du- Chien, ou du Ijyup^ entre d'Hun les-Piaces et Saint- firisson; leForr-CAet^re^^e^ dans les bois de Saint- Brisson ; la PieiTe^de-la-Vierge^ h d'Hun ; la Pierre- qui-vircy sur la rive droite du Trinclin , entre le département de la Nièvre et celui de l'Yonne ; les Pierres-de- la-Vie^^ge ou de Bemichou, soit la Mèî-eet ses filles; et de ces cinq monuments prétendus cel- tiques, il n'en n'est qu'un qui en mérite véritablement le nom. La Roche-du-Chien ou du Loup est un rocher de plus de 30 mètres de haut ; étroit à sa base , il s'élargit en montant et il surplombe d'une manière effrayante au dessus de la route de Saulieu. Dans le voisinage est un rocher perpendiculaire et dénudé , fort remarquable assurément, mais qui ne jouit pas de la même réputation. AJ. Grosnier ne reconnaît dans l'un ni dans l'autre rien qui puisse les faire admettre comme monuments celtiques; ce ne sont que des jeux de la nature y et le nom du premier vient uni- quement de sa forme bizarre où des yeux complai- sants ont vu sur le rocher supérieur une tête , un museau et des oreilles de chien ou de loup. Quant au Fort'Chevresse , ce sont deux rochers , placés de manière à former l'angle , et recouverts d'un bloc de granit. I! présente une grotte peu profonde, grâce aux plaies qui , tombant en torrent du haut de la montagne, ont entraîné la terre ou le sable des cavités, et c'est ce qui lui donne l'apparence d'un dolmen. M. Grosnier ne voit pas non plus un monument celtique dans la Pierrede-la^Vierge, près de d'Hon- left-Places. La Pierre-qui-vire est compojsée de roches superposées et doit son nom au peu d'aplomb de ia roche «^lérieure. Quelques archéologues ont cru reconnaître mr les roches supérieures du Fort* Chevresse et de la Pierre^qui-vire la forme d'un corps bumain tracée en creux dans le granit, et même les rigoles par lesquelles le sang des victimes — 27 ^ s'écoulait. En vérité c'est trop 4e complaisance. Ces rigoles , celte prétendue forme de corps humain ne sont aux yeux de M. Crosnier que le résultat de l'aclion des eaux. Il ne faut pas admettre facilement et sans contrôle certaines données qui peuvent Aatter Tamour-propre nivernaiSy mais qui ne sauraient soutenir l'examen de la critique. M. l'abLé Crosnier ne pense point ainsi à l'égard de la Pierre^de-Ber^ nichou^ à Saint-Martin -du -Puy; tout auprès on a recueilli dos monnaies celtiques, romaines,du moyen- âge , et même des pièces modernes et presque con- temporaines. Elles établissent d'une manière irré - fragable la perpétuité du culte dont cette Pierre de- Bernichou a été l'objet. M. Crosnier s'honore à cet égard de l'adhésion de M. Dupin. M. deSouUrait appuie les observations judicieuses de M. Crosnier sur le peu d'authenticité de la plupart des monuments prétendus celtiques. Il raconte ses excursions archéologiques en Bretagne, oii il a visité les moins connus et les plus célèbres , comme le Champ-de Karnac , la Pierre-des- Marchands, etc. Il ajoute que de tous ces monuments , tous plus înté« rossants les uns que les autres , deux seulement portent des sculptures , là Pierre-des-Marchands où l'on voit à l'intérieur le signe d'une hache , et le monument de Tîle des Chèvres (Gavr'inis)^ dans le le Morbihan , où l'on remarque des dessins sculptés en creux et imitant le tatouage des sauvages. M. Morellet dit que sur les limites de Tancien Nivernais on voit un monument qu*oo peut rappro* cher de ceux que M. de Soûl trait vient de décrire: c'est la Pierre-Ecrite, qui a donné son nom à une commune de la Côte-d'Or. Le dessin s'en trouve dans le Nivernois. M. de Soidtrait pense que la Pierre-Ecrite appar- tient ^ l'époque gallo-romaine ; car elle présente à peu près les mêmes caractères que la Pierre- des' TroiS'Maries qu'on voit dans la Provence , près des Baux (Bouche$~du-Rhône.) — 28 - . M. Morellet objecte que la Pierre-Ecrite peut-êlre un monument du siècle même de César, et cependant appartenir à l'époque celtique. Les arts ne rêsten^ pas stationnaires chez un peuple visité par les étran- gers. Or, les Edues, sur le territoire desquels est la Pierre-Emte , ont été visités par les Phéniciens, puis par les-Crecs de Massilie ,'qui les ont mis en rapport avec les Romains. L'influence hellénique chez les Edues est visible sur les monnaies cduennes qui nous restent, et où le type grec est bien recon- nalssable dans ce qu'on appelle Tête de-Vergobreih. La Pierre Ecrite pourrait bien être de l'époque gallo-grecque et antérieure à la conquête romaine. M. Morellet ajoute qu'au bas des sculptures delà* 'Pierre Ecrite ^çvo\Qni quelques lettres dont 11 serait bon d'avoir un fac-slmiic exact ; Il pourrait servir à déterminer le sujet et l'époque du monument. M. le Président est prié d'écrire k cet égard à RI. Baudoin , d'Âvallon. M. l'abbé Crosnler raconte que dans son excursion à travers le Worvand 11 a visité près de la Pierre- qui-twe un couvent nouvellement fondé et qui porte le nom de Sainte-Marie^de-la-Pierre-qui-vire. Il est habité par des religieux réformés de l'ordre de Salnl-Benolt qui mènent une vie plus austère que les Trappistes. Ils se lèvent à trois heures du matin, ont six heures de prière , trois heures d'étude , deux heures de travail manuel , se livrent à toutes les fatigues du plus actif apostolat , et ne prennent qu'à l'heure de midi un repas composé uniquement de Tégélaux , dont l'assaisonnement permis est le sel. Us dorment la nuit sur une natte de paille étendue sur des planches. M. Morellet appelle l'attention de la Société sur un livre brésilien qui fait honneur an département de la Nièvre et à l'enseignement universitaire. Ce livre , publié à Fernambouc , dans le Brésil , -est une traduction du Manuel de philosophie par i\I. Charma, de La Charlté-sur-Lolre, et professeur de pblloso- — 29 — phie à la Facalté des lettres de Gaeir. Le traducteur, ftl. Souza Bandéira , professeur du ColUge-des-Arts dans rUniversité de Fernambouc, a mis eu tête du livre une préface qui fait Féloge le plus complet du sens profond et de la haute sagesse du Manuel écrit par le sayant Charilois. La séance est levée à six heures. Le Secrétaire de la Société, J.-N. MORELLËT. SÉANCE DU 2 OCTOBRE. VL S'asseyent au bureau : M. Tabbé Crosnier , pré- sident ; M. Morellet , secrétaire ; sont présents : M\]. le général Péliet , Gallois , conservateur du Musée; l'abbé Huraud, curé de Fougues; Bertin; Paillard et Guisoni , architectes ; l'abbé Millet , G. de SouUrait , les abbés Meunier, Burloy et Ra- guenot. Le secrétaire dépose sur le bureau les épreuves de la première feuille du Bulletin de la Société; M. l'abbé Crosnier montre le spécimen , et fait voir que le caractère adopté, le papier choisi et le format in-8° sont parfaitement convenables. Le prix con- venu est de 15 fr. les trois cents exemplaires, de 12 fr. les deux cents. ]\r. Crosnier expose que la société , devant envoyer son Bulletin aux sociétés savantes , avec lesquelles elle est en rapport , le dé- poser aux bibliothèques publiques des villes du dé- partement, à celles des établissements d'utilité pu- - 30 ~- blique ^ comme le collège et les deux séminaires , aux archives de la préfecture, il conviendrait de faire tirer à trois cents exemplaires. M. de Soultrait ajoute que ce nombre lui paraît d'autant mieux convenir » que la Société devra naturellement envoyer le Bulletin à ses correspon- dants. La Société décide que le Bulletin sera tiré à trois cents exemplaires. Le générai Pétiet , qui avait été délégué, avec M. Héron de Yillefosse , pour représenter la Société au Congrès scientifique d'Orléans , rend compte de sa mission. Il s'est mis en rapport avec les délégués de diverses académies, qui désirent établir des re- lations avec la Société, et il en a reçu des ouvrages qu'il aura l'honneur de déposer sur le bureau. Le général Petiet , ayant quitté le Congrès d'Orléans avant la fin de la session , a prié son collègue , M. Héron de Villefosse , de terminer seul leur mis- sion commune. Le général Pétiet ajoute quelques détails pleins d'intérêt sur les travaux du Congrès , auquel assistaient près de quatre cents personnes venues des divers coins de la France. M. Crosnier demande à M de Soultrait si le Con • grès d'Orléans a examiné la crypte de Saint- Aignan, et s'il existe quelque rapport entre cette crypte et celle de Notre-Dame-du-Port, à Clermont. M>l.les Archéologues du Puy-de-Dôme prétendent que la crypte de Notre-Dame est du VIII' siècle, et qu'ell a servi de modèle à celle de Saint-Aignan , qui est évidemment du XII' siècle. M. de Soultrait répond qu'il a trouvé la crj'pte de Notre-Dame-du-Port défigurée par de déplorables restaurations, qui lui ont à peine permis d'en saisir le caractère ; il croit qu'on aurait tort de la faire remon- ter au-delà du Xr siècle. La crypte de Saint-Aignan, d'Orléans, est curieuse : elle est divisée en deux parties, ce qui dénote une hante antiquité; Fappa- — 31 - reîl « qui est grand , sans pierres striées , accuse le eommenceinent du XI* siècle. Les sculptures sont barbares , ont beaucoup de relief, et sont proba- blement postérieures à Tappareil d'une centaine d'années. La voûte est supportée par des piliers carrés, qui ont dés taillofrs avec imposte et des cla- vettes au-dessous. Cette crypte est certainement plus ancienne que celle deSaint-Gyr. Quant aux ouver- tureSy elles ont été refaites^ même celles du marty- rium qui sont ogivales. Le secrétaire lit une lettre de M. Gallois , qui fait connaître à la Société que dans des déblais opérés pour réparer les digues du canal latéral à la Loire , auprès de Ghevannes^ commune de Decize, on amis à découvert un vase en fer , rempli de médailles romaines, de belle conservation. Gelles que M. Gal- lois a reçues en don de M. Jouanin, pour le Musée , ou qu*il a pu acheter, sont de petits bronzes à Tef- figie de GaUienus^ Salonina, Postumus, Probus, Ca- rinus^ Licinius major, Constantinus magnus, Crûpus, Constantinus H; quelques-uns des revers sont rares et curieux. M. Gallois montre à la Société une monnaie d'ar- gent , que l'on vient de trouver à Nevers , rue des Excommuniés. £n voici la description : f petrvs : DEi : gbâgia : RBX ; au centre de Tavers est un buste couronné, ayant sur la poitrine une croix entre deux molettes d'éperon; revers : civitas bargenona. entre grenetis ; au centre est une croix coupant la légende en quatre parties , cantonnée aux premier et qua- trième d'un annelet, et aux deuxième et troisième^ de trois points. M. Gallois fait observer que cette médaille est de Pierre III , roi d'Aragon, qui régnait de 1276 «"i 1285. Moteur secret des Vêpres sici- liennes, il fut anathématisé par le pape Martin IV. Il est assurément fort singulier que celte médaille, d'un prince excommunié, ait été trouvée dans la rue des Excommuniés. Le général Pétiet demande que , pour la comme- 3 A SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1851. Sont présents MOfL le géDéral Pétiet, l'abbé Gros- nier , Gallois , Y. de Maumigny , L. Lefebvre , Tabbé Millet , Dumouza , Fabbé Cointe , professeur de morale au grand séminaire ; lUorellet , Ber- tin 9 etc. S'asseyent au bureau y. l'abbé Crosnier, prési' dent ; M. Morellet , secrétaire, M. l'abbé Grosnier expose Tinconvénient qu'il y aurait à faire l'envoi des feuilles imprimées du Bul- letin de la Société sans une couverture qui les puisse protéger ; il propose d'en faire imprimer. M. de Maumigny ajoute qu'il serait bon que ces couvertures fussent ornées d'un dessin représentant la porte du Groux ou quelque autre monument* La Société décide que des couvertures en papier de couleur seront imprimées pour le Bulletin etpor* teront en frontispice la porte du Groux , ou quel- que autre monument de Nevers ou du département, avec les armes et le sceau de la Société. M. €allois expose qu'en creusant le biez du mou- lin d'Âvrîl-sur-Loire on a découvert deux fragments de statues , dont l'un lui parait fort remarquable. G'est une tête de cheval de grandeur naturelle , fruste , mais assurément de la belle époque de la sculpture romaine : la crinière est tressée avec soin ; les oreilles de la béte sont brisées , ainsi que l'ai- grette qui s'élevait entre elles; la bride est traitée avec soin , et l'on remarque sur cette bride des cavités de trois centimètres de profondeur, sur trois de dia- mètre , et destijiées à porter des ornements de bronze. L'autre fragment de sculpture se rapporte à un personnage largement drapé, un magistrat peut- êire.  voir ce fragment , qui représente la partie antérieure du tronc humain, l'épaule droite, la pol- 3 — 3/1 — trine , et une partie de rabdomen , on peut juger que la statue était au plus de trois pieds de haut ; évidemment elle n'appartenait pas an même groupe que la tête de cheval. M. Gallois fait remarquer que ces objets sont en pierre blanche du pays , et qu'au premier abord, on pourrait être tenté d'y reconnaî- tre la présence d'un badigeon ; mais il a bien cons- taté qu'aucun enduit étranger n'y avait été apposé ; ces objets ont long-temps séjourné dans la terre hu- mide ; peut-être y étaient-ils depuis douze à quatorze cents ans? L'humidité a conservé sa tendreté à la pierre qui s'égrène assez facilement AL Gallois ajoute que M. l'ingénieur Verdevoye, prévenu trop tard, na pu ordonner aucune fouille en temps utile; mais qu'il s'empresse de mettre ces fragments , trouvés au biez du moulin d'Avril, à la disposition de la Société. La Société accepte avec reconnaissance , et charge son président de remercier M. l'ingénieur * Verdevoye. iVl. Gallois fait remarq^ier que ces découvertes ne sont pas les seules qui aient été faites dans la com- mune d'Avril. Antérieurement, lors des premiers travaux du canal latéral à la Loire , on y a trouvé trois statuettes en bronze « cinq en terre cuite d'en- viron trente centimètres de haut , plusieurs brace- lets, des médailles en or et en argent, etc., elc. Le tout fut remis à M. Vigoureux , ingénieur en chef du département , qui s'empressa d'envoyer ces divers objets à Paris : Nevers n'avait point encore de Musée à cette époque. M. Crosnier raconte que M. de Fontenay vient de faire dans la commune d'Avril , vis-à-vis de l'église, des découvertes non moins intéressantes et qui don- nent à cette localité une haute importance archéolo- gique : fondations et médailles romaines, amphores antiques, figurines en terre, vases lacrymatoires, etc. Au reste , M. de Fontenay se propose de confier ces divers objets à la Société Nivernaise, qui pourra les étudier à loisir. M. Crosnier ajoute que les fouilles faites par M. de Fontenay ont mis à découvert une — 35 — voie antiqae , jusqu'à présent inconnue , et qui de Fleury se dirige sur Nevers , en longeant la Loire par la rive gauclie. M. Tabbé Millet fait remarquer qu'une voie ro- maine, dont divers fragments ont été reconnus, vient parallèlement de Deeize sur Nevers « en longeant la Loire sur la rive droite du fleuve. Le général Pétiet raconte qu'on a trouvé à Imphy et autour des Plants ^ à l'époque oti l'on faisait la route 9 des vases de terre et de petites lampes de fabrique romaine, et en tout semblables à celles que l'on découvre journellement dans les fouilles d'Her- culanum et de Pompéh Le général remarque que ces trouvailles ont été faites justement en face de l'Atelier, dénomination qui dénonce l'établissement de quel- ques fabriques dans les anciens temps : en effet, on y a trouvé des hacbes en pierre et en cuivre , et un moule de bacbe celtique. Le Nivemoù a, dans le temps, rendu compte de ces intéressâmes trouvailles. Une conversation s'engage sur la carte de la Niè- vre , donnée par le Conseil Général du département à la Société. Le général Pétiet fait remarquer qu'elle renferme plusieurs inexactitudes. Ainsi, elle ne reproduit pas un hameau de la commune d'Imphy, le Grand* Vcrnay, qui s'est formé depuis vingt-trois ans sur la Rue de Tours, près du château des Plauts, et elle place les maisons de la Rue de Tours entre le chef- lieu de la commune et les Plants , tandis qu'elles sont à Test-nord: est de ce château. Le général fait observer qu'il est généralement plps satisfait de la carte de France par Cassini, où le sol lui parait avoir été plus soigneusement étudié. M. de Maumigny fait remarquer que cette infério- rité des cartes dressées par les officiers de l'état- major étonne d'autant plus que la carte dite de Cas- sini ou de l'Académie , est une œuvre particulière , où la spéculation ne demeura point étrangère assu- rément En effet , les avances furent faites par une compagnie qui devint propriétaire de l'entreprise et — S6 — qdl retira ses fonds sar la vente des cartes. Mais cette œuvre > qui a fait faire un pas immense à la science géographique , a duré près de soixante-dix ans ; elle a été constamment dirigée d'abord par Gassini de Chazy 9 puis par son fils Dominique, et toutes les opérations ont été ou faites ou contrôlées par l*ua de ces deux savants , avec le concours de diverses notabilités de l'Académie des sciences, à laquelle ils appartenaient pour ainsi dire par droit d'hérédité. Il y a eu maturité par le temps, et unité de travail et de vue. En est-il ainsi pour les cartes de l'état-major ? Le générai Pétiet pense que les erreurs qui se trouvent sur les cartes de l'état-major, doivent être attribuées non à l'inattention ou à l'inexpérience des officiers chargés de ce grand travail géographique ^ mais à la manière dont sont réunis , agencés et ré- duits tous les travaux partiels dans les bureaux du ministère de la guerre; l'échelle pour les cartes gravées n'est pas celle des cartes manuscrites dres- sées sur les lieux par les officiers détachés de l'état- major , et les erreurs peuvent bien venir du travail de réduction. M. Grosnier expose qu'il vient de visiter l'église de Mars-sur-AUier. Il ne craint pas d'affirmer que c'est l'un des monuments les plus curieux de l'archi- tecture religieuse de nos contrées. Sa forme est une basilique parfaite , ce qui est fort rare. Elle a trois nefs et se compose de trois travées. Gette église, dont le plan est fort ancien , appartient par la cons- truction de ses diverses parties, à diverses époques. Les deux premières travées sont homogènes. La voûte est supportée par des colonnes rondes non monolithes et sans chapiteau. Le sommet de la co* lonne est orné d'une corniche. Par-dessus la cor^ niche est un corbeau qui supporte un pilastre , et ce pilastre soutient Tare doubleau de la voûte. M. Gros- nier pense que la charpente s'appuyait primitive- ment sur la corniche et était en vue; la voûte , le piiastre et le corbeau sont du XII* siècle. La troi^ sième travée est évidemment de cette époque , dont — 37 — !e cachet esl empreint sur les deux piliers carrés oroés de quatre colonnes engagées. Ici commence le chœur et se trouve Tare triomphal. Il n'y a pas de nef transversale ou transept; cependant , le sym- bole de la croix est reconnaissable ; mais • au lieu d'être figuré sur le plan par terre , il Test dans Télé- vatioD de la voûte. Le clocher , construit au-dessus de l'arc triomphal, est du XIP siècle ; il se fonde sur les piliers carrés du chœur et sur deux murs en arc de cercle qui forment un étroit passage entre le chœur et le sanctuaire, puis rentrent à droite et à gauche , et vont aboutir en s'effaçant aux deux pre- mières colonnes de l'abside. L'abside commence au- delà de la troisième travée et embrasse l'ensemble des trois nefs. C'est cette disposition qui constitue l'originalité du plan de l'église de Mars-sur-Âllier, L'abside ne forme pas 1 hémicyle ; elle est à cinq pans coupés. Les colonnes de l'abside, qui sont adhérentes au mur , sont rondes et du XP siècle ; mais contre chaque colonne le XII* siècle en a adossé deux au- tres plus étroites qui la masquent presque entière- ment , ce qui a induit quelques archéologues en erreur. La voûte de l'abside est en demi-calotte légèrement ogivale. L'unité basilicale , déjà rompue dans le chœur par un clocher postérieur au siècle XI% l'est encore par les contreforts, qui sont du XYI* siè- cle , et par un portail du XII* siècle. Les modillons qui ornent le pourtour extérieur de l'abside sont du XIP siècle. M. l'abbé Millet fait observer que le plan si re- marquable de l'église de Mars pourrait bien être du X* siècle; il lui parait être une copie de celui de l'église de Souvigny-en-Bourbonnais, dont le prieuré de Mars était fils. La séance est levée à quatre heures. Le secrétaire de la Société, J.-N. MORELLET, i — 38 SÉANCE DU 8 JANVIER 1852. Sont présents : MM. le général Pétlet« de Bisy, Ristori, sculpteur; Tabbé Millet, Tabbé Grosoier, Héron de Yillefosse « Damouza , le commandant Barat , l'abbé Gointe , le colonel Caflbrd , Gallois , H. Jacquinot, Morellet * etc. S'asseyent an bureaa M. Gro«iier, pr^^itfefir; M. le colonel Caflbrd , M. Morellet. Après l'adoption da procès-verbal , M. le prési- dent dépose sur le bureau diverses brochures pro- venant du Congrès scientiûqne d'Orléans. Ouvrages offerts Par M. Lenormand, architecte à Paris , le numéro de VlUustration qui contient la notice et le dessin de l'église qu'il a édifiée à DHun-les-Piaces ; Par M. de Gaumont, président de la Société fran- çaise, les numéros 1 , 2 , 3 et (i du Bulletin bibtiogra' phique; Par la Commission historique du Berry^ le n* 1*' de son bulletin ; Par M. Roget de Belloguet , les Origines Dijon-' noises . dont il est l'auteur , et qui ont été distin- guées dans le monde archéologique. Sur la demande de M. Roget de Belloguet et sur la proposition de M. l'abbé Crosnier, la Société Nivemaise admet dans son sein l'auteur des Origines Dijonnaises, M. l'abbé Grosnler lit et discute un rapport de M. l'abbé Clément, curé de Saint-Âmand-en-Puisaye, sur les fouilles et l'heureuse découverte qu'il a Haltes à la Motte-Pasquler, commune de Dampierre- sous-BoQhy , à trois kilomètres de Saint-Amand. — 39 — M. l'abbé Clément expose qu'à la MoUe-Pasquier €St un espace de deux cents mètres de long sur cin- quante delarge^où Ton voit de nombreuses ondola- lions. Là apparaissaient depuis long-temps des débris depoteries an iques ; ony avait trouvé une baignoire en marbre bianc , un chapiteau corinthien parfaite- ment sculpté , un style de bronze orné de dents de scie à l'une de ses extrémités , arrondi à l'autre et percé d'un trou destiné à recevoir une pointe (1) ; enfin, des médailles romaines de diverses épo- ques. Evidemment , il y avait là les restes de quelque habitation antique ; il n'était besoin que de fouiller pour faire de curieuses découvertes. Sur les rensei- gnements fournis par M. l'abbé Clément, la Société Française, à l'une des séances de la dix-huitième ses- sion du Congrès Archéologique , tenu à Nevers , au mois de juin 1851 , alloua 50 fr. pour faire des re- cherches à l'endroit indiqué. Ainsi encouragé , M. l'abbé Clément a mis à dé- couvert les restes d'un bâtiment ayant la forme d'un parallélogramme 9 qui a, de l'est à l'ouest « trente* neuf mètres, et quatorze, du nord au sud ; la façade était au midi. A trois mètres de distance et tout le long de la façade , s'élevait un mur que M. Clément a pu suivre Jusqu'au bout. Là devait être une galerie ; on y a trouvé plusieurs cippes. Les murs ont de quatre-vingts à quatre-vingt-cinq centimètres d'épaisseur. A l'intérieur du parallélogramme, la pioche a dé- blayé deux murs se dirigeant du sud au nord , et établis l'un à onze mètres de la paroi est , l'autre à trois mètres de la paroi ouest ; ces deux murs étaient reliés par un autre placé à un mètre de la paroi nord. Ce parallélogramme intérieur était divisé en plusieurs compartiments par des murs de moindre épaisseur. Les chambres étaient ornées de peintures (1) Le propriétaire du style , M. Belafond, géomètre à ^aint Amand, en a ftit don aux Musées de Ne?ert. y' — /»0 — murales , où domioaient le rouge , le vert , le jaune et le bleu; quelques-uioes de ces peintures repré- sentaient des mosaïques. A l'angle sud-est du grand parallélogramme, M. l'abbé Clément a fait ouviir une tranchée d'un mètre cinquante centimètres de profondeur ; on en a tiré des cendres, ^es immondices de cuisine et des fragments d'un canal destiné à porter au dehors ces immondices. L'explorateur conjecture que là devaient être les cuisines de la villa. En divers endroits du parallélogramme, M. Tabbé Clément a constaté sur le sol une couche de béton , puis un lit de charbon de bois de deux centimètres d'épaisseur, disposé sans doute pour intercepter l'humidité, et pardessus une couche de mortier des- tmée à supporter le carrelage ; rien ne fait supposer qu'il y eût des mosaïques. En dehors du parallélogramme et à huit mètres de l'angle sud-ouest, s'élève, perpendiculairement à la façade, un mur qui servait peut-être à soutenir un portique. A cinq mètres du mur et de la façade , M. l'abbé Clément a trouvé un massif de béton de trois mètres carrés. Ce massif portait un petit édi^ cule qui est déposé au Musée de ia porte du Croux , et qui reçoit une grande importance de sa position à l'entrée de la maison. Cet édicule , aujourd'hui brisé, était d'un seul bloc : il se compose , an fond , - y Vv, d'une paroi d'où se détachait un dais soutenu sur le ^nT i yy^'^ devant par deux colonnettes carrées et cannelées; "^ Ip ^ ®Ues sont brisées , et en se brisant , elles ont fait ^ ^ tomber le dais; les chapiteaux sont à oves. Par- V g^^ devant, le dais affecte la forme du plein-cintre ; il \ est orné de deux oreillons et d'un antéfixe au som- met , et le pourtour extérieur porte un dessin figu- rant des claveaux. Le derrière du dais se termine en fronton, et dans l'angle du fronton se voit une tête frisée à la romaine entre deux colombes. Contre le fond de l'édicule et sous le dais est assis un person- nage vêtu d'une tunique et chaussé de brodequins liés autour de la cheville. La tête du personnage ^ 41 - manqae , ainsi qae )a main droite ; la main gaocbe repose sur un vase qu'il tient sur les gecooi. A la droite et aux pieds du personnage est un cbien accroupi. M. Clément voit dans ce personnage le dieu*lare de la maison^ et il en signale les divers attributs, le feu et le chien. Les archéologues de la Société ne voient daus cet édicule qu'un cippe funèbre d'unç forme peu commune, mais reconnaissable aux oreil- Ions, à la forme du dais, aux ornements qui rac- compagnent et à la présence du chien qui, dans ces sortes de monuments, occupe toujours la même place et affecte la même pose. De Tautre côté et à la même distance du massif est un autre mur perpendiculaire à la façade ; au- delà de ce mur sont des gradins en terre , disposés en amphithéâtre et en ellipse. Au devant de la maison , M. Clément a pu suivre une voie ferrée de pierres longues ; elle partait de rentrée de la maison et descendait en obliquant sur le sud-est , vers des restes de construction , où avait été trouvée la baignoire en marbre blanc, dont nous avons parlé. Entre ces restes de construction et La voie, est un massif de béton pareil à celui qui se dressait à la porte d'entrée du bâtiment ; il était sans doute des- tiné h porter quelques statue de divinité ou quelque cippe funèbre. Au milieu des terres qu'il a fallu remuer pour recpnnaltre les restes de la villa gallo romaine , M. Clément a trouvé et envoyé aux Musées de la ville de Nevers la tête mutilée d'une statue de pierre : un style aigu d'un côté et aplati de l'autre ; un objet en jais de forme demi-circulaire « orné d'un l<^ger guitlochis, où on lit, dans tous les sens, le mot nonon, et qui a dû être porté comme amulette ; une bague de cuivre admirablement patinée; une pince épila- toire en bronze ; un fragment de fer à cheval qu'on aurait tort de prendre pour un strlgile ; des bases de colonnes corinthiennes ; des fragments de poteries •- kJ — on simples oo ornées ; une meule de trasalile ou moulin k bras ; des fragments de vitre d*un vert d'eau auxquels faction du feu a ravi toute transparence ; trois morceaux d'un alliage métallique » où il y a de l'argent ; et puis des médailles romaines qui ne sont pas sans intérêt , mais dont la plus curieuse est une médaille consulaire de la famille Glodia. 1* Âv. — Tête laurée de femme ; derrière une lyre, ly. — p. CLODivs. M. F. Diane debout, avec ses attributs , tenant de chaque main un flambeau allumé. 2* ÂV. — ANTON mvs. piVA. AVG. Tête laufée à droite. 1^. — UBERTAS. G08. nii. 8. G. La liberté debout, tenant le bonnet phrygien et la haste. 3* Av. — DIVA FAVSTiNA. Tête de Faustine à droite. Bjl. — AVGVSTA. s. G. Femme voUée debout, tenant une haste et des épis. Il* Av. — M. AVBBL. ANTONINVS. AVG. AEMBNIACVS. mp. Tête laurée à droite. i|r. — TA. p. xvni. iMP. IL G08. m. 8. G. Flgure militaire debout, tenant une haste et un bouclier. 5* Av. — M. AVREL. ANTONINVS. AVG. Tête laurée à droite. 1^. — IMP. X. G0& m. H. p. Victoire marchant , tenant une couronne. 6» Av. — F AVSTINA. AVGVSTA. Tôlc de Faustlue à droite, i^. — iVNONi. RE61NJE. 8. G. JuDou debout, tosaut une patère et une haste ; à ses pieds te paon. 7* Av. — s. G. Femme debout , sacrifiant près d'uii autel allumé. 1^. — ivNONi. REGiNAE. S. G. Junon debout, tenant une patère et une haste ; à ses pieds le paon. 8* Av. — FL. IVL, GONSTANTivs. AVG. Tête lauréo à droite. %. — GLORIA BXERQTvs. Enseigne militaire entre deux guerriers , armés d'une haste et d'un bouclier. — à5 - 9* AY. — D. N. MAGNENTIVS. P. F. AVG. Tète UÛt imberbe de Tempeieur, avec le Paludamenimmt derrière A. ly. — TICTORLB. DD. NN. AYG. ET. CAES. DeilX victoires debout, tenant ensemble une cou- ronne dans laquelle on lit : yot. y. mylt. x. M. Clément fait remarquer qu'antérieurement on avait exhumé de ces ruines des squelettes d'hommes et d'enfants ; pour son compte il en a trouvé douxe très-bien conservés. Ils étaient couchés horizontale- ment dans des directions différentes. L'un a été trouvé debout^ adossé contre un mur, et à l'entour étaient des ossements confusément entassés ou dte- persés sur les décombres, de manière à faire croire que les individus auxquels ils appartenaient avaient péri sous les débris de la maison écroulée par suite de quelque catastrophe ou d'un incendie dont on retrouve plus d'une trace. Ces ossements se trouvent tous entre les débris romains et la terre végétale. Ils appartiennent évi- demment à des Gallo-Romains, victimes de quelque catastrophe arrivée du milieu du lY* siècle au IX*. En effet , ce pays a été visité et ravagé tour à tour par les Bagaudes et par les Barbares de toute race ffui envahirent à cette époque les terres des Gaules. Peut-être ces ruines ont-elles été faites par les Francs de Clovis , qui , vers Tannée 500, envahirent les terres des Burgondes. M. l'abbé Clément signale aussi à l'attention des archéologues des ruines gallo-romaines qui se trou- vent dans un champ cultivé , près du village de La- ▼alotte, commune de Dompierre-sous-Bouhy. Tous les jours la charrue y rencontre des débris de toute espèce et des murailles d'une solidité à l'épreuve du temps. Près de là est la fontaine de Saint-Pélerin , auprès de laquelle se cacha et Ait arrêté l'apôtre de la Puisaye. Les prc^riétaires du champ connaissent la direction de l'aqueduc qui jadis prenait les eaux de la fontaine et les portait sans doute à la ville i — /i'4 — d'Intaranuin (Entrains). Il serait à désirer que quel* ques fouilles fussent opérées de ce côté ; M. Tabbé Clément pense qu'elles ne seraient pas moins fruc- tueuses que celles de la Motte-Pasquier. Le secrétaire de ta Société , J.-N. MORELLET. SÉANCE DU 12 FÊVKIER 1852. Sont présents MU* Cafford, H. Jacquinot^ Héron de Yillefosse. Dumouza, Mary-Lépine, juge au tri- bunal ; Cougny, Tabbé Millet, Paillard , le baron de Bar, Lhospied, Pinet de Maupas, Ristori, G. de Bizy, Boucaumont , ingénieur en chef du département ; l'abbé Crosnler» le commandant Barat, Morellet. S'asseyent au bureau MM. Crosnier, Cafford et Morellet. Ouvrages offerts Par M. le docteur Jacquinot » sa thèse pour le doctorat en médecine ; les Américains Jowais^ bro- chure in-V; les Caractères anthropologiques^ bro- chure in-/!^• ; Par M. Germain, de Saint- Pierre le-Moûtier , le Guide du botaniste^ 2 vol., format Charpentier. M. Germain et M. Boudard , pharmacien à Châ- tiUon-en-Bazois . sont nommés , sur leur demande, correspondants de la Société. M. le commandant Barat rapproche des décou- vertes opérées d'une villa romaine à la Motte-Pas- quier , par M. l'abbé Clément , les intéressantes trouvailles faites en 1845 à Brèves. Un peu au-des- sous des ruines du château féodal , les fouilles ont — 45 - mis à découvert une cavité souterraine qui contenait quatre pierres sculptées » de quarante à cinquante centimètres de tiaut ; l*une représente Silène tenant d'une main le pampre sur son front, serrant de l'au- tre, sur son large ventre, son outre cbérie; les trois autres sont des cippes funèbres. Sur l'un se voit une femme debout ; sur les deux autres , deux person- nages assis , dont F un Ucnt un pot à feu sur ses ge- noux et l'autre un chien accroupi à ses pieds. A quelque distance de là , sur un champ qui s'étend au sud de Brèves et sur la voie romaine, on a trouvé à cinquante centimètres de profondeur, sur une couche de terre noire , nombre de cadavres pressés les uns contre les autres , régulièrement alignés et tous orientés du sud au nord-ouest; les bras étaient étendus le long du corps. La plupart des corps avaient autour de la tête des vases divers de forme, en verre et en terre ; quelques-uns étaient ornés de petits guillochis. Aucune médaille n'y a été trouvée. M. le commandant Barat pense que cette nécropole n'est point antérieure au Y* siècle de notre ère ; elle serait donc chrétienne^ M. Morellet signale à la Société un nouveau mo- nument celtique à la Segangeotte, commune de Gizely, près de Dumphlun. Sous un tas de décom- bres, disent les gens du lieu , mais les archéologues y reconnaîtront sans peine un tumulus ou barow , on a trouvé un nombre considérable de cadavres , placés deux par deux et liés , ajoute-t-on , l'un à l'autre par des bracelets de cuivre ; en effet, on en a retiré cinquante du milieu des ossements ; ces anneaux étaient invariablement passés à l'avant* bras. Ils sont larges, épais, creux en dedans et au dehors; ils sont ce qu'on appelle bombés en oves, et ouverts d'un côté. Ces anneaux ne présentent pas la preuve qu'ils aient été passés l'un dans l'autre, ni réunis par une chaîne ; il n'y a aucune trace de frottement métal- lique. M. iMorellet pense qu'à cet égard on ne peut s'en rapporter au dire de gens du lieu, quand le monu- ment lui-même contredit leur assertion. M. AforeUet — 46 — moDlre trois de ces bracelets , qui amiarlienoent à M. Mary-Lépine ; deux sont de même grandeur et doivent a^oir été portés par des hommes faits ; le troisième^ qui n'est pas entier, est plus petit, façonné de même et doit avoir orné le bras d'une femme ou d'un adolescent M. Mary'-Lépine ajoute que les crânes trouvés à la Segangeotte étaient solides , épais et paraissaient avoir appartenu à des hommes de taille gigan- tesque. AL le docteur Jacquinot regrette qu'aucun de ces crânes n'ait été conservé ; ils auraient pu servir à déterminer les caractères anthropologiques. Quant à l'épaisseur et à la solidité des crânes , elles s'ex- pliquent par l'habitude qu'avaient les anciens habi- tants de la Gaule de marcher la tête nue en tout temps. M. l'abbé Grosnier présente une clé de coffre du X.III* siècle, et qui parait avohr appartenu à la corn* manderie du Grand-Saint-Jean ou à celle du Petit- Saint-Jean ; elle est en cuivre et l'anneau se trouve remplacé par deux têtes de serpent allant en sens contraire. A la clé est réunie la grosse chaîne de cuivre qui servait à rattacher à la ceinture. Les commanderies du Grand et du Petit-Saint-Jean datent du XJIP siècle ; elles s'élevaient entre Ya- reimes-lefr-Narcy et La Gbarité-sur-Loire. M. Cougny prései^e , au nom de M. Gallois » le dessin colorié d'un fragment de brique à rebord , qui appartient au Musée de l'Hôtel-de-YllIe. Ce fragment est curieux à cause du nom du fabricant qu'il porte : et peeixebodys ivmoE , écrit en trois* lignes. M. Gougny fait remarquer la physionomie barbare du nom du potier : prbdebodys. M. Morellet fait remarquer que l'inscriptioii n'est pas entière ; le nom du potier, fredebodys, est pré- cédé de la copulative et ; il manque donc le nom de Tassocié. M. le baron de Bar fait observer que les briques romaines, que l'on trouve sur les bords du Rhin, — 67 — portent le nom du iabricaot. Cet usage s'est con- servé en Allemagne , où tous les produits des pote- ries , soit tuiles , soit vases , portent la signature du potier. M. Tabbé Grosnier rappelle l'observation faite à la dix-huitième session du Congrès archéologique , par M. Devoucoux , que les colonnes monolithes de l'église de Saint- Etienne de Nevers , soit celles du sanctuaire, soit celles du portail occidental » avaient été tournées ; le coup de gouge y est en eiTet visible. M. Grosnier a observé le même fait sur les co- lonnes monolithes de Saint-Sauveur de Nevers, église aujourd'hui renversée.  l'église de Saint- Révérien , les colonnes monolithes sont évidemment tournées; les colonnes^ en plusieurs tronçons» ne le sont pas ; on y reconnaît le coup de râpe. Les co- lonnes tournées de ces trois églises, bâties et desser- vies par des Bénédictins, font penser à cette recom- mandation de saint Benoit à ses cénobites : c Occu- pez-vous de l'art du tourneur. > M. Héron de Villefosse se rappelle avoir vu à Bayeux un tronçon de colonne romaine provenant d'un ancien caveau pratiqué sous la crypte de l'église de cette ville ; on y reconnaissait parfaite* ment les coups de gouge. M. G. de Bizy présente à la Société deux briquas à rebord et nombre de petits vases de terre, que ses ouvriers ont trouvés sous l'étang de Bizy. Cette pièce d'eau n'est point ancienne : elle fut établie dans la première partie du XYIIP siècle , pour desservir la forge que l'on fondait alors à Bizy et qui y existe encore aujourd'hui.  l'automne dernier , l'étang a été desséché pour réparations ; et sur les talus inté- rieurs , à quelques centimètres sous la vase , au mi- lieu d'une masse considérable de mortier , on a trouvé les objets que M. de Bizy a fait déposer sur le bureau. Les briques à rebord étaient posées à plat entre chaux et sable , et portaient nombre de petites pierres taillées et empêtrées de ciment non hydraulique. M. de Bizy conjecture que les briques — 48 — formaient le fond d'an petit conduit voûté, qui ser- vait probablement à conduire les eaux d'une source voisine à une poterie établie sur le lieu même. Les vases de terre sont généralement petits et de formes très-diverses ; les uns sont comme de petites urnes et garnies d'une anse; les autres sont grossièrement façonnés et ne ressemblent pas mal à de petites pa- tères de libation. Du reste , ni ces briques , ni ces vases ne portent aucune marque de fabrique , et il ne s'est trouvé parmi aucune médaille. M. de fiizy ajoute qu'il a l'intention de reprendre au printemps les fouilles que la grande bumidilé du sol l'a forcé d'interrompre. MM. Crosnier , Héron de Yillefosse » Morellet et Gougny s'accordent à reconnaître dans ces vases le cachet de la fabrication romaine ; mais il leur parait difficile de déterminer une époque précise ; ils at- tendent 9 pour se prononcer, le résultat des fouilles nouvelles. M; l'abbé Crosnier expose que l'on vient de met- tre à découvert, dans l'église d'Ainay, à Lyon, au bas des pilastres du pourtour intérieur de l'apside , dix figurines qui rappellent les premières allégories des chrétiens , et bien des choses de l'iconographie des catacombes de Rome : i"" le dragon ; S"* le pois- son , symbole primitif du Christ ; Z^ le cerf, allégo- rie du catéchumène, aspirant à la grâce du baptême ; h* un homme nu dans une cuve et les mains jointes, c'est le baptême ; y un homme couvert d'une tuni- que et les mains étendues comme aux catacombes , c'est le chrétien régénéré par le baptême ; 6*" un homme as»s, ayant en main les instruments du tra- vail, et réalisant cet ordre divin : « Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front; » 7^ un homme tenant d'une main le bâton de voyageur , tendant Vautre vers une couronne ; 8* un homme appuyé sur l'ancre de l'espérance ; 9° un homme jouant de la harpe ; 10* un lion au repos, image du chrétien après la victoire. Parmi les chapiteaux de l'église, M. l'abbé Crosnier en a remarqué quelques-uns assez curieux. saint Michel terrassaot le dragon ; Adam et £ve man- geant le fruit défendu ; l'arbre n'est pas un pommier, comme on le eroit communément; mais semble être le figuier ou le palmier; deux fruits en penxient. Le serpent a une tête humaine , chose assez étrange au XIP siècle 9 et sa queue se termine par une tête de serpent. Vis-à-vis de la chute de Thomme est TAn- Donciatîon ; c'est le remède en face du mal. M. Moreilet se rappelle avoir vu , dans plusieurs églises du XIP siècle , le serpent tentateur repré- senté avec une tête humaine. M. Héron de Villefosse se rappelle avoir vu, dans une église du midi, peut-être celle de Moissac (Tarn-et-Garoune) , le serpent tentateur représenté également avec une tête humaine. Le commandant Barat présente le moule en plâtre d'un bas- relief, i>rovenant du (ombeau d'un abbé de Cluny, de la famille de la Tour-d'Auvergne ; le tombeau , qui est à ciuny, orne l'église de l'hôpital de cette ville. Le bas-relief, en marbre d'Italie , a été fait à Rome en 1710, probablement par un sculp* teur italien ; il représente la prise d'un camp. £n avant, marchent vers les tentes eniiemies des fantas- sins, couverts de boucliers ; derrière est Turenne , à chevals en costume romain, suivant l'usage du temps, et le bâton de maréchal de France à la main. Il se tourne vers la cavalerie , qu'il encourage , et sa figure, qui est frappante de ressemblance, est admi- rable par son expression d'éneirgîe et d« calme au milieu du carnage. Sur ses pas, des cavaliers se pré- cipitent en avant et renversent tout, hommes'et che- vaux, dans raflfreux pêle-mêle d'un combat acharné. Ici, un cavalier lève isa masse d'armes pour brisier la tête d'un ennemi à moitié renversé ; là, un fantassin saisit d'uïie main hardie les naseaux fumants d'un cheval qui~se cabre ; plus loin , un soldat enlève un glorieux trophée , l'étendard qui doit aller tapisser l'église de Notre-Dame=-de-Paris. Il est difficile de rendre avec la parole la vie et le mouvement de ce magnifique tableau de pierre, qui a un mètre qua- 4 — 50 — tre-viDgts centimètres de large sur quatre-vingt-dix centimètres de haut. Le commandant Barat a fait faire le moule pour le Musée lapidaire de la porte du GroQX. Le secrétaire de la Société, J.-N. MORELLET. SÉANCB DD 4 MARS 1852. Sont présents MM. l'abbé Sergent » recteur de TÂcadémie ; Tàbb^ Grosnier, Gafford , Barat , Tabbé Lebrun , Tabbé Henriot , curé de Saint- Père , à Ne- vers; l'abbé Hurault, curé de Fougues; le docteur Jacquinoty Domouzay architecte; Martin fils, de Fourchambault ; Ristori^ sculpteur; Morellet. M. Tabbé Cfosnier mvlte M. le Recteur de l'Aca- démie de la Nièvre à présider la séance. M. l'abbé Sergent s'assied au bureau et déclare la séance ouverte. Ouvrages offerts Par la commission bistorique du Gher , son Eul « letin n" 2 ; Par M. Lhospied » sa Géograplae du département de la Nièvre ; Par M. Dumouca , architecte , le dessin au trait du portail de l'élise de Gonques (Aude). Sur ]a demande de M. Lhospied et la présentation de trois membres 9 M. Lhospied, instituteur commu- nal k Nevers , est admis dans le sein de la Société Nivemaise comme membre résidant. M. de Gaumont, président de la Société Française, nforme la Société que la session du Gongrès des — 51 — délégués des Sociétés Savantes des départemenis , qui devait s'ouvrir le 1 5 février au palais du Luxem* bourg f a été remise au 1 5 n)a)*s« ' ftL l'abbé Crosnler rappelle que dans sa séance du 2 octobre dernier, la Société Nivernaise a délégué MM. le général Pétiet et G. de Soulirait pour la re- présenter à la session prochaine dudit Congrès. M. Morellei expose que depuis la renaissance des études classiques bien des poètes français ont essayé de traduire les églogues de Virgile en vers. Quel que soit le mérite intrinsèque de ces travaux. Ils ont tous le défaut de paraphraser au lieu de traduire. M. Mo- rellet croit qu'il est possible, malgré là double gêne de la mesure et de la rime , de serrer le texte latin de près et de conserver à la pensée et à l'expression du poète leurs principales qualités , sans recourir à la paraphrase. C'est dans ce but qu'il s'est mis bra- vement ci l'étude des églogues latines ; il les a tra- duites toutes les dix , vers pour vers , et U ne s'est permis d'ajouter que dans les pièces où le nombre impair des vers lui en imposait Tobligation inévitable. M. Morellet , comme spécimen de son travail , Ut la première églogue : MÀLIBé. Etendu mollement sous l'ombrage , ô Tityre, Tu médites les chants que ta flûte «oupire. Nous , loin du ciel natal , des champs que nous aimons , Nous fuyons la patrie , et sous tes joyeux sons , Le nom d'Amaryllis retentit au bocage. TITYRE. O Mélibé, d'un Dieu notre paix est l'ouvrage. Oui , c'est un Dieu pour moi ; souvent dans nos hameaux, Son autel recevra le sang de mes agneaux. C'est grâce à ses bienfaits, si , libre dans la plaine , Au gré de mes chansons , mon troupeau se promène. MÉLIBÂ. Je n'ensuis point jaloux; j'admire ton bonheur , Tant nos champs sont troublés. Vois mes chèvres, pasteur 3 — 52 — J'ai peine à les mener. Celle-ci , pauvre mère l  mis bas dans ce bois et laissé sur la pierre Deux iumeaux , men espoir.... Par la foudre brûlé, Le chêne , bien des fois , mais j'étais aveuglé , La corneille à ma gauche et sur l'yeuse obscure, M'ont de tous nos malheurs donné le vain augure. Mais dis-moi donc , berger , quel est ton Dieu sauveur? TITTRE. A la cité de Rome , ob ! quelle est mon erreur I J'assimilais la ville où nous menons d'usage Les fruits de nos brebis. Ainsi jj'avais l'image Du grand par le petit , et croyais les chevreaux El les chiens nouveau-nés à leurs mères égaux ; Mais entre les cités , Rome surgit superbe Autant que le cyprès sur l'osier et sur l'herbe. MÉLIBÉ. Et qui donc t'imposa ce^trajet de long cours ? TITTRE. La liberté , qui tard sourit à mes vieux jours , Quand le ciseau passait sur ma barbe argentée. Elle vint , quand , déjà repoussant Galatée , Aux lois d'Amaryllis j'avais soumis mon cœur. Car , je t'avouerai , sous son joug oppresseur , Non , je n'espérais plus liberté ni nchesse* A l'ingrate cité j 'allais en vain sans cesse , Portant mes doux agneaux et mes firoma^ gras ; La main pleine , au logis je ne revenais pas. HÉLIBé. Je ne comprenais point tes pleurs ni ta prière , Pourqiioi les fruits pendaient à leurs rameaux, bergère ; Tityre était absent 1 Ces pins, ces arbrisseaux , Tout rappelait Tityre au bord de nos ruisseaux. TITTRE. Et pouvais-je autrement terminer mon servage Et rencontrer ailleurs un plus doux arbitrage? - 58 — Là , j'ai vu ce héros , dont l'autel , ô berger , Douze fois tous les ans fume dans mon verger. C'est là qu'à ma demande il dit ces mots propices : » Dans un trou ténébreux et tout en désarroi? » Laisse-là tes forêts et leur aspect sauvage » Et viens vivre avec nous au milieu des humains. » C'est là qu'est le bonheur ; et va , c'est être sage » Que de le prendre à pleines mains. » Aussi bien tout ce qui respire , » Petits et grands , est sujet à la mort. » La vie est courte : Eh bien 1 forçons-la de sourire » Et chargeons-la d'embellir notre sort. » Ce discours éloquent touche le camarade. Il saute de son trou ; le citadin le suit. Ils mesurent leurs pas pour arriver de nuit, Et ni vus ni connus, franchir la palissade. Déjà la nuit avait poussé son char Jusqu'au milieu de la voûte éthérée , Quand nos deux pèlerins , quittant le boulevart , Dans un vaste palais opèrent leur entrée. Tout justement , la salie aux éclatants lambris Fumait encor d'un souper de la veille ; Deçà delà gisait mainte et mainte corbeille Où s'étalaient d'appétissants débris. Le citadin bénit cette heureuse fortune. Sur la pourpre il fait seoir son hôte émerveillé ; Puis commo/un majordome au mantien délié , Il va , vient et s'empresse, 'et lesjnets sans lacune Se succèdent rapidement ; Et pour tout faire largement , On dit gu'en rat stylé qui connaît son grand monde , Il goûtait tous les plats qu'il servait à la ronde. Le rustique enchanté jouissait de son sort, Faisait fête aux morceaux , en aimable convive , Riait de sa vertu jadis trop primitive Et se laissait aller aux douceurs du comfort. R — 56 — Tout à coup , un grand bruit retentit dans la salte ; La porte à deux battants se pousse avec fracas. Nos deux amis coupent court au repas , Eperdus et tremblants ; l'un et l'autre détaie. Ou fuir? Où se cacher? Pour surcroît de malheurs , Deux dogues monstrueux , surpris à l'improviste , Ebranlent la maison de leurs longues clameurs. Les rongeurs , cependant , sans qu'on suive leur piste , Parviennent à sortir. Une fois délivré , Le campagnard respire et d'un ton pénétré : » Si c'est là, mon ami , l'existence des riches, » Grand bien te fasse , adieu I Je n'en suis pas. » Tranquille , dans mon trou , de tous tes beaux repas ^ » Je cours me consoler en mangeant mes pois chiches. » M. Tabbé Grosnier expose que M. N. Duclos , ac- cueillant des bruits légers et qui sentent très fort la calomnie, a publié dans V Annuaire de la Nièvre^ 1845, p. 119-140, une notice sur Saint-Pierre-le-WoûlIer où il dit que l'évêque de Nevers , M. de Séguiran , après son élection de député du Clergé aux États-Gé- néraux de 1789, se prit de querelle avec M. le comte Gharles Ândrault de Langeron, qui était du parti libé- ral, le défia en combat singulier, et qu'ils se battirent ^ la Groix- des -Champs , sur la route de Saint- Pierre. L'évêque^ atteint mortellement, fut, d'après le récit de M. N. Duclos , rapporté à Nevers où il mourut , fut enterré en grande pompe à Saint-Cyr le 9 avril 1789, et Ton prit toutes les précautions néces- saires pour cacher les circonstances de cette mort M. Fabbé Grosnier oppose au récit de M. N. Duclos et le silence d'un adversaire de M. de Séguiran , (Vl. Guyotde Sainte-Hélène , qui certainement aurait parlé s'il avait eu du mal à dire d'un évêque auquel il se vante d'avoir résisté en face , et un monument que l'on conserve dans les archives des Sœurs de la Charité de Nevers. Ce monument est la circulaire écrite , le 10 novembre 1789, par la sœur Pélagie , supérieure de la Congrégation , pour demander les prières des religieuses, ses sœurs> en faveur de M> de Séguiran, qui venait de mourir. Celle circulaire. — 57 — d'ane forme littéraire fort remarquable , après aroir résumé les traits principaux et glorieux à plus d'un titre de l'épiscopat de Mgr de Séguiran, ajoute : < La coDtiouité de ses travaux , de ses veilles et sollicitudes , jointes à la rigueur de l'abstinence et du jeûne quadragésimal , alluma dans son sang un feu qui le consumait insensiblement et dont le ravage ne tarda pas à se manifester durant la tenue des assemblées préliminaires aux États-Généraux. Forcé de céder à la violence du mal qui l'accablait, quoique sans danger aperçu, il voulut, avant d'ap- peler le médecin du corps, pourvoir avecsoin aux besoins de l'âme... Sa confession à peine achevée, le danger devint tout à coup si pressant, qu'il fallut lui administrer les derniers sacrements. Ce fut alors que sa grande âme se développa tout entière.... Il expira le 3 avril.... • Al. l'abbé Lebrun rappelle qu'aussitôt après l'ap- parition de la notice sur Saint-Plerre-le-Moutier par M. N. Ducios , il réclama vivement contre des asser- tions plus que Itères* et qu'il y opposa le témoignage du fils de l'un des chirurgiens chargés de faire l'au- topsie et rembaumement de l'auguste prélat; il n'avait été constaté aucune lésion extérieure. M. le Recteur de T Académie fait remarquer com- bien il est Important de rectifier les faits erronés; Il ajoute que c'est du devoir de tout homme éclairé, à plus forte raison d'une Société qui ne s'est constituée que pour le progrès de la science et pour la vérité. M. l'abbé Millet dit que parmi les mandements du diocèse qu'il a recueillis , se trouve celui que publiè- rent les vicaires-généraux nommés par le chapitre de rinsigne Église de Nevers , à la mort de M. de Ségui- ran et durant la vacance du siège. Ce mandement , de moindre valeur , sous le rapport littéraire , que la circulaire de sœur Pélagie , parle expressément de la maladie du prélat, qui « semblait n'annoncer » dans les premiers jours que la nécessité du repos. . . « Nos espérances, disent les vicaires- généraux, sur » un prompt retour à la santé paraissaient si assu- - 58 — p rées , que nous n'avons pas même pensé à offrir » publiquement nos vœux au Seigneur pour la cou- » servation de ce digne pasteur... . » Mais la maladie s'aggrava tout d'un coup.... a A cette époque fatale, » Tart se joignit en vain à la nature pour opérer le » soulagement que nous désirions avec tant d'ar*- I deur. I^s sacrements de l'église ont eu seuls une » admirable efficacité en produisant le calme. » Ainsi le mandement des vicaires-généraux et la cir- laire de sœur Pélagie sont d'accord pour établir la maladie et la mort chrétienne de Mgr de Séguiran. Cependant Al. Tabbé Millet fait remarquer que M. l'abbé GulUon» dans Les Martyrs de la foi pendant la Révolution Française , ouvrage publié en 1 821 , insinue autre chose. Il dit , t. iv, p. 568 . que M. de Séguiran s'était toujours élevé hautement contre les innovations politiques et sociales de son temps. • Son » clergé , dit-il , le nomma député aux Etats-Géné- » raux ; mais les factieux redoutaient singulièrement » son caractère, ses vastes connaissances, ses vertus, • ses talents , sa logique et l'art qu'il avait de con- s duire les hommes par son genre d'éloquence. Peu » de jours après sa nomination , il fut enlevé à Té- >t glise et à la monarchie par une mort prématurée » que plusieurs disaient accélérée^ » La séance est levée à quatre heures et demie. Le Secrétaire de la Société , J.-N. MORELLET. — 59 — SÉANCE DU 13 AVRIL. Sont présents MM. le commandant Barat , Delà- roche, Tabbé Hnrault, Morellet^ Tabbé Grosnier, etc. M. l'abbé Grosnier ouvre la séance; et après Ta- doption do procès-verbal du U mars , communique à la Société une lettre venant de La Charité-sur-Loire. M. Roget de Belloguet écrit qu'il a trouvé en creu* sant dans son Jardin 5 situé dans l'enclos des Béné- dictins^ deux pierres sur lesquelles se développe une magnifique sculpture de XII* siècle ; c'est nn feuillage en guirlande et qui provient sans nul doute des parties de l'église autrefois renversées. Ge mor- ceau est tellement élégant et gracieux qu'on le croi- rait l'œuvre de quelque artiste de Gorinthe on d'A- thènes. M. l'abbé Hurault lit la première scène d'une tragédie h laquelle il travoilie. Le Martyre de Sainte- Pkilomène. M. Grosnier, chargé d'étudier le portail de l'église de Gonques, dont M. Dumouza a donné le dessin à la Société , dit que c'est l'une des trois merveilles architecturales du sud ouest de la France, témoin le proverbe occitanien Que rCa pas bist lou pourtal dé Conques y la gléia dé Santa - Cécilia d'Albi et lou clouquier de Rhodez , n*a rez bist (1) Ge portail de Gonques , qui appartient au style riche et fleuri du XII* siècle, représente dans son tympan le grand drame du jugement dernier. A la partie la plus élevée domine la croix de la passion ; autour et au- dessus sont des anges dont deux sonnent de la trom- pette. Devant la croix est assis le juge souverain, J. -G. ; il a la tête ornée du nimbe crucifère et les mains étendues, comme pour faire le terrible discernement. (1) Qui n*a pas vu 1^ portail de Conques, Téglise de Sainte Cécile d'AIbi (H le clocher de Rhodez, n a rien vu. — 60 - A ses pieds , figure le pèsement des âmes : on ange tient la balance ; devant lui est le diable qui cherche à tricher la justice divine. Au-dessous du pèsement des âmes, sur le linteau inférieur , les bons se pres- sent à la porte cintrée des saints parvis ; en face s'ou- vre la porte quadrangulaire qui conduit à l'empire de Satan. Les méchants voudraient bien se détourner à droite ; mais un diable les guette avec soin et les pousse à coups de massue vers l'ouverture des grands abtmes ^ figurée par une effroyable gueule béante de crocodile. Là règne Satan, les jambes entortillées de serpents ; il écoute en grimaçant une chimère qui lui parle , mais sans rien perdre des tourments des réprouvés. On reconnaît autour de Satan et au- dessus de sa téte^ dans un compartiment disposé à la gauche de J. • C. , les vices principaux : la luxure aux mamelles nues; la gourmandise , qui mange encore ; l'avarice, avec une bourse pendue au cou ; l'orgueil, qui s'est fait adorer sur la terre et auquel un diable agenouillé arrache la couronne avec sa gueule. Çà et là sont des scènes bizarres ou cruelles , propres à frapper d'épouvante les vivants et à les disposer au repentir par la terreur des supplices destinés aux méchants. L'artiste du XII' siècle a déployé toutes les richesses de ses facultés inventives pour donner une idée des supplices éternels ; son imagination a moins réussi dans la représentation des joies célestes. Un ange ailé et debout reçoit les élus à la porte cintrée du Paradis ; ils entrent dans les parvis où règne la paix. Les saints, rangés dans des niches cintrées, sont assis ou debout et sont dominés par la grande figure d'Abraham ; ce patriarche tient des prédestinés dans son sein et fait pendant à l'horrible Satan , qui trône de l'autre côté, dans l'enfer. Dans le compartiment supérieur, à la droite de J.-G , figurent la Vierge- Marie, l'apôtre Pierre reconnaissable à sa clé et portant le palllum , un roi conduit par un évo- que, etc., etc. Au-dessus, quatre anges dévelop- pent deux légendes riméesoù se lisent les vertus qui font mériter le ciel : fidbs spes caritas constantia -- 61 -« ET HYiaLiTAS. Au reste, des inscriptions en vers léo- nins , comme celai qui se lit au-dessas du Paradis : IVSTORVM CBTVS STAT XPISTO lYDIGE LETVS , SOUt dis- posées çà et là, pour expliquer les diverses scènes du paradis et de l'enfer ; il est à regretter que le dessi- nateur n'ait pas cru devoir les reproduire en entier. M. Grosnier termine la description du portail de Péglise de Conques , en faisant remarquer que sur le pilier qui divise en deux l'entrée de l'église est adossée une délicieuse statue de vierge du XW siè- cle , et qu'il faut rapporter à cette époque les quatre colonnes qui ornent les deux portes du portail de l'église de Conques. M. l'abbé Hurault , invité à reprendre la parole , lit une de ses fables , Le Prodigue et l'Hirondelle : Un mange-tout , l'espèce en est commune , Pour avoir trop joui n'ayant plus à jouir , Ruminait dans son gîte , où jadis la fortune Et les jeux et les ris venaient s'épanouir. De tous ses biens passés , une vieille casaque , Heureusement pour lui , seule avait tenu bon. L'hiver durait encore , et le froid aquilon Souiïlaît avec fureur au travers la baraque. Mon croquant toutefois s'en garait de son mieux ; Enseveli dans sa fourrure , Vaille que vaille , il bravait la froidure Et supportait l'inciémence des cieux. Tout à coup , 6 bonheur ! il voit une hirondelle. Un rayon de soleil égayait l'horizon. (( Si c'était le printemps ! Oh 1 la belle saison 1 » Ma foi , mon vieux pourpoint , enfile la venelle. » Tu m'as servi l'hiver , je reconnais ton zèle , > Et je veux pour ton bien te changer en pâté ; » Car c'est la bonne façon de me servir l'été. » Voilà donc le manteau parti vers ses confrères , Et vive le plaisir 1 S'il durait : mais , hélas ! L'hirondelle avait mal calculé ses affaires , Et le prodigue aussi. La bande des frimats Revient sur l'horizon et sévit avec rage. Notre galant vêtu , comme l'est un sauvage , Se sent du froid saisir et bientôt de la mort. Près de fermer les yeux , il voit traînant de l'aile - 62 — S'abattre près de lui l'imprudente hirondelle , Et tristement l'accuse de son sort. Qui des deux eut le plus grand tort ? C'étaient deux têtes sans cervelle. Il faut garder , nous dit L'auteur d'un vieux grimoire , Pour l'hiver , un habit , Pour la soif, une poire. Sur la demande de plasiears membres , la Société décide que pour la saison d'été les séances s'ouvri- ronl désormais à quatre heures du soir. La séance est levée à quatre heures. Le Secrétaire de la Société , J. -N. MORELLET. SÉANCE DC 13 MAI. M. Gaffort ouvre la séance à une heure et demie ; le procès-verbal est lu et adopté. IVL Morellet signale à Tattention de la Société an monument celtique, uniquedans son genre etque Ton vient de découvrir à une lieue et demie de Tannay ^ sur la lisière du bois d'Amond, au centre d'un triangle dont les pointes seraient. Saint -Germain» Grenois et Tannay. C'est un dolmen de trois mètres de long sur deux de large et posé à plat sur la terre. A vingt pas au sud , sont trois peulvens encore sur pied et deux renversés et tout à Tentour de ces peulvens ou menhirs ou pierres debout qui n'ont pas tout à fait un mètre de haut, on a trouvé en creu- sant le sol des cadavres humains. Ils étaient couchés - 63 — sur le dos, avaient les bras ramenés sur la poitrine et tons portaient nn collier et deux bracelets de enivre. Trente bracelets et colliers ont été recueillis. A deux cents pas de distance vers l'ouest , au-dessous du dolmen , sur la pente de la colline , est pratiquée une plate-forme et au-dessous six gradins d'un mètre de hauteur chacun. Les conjectures ne manquent pas pour expliquer la découverte en détail, et les savants des alentours disent que les cadavres trouvés autour des menhirs sont ceux des viciâmes immolées par les druides près du dolmen ; que la plate-forme était des- tinée aux sacrificateurs venant rendre confpte au peuple répandu sur l'amphithéâtre au-dessous , des signes favorables ou défavorables lus dans les en- trailles et l'agonie des victimes. Mais l'imagination n'esi-elle pas la folle du hgùf comme dit Montaigne 7 Serait-on embarrassé pour trouver d'autres explica- tions tout aussi plausibles ? Il faut prendre garde quand il s'agit d'un passé peu connu ; le meilleur parti à prendre c'est de bien observer les faits et de les recueillir avec soin ; quand ils seront assez nombreux , ils s'expliqueront d'eux-mêmes. M. Morellet ajoute que la plupart des bracelets trouvés au bois d'Amond sont entre les mains ou de M. Bezou, juge de paix du canton, ou de &1. JuUien, notaire à Tannay. Le commandant Barat ajoute que les bois entre Tannay , Grenois et Saint Germain renferment d'au- tres monuments celtiques dont quelques-uns ont été reconnus par lui. Ainsi sur la hauteur de Ger- venon est nn tumulus surmonté d'un gros arbre ; il n*a pas encore été fouillé. Tout près de Tannay, on a trouvé des cadavres et des anneaux de cuivre de l'époque celtique. Enfin dans la partie nord, entre Saint-Germain et Tannay, se découvrent tous les jours des scories de fer et des fragments de trusa- lithes qui indiquent suffisamment que ces pays ont été jadis couverts d'une population industrieuse et active. M. Morellet dit qu'au nord et au-dessus de Gre- — 6(1 - nois on voit aa milieu des bois une vaste chaume qui a dû servir de cimetière à une époque reculée, peut- être à l'époque celtique. La tradition y place des apparitions fréquentes que redoutent les enfants et les paysans des alentours; on évite généralement d'y passer durant la nuit. M. Morellet fait remarquer que sur la foi d'un livre qui a paru à Paris , sous le nom d'un membre de rinstitut national de France » le Dictionnaire encyclopédique de la France par Ph. Lebas . au mot GoRBiGNY 9 divers livres d'histoire et de géographie publiés depuis 18(i2 sur le Nivernois et la Nièvre , contiennent sur Tabbaye de Gorbigny une erreur de quelque gravité. Ils disent que les rois de France avaient l'usage d'y venir en pèlerinage , à l'époque de leur sacre > pour y acquérir le pouvoir d'y guérir les écrouelles. De cette manière , ils ont confondu deux localités bien distinctes, Gorbigny en Nivernois et Gorbigny ou Gorbeny au pays de Laon , départe- ment de l'Aisne. Gorbeny, autrefois Garbonacum, était célèbre sous les rois carlovingiens. Pépin, Ghar- lemagne et leurs successeurs y avaient un château où se sont tenues plusieurs assemblées nationales au siècle VIII* , entre autres celle où Gharlemagne fut proclamé et reconnu roi des Francs d'AnstrasIe , en 772,aprèsla mort de son frère Garloman. Gharles-le- Simple y recueillit au X* siècle le corps de saint Mar- cou et y fit bâtir une abbaye en son honneur (905). G'est là que nos rois avaient l'usage de se rendre en pèlerinage pour y toucher les reliques de saint Mar- cou et acquérir la vertu de guérir les écrouelles. [Voir la Vie et la Topographie des Saints ^ par Baillet ) Quant à Gorbigny de l'ancien Nivernois , rien ne prouve que jamais roi de France y soit venu s'agenouiller auprès des reliqaes de saint Léo- nard , qui y étaient et y sont encore en vénération. M. Morellet fait observer que cette erreur au sujet de Gorbigny a été répétée par M. A.GiraultdeSaint- Fargeau, en son Dictionnaire descommunes de France^ p. 629 , où il confond les deux localités ; mais chose Tràl, 1 Tarit rf«- Creuaz'^uj tcIofxJaiire- cujftva-s. f^y I 1 1 r - «5 — ilngoUère , la même page contient sur Gorblgny une petite notice qui fait toucher l'erreur du doigt. Ce n'est pas , au reste , la seule qu'il y ait à signaler dans ce livre ; ceux qui s'occupent de recherches historiques sur les diverses localités de la Nièvre , ne sauraient trop se mettre en garde contre les asser- tions du dictionnaire de M. Girault, qui sont souvent inexactes; ce livre manque de critique. La séance est levée à trois heures. Le Secrétaire de la Société , J.-N. MORELLET. SÉANGB DU 10 JUIN. Sont présents MiMI. le colonel Gafford , Roget de Belloguet , le.commandant Barat , Gougny, Morellet^ Huraalt  une heure et demie^ Rf. Gafford^ vice- président, ouvre la séance ; le procès- verbal est lu et adopté. Le secrétaire communique à la Société une lettre qu'il a reçuB du botaniste M. Germain. M. Germain remercie la Société du titre qu'elle lui a conféré de membre correspondant, et lui fait part d'intéres-* santés trouvailles que l'on vient de faire près de sa propriété du Bessay. Un habitant de Ghantenay, canton de Saint-Pierre-le-Moûtier, faisant dépierrer son champ , situé aux abords du village , a mis à découvert des constructions romaines. G'est d'abord un réservoir circulaire dont le fond est dallé et a 1 mètre 50 centimètres au dessous du niveau du sol ; — 66 — pois une constroction de forme carrée plus profonde, sans ouverture latérale ni escalier; cette cavité ren- fermait des débris de nombre de têtes de bœufs pro- venant sans doute des offrandes faites aux Dieux. Au même endroit on a trouvé un stylet en ivoire , un vase en terre rouge d'une forme élégante , deui^ ou trois monnaies romaines frustes et sans valeur, quan* tlté de briques romaines creuses, plates , à rebords de dimensions diverses , des poteries grossières et des morceaux d'enduit ou de ciment portant encore des peintures. Ces divers objets soigneusement re- cueillis sont à la disposition de la Société. Le commandant Barat fait observer que Chantenay est une ,des localités de l'ancien Nivernais les plus remarquables sous le rapport de Tarchéologie romaine. Sur l'observation de M. Gougny, M. Barat , con* servateur du Musée lapidaire de la porte du Groux , est invité à faire arriver à Nevers les objets mis à la disposition de la Société. M. Morellet regrette de n'avoir pas su , alors qu'il écrivait le Nivemoîs , que iVl. Champion , si connu des malheureux de Paris sous le surnom du Petit Manteau-Bleu , appartenait à la province. En effet , M. Champion est né Châtel-Censoir, le 13 décem- bre 1764 ; il y est mort le 6 juin dernier. Mieux ren- seigné, M. Morellet se serait empressé de rendre hommage à cet homme de charité , qui dépensait quarante mille francs par an en distribution de soupes aux indigents de Paris, et répandait mille autres bienfaits autour de lui* M. Burault , curé de Pougues , lit une pièce de vers qu'il a intitulée : Le Double compte. LE DOUBLE COMPTE. Comme un consul romain^ sur son âne enfourché, Un paysan revenait du marché. - 67 — De trois baudets, il avait fait empiète ; L s'en allait content , et bien , pour cejoard*hui , Il comptait arriver sans encombre chez lui. Mais il comptait sans la guinguette , Qui droit sur son passage étalait son bouchon. « Il fait chaud à midi^ le petit coup est bon; 9 On n'en marche que mieux. » Cela (ht, notre homme entre. Le broc était tout prêt ; bientôt son large ventre Se désemplit d'autant que l'autre se remplit. Brèche entière au tonneau , partant brèche à l'esprit De notre villageois; bref, il reprend son âne, L'enjambe comme il peut ; puis l'un l'autre portant , Ils s en vont en chassant les deux autres devant. Tout allait bien , point de chicane , Les deux premiers ânons gambadaient par les champs , Allaient , venaient , lançaient une ruade , S'embrassaient en amis , c'était attendrissant» On les eût pris pour Oreste et Pylade. Le baudet qui portait n'était pas moins joyeux , Il avait double charge et n'en marchait que mieux , Sauf qu'il eût désiré , par forme d'allégeance , Quelque petit mot d'obligeance. Mais le chaud , la fatigue et peut-être le vin , Avaient depuis une heure ensommeillé notre homme , En sorte que pendant son somme , Il avait, m'a-t-on dit, laissé choir son gourdin. Aussi l'Àliboron n'en prenait qu'à sa guise , Marchait au petit pas comme un chantre d'église , S'arrêtait à la mare , au chardon <)ui tout près Étalait ses piquants attraits, S'enfonçait dans un trou , retombaft dans un autre. Et ^ l'on en croit tout, souvent le bon apôtre , A la voix d'un ami qui charmait le canton , Répondait sur le même ton. Aucuns ont prétendu que c'était gentillesse ; ^<^i} j'y ^ois seulement la simple pohtesse Pratiquée entre amis. Enfin il en fît tant , Que notre sommeiileur tout à coup se réveille. Où sont mes trois ânons , ça , dit-il en baillant Et se grattant l'oreille? Un... deux... Je ne sais trop si je dors ou je veille , Mais je n'en vois que deux : le badaud oubliait L'animal complaisant dont Téchine pliait Sous le poids de son maître et du vin qu'il cuvait. Ainsi sont faits les gens : je le dis à la honte \ — 68 — Du siècle où nous vivons; Ton reçoit les bienfaits, Mais pour les bienfaiteurs , s'en souvient-on ? Jamais I Témoin notre dormeur qui compte et qui recompte Les deux qui s'en allaient paisibles devant lui^ Sans songer au pdrteur y son plus fidèle appui. Enfin quand l'aventure Lui parut éclaircie et sa perte trop sûre , Je vous laisse à juger de sa déconfiture. Il éclate en sanglots, tire par son licou L'animal patient qui n'ose contredire , Le demande aux passants qui le traitent de fou : Avez-vous vu mon âne ? Et les passants de rire. Bientôt, dans son délire , Il s'en prend à son corps , assez mal à propos , Fait payer l'amende à ses os. Se gourme de bons coups , du trono jusqu'à la tête , Souvent ^méme son poing retombait sur la bête. II arrive chez lui dans un état piteux. Aux lamentations quil pousse vers les cieux Sa femme accourt tremblante, et d'une voix émue : Quelle douleur t'est donc à ce point survenue , Que tu jettes tant de clameurs. Hélas I répond notre homme en pleiirs , Je ramenais trois ânes de la foire , La chaleur invitait à boire ; L'auberge était sur mon chemin j Je n'ai pris que deux doigts de vm Pour donner au soleil le loisir de s'abattre; Et durant ces trop courts instants , L'un de mes trois ânons a pris la clé des champs, Où sans doute il est à s'ébattre. U est perdu pour moi. C'étaient deniers comptants.... — Tu n as perdu que ton bon sens , Dit la femme en riant, cesse de te débattre : Tu n'entrevois que deux baudets céants, Moi , j'ai de meilleurs yeux , car j'en aperçois quatre. La séance est levée à deux heures et demie» Le Secrétaire de la Société, J.-N. MORELLET. 69 — SÉANCE DU 5 jmLi:.£T. Siègent au bureau : MM. l'abbé Crosnier , prési - dent; Cafford , vice-président; MoreWei , secrétaire. Depuis Ion((-terops les membres de la Société Nivei^- naise ne s'étaient réunis en aussi grand nombre. Depuis plus de deux mois M. l'abbé Crosnier n'avait pas paru aux séances de la société, il parcourait rilalie; on attendait avec impatience son retour, et les membres de la ville et des environs s'étaient empressés de se rendre à la réunion pour connaître le résultat des différentes observations archéologie ques qu'il avait faites pendant son voyage. On comp- tait parmi les personnes présentes : MM. de MieuUe , receveur général du département ; Bertin , Cougny, Dumouzat , Delaroche , Barat , Paillard , Louis Lefebvre , le docteur Jacquinot , l'abbé Hurault, Héron do Villefosse , le docteur Grozant , médecin des eaux de Fougues, le docteur Edmond Thomas , Blanchet, Adolphe de Rosemont , Arlhur de Rose- mont, Boudard, pharmacien à Châtillon-en-Bazois. l'abbé Duplesàis, l'abbé Faivre , l'abbé Gougny, etc. La séance est ouverte à quatre heures , le procès- verbal de la séance du 10 juin dernier est lu et adopté. M. le président communique à la Société une lettre qu'il a reçue de M. Baudoin au sujet des fouilles que ce membre de la Société Française a été chargé de faire dans les bois de Saint-Révérien par le congrès archéologique de France tenu à Nevers en 1851. M. Baudoin promet à \2iSoéiétc Nivemaise le compte- rendu de ses explorations et solliclle le titre d membre correspondant. e La Société Nivemaise s'empresse de conférer à M Baudoin le titre demandé. Elle attend et recevra avec plaisir le compte- rendu de ses explorations dans - 70 - ta ville gallo -romaine de Saint- Révérien ; elle rap- pelle à M. Baudoin que le congrès arcliéologique a décidé que les objets curieux découverts et recueilli* par lui dans ces fouilles doivent être déposés dans les musées départementaux de la Nièvre , à Nevers. Sur la proposition de M. Crosnier et la présenta- tion de trois membres : MM. Adolphe et Arthur de Rosemont sont admis comme membres résidans ^ sur la proposition de M Tabbé Hurault et la présen- tation de trois membres de la Société , M. le doc- teur de Crozant ^ médecin des eaux de Fougues , est admis comme membre résidant. Sur la proposition de M. le commandant Barat et la présentation de trois membres de la Société, M. Blanchet , juge au tribunal de Nevers , est admis comme membre résidant , et M. l'abbé Thierriat , curéd'Aunay, comme membre correspondant. M. Tabbé Crosnier expose que les principes fon- damentaux de l'archéologie monumentale ont été établis et merveilleusement précisés par M. de Cau- mont d'abord , et puis par ceux qui à sa suite se sont livrés à Tétude de cette science ; mais qu'il n'en est pas de même pour ce qu'on peut appeler les prin- cipes secondaires , et que bien des problèmes , res- tés irrésolus, donnent lieu à de vives contesta- tions. Et adhuc sub judice Us est, M. crosnier, dans le voyage qu'il vient de faire en Italie , a dirigé ses recherches et ses observations vers la solution de ces divers problèmes. On sait que les premiers maîtres de Tarchéologie, établissant îa géographie des styles , ont divisé la France en différentes zones, ayant chacune son école d'architecture ou plutôt son foyer autour du- quel ils font rayonner les monuments, objets de notre admiration. Ainsi ils ont reconnu l'école bour- guignonne , l'école ligérine , l'école aquîtanique , l'école normande, l'école auvergnate l'école rhé- nane. C'est l'art modifiant ses combinaisons suivant — 71 — le climat, les matériaux» les modèles encore debout, le caractère de la population et de la contrée; mais M. Ciosnier prétend qu'il ne faut pas, en admettant cette classification territoriale , lui donner une aussi grande importance qu'on l'a fait jusqu'ici ; il regrette qu'on semble oublier l'influence monacale , qui , selon lui, domine toutes les autres. On le sait , au moyeu-âge, les moines étaient les maîtres en tout : savants, poètes, peintres, sculp- teurs, architectes; la science de la politique ne leur était pas inconnue , témoin l'abbé de Saint- Denis, Suger, qui fut régent de France pendant l'absence de Louis VU , et mérita le glorieux sur- nom de Père de La patrie, M. Grcsnier rapporte aux moines la gloire de l'architecture religieuse au moyen-âge , surtout â partir de la fin du dixième siècle. Mais à cette époque reculée , il ne reconnaît encore qu'une école en France , Técole bénédictine. Dans les dernières annéesdu XI* siècle, une réforme s'établit dans l'ordre de Saint-fienott, et les enfants de cette grande famille se divisent : les uns ne veu- lent point s'écarter des usages de Gluny, usages con- sacrés par de longues années; les autres adoptent la réforme sévère de Giteaux. Par suite de cette sépa- ration , deux écoles rivales s'établissent : l'école de Gluny et celle de Giteaux. Les deux écoles diffèrent essentiellement entre elles au XIP siècle: Gluny est une école de luxe et de magnificence ; Giteaux est une école simple et sévère , mais d'une simplicité qui n'exclut ni la gran- deur« ni l'élégance Les églises si belles et si riches de La Ghariié-sur-Loire et de Vézelay, peuvent être présentées comme les types modèles de l'école de Gluny; l'église de Pontigny , simple , élégante, gra- cieuse , quoique sévère , est le type de l'école de Giteaux M. Grosnier a déjà eu l'occasion de développer cette thèse dans plusieurs congrès, notamment dans celui de Bourges, et l'on peut se rappeler qu'au con* grès de Nevers , M. de Surigny, de Mâcon , et d'au- F — 72 -- Ires archéologues distingués , se sont ralliés à ceiie opinion. M. de Montalembert, dans ses travaux sur Tart religieux, reconnaît trois foyers d'architecture ; le IVlont'Cassin , en Italie ; Uuny , en France , et Saint-Gali, en Allemagne; mais ces trois foyers ap partienuent tous à 1 ordre de Saint*Benott , et cela ne fait véritablement qu'une seule écote bénédic-- Une. Or , ce n'est point assez. M. Crosnier avait remarqué sur différents poiuts de la France les caractères qu'on avait exclusive- ment attribués à l'école bourguignonne ; il les a re- trouvés aux bords de roeéan ^ comme à ceux de la Méditerranée , sur le Rhône et la Basse-Loire. Il a cherché à se rendre compte d'un fait qui ne pouvait être contesté, et qui était en contradiction avec ies principes admis ^ ou du moins qui devait les modi- iier. De plus, il a remarqué que partout où il a trouvé le type bourguignon , le monument avait appartenu à Gluny , ou avait été construit sous l'influence de Cluny. Ainsi, la classification régionale doit être subordonnée à l'autre classification , à celle des deux écoles rivales de Citeaux et de Gluny. Cette observation , que M. Crosnier avait faite en France , il l'a faite également en Italie, et il a cons- taté l'influence des deux écoles signalées à l'atten- tion des antiquaires. En général , les Italiens , qui sont si forts sur les antiquités de Rome et d'Athènes , s'occupent peu de l'archéologie du moyen-âge. Il faut se méfier des dates qu'ils assignent aux monuments religieux de leur pays, car ils reculent souvent jusqu'aux YII* et YIIP siècles des églises qui portent les caractères de l'époque des croisades. M. Crosnier raconte que tandis qu'il visitait, à Vé- rone, la magnifique église de Saint-Zénou,qui porte tous les caractères du XIP siècle, il fut accosté par le custode, qui lui dit que l'église , construite au V' siècle , avait été réparée au VHP, telle qu'on la voit aujourd'hui. Cette assertion le fit sourire , et le custode se fâchait déjà contre la présomptueuse — 75 — incrédaltté des Français , lorsque M. Crosoier lut la date 1170 , gravée sur la muraille. Ainsi, plus de doute , l'église était du XII* siècle. AL Crosoier, qui avait reconnu l'influence de Oiuny, demanda si cette église n'avait pas appartCRU à des mokies. « Oui» Monsieur, dit le custode. Elle appartenait jadis anx Bénédictins. • A Pavie^ sont les deux églises de Saint- Pierre tu cœlo aureo et de Saint- Micbel , qui présen- tent dans leur plan et leurs détails d'architecture tous les caractères do XII* siècle , et aiénie le cachet de l'école de Gluny, recoonaissable à son plan et à certaines figures sculptées stir les chapiteaux : comme la syrène à deux queues , le centaure sagittaire, les colombes buvant dans un calice , les lions monocé- phales, )a femme aux reptiles» etc.; enfin, à certains détails d'ornementation que Too voit à La Charité- sur-Loire et à Vézelay. Or , les Pavisans croient fer* memrot que leurs deux églises datent du VHP siècle. Ayant eu l'occasion de voir le directeur de l'uni- versité de Pavie, homme habile et fort instruit dans l'histoire de son pays , ftl. Grosnier le consulta sur l'âge de ces deux églises. 11 en apprit que l'église de Saiot-iVIichel avait été fondée au VIII* siècle , qu'elle avait été renversée au XI* ei reconstruite au com- mencement du XII*, et il ajouta , sur les observa- tions de M. Grosnier, que la ville avait à cette époque un couvent de Bénédictins. En bien d'autres lieux de la Lombardie , il avait remarqué le type de Gluny. L'abbaye bourguignonne étendait- elle jusque-là son influence ? ou bien le Mont-Gassin imprimait-il un semblable cachet aux œuvres que ses moines élevaient en Italie ? Al. Gros- nier, à l'aide de l'histoire, est arrivé à la soli^tion du problème. Giuoy avait à peine quelques années d'existence , que déjà on appelait de toutes parts ses religieux pour la réforme des monnstères. Ainsi saint Odon , second abi)é de Gluny, et auteur de la première ré* forme de Tordre de Saint- Beaolt., fut appelé par le souverain pontife pour rétablir la discipline dans le f - 74 - couveDt de SaiDt-Paui-hors-des-IVlurs de Rome. Saint- Augustin de Favie reçut du même abbé la rè- gle de Gluny ; Saint-Mayeul vint après lui , et trans* mit la réforme à Saint-Âpollinaire in Classe de Ravennes. Au XP s'établit le monastère de la Gava ; mais son fondateur Àlfier se rend h Cluny poar s'y former à Tesprit religieux. Dans le même siècle, Gluny voit se ranger sous sa règle Tabbaye de Giuse *"\^ en Piémont et Saint- Victor de Genève; et Sainte- Groix de Venise est peuplée par une colonie des moines de La Gharité -sur- Loire. Sainte-Justine de Padoue a appartenu à Gluny jusqu'au commence- ment du XV* siècle. Aider , élève de Gluny , forme à son tour des disciples , parmi lesquels on compte Didier ; ce moine , abbé du Mont-Gassin, fit rebâtir en 1066 ^ avec magnificence , l'église de son monastère , et appela de Gonstantinople d'habiles architectes. Didier devint pape en 1086^ succédant à son ami le célèbre Grégoire VII , qui , sous le nom d'Hildebrand , avait été moine de Gluny , et ea avait été emmené par le pape Léon IX , se rendant de Toul k Rome. Tous ces faits établissent l'influence de Gluny sur l'Italie, et surtout sur'la Lombardie, où la célèbre abbaye avait trente-six prieurés sous son obédience. Ainsi s'explique pourquoi certains édifices religieux de Vérone, de Padoue, de Fer- rare, de Pavie, de Milan et même de Venise , de Florence et de Pise , ont des caractères conformes à ceux de France. Ainsi se confirme par l'Italie l'opi- nion autrefois émise par M. l'abbé Crosnier sur les écoles monacales. M. Grosnier fait remarquer qu'un autre pro- blème se trouve résolu par un des faits qu'il vient de raconter: L'abbé du Mont- Gassin, Didier, ap- pela des architectes de Gonstantinople pour diriger l'œuvre de l'église de son abbaye. Leur présence en Italie explique comment et pourquoi le type bysan- tin est venu modifier le type de Gluny ; comment et pourquoi les coupoles, les formes et les riches orne- -- 75 - ments de rorient se sont mariés à ce qa'on a Dom- iné les formes bourguignonnes. Tout le monde com- prend aussi pourquoi les églises de France du Xir siècle, construites sous Tinfluence clunisaise, ont pour la plupart quelque chose d'oriental dans leurs coupoles de llntertranssepl. Au reste , la fllle aînée de Cluny, La Gharité-snr-Loire , comptait parmi ses dépendances le monastère de Civitot dans l'un des faubourgs dé Constantinople. La séance est levée à cinq heures et demie. Le Secrétaire de la Société p J.-N. MORELLET. SÉANCE DU 5 AOUT. Siègent au bureau : MM. rabbéCrosnier, pr^j^ienr, le baron général Pétiet , député au corps législatif ^ Morellet , secrétaire. Parmi les membres présents, on compte MM. Hé* ron de Villefosse , Gougny , le commandant Barat , Bertin , Peigne , Adolphe de Rosemont , Arthur de Rosemont , le docteur Jacquinot , Dumouzat , l'abbé Harault^ Dubroc de Segange , conseiller de préfec- ture , de Toylot fils , etc. Sa séance est ouverie à quatre heures par la lec- ture du procès-verbal de la dernière séance , qui est adopté. M. Dubroc de Segange dépose sur le bureau une brochure m-U"* , étude biographique sur Giovanni Angelico ^ peintre italien du XY* siècle. Ce travail - 76 - est accompagné de plusieurs l>eiles Uthographi^s, dues au crayon de M. Dubroc, représentant di- verses œuvres de Giovanni AngeUco , et entre autres SSL Descente de Croix, ûoni l'original se trouve à l'académie des beaux-arts de Florence. Sur la demande de M. Dubroc de Segange et la présentation de M. Tabbé Crosnier, auquel se joignent MM. Âdolpbe et Arthur de Rosemont, M. Dubroc est admis comme membre résidant de la Société Nivernaise. Le nouveau membre est invité à lire lui-même devant la société son travail sur Giovanni ;^ celle no - tice, qui éclaircit une partie assez obscure de Tart en Italie , est précédée de considérations fort éle- vées sur ce qu'a été l'art religieux au moyen- âge, et sur la déviation que lui ont fait éprouver les grands artistes de la Renaissance 5 trop sénsualistes et sou- vent étrangers à l'esprit de nos grandes traditions religieuses. Après cette lecture , qui fut écoutée avec un vif intérêt, M. Crosnier prend la parole pour faire part à la Société du résultat d'une excursion qu il vient de faire à Souvigny-ies-Bois , localité qui porte aussi le nom de Souvigny-les-Ghanoines. « On doit se rappeler, dit M. Crosnier, qu'à l'é- poque du congrès archéologique tenu ^ Nevers , un de nos honorables collègues , M. Tabbé Millet , pré- tendit qu'il fallaiX compter parmi les monuments antérieurs au XV siècle l'édicule qui sert actuelle- ment de sacristie à l'église de Souvigny-les-Cha- noines Selon lui 9 cet édicule serait la chapelle fon- dée au commencement du IX* siècle par un de nos plus célèbres évêques , saint Jérôme. M. Georges de Soultrait combattit cette opinion , et moi-même , quoique ne connaissant pas cette église, je me sentis porté à me ranger du côté de M. de Soultrait , pré- tendant que si la sacristie de Souvigny remontait au IX* siècle , elle ne serait pas restée presque ignorée jusqu'à ce jour. » Il y a quinze jours , M. Millet, toujours persuadé qu'il était dans le vrai , malgré les airis contraires y — 77 — vint me prier de faire avec lai une promenade jus qa*à Soavigny; J'acceptai la proposition , et je dois, Messieurs, vous faire part de mes impressions 1 Rappelons d'abord les deux dates iiistoriques de l'église de Souvîgoy-les- Chanoines. Saint Jérôme, évéqae de Nevers , possédait dans son patrimoine la terre de Souvigny ; il y Ht construire une chapelle sous l'invocation de saint Etienne. Au commence- ment du XII* siècle, vers 1130, Francon, évêque de Nevérs , érigea un grand nombre de pa- roisses dans ce diocèse, et parmi ces paroisses on compte celle de Souvigny. > L'église, qui forme uo carré long , présente bien dans la nef quelques caractères de cette dernière époque ; mais ces caractères sont peu sensibles , ob- ^servation qui peut être faite pour les autres églises rarales du diocèse de Nevers. Quant à la région du chœur, ce n'est plus la même chose ; les caractères sont plus précis «t présentent des dispositions gra- cieuses. Les deux parois, septentrionale et méridio- nale du sanctuaire, sont composéesdetrois arcades ; au plein cintre , l'arcade centrale est surhaussée. Ces arcades reposent sur des colonnes raccourcies, et dont la hauteur est loin d'être proportionnée au module. I^es chapiteaux ont pour c(M*niche une large moulure à chanfrein, et sont seulement épannelés. La partie absidale devait être en hémicycle , recouvert d'une demi-calotte ; cette partie a été détruite au commencement du X/I* siècle. C'est alors qu'on a pratiqué le mur du fond du sanctuaire et les deux fenêtres qui l'éclairent , ainsi que la porte principale q«i accuse cette époque. Ici, sauf ces substructions dnXVP siècle , l'histoire et l'archéologie sont d'ac- cord : l'une nous présente le chiffre 1130, l'autre nous dit : Ce sont bien les caractères du commence- ment du XII; siècle. Si nous considérons la partie supérieure de la tour, nous retrouvons encore les mêmes caractères. lUais si nous considérons la base de cette tour jusqu'à la hauteur du carré de l'église, si nous pé- — 78 — nélroDS dans son intérieur , si nous venons étudier i'absidiole en hémicycle , qui est en quelque sorte le sanctuaire du carré qui sert de base à la tour , nous nous étonnons de rencontrer une œuvre peu en rapport avec ce que nous avons vu jusque-là. Les fenêtres de Tabsidiole et de la partie inférieure de la tour ne ressemblent en rien aux fenêtres de la nef bien caractérisées par leurs claveaux. Dans la nef, les fenêtres , quoique étroites et peu élevées , sont loin des proportions resserrées des ouvertures en meurtrières de la tour et de Tabsidioie. L'arc-dou- bleau qui ouvre Thémicycle , au lieu de repose r comme les arcatures du chœur et Tarc-doubleau du sanctuaire sur des colonnes engagées , retombe sur deux consoles grossières formées d'un large dé carré avec moulures en corniches et inoulures en cul de- l'impe allant en diminuant insensiblement. Au fond de Tabsidiole on remarque une piscine composée d'un tronçon de colonne surmontée de son chapiteau épannelé. Cette piscine porte les carac- tères du XV siècle au XIP. Quant au clocher , comme nous Tavons dit , la partie supérieure est du XIP siède ; mais la partie inférieure , jusqu'au dernier larmier des contreforts, est d'une époque évidemment antérieure. Je parle du larmier supérieur , parce que les contreforts se terminent par plusieurs larmiers formant cascades. Ce genre serait tout à fait inconnu dans notre Ni- vernais , si l'église de Souvigny ne le présentait pas; il me rappelle les soubassements en cascades que j'ai remarqués aux ruines de l'église de Saint- Mardin-de"Tours,substructions qu'on fait remonter jusqu'au VHP siècle. La position de I'absidiole est insolite , elle a ainsi que la tour, qui , dans la pensée de M. Millet, aurait été la nef de la chapelle , sa direction vers l'orient , et est accolée au chœur actuel. Pour me résumer, je dirai que les caractères généraux de l'église et du chœur indiquent le XII* siècle ; mais que la partie inférieure de la tour - 79 — et Tabsidiole paraissent antérieurs à cette époque , que l'opinion de M. l'abbé Millet pourrait avoir quelque vraisemblance , quoique les caractères ar- chi tectoniques ne soient pas assez précis pour qu'on puisse porter un jugement irréfrasable à ce sujet. M. Dubroc fait remarquer combien il serait im- portant d'avoir un plan et une coupe de cette cha- pelle, ainsi qu'un dessin exact des contreforts de la tour et des larmiers en cascades. Divers membres appuient cette observation. La séance est levée à six heures Le Secrétaire de la Société , MORELLET. ■♦^■♦^1 SÉANCE DU 2 SEPTEMBRE. MM. Grosnier, président, le colonel Cafbrd , vice- président y Cougny ^pro-secrétaire^ siègent au bureau. Dans la séance du mois de juillet. M, Crosnier avait commencé à présenter à la Société quelques observations qu'il avait faites dans son voyage d'Italie 9 au sujet de certains points encore contro- versés. Il s'agissait des écoles d'architecture. Pour- suivant l'exposé de ses observations, il nous a entre- tenu du synchronisme des styles Les caractères qui distinguent chaque époque, se sont-ils fait remarquer simultanément dans le nord , dans le centre et dans le midi de la France? Ont ils été les mêmes en France et en Italie , à une époque donnée ? Ces questions sont cerlainement très importantes, et M. Crosnier croit que pour y répondre d'une ma- - 80 — nière précise, il est nécessaire de suivre la marche dos différents siècles dans les différents pays. Le Xir siècle , dit-il , présente les mêmes carac> ractères généraux dans le nord, dansk centre, dans le midi de la France et même dans Tltalie , et si on rencontre quelques variantes dans les détails d'orne- mentation , si on remarque plus ou moins de per- fection dans l'exécution , on peut dire cependant qu'un œil exercé reconnaît aussitôt l'époque pré- cise de chaque monument. Saint-Benoit sur Loire , La Charité , Yézelay , ont des rapports frappants avec Saint-André leBaSy à Vienne, Saint-Gilles. Gaillac, Moissac, et même avec Saint* Michel et Saint- Pierre de Pavie, avec Saint- Pierre de Genève, avec la cathédrale de Terracine et bien d'autres églises qu'on pourrait citer. Seulement , il faut ajou- ter que dans le midi et f n Italie on rencontre sou- vent au siècle suivant des détails appartenant à l'é- poque byzantine qui se marient avec les formes ogivales. Le XIII* siècle est plus complet et plus homogène dans le nord et dans le centre de la France que dans le midi et en Italie. Cependant , ce serait à tort qu'on avancerait d'une manière absolue que le midi est d'un siècle en arrière sur le nord , et que les ca- ractères que nous attribuons au XIIP siècle , dains les contrées qui se r.)pprochent du nord , n'ont paru qu'au XIY* siècle dans le midi. H est des caractères propres au XIII* siècle qui se mélangent avec ceux du XIV* , qui n'a fait que dé- velopper l'ornementation du XIII' ^ mais les carac- tères dislinctifs se rencontrent dans le midi comme dans le nord , quofque quelquefois entremêlés avec des détails byzantins, comme je l'ai déjà fait remar- quer. A Gaillac, à Moissac, à Saint-Gilles , à Saint- Trophime d'Arles, on trouve , dès le XII* siècle, des essais de formes ogivales aussi bien que dans le nord , et la chapelle adossée à l'église de la Cité, à Carcassonne (1247), présente les mêmes formes, les mêmes détails que la Sainte^Chapeile de Paris. ~ 81 -^ Un des caractères spéciaux do XIIP siècle , carac- tère auquel on peut assigner un règne de soixante ans environ , de 1220 à 1280 , c'est la scotie pro- fonde qu'on remarque à la base des colonnes ; cette scotie ne se rencontre jamais au XII* siècle, et ne se rencontre plus au XIVS du moins avec la même profondeur. Cette observation a été faite dans le midi de la France, et l'Italie la reproduit dans les mêmes conditions et à la même époque. On la re- trouve à la cathédrale de Sienne , à celle de Pise , à Saint- Antoine de Padoue et dans des substructions ou édicules du XIH* siècle. On avait aussi prétendu primitivement que la pointe-mousse, c'est-à-dire le petit bourrelet ou arête qu'on rencontre souvent sur les nervures tori- ques , était propre aux édifices de la Bourgogne -, or, cette pointe-mousse, d'abord peu accentuée au XIII* siècle, plus prononcée au XÎV* et , enfin , se métamorphosant en prisme au XV* et au XVI* siè- cles , se retrouve sur différents points de la France et aussi en Italie dès le XIII* siècle. On sait qu'au XIV* siècle l'art monumental , en France > a été stérile, peut-être par suite des guerres continuelles qui désolaient le pays , peut-être encore par suite des pestes fréquentes qui décimaient la po- pulation ; aussi nous avons peu de monuments com- plets de l'époque rayonnante , et nous sommes ré- duits k étudier les caractères de cette époque sur des portions d'autres édifices. Notre église de Varzy, tout entière du XIV* siècle , est regardée comme une éi?lise exceptionnelle, et mérite d'attirer l'atten- tion des archéologues. En Italie, il n'en a pas été de même ; le XIV* siè- cle a été un siècle fécond , et les monuments de cette époque y sont très-abondants. C'est ici qu'il faut se garder de faire l'application de nos principes français, surtout pour la seconde moitié du XIV* siè- cle ; les architectes italiens sont alors en pleine re- naissance et nous devancent de plus d'un siècle. En sorte que l'architecture ogivale , qui s'est établie 6 — S2 — dans ce pays en même temps qu'en France , a en peine à s'y naturaliser ; Tart ogival , sauf quelques exceptions que nous offre la Lombardie, Tart ogival s'est abâtardi dès le XIV* siècle. Nous remarquons au XIP siècle , en France , aux bases des colonnes, ce qu'on a appelé des griffes ou appendices, ornement qui unit la base au soubasse* ment. Dès-lors on avait établi en principe de laisser régner le môme champ dans toutes les parties qu'il avait à parcourir, en conservant les mêmes dimen- sions ; ainsi , le léger rebord du soubassement qui se remarque sous le tore de la base vers le milieu du clé , s'élargit et laisse aux quatre angles aperce- voir un triangle, dont un côté est légèrement cintré ; ce triangle paraît peu en rapport avec le principe dont je viens de parler; il s'agissait donc de'le dis- simuler , ce qu'on fit en le couvrant d'un ornement qui se rattachait à la base, et ne laissait courir sur l'angle que le liseret qu'on remarquait ailleurs sou& le tore. Cet ornement varie selon les pays : dans îe nord et le centre, c'est en général line feuille ; mais dans le midi , les sculpteurs se sont appliqués à va- rier les formes de cet ornement : tantôt c'est lin serpent enroulé, tantôt un enfant couché dans i'an^ gle , ailleurs c'est une grosse perle, une tête d'ani- mal, une griffe, un pied .humain , etc.; c'est ce qu'on a appelle appendice. Cet ornement,' propre au XIP siècle , s'est conservé au Xlli* dans lïn' grand nombre de monuments : on le remarque à la catbéf- drale de Nevers, dans toute la partie àftfibuéô ati commencement du XIIP siècle. Il est iine autre espèce d'appendice dont on s'est moins occupé jus- qu'à pr&ent : c'est l'ornement qui se trouve sur le milieu du soubassement et qui semble être su&peadu au tore épanoui. Au XIIï* siècle, le tore aiï bôtidin qui sert de base à la colonne semble s'épanottlr, c'est-à-dire perdre sa forme arondle en s^éiargtssanî et s'aplatissant; les angles du soubassement conser- vent alors une surface moins considérable et le tôTe épanoui déborde vers le roilleti du dé sur les quatre — 83 — faces. Les sculpteurs ont alors imagiDé de racheter ce débordemeot par une feuille on une branche de feuilles reliant encore la base au soubassement. Nous retrouvons ce genre d'ornementation à la cathédrale de Nevers , et de plus , dans le même monument ^ nous le remarquons aussi au XIV* siècle et même au XY*. C'est bien une des curiosités de notre cathédrale , car en France cet ornement n'est pas commun après la première moitié du XIIP siècle. En Italie, les appendices se rencontrent à toutes les époques , à partir du XII* siècle jusqu'au XV*. Dès le XII* siècle , on voit en Italie des colon- nettes cordées ou cannelées ; mais an XIV* siècle , ce genre devient presque général ou du moins se rencontre fréquemment. Quant aux chapiteaux du XIV* siècle, ils sont d'une facture toute particulière : les angles du tailloir reposent sur une feuille à crochet assez semblable à un cœur , et l'ensemble de la corbeille présente comme la silhouette d'un chapiteau antique. Une dernière observation que j'ai faite en Italie au sujet de l'architecture ogivale , c'est que les Ita- liens ne l'ont employée qu'en tremblant ; autant ils ont fait paraître de hardiesse dans leurs coupoles souvent surmontées de lanternes^ autant ils ont fait paraître de timidité quand il s'est agi pour eux d'attaquer nos formes ogivales , leur élancement les effrayait ; aussi , il n'est pas rare de rencontrer des pièces de bois ou des barres de fer placées en tirans ou en arcs-boutants sous des voûtes ogivales. La ma- gnifique cathédrale de Milan est déshonorée à chaque travée par des poutres qui contrëbutent les piliers. Les Italiens peuvent être meilleurs décorateurs que nous, ce que je n*oserais pas encore admettre d'une manière absolue ^ mais nous sommes incontestable- ment des architectes plus habiles. Le Secrétaire de la Société , ' HORELLBT. } — 8/i SÉANCE DU 1^ OCTOBRE. La séance esl ouverte à deux, heures^ sous la pré- sidence de M. l'abbé Crosnîer. MM. le colonel Gaiïbrt et Gougny siègent an bureau. M. le conUe George de Soûltrait remplit les fonctions de secrétaire. Sont présents: MM. Berlin^ Tabbé Hurault, Jac- quinotj Lhospied, le comte de Maumigny, l'abbé Millet , Delarocbe et de YiUefosse , membres de la Société. M. le Président donne communication de la cor- respondance : M. l'abbé Clément demande à faire partie de la Société. Cette demande ^ appuyée par M. l'abbé Crosnier et par M. le curé de Fougues , est prise en considération. M. Baudoin , conducteur de travaux à Àvallon, qui a fait exécuter les fouilles de Sainl-Révérien , écrit pour remercier la Société d'avoir bien voulu l'admettre comme membre cor- respondant. M. le Président donne lecture d'une notice sur ^histoire symbolique des lions ; cette notice ^ dont la Société a demandé l'impression , fera suite au compte-rendu de la séance. M. de Soûltrait félicite M. l'abbé Crosnier de Tim- portante communication qu'il vient de faire; elle donnera un vif intérêt au BuUeiin de la Société^ qui , il faut le dire , est quelquefois un peu vide. Il serait bien à désirer, ajoute le même membre, que, à part quelques articles de fonds relatifs à l'archéologie , tels que la monographie des lions, lue par M. Cros- nier, on s'occupât surtout dans les séances de questions locales historiques, archéologiques et scientifiques, et que l'on mit dans les procès-verbaux un résumé des discussions qui en fit bien saisir la physionomie^ sans toutefois entrer dans les détails — 85 — il'administratioQ et de finances. Le Bulletin est rédigé avec talent par le savant secrétaire de la Société , auquel on doit tant de pages remarquables sur le Nivernais ; mais peut être les derniers procès-ver- baux sont- ils un peu trop exclusivement littéraires? Il ne faut pas oublier que la Société a été fondée pour s'occuper spécialement de ce qui concerne la pro- vince; ses publications doivent donc offrir surtout des documents d'intérêt local. M. de Soultrait ajoute qu^en se permettant ces observations il ne fait qu'émettre l'opinion de beau- coup de p^sonnes qui ont lu le Bulletin , et entre autres de plusieurs membres du conseil général ; cela seul a pu l'engager à prendre la parole sur cette question. M. le Président appuie les observations du préopinant. M. de Soultrait annonce que le conseil général , dans sa ses^on dernière, a voté tine somme de trois cents francs pour les musées nivernais, auxquels» avec le consentement de M. le Maire deNevers, il a donné le nom de Musées départeoientaux ; une somme égale a été allouée à la Société Nivernaise , M. de Soultrait désirerait que l'emploi de cette somme fût réglé de suite , et que l'on décidât l'impression d'un travail sur le Nivernais , qui serait offert Taonée prochaine aux membres du conseil général ; ce serait la meilleure manière de reconnaître la bienveillance de l'assemblée départementale et d'en obtenir de nouvelles allocations. Le môme membre propose donc de publier la monographie de l'église cathé- drale de Saint-Gyr de Neyers, à laquelle travaille M. l'abbé Crosnier ; il demande à l'honorable pré- sident où en est cet ouvrage et dans quelles condi- tions on pourrait le publier. M. le Président propose d'abord de voler des remerclments au conseil général, ce qui est adopté; répondant ensuite à la question du préopinant, il annonce que la monographie de Saint-Gyr est prête, et qu'elle pourra être communiquée h la Société lors de sa prochaine réunion. M. Crosnier ajoute \ — 86 — quelques mots sur le plan qu'il s'est tracé; son travail se composera de trois parties : la partie hià^ torique de la cathédrale , la partie archéologique , comprenant tous les détails sous le rapport architec- tural ; et enfin la partie iconographique, comprenant l'explication des statues, des has-reliefs , etc. M. Crosnier fait observer que dans la partie histo- rique il a cru devoir parler de Vhisloire de saint Cyr et de sainte Julitte , d'après les légendes authen- tiques et d'après les légendes apocryphes , parce que ces doubles légendes ont été reproduites dans rbistoire de la cathédrale au moyen-âge. Comme aussi , en établissant le culte des saints patrons do diocèse de Nevers , il a tâché d'expliquer pourquoi autrefois on célébrait dans le diocèse quatre fêtes de saint Cyr dans le cours de l'année. La Société approuve complètement le plan que vient de lui soumettre son honorable président ; la monographie de Saint-Cyr ne peut manquer d'offrir un intérêt qui sera apprécié de tous. Au sujet des tapisseries de Marie d'Albret , M. l'abbé Millet annonce qu'un fragment de ces précieux tissus couvre le marchepied de l'autel de l'église de Saint-Eloi , près de Nevers. M. Crosnier promet de réclamer ce fragment. M. de SouUrait demande qu'il soit statué sur la manière dont seront exécutés les dessins nécessaires à la monographie de Saint-Cyr; il serait d'avis que les vues générales ftfesent lithographiées , et que les détails fussent gravés sur bois. M. Crosnier annonce que M. Laborde lui a promis de prendre au daguer- réotype ou par la photographie les diverses vues de la cathédrale qui seront nécessaires ; ces dessins seront ensuite mis sur pierre , sur bois , ou gravés h l'eau forte. Après une discussion à laquelle prennent part MM. Crosnier, Jacquinot, de Maumigny, Cougny et A. de Soultrait , une commission , composée de MM^. de Maumigny, Jacquinot et Cougny, est nommée pour s'entendre avec M. Crosnier sur son travail , et -- 87 — pour voir dans quelles conditions il pourra être publié ; cette commissiou fera son rapport dans la priemière séance , et Ton votera de suite sur ses con- clusioDS, afin de pouvoir commencer Timpression dans le plus l)ref délai. MM. Crosnier et de Soultrait désireraient que M. le Conservateur du Musée fût prié de faire rentrer dans les salles de la porté du €roux les chapiteaux de Téglise Saint-Sauveur, qui ont déjà beaucoup souffert , étant exposés depuis long-temps à Tair et à la pluie sur Tescaiier du Musée lapidaire ; ces curieux morceaux de sculpture du XIP siècle figureraient i\ plus juste titre dans la salle gories , après les avoir purifiés de toute idée pro- • fane. Non-seulement dans l'agencement de ses > personnages , elle conserva les costumes des €¥ecs • et des Romains , les vêtements furent largement > drapés , les plis multipliés à la manière antique ; > mais leurs histoires et leurs emblèmes trouvèrent • place dans la composition des tableaux chrétieifô* » Le christianisme continua à considérer le lion comme un srymbole ; il est aux yeux des chrétiens — 92 tantôt le type du bien : c'est le lion de la tribu de Juda qui se repose après avoir triomphé de ses en- nemis : Vicît leo de tribu Juda (Apec. 5. 5); c'est Juda qui, comme le lionceau^ s^élance pour saisir sa proie» et qui se repose comme le lion après le combat: Ckttulus leonis Juda , ad prœdam , filimi, ascendùti , requiescens accubuùti ut leo., ( Gen. 49. 9. ) Tantôt c'est le type du mal: c'est remblême de l'esprit de malice qui cherche à se jeter sur sa proie pour la dévorer : Tamquam leo rugiens circuit quœrens quem devoret. (1 Pet. 5. 8.)Iis se sont rappelés que David priait Dieu de le délivrer de la gueule des lions. Nous retrouvons les lions dans les catacombes , paisibles compagnons de Daniel dans la fosse où ses ennemis l'ont fait jeter ; ce sujet est souvent reproduit soit pendant la période latine, soit à l'époque byzan> tine. . Le lion devait bientôt jouer un nouveau rôle ; après les persécutions, l'iconographiechrétienne, en sortant des catacombes, allait s'épanouir comme une fleur au soleil. La vision d'Ezéchiel devait contribuer à étend re l'histoire symbolique du lion ; le tétramorphe, figure dont l'iconographie grecque s'est plus tard emp irée, ne parait pas encore ; mais les symboles évaugé- Ijques se font remarquer dès le IV* et le Y* siècle ; ils ornent la coupole de l'église de Saint-Nazaire et de Saint-Celse , à Ravenne , construite en 440 par Galla Placidia* Le lion devient l'aniiùal symbolique de saint Marc, Cependant, je dois me hâter de dire que dans le principe on l'a donné à saiot Mathieu et quelquefois à saint Jean. Le lion, dit saint Augustin , annonce la personne royale de J.-G. Le saint docteur nous apprend que les animaux évangéliques étaient connus avant lui ; un grand nombre de ceux qui nous ont précédés, dit -11^ veulent que dans les quatre ani- maux le lion signifie la royauté , parce que sa force l'a établi roi des animaux ; à ce titre il convient à saint Mathieu, qui a établi la royale généalogie du Sauveur. Saint Ambroise dit que ces quatre animaux - gs — sont les emblêiDes de J.-G. Il est lion par sa force :: Léo quia fortis. Saint Jérôme dit : Il est bonime par sa naissance , taureau par sa mort , dans laquelle II fut notre victime ; lion par sa résurrection et aîgle dans son ascension ; plus tard on attribua d'une ma- nière irrévocable Taigle à saint Jean y Thomme à saint Mathieu , le lion à saint Marc et le taureau à saint Luc. Le lion évangélique parut 5 comme les autres ani- maux symboliques, tantôt avec un nimbe ^ tantôt sans nimbe, tenant souvent entre ses griffes un livre, un volumen ou un philactère. Le lion ^ dit Pierre Yalérian , convenait bien à saint Marc , qui , dès le commencement de son évangile, fait entendre avec force la voix de celui qui crie dans le désert. Cependant les chrétiens ne répudièrent pas les usages établis par les païens de placer des lions aux portes de leurs temples ; eux aussi les admirent aux portes de leurs basiliques, et les employèrent souvent comme soubassement des colonnes. Ils allèrent plus loin : ils retirèrent des temples détruits lestions qui les ornaient , et les accolèrent aux portails de leurs églises. C'est ce qui arriva^ au rapport de Ciampini, pour les lions de marbre qu'on avait enlevés au temple d'Isis et de Sérapis , à Rome ; ils flanquèrent les portes de Sainte-Marie-de-la-Minerve. On rencontre aussi quelquefois les lions comme ornement des chaires pontificales et des sièges des docteurs ; la chaire en marbre de Saint-Ambroise , à Milan 9 a deux lions pour accoudoires ; enfîn on retrouve les mêmes animaux d l'entrée du sanctuaire, sur les degrés des ambons , et comme soubassement du candélabre pascal qu'on voit habituellement en Italie auprès des ambons. A Vérone, j'ai rencontré on lion et un taureau ailés, qui l'un et l'antre avaient servi de soubassement à une colonne. Il m'a semblé que ces deux animaux évangéliques ont dû appar- tenir à l'ornementation d'un ambon du XII* siècle. Au XI* siècle, au XII* et au commencement du XIÏP, le symbolisme religieux prit un développement in- — 94 — coDDU jusqu'alors ; en ajoutant dautres types aux types primitifs qui s'étaient conservés 3 l'bîstoîrc symbolique du lion se compliqua d'une manière in- croyable. On retrouve encore à cette époque Daniel dans la fosse aux lions , puis le lion évangélique , puis Samson enfourchant le lion et lui déchirant la mâ- choire 5 sujet souvent reproduit pour rappeler le véritable Samson , celui qui a anéanti l'empire de Satan. On sait qu'un de nos chapiteaux de Saint- Sauveur de Nevers nous présente ce tableau figu- ratif. Ailleurs , ce sont des lions qui ornent lés cha- piteaux 9 tantôt naturels, tantôt hybrides^ tels que deux lions monocépbales. D'autres fois le Sauveur tient sous ses pieds le lion et le dragon : Conculcabis ieonem et draconem; ou bien, comme au portail de Moissac, ce sont les apôtres qui foulent le lion aux pieds. Et enfin, c'est principalement à l'époque dont nous parlons , au XII* siècle , qu'on voit aux portes de nos basiliques le lion tantôt libre et en repos , tantôt soutenant les colonnes du portail ; c*est sous ce dernier rapport que nous avons à étudier le lion. Nous le rencontrons plus rarement dans cette atti- tude et sous cette forme symbolique dans nos pro- vinces septentrionales ; mais le midi de la France nous en fournit un certain nombre d'exemples « exemples qui se multiplient en Italie. Les portails de Saint-Gilles , de Saint-Trophime dArles et de Moissac sont sous ce rapport les plus remarquables que nous ayons en France ; en Italie, les cathédrales de Plaisance, de San-Donint>, de Parme, de Mo- dène^ d'Ancône, de Ferrare, de Terracine, de Vérone , l'église de Sainte^Justine de Padoue , etc. , ont leurs portails ornés de lions. Ces lions ont donné lieu à de savantes dissertations^ à la suite desquelles on a adopté trop facilement peut-être une opinion que déjà nous avons été forcés de combattre. Il fallait rendre compte de la présence de ces animaux ; et comme on avait remarqué certains actes de justice qui portaient dans leur for- - 95 - mule intei^ leones ^ parce que ces actes ^ devant être plus publics ou plus solennels, avaient été proclamés du portail de l'église , on en a conclu que ces lions étaient un symbole d'autorité et de juridiction , et qu'ils avaient été placés aux portes des églises pour y former une sorte de tribunal. Toutes ces raisons font peu d'impression sur nous. On proclamait les actes qui intéressaient toute une commune du portail de l'église , parce que ce portail était ordinairement plus élevé que le sol de la place qui l'avoisinait , et qu'au sortir des divins oifiices la population toute entière couvrait celte place. On faisait alors ce qu'on fait maintenant, du moins dans les campagnes ^ où les annonces des autorités civiles ont lieu aux portes des églises à l'issue de la messe ; c'est pour cela que I les arbres que nous voyons encore devant les portes principales des églises ont été plantés ; il fallait songer à mettre le magistrat et ses administrés à l'abri du soleil et de la pluie. Dans les églises dont le portail était en retraite et présentait une certaine profondeur, le magistrat se trouvait à couvert sous la voussure de ce portail , et il n'est pas étonnant d'entendre proclamer ses actes inter leones ^ comme ailleurs on les proclamait sub ulmo, en faisant aussi mention de cet arbre dans la formule de l'acte. Vers la fin du XP siècle Hugpes III , évêque de Nevers , traitait les affaires de son chapitre non. pas à buis-clos • mais publiquement ; une de ses chartes porte : In ulmo suâ consediu ( Parmentier. Hisu des Ev, de Nev,) Lebœuf nous apprend que le même usage existait à Auxerre, et que les assemblée^s capitulaires se tenaient en été sous l'orme planté devant la cathé- drale. (LetKeuf. HisL d'Aux,^ t. U, p. 66.) Guillaume I", comte de Nevers et d'Auxerre, contemporain d'Hugues III, dont nous venons de .parler^ a laissé des chartes avec cette formule : Dans notre château, sous l'orme : In casieUo sub ulmo. On voulait peut-être , en proclamant ces actes à la face du ciel et de la terre , les rendre par-là plus solen*- nels. Mous ne reconnaisaons pas plus de symboles de - Ô6 - juridiction dans les lions que dans les ormes qui abritaient les seigneurs et les évêques lorsqu'il trai- taient quelque affaire publique, pas plus que dans le chêne de Vincennes sous lequel saint Louis rendait la justice. Nous , nous prétendons que les magistrats proclamaient leurs arrêts entre les lions parce qu'ils trouvaient sous le portail que ces animaux soutenaient un lieu favorable ; mais nous sommes loin de penser qu'en construisant les églises on ait été dans Tin- tention formelle de leur dresser un tribunal au portail 9 et de les environner des symboles de la puissance. Que signifient donc ces lions? Nous avons étudié en détail les portails de Saint -Gilles, de Saint-Trophime d'Arles et de Moissac , les plus remarquables sans contredît du midi de la France^ et nous nous sommes convaincus que ces lions étaient la traduction d'une pensée et non la production d'un caprice d'artiste ; mais cette pensée il fallait la pénétrer. Après avoir exposé rapidement les observations que nous avons faites en visitant les trois églises dont nous venons de parler^ nous essayerons de dévoiler cette pensée. Examinons d'abord le triple portail de Saint- Gilles. Les premières colonnes à droite ont pour soutien des lions qui mordent leurs , bases , puis d'autres lions « toujours sous les colonnes 5 broyent sous leurs dents des moutons , des hommes , des guerriers armés; il en est de même de ceux qu'on voit spus les pieds des apôtres adossés aux tableaux du grand portail. Au côté gauche du portail , les colonnes sont soutenues par des ours, entre lesquels se trouvent des hommes qui paraissent prier ou mé- diter sans crainte ; et enfin , les dernières colonnes sont soutenues seulement par des hommes. A Saint-Trophime les sujets sont représentés moins en grand : on y retrouve encore des hommes broyés sons les dents des lions; — une femme éplorée reçoit les tristes restes d'une de ces victimes ; — un indi- vidu déchire la mâchoire d'un lion qui veut le dé- — ^7 — vorer ; et enfin, le pilier qui soutient le tympan est soutenu lui-même par quatre hommes à genoux. A Moissac , sous les pieds de saint Pierre , on voit un lion en repos. Ailleurs ^ ces mêmes animaux re- tiennent et écrasent de leurs pattes antérieures , tantôt un serpent qui fait de vains efforts pour se dégager et pour mordre , tantôt un quadrupède à tête de porc. S'il ne faut pas reconnaître ici toute l'histoire de l'église , avouons que si on devait|la représenter par des emblèmes » on ne pourrait 4e faire d'une ma* nière plus vraie et plus énergique. Cette colonne est bien un symbole de l'église , définie par saint Paul : la base et la colonne de la vérité (1) ; la base est sur la terre, le sommet s'élève vers les cieux. Le lion est le symbole de la force ma- térielle ; ce sont les princes de la terre qu'il repré- sente. Les lions mordent la base de cette colonne inébranlable (2) ; en effet , dès l'origine du christia- nisme , les princes l'attaquèrent par sa base pour essayer de le renverser : t Nous vous avons défendu, dirent 'ils aux apôtres de J.-C. , de prêcher au nom de cet homme (3). » La foi ne pouvait éclairer les âmes que par la prédication (fx) , et c'est la prédi- cation qu'ils attaquent. Les apôtres ne se laissent pas ébranler ; fidèles à la mission que J.-C. leur avait confiée d'enseigner toutes les nations, ils ne tiennent aucun compte de la défense qui leur est faite , et continuent à proclamer les vérités saintes. De nou- velles attaques sont dirigées contre l'église ; cette fois les lions ne se contentent plus de mordre les bases de la colonne , ils dévorent les enfants de l'église. Ils broyent sous leurs dents meurtrières des agneaux , qui indiquent si bien la patience de leurs victimes , des hommes , des guerriers armés ; car i\) Columna et firmamentum veritatis. Tfm. 1. 3. (2) Il est à observer que tout en cherchant à renverser la co- lonne ils la soutiennent ; c'est qu*en effet le christianisme s'est fortiûé , s'est affermi par la persécution. (3) Âct, aposU 5. (i) Fides ex auditUt auditus autemper verbum. Rom. 10. 17. 7 — 98 — Téglise a eu des martyrs de toute condition. Ce sont leurs glorieuses histoires que nous racontent Tes portails de Saint-Gilles et de Saint-Trophinie. Oh I comme elle est touchante la scène qu'on remarque sur le portail de cette dernière basilique : c'est une femme, triste mais résignée , qui reçoit les précieux resies de ces hommes que les lions laissent échapper de leur gueule. Gomme elle nous peint bien la solli- citude de l'église pour recueillir les reliques de ses martyrs ; c'est elle en eflTet qui est chargée d'accomplir les promesses du Seigneur ; il ne veut pas que les os descs saints périssent, et il les prend sous sa garde (1). Mais la fin des épreuves approche ; les dents des lions doivent être brisées (2). Cette victoire est figurée par cet homme qui déchire la mâchoire d'un lion qui veut le dévorer. Plus loin , à Saint- Gilles, nous voyons les colonnes soutenue^ par des ours , et entre les ours des hommes en méditation. C'est toujours la suite de l'histoire de l'église : ce sont ces hommes dont le monde n'était pas digne , qui erraient dans les solitudes, qui se retiraient dans les cavernes, au milieu des bêtes féroces (3); ils soutiennent aussi par leurs vertus, leurs prières et leurs mortifications , l'édifice que J.-C. a fondé. Enfin l'église avait donné au monde des preuves de sa céleste origine dans le courage que sa foi avait inspiré à ses martyrs , et j d'un autre côté , ses soli- taires et ses anachorètes avaient appris aux hommes le détachement et la mortification. L'édifice était affermi , et les ministres de cette religion sainte pouvaient sans crainte travailler librement à la mis- sion qui leur était confiée. N'est-ce pas cette pensée que l'artiste de Saint-Gilles voulait rendre, en nous montrant les dernières colonnes du côté gauche sou- tenues par des hommes. A Saint-Trophime, le pilier symbolique est soutenu aussi par quatre hommes , mais ils sont à genoux. Magnifique pensée! la foi. (1) Cuslodil dominus omnia os$a eorum. Psal. 33. (2) Molas leonem confringat dominus. Psal. 57. (3) Ad hebrœot 11. 38. — 99 — la prière , l'union avec Dieu , voilà où l'église puise sa force. Considérons maintenant au portail de Moissac ce lion en repos sous les pieds ou prince des apôtres : il est las du carnage^ ou plutôt il est vaincu. Les princes de la terre se sont soumis au joug de la foi; ils ont revêtu la douceur de l'agneau, et reconnaissent l'autorité de celui auquel le Christ vainqueur a confié ses pouvoirs. Maintenant enfants de régiise, ils de- viendront les défenseurs de leur mère , car elle aura d'auires ennemis à combattre, d'autres luttes à sou- tenir ; ils écraseront le serpent de l'hérésie qui chercherait à se glisser dans son sein , les vices im- mondes qui tenteraient de s'opposer au dévelop- pement de sa sublime morale (1). Nous devons faire remarquer sous une autre face les rapports qui existent entre le soubassement du portail de Saint-Gilles et le sujet dont nous venons de parler. Nous avons vu sur un des médaillons du soubassement la lionne allaitant ses petits, emblème de la société païenne, du règne de la forcé maté- rielle ; les lionceaux ont grandi , ils se sont trouvés en face du christianisme , qui venait pour remplacer le règne de la force par celui de la charité; ils ont épuisé cette force au milieu du carnage, et h charité a enfin triomphé (2). Telles sont, Messieurs, les observations que j'avais faites , les idées qui m'avaient frappé en étudiant cette partie du symbolisme sur nos monuments fran- çais. A l'aide de ces premières études , j'ai considéré avec une religieuse attention les monuments d'Italie qui devaient jeter un nouveau jour sur cette ques- tion y j'ai consulté les savants écrits des auteurs qui avalent travaillé sur cette matière ^ et je suis arrivé (1) M. de Gaumont , en parlant du serpent et du porc placé sous les grifTes du lion , dit que ces animaux représentent les vices domptés. Nous partageons cette opinion; seulement, nous reconnaissons Tbérésie dans le serpent et la corruption dans le poic. (2) Sasccperunt me sicut leo paratus ad prœdam et sicut g-aluhis leonit habitons in abditis, P$a!. 16. 4 — iOO — au point dé n'avoir plus aucun doute sur une pre* raière interprétation. Déjà vous avez pu vous convaincre que la formule inter leones n'était pas et ne pouvait pas être géné- rale ; car , outre les lions , nous avons trouvé des ours; ailleurs ce sont des griffons tels qu'à la cathé- drale de Ferrare , à Sainte-Justine de Padoue et à Vérone ; à Terracine , les colonnes ont pour base des lions , des chiens , des brebis. Il me semble que ces variétés dans Tespèce des animaux admis doi- vent décider la question du symbolisme appliqué à rautorité civile du magistrat. Je dois ajouter que ceux qui ont écrit sur cette matière dans les pays où Tétude en a été plus facile, par cela même qu'elle devait être plus complète , n'ont jamais donné une semblable interprétation. Ils ont reconnu cependant que ces animaux étaient symboliques, et les ont ex- pliqués à peu près comme j'avais expliqué moi- même ceux de France. Pierre Valerian parle de deux lions qu'il a vus de- vant la cathédrale de Tarvis : l'un lutte contre un dragon ailé qui lui mord le poitrail , symbole de la lutte incessante que nous devons livrer aux mauvais penchants ; Tautre tient un lionceau sous son ventre» indiquant la lutte de l'homme avec soi-même (/tfr./), c'est-à-dire lutte extérieure et lutte intérieure; car je crois que le dragon indique les ennemis du de- hors et le lionceau les ennemis intérieurs. Le savant Ciampini , en parlant des deux lions du portail de l'église de Saint-Laurent in agro verano , dit que celui qui est à gauche tient un sanglier entre ses griffes, et que celui qui est à droite , qu'il serait porté à regarder comme une lionne , tient entre ses pattes un jeune enfant qui parait jouer , et prend de ses mains la lèvre inférieure delà bête. « Ici, dit-il» il me semble qu'on ait voulu exprimer la mansué- tude de l'église envers ceux qui ne sont encore que des enfants dans la foi ; car, ajoute-t-il , le lion » au rapport de Pline, est clément envers celui qu'il voit tremblant et suppliant; 11 épargne celui qui est couché dans la poussière. » — 101 — Le sanglier qui est entre les griffes de l'autre lion^ qui se prépare à le dévorer^ annonce que les princes de régllse doivent^ comme le lion vigilant ^ forcer les rebelles à rentrer dans la voie du devoir et leur faire sentir au besoin les ongles et les dents des cen- sures ecclésiastiques. On peut voir aussi , dit le même auteur, dans ces lions placés aux portes des églises une leçon donnée aux Jûdèles , pour leur apprendre qu'ils ne doivent pas s'endormir dans le service de Dieu , et qu'ils doivent unir à la vigilance la générosité et le respect pour les choses saintes. Ce que je dis du lion , ajoute t-il ^ je l'applique à l'aigle qu'on rencontre quelquefois dévorant des serpents. C'est la lutte de rame fidèle contre Tennemi du salut ( Vetera mo- numental Cap. 3. ) Je pourrais appuyer mon sentiment d'autres té- moignages du même auteur^ mais ce que je viens d'exposer suffît pour nous indiquer sa pensée , et je suis suffisamment autorisé à reconnaître dans les autres monuments d'Italie dont j'ai déjà fait mention, le développement de certains symboles. La cathédrale de Ferrare* qui date de 1130^ a son portail orné de deux lions, sur lesquels reposent des colonnes ; l'un tient un bœuf et l'autre un mou- ton. Ne peut-on pas reconnaître ici l'Eglise , dont la puissance, symbolisée par le lion , est unie à la pa- tience et à la douceur, vertus figurées par le bœuf et le mouton ? Auprès de ces lions sont deux lionnes, Tune met la griffe sur un serpent et l'autre sur un crabe. Je vois encore ici l'Eglise étouffant le serpent de l'hérésie et domptant le vice qui d'ordinaire l'ac- compagne. Enfin , au même portail, deux griffons énormes, en marbre de Sienne comme les lions et les lionnes, tiennent sous leur vaste corps, l'un un cheval renversé avec son cavalier armé , l'autre un char à bœufs; un bœuf se trouve sous chaque griffe , et au milieu le pauvre bouvier, dont les cheveuxse dressent d' effroi. A Vérone , on trouve aussi les deux griffons avec les mêmes détails. — 102 — A Padoue, devant l'église de Saiote-Justine , deux griffons tiennent sotis leurs griffes , Tan le cavalier et son cheval , comme à Ferrare et à Vérone , Tautre un lion. Ici je dois reconnaître le génie du mal cherchant à abattre la valeur et la force et à para- lyser le travail. A Terracine , au narthex de la cathédrale , j'ai cru reconnaître dans les lions, les chiens et les brebis, la vigilance et la générosité , la fidélité et la patience, qui doivent être les vertus privilégiées du chrétien. J'ai fait remarquer plus haut que le midi de la France, et Fltalie surtout, reproduisaient souvent les lions aux portes des églises ; mais qu'il n'en était pas de même dans les provinces plus rapprochées du nord ; qu'on ne croie pas cependant que ce sym- bole y soit complètement inconnu ; il suffirait de citer en preuve du contraire l'église de Saint-Jacques de Ratisbonne , sur les bords du Danube. Je dois à un de nos honorables collègues , M. Cougny, un dessin représentant le portail de, cette église ; il en est peu qui aient réuni autant de lions dans la composition de leurs portails ; les cinq archivoltes de la voussure viennent retomber sur dix lions qui dominent les colonnes des piédroits du portail. Sur le parvis quatre lions libres reposant sur des piédestaux dévorent des hommes et des animaux; de chaque côté du portail on voit en relief sur la muraille des animaux à tête de croco- dile et à queue de serpent , avec deux griffes et ailes raccourcies ou plutôt deux nageoires , l'un de ces animaux dévore un homme , un autre tient dans sa gueule un objet rond assez semblable à une pomme, et un troisième un être que le dessin ne nous a pas permis de caractériser. Je ne veux pas examiner ici si les dix lions qui soutiennent les voussures sont des animaux symbo- liques ou de simples ornements; rien ne s'oppose- rait cependant à ce qu'on les considérât comme sym- boliques. Leur présence autour du Sauveur nous rappelle la victoire qu'il a remportée sur les princes du monde que les lions représentent. Si cette inter- — 103 ^- prélation pouvait-être contestée , parce que rien ne Tappuie d'une manière évidente , il est certain qu'il n'en est pas de même à l'égard des lions placés en avant du portail ; et d'abord disons quelques mots de ces espèces de crocodiles hybrides , dont j'ai parlé plus haut; ils sont à mes yeux le lévialhan, cet animal monstrueux qui s'agite pendant la nuit et qui , selon les commentateurs , signifie le démon ; qui maledicitnt diei ; qui "parati sunt susciiare ievia- than (Job, 3, H.) Le léviathan est bien considéré par Isaie comme l'ennemi de Dieu. Dans sa colère il devait frapper ce serpent tortueux de son glaive redoutable. Visitabit Deus ingladio suoduro et grandi et for ti insuper leviathan serpentem tortuosum, (Isaïe, 27 , 1.) C'est peut-être aussi cet autre monstre que Job nomme Behemoth et qu'il regarde comme le rOi qui règne sur tous les enfants de l'orgeuil : Ipse ut rex super universos filios supe7'biœ (Job , /il, 25. ) Je ne m'étonne pas de voir ici cet antique dragon tenant dans sa gueule redoutable le fruit qui a assuré son premier triomphe sur le genre humain , je ne m'é- tonne pas de le voir dévorer un homme, c'est le triste résultat de sa première victoire. Cependant il n'est pas satisfait; rcnuemi du salut sait dissimuler quel- quefois l'astuce du serpent pour laisser éclater la fureur du lion. Il est, nous dit saint Pierre , comme un lion rugissant qui cherche une proie àdévorer ; c'est bien cette pensée qui est exprimée par les lions placés devant le portail de l'église de Saint-Jacques de Raiisbonne. Mais ici je vois se compléter la phrase de l'apôtre : Cuiresistite fortes in fide. Soyez fort dans la foi pour pouvoir lui résister. (1 Pet. 5 , 8.) La prière est bien la manifestation de la foi comme elle est la base de l'espérance ; c'est ce que l'iconographe chrétien a voulu exprimer par ces personnages agenouillés der- rière les lions dans Tentrecolonnement du portail. Après avoir étudié l'histoire symbolique du lion, soit dans l'antiquité païenne, soit depuis l'établisse- ment du christianisme, et avoir considéré cette der- nière phase en France, en Italie, et même en Aile- — 10& — magne, nous devons résumer la question. Il est évident que les lions ont été admis comme ymboles dans Tantiquité la plus reculée, que le christianisme, succédant à Tancienne société, a con< serve dans un grand nombre de circonstances ce symbole déjà reconnu; il est évident que cet animal joue un grand rôle dans rornementation et dans l'iconographie chrétienne , rôle qui a commencé dans les catacombes et qui a continué pendant la période latine et la période romanobysantine. Quant à la période ogivale, qui a détruit en France Télé- ment classique et qui a contribué à railaiblir en Italie, elle n*a pas renoncé absolument à ce î-ymbole, mais elle le reproduit moins fréquemment. L'élément classique qui servait primitivement de base à Tarchiteclure religieuse, avait déjà été mo- difié par Tart néolatin , mélangé à l'art néogrec « cependant il se maintint sous certains rapports ; les lions, les griffons aux portes des églises, libres ou servant de soubassement aux colonnes, ne sont qu'une réminiscence ou une continuation de Tartantique. Si en France le règne ogival a fait disparaître les derniers reflets de cet art dans Tarchitecture reli- gieuse, il n'en a pas été de même sur le sol essen- tiellement classiquede l'Italie, qui n'a jamais accordé franchement, nettement le droit de bourgeoisie à notre architecture ; aussi je ne suis pas étonné d'y retrouver depuis le XIP siècle le lion symbolique dans les mêmes conditions. Une porte du XIV' siècle de l'église de Saint-Laurent in agro verano était garnie de deux lions : l'un jouant avec un enfant, l'autre enfonçant ses griffes dans le dos d'un sanglier ; au XY* siècle, 1^50, l'église Beata Mariœ Lauretanœ avait pour ornement de son portail deux ours au lieu de deux lionS:, et en 1665 l'obélisque de la Minerve à Rome se dressait sur le dos d'un éléphant tel qu'on le voit encore aujourd'hui. Nous ne reviendrons plus sur ce que nous avons dit de la formule xnter leones, on doit savoir main- tenant \ quoi s'en tenir k ce sujet Crosnter. •- 105 *- SÉANCE DU à NOVEMBBE. Siègent au bureau : MM. Grosnier, président ; le colonel Gaffprt, vice-président i Morellet, secrétaire. Le procès-verbal de la s^nce précédente est In et adopté. M. le Président annonce f la Société qu'il a reçu de M. Gharleuf^ membre de la Société Eduenne , un savant iQémoIre concernant Sémelay, commune du canton de Luzy. La lecture de ce mémoire a été écoutée avec le plus vif intérêt; il a été décidé qu'il serait imprimé dans un des prochains numéros du Bulletin de la Société. M. Morellet donne lecture d'une notice , dont il est Fauteur, sur M. Gallois, que la Société. Niver- naise regrettera long-temps; c'est la biographie abrégée de cet homme de bien , auquel nous devons le Musée de la ville , dont il était le fondateur. L'ordre du jour était l'exposé détaillé du plan que M. Grpsnier avait adopté pour la monographie de la cathédrale ; après avoir développé ce plan , M. Grosnier commença la lecture de son travail , qui ftit suspendue à quatre heures et demie. Avant de se séparer, les membres présents, que cette lec- ture avait vivement intéressés, émirent le vœu qu'on indiquât une séance extraordinaire pour entendre la suite de ce travail ; cette séance eut lieu le il no- vembre. s — 106 — SÉANCE DU 2'DÉC£1IBB£. Siègent au bureau : MM. Grosnier, président; le ci/mmandant Barat et Gougny, pro-secrétaire. Parmi les,iDembres présents^ on remarque MM. de Mieiille , receveur géD|ral ; ie baron de Bar, Blan- cliet , Arthur de Rose^nont , Berlin , Ghouet fils , Dumouzat, Bornet, Fabbé Millet, MM. le Supérieur et les Directeurs du grand séminaire. ^ M. le baron de Bar fait hommage l\ la Société d'un riche album , qu'il a intitulé Souvenir de Voyages. Tout le monde sait ce que peut produire de gra- cieux le crayon ou le pinceau de M* de Bao Dans ce travail , l'artiste semble s'être surpassé lui-même. A quelques paysages du Nivierjiais et de l'Auvergne , il a Joint un grand nombre de vues ravissantes prises dans la Prusse rhénane, Tous les membres se sont empressés d'offrir leurs sincères remerclmenls à l'auteur de ce beau travail. Avant de reprendre la lecture de la monographie de la cathédrale .de Nevers , M. Grosnier propose à la Société de lui donner communication d'un autre travail que les circonstances l'ont engagé â entre- prendre et qu'il vient de terminer. G'est une notice sur la curieuse église de Saint-Etienne de Nevers. Une commission a été instituée par M. le Maire pour s'occuper des travaux qui restent à faire afin de compléter la restauration de l'église de Saint- Etienne , et étudier les rboyens les plus propres à opérer son assainissement. M. Grosnier^ membre de cette commission ^ a été chargé du rapport. G'est ce travail , formant une monographie de Saint-Etienne, que M. l'abbé Grosnier communique à la Société. Gette lecture est écoutée avec un vif intérêt. D'après le vœu unanime des membres présents , cette mono- graphie sera insérée dans le Bulletin et imprimée à la suite du procès-verbal de ce jour. — 107 - M. Gougny exprime le désir qu'un plàii lithogra- phie du monument soit joint à la publication ; ce qui est admis à l'^imanîmité. M. le Président voudrait en outre qu'on y ajoutât quelques dessins de détails ; mais afin de ne point entraîner la Société dans de nouveaux frais , il pro- met d'écrire à M. de Gaumont^ poor lui demander les bois gravés dont les dessins se trouvent dans le compte-rendu du Congrès tenu à Nevers^ et qui re- présentent les détails de Saint- Etienne , monument qui avait si vivement intéressé les membres du Goia- grès. Il est assuré d'avance que l'honorable directeur de la Société Française s'empressera de nous rendre ce service (*). M. Grosnier reprend ensuite la lecture de la mo- nographie de la cathédrale, et termine tout ce qui concerne la partie historique. Tous les membres demandent une réunion extra- ordinaire pour entendre la suite de ce travail. Gette réunion est fixée au 16 décembre. GOUGNY, Pro-Secrétaire* (*) M. de GaumoDt a eu l^obligeance de nous envoyer les bois gravés reproduif^ dans cette monographie. Qu*il reçoive ici Texpression de la reconnaissance de toute la Société Niver- naite. — 109 — RAPPORT De la Commission chargée de V examen des travaux à exécuter pour la restauration et l* assainissement de l'église Saint-Etienne de Nevers. Le monument le plus homogène, le plus complet, le plus parfait dans son ensemble et dans ses détails, que le onzième siècle ait laissé en France , est sans contredit l'églisede Saint-Etienne de Nevers. En jetant an simple coup-d'œil sur ce monument , l'archéolo- gue se rend compte immédiatement de la haute pro- tection dont le gouvernement l'entoure, des énormes sacrifices que le conseil municipal s'impose et du soin tout spécial que l'architecte met à sa restaur ration (1). Un monument a son histoire comme une cité , et ses pierres parlent tout à la fois à l'artiste et au chroniqueur. Celui qui nous occupe dans ce moment nous rappelle le zèle des premiers pontifes de ce diocèse , et les phases du prieuré de Saint-Etienne ont suivi la marche plus ou moins progressive de la civilisation au moyen-âge , dans notre province. Il est donc bien important de ne pas se borner à dé- crire d'une manière aride la disposition savante des pierres qui composent cette basilique; son histoire viendra ajouter à l'intérêt qu'elle inspire. Histoire du pnuiuré de Saint Etienne de Nevers ; description de son église ; état de cette église il y a quelques années; restaurations déjà effectuées; res- taurations projetées; moyens d'assainissement; tel est le cadre que je me suis proposé de remplir pour répondre aux vœux de la commission. 1<» HISTOIRE. Une charte d'Hugues II , évêque de Nevers, datée de 1063 , nous fait connaître d'une manière pré- — 110 — cise rorigioe de Téglise de Saint- Etienne , et nous a laissé de précieux détails (2). Celti^ charte porte Qu'ancienneinent cette église avait été consacrée en Tbonneur de la naissance de Jésus- Christ , de la Sainte- Vierge, de Saint-Etieone, premier martyr , de Saint Jean révangéiiste et des Saints-Innocents ; qu'elle fut ruinée par des hommes pervers et que ses biens furent dispersés. Fondée au commencement du septième siècle , par Saint-Golomban , elle était remarquable par la beauté de ses murs , sans doute garnis de mo* saîques, suivant Tusage de ce temps, par la ri- chesse de ses ornements et ses colonnes de mar- bre. La même charte nous apprend qu'une partie de cette église était tombée de vétusté, que Taulre avait péri par le feu , et que le monastère jadis si florissant et si splendidt; n'était plus qu'un monceau de ruines. Saint-Golomban y avait placé des religieuses vouées à la vie contemplative, et leur avait donné sa règle; mais Insensiblement le monastère s'était dé- peuplé , ses retenus s'étaient affaiblis au point que les religieuses ne pouvaient y entretenir un seul prêtre pour le service divin , et bientôt ii fut com- plètement désert. L'histoire ne nous explique pas la cause de ces désastres; mais il nous est facile de comprendre qu'un monastère de filles, isolé, en dehors des murs, devait être exposé aux ravages des guerres qui dé- vastèrent trop souvent noire Nivernais pendant le cours du moyen-âge. Quoi qu'il en soit, en 1063, lorsque Hugues II oc- cupait le siège épiscopal de Nevers, ses frères, Hugues , vicomte de Nevers , Léon et Renault , prétendaient avoir des droits sur ce monastère et' ses dépendances , s'en regardant comme légitimes possesseurs. Ces droits, que le comte Guillaume leur avait cédés, ils les avaient abandonnés en partie à leur neveu, Hugues, doyen de Fégiise de Nevers, qui , h ce titre , possédait la moitié du monastère. — lil — A la sollicitation de Geoffroy de Champallement , évoque d'Auxerre, leur oncle , Tévêque de Nevers engagea ses frères et son neveu à rendre à Téglise ce dont elle avait été Injustement dépouillée. Ses démarches furent couronnées de succès. On convint unanimement et de concert avec le comte Guillaume, d'établir dans l'abbaye deS;nnt-Ëtiennedes chanoi- nes de Saint-Sylvestre, et Tannée suivante [i()i)Uh l'éyéque d'Âuxerre bénit solennellement Tabbé Gau- tbier, qui était venu en prendre possession En leur abandonnant cette église , Hugues voulut que l'abbé et les autres dignitaires fussent électifs , que tous les revenus fussent mis en commun, et qu'on ne fit parmi eux acception ni de riches ni de pauvres. Le comte , de son- côté , renonça à tous ses droits et autorisa les chanoines à recouvrer les fonds aliénés et à en acqué- rir de nouveaux. La charte d'établissement fut confirmée solennel^ lement en 106^ , dans un concile tenu à Ghalon- sur-SaOne , et présidé par Pierre Damien , évéque d'Ostie , légat du Saint-Siège , le 1 6 des calendes de septembre. Trois semaines plus tard^ le jouf de la nativité de la Très-Sainte* Vierge , l'évoque de Nevers ofQciait pontificalement dans l'église de Saint-Etienne, assisté d'un nombreux clergé » en présence du comte Guillaume , et d'une foule con- ^dérable ; on suspendit le saint-sacrifice et on lut , au milieu des applaudissements du peuple , la charte dont suit la teneur (5) : «Au nom de la sainte et indivisible Trinité , Père, Fils et Saint-Esprit ; » Désirant faire passer à la postérité le souvenir du passé , nous rappelons dans cette charte comment cet oratoire , consacré en rhoniieur de la nativité du fils de Dieu , Notre Seigneur Jésus- Ghrist^ de la bienheureuse vierge Marie, sa mère, du bien- heureux Etienne , premier martyr , du bienheureux Jean, évangéliste, disciple bienaimé du Sauveur, et des Saints-Innocents , ayant été ravagé et rasé par la criminelle Impiété de quelques hommes per- vers, a perdu son ancienne splendeur Ces hommes avaient oublié les paroles de David : Qu'ils devien- nent semblables à une roue^ans cesse agitée et à la paille que le vent emporte, ceux qui ont dit : rendons^ nous maifres du sanctuaire de Dieu» » Ayant peu d'attrait pQur les choses spirituelles et s' attachant à ce qui flatte la chair, ils ont livré aux laïques ce qui appartenait à l'église^ et ont remplacé le sacrifice par le sacril^e.... Donnons cours à nos larmes plutôt que de nous répandre en reproches , et ne disons que quelques mots de leur cruelle impiété. » Un homme d'une rare sainteté , le bienheureux abbé Golomban , sans cesse occupé à mettre à profit les dons qu'il avait reçus , méditait sur les moyens les plus propres à multiplier pour étendre la foi, le talent dont il devait un jour rendre compte au sou- verain juge; ne voulant pas que le Seigneur le con- damnât pour une lâcheté coupable, après avoir travaillé à établir en lui le temple spirituel de la grâce , il parcourut un grand nombre de contrées , élevant partout des temples au Seigneur. Ce fut lui qui fonda, sous les murs de Nevers, l'oratoire dont il s'agit; il y consacra un autel magnifique , en marbre, en l'honneur du mystère et des saints dont nous avons parlé. H décora avec somptuosité les mu- railles de l'église et en exhaussa l'éclat par des pyra- mides de marbre (&). Une partie a été détruite par le temps; le reste a péri par le feu. L'or, l'argent , les pierres précieuses , les ornements divers qu'il y avait réunis, ainsi que les étoffes abondantes et variées que ce temple renfermait , devinrent la proie de mains rapaces , qui emportèrent toutes ces ri- chesses en enfer. Maintenant on est réduit à désirer du bois et des pierres. » Le bienheureux Golomban réunit dans ce lieu des vierges consacrées au Seigneur, qui se soumirent à sa règle et se livrèrent à la vie contemplative ; mais, par la suite des temps, leur nombre diminua et leur monastère fut réduit à un état de pau- — 115 — vreté tel 9 que ce lien, qui jouissait auparavant de bénéfices multipliés et qui pouvait fournir à la subsistance d'un grand nombre de serviteurs de Dieu 9 ne pouvait pkis procurer à un seul le strict nécessaire. Et cependant l'écriture dit formellement que celui qui sert à l'autel doit participer aux biens de Tautei; mais il est impossible d'avoir part à des Jbiens qui n'existent pas ; car cet autel , par suite de nos péchés, est privé tout à la fois et des honneurs du culte et des avantages temporels; en sorte qu'il n'y a personne à son service ; celui qui voudrait s'y consacrer n'aurait certes pas de quoi vivre « à moins qu'il ne se procurât ailleurs des moyens de subsis- tance. » C'est pourquoi , moi Hugues , par la grâce de Dieu , évèque de Nevers, le cœur bris^ par la dou- leur et l'âme émue de compassion, j'ai souvent répandu devant Dieu mes gémissements et mes larmes h la vue de ce lieu ; souvent je l'ai prié avec ferveur de vouloir bien^ lui mon Seigneur et mon Dieu , rendre à cette église qui m'est confiée son ancienne splendeur; car c*est un devoir de ma charge de maintenh* les droits de l'église, de ne point laisser périr ce qi|i iéié légitimement établi , et de rétablir ce qui a été dissipé et détruit. » Telle était ma prière de tous les instants , et je renouvelais ces vœux , quand vint à moi un clerc nommé Hugues , mon neveu , doyen de notre église, qui tenait de mes frères la moitié de cette abbaye (maintenant ce n'est plus une abbaye , ce n'est plus même une église) , et mes frères la tenaient en fief du comte Guillaume. » Mon neveu me dit que , malgré la corruption da siècle , il avait trouvé des clercs d'une vie sainte , qui feraient volontiers tous leurs efforts pour faire couler dans cette basilique le fleuve inférieur, qui est la crainte de l'enfer» et le fleuve supérieur, qui est l'amour de Dieu (*). / _ (*) On a cru devoir, dans la traduction, conserver les expres- sions et les pensées de Toriginal. - 114 — » Ce que je venais d'entendre au sujet de cette église remplissait mes vœux. J'allai trouver le comte Guillaume, seigneur aussi illustre par sa royale origine que par sa magnificence, qui tenait les autels de ce lieu par concession épiscopale , mes frères Hugues 5 le vicomte et Léon , et selon Tusage des évéques , j'ai joint les prières aux avertissements , les exhortant à prêter la main à l'œuvre pieuse que je méditais et à racheter leurs péchés en travaillant au rétablissement de cette église. » Goûtant ces sages avis, ils se rendirent avec empressement à mes désirs , et aidés de la grâce de Dieu , tous , d'un consentement unanime , nous avons décidé que nous établirions à perpétuité dans cette église un chapitre de chanoines. s Nous avons accordé , pour l'amour de Dieu , à ces frères soumis à la règle de Saint -Sylvestre, pape dé l'église romaine , celle pauvre église , franche de toute servitude ; car nous regardons comme une chose indigne que celle que nous considérons comme l'épouse de Dieu et notre mère soit soumise comme une esclave. • Quant à nous , confirmés par l'autorité de celui qui 9 armé d'un fouet , 'a chassé du temple les ven- deurs et les acheteurs , nous défendons , sôus peine d'excommunication, de vendre ou d'acheter les prébendes ou les dignités de cette église ; qu'il ne se trouve pas de Simon Ic-Magicien qui ouvre la bourse de la cupidité . ni de traître Judas pour faire de nouveau un criminel trafic de la personne du Sei- gneur; mais que, bannissant le funeste amour de l'argent , on choisisse pour diriger les autres celui d'entre les frères donl la vie sera la plus régulière et la plus sainte; que celui qui veut être le premier parmi vous soit le serviteur et le ministre des autres. » Les frères , après avoir invoqué le secours de Dieu , doivent nommer, d'après les saints canons , un homme qui soit véritablement leur chef par ses paroles , par ses œuvres et par la pureté de ses in- tentions. Au nom de Dieu, nous défendons avec — 115 — toate l'autorité de notre ministère (radmettre dans cette congrégation aacune personne, à moins qu'elle n'ait été présentée par la communauté tout entière comme capable d'en remplir les devoirs ; nous vou- lons que le frère admis à en faire partie , riche ou pauvre , fasse l'abandon de ce qui lui appartient , comme s'il était sur le point de mourir^ se gardant bien d'en conserver quelque portion comme Ananic et Saphire, qui périrent non pas pouravoirenlevé^oe qui ne leur appartenait pas^ mais pour s'être atta- chés à leur bien propre. . . > Et moi Guillaume (5), me rappelant les paroles de Salomon : Les richesses de t' homme , c'es^ la rédemp- tion de son âme; pour le salut de mon âme , pour celle de mes parents et fidèles, je rends et concède au Dieu tout-puissant , à la bienheureuse Marie , h saint Etienne , et aux autres saints vénérés en ce lieu, ainsi qu'aux chanoines qui le desserveut ou le des- serviront dans la suite, à la sollicitation des seigneurs Hugues, évêque de Nevers, et Geoffroy, évêque d'Auxerre, de ma mère, de mon épouse, de mes fils Renault , Guillaume et Robert , de mes filles , du vicomte Hugues et de ses frères Léon et Renault qui tenaient de moi ce bénéfice , tous mes droits de gîte, soit pour les hommes, soit pour les chevaux , les droits de justice sur tous les habitants de ce lieu , et toutes les coutumes dont je jouissais dans cette ab- baye; Quant aux terres acquises et celles qu'on pourrait acquérir, ainsi que celles qui ont été alié- nées et que les chanoines pourraient se faire resti- tuer, je les rends et donne ; j'approuve ces actes et veux que mes fidèles les approuvent. Et afin que cette charte demeure stable , ferme et inébralable , nous l'avons corroborée de nos mains et de nos noms. » Fait à Nevers, le trois des nonesde mars, indiction XV% l'an de Tincarnation de N.-S. 1063, la troisième année du règne du roi Philippe et la seconde année du pontificat du pape Alexandre (6). » {Suivent les signatures. ) — 115 — En 1068 les anciens chanoines avaient quitté ce monde; il ne restait plus qu*an nommé Girault, prieur de la collégiale ; mais les autres clercs rem- plaçants des chanoines avaient entrepris de le sup- planter; tous voulaient être prieurs. Maug^uîn, alors évêque de Nevers , pensa qu'il fallait mettre fin au scandale : d'accord avec Girault et même avec les clercs ambitieux qui luttaient contre le prieur, car il avait su les amener à de meilleurs sentiments ; de l'avis et avec le consentement du comte Guillaume et de ses fils, ainsi que du doyen Hugues, du vicomte Hugues et de ses frères , il abandonna ce monastère à l'abbaye de Gluny. Nous donnons fci la charte qui confirme cet abandon. 1 Le Seigneur notre rédempteur, après avoir vaincu le prince de la mort , était remonté au Giel , d'où 11 était descendu ; les apôtres avaient livré leurs glo- rieux combats, l'armée innombrable des martyrs avait soutenu ses luttes admirables et en avait reçu la ré- compense avec la grâce et la miséricorde de Dieu ; alors on vit paraître dans différentes contrées des hommes remarquables par leur sainteté et fidèles h profiter des dons de Dieu. Après avoir méprisé le monde et foulé aux pieds les œuvres du' démon , portant courageusement leur croix , ils se soumirent aux enseignements du Sauveur et acceptèrent un joug qui leur paraissait si doux. » On compte parmi ces hommes le vénérable Go- lomban, issu d'une illustre famille d'Ecosse, qui, par amour pour Dieu, passa dans les Gaules et y fonda un grand nombre de monastères du temps de Thierry, roi des Français; mais ce prince le força à quitter ses Etats et à se réfugier en Italie , où une multitude d'habitants lui furent redevables de lear salut » Un des monastères qu'il fonda fat celui de Saint- Etienne , élevé au pied des murs de Nevers , en l'honneur de la bienheureuse Marie, toujours vierge, et de Saint- Etienne, premier martyr, dont la régula- - 117 — rite et la magnificence nous sont attestées par des preuves irréfragables. » Depuis loDg-teoips ce n'était qu'uu mouceau de ruines qu'on ne pensait plus à relever, et nous, pécheurs et indignes , Mauguin , évêque de Nevers , Cuillaume , comte de la ville , et Hugues , doyen de la cathédrale, de concert avec le vicomte Hu- gues, Léon, son frère, et Gausbert, chevalier, et avec le consentement de Girault , prieur de ce monastère ( les autres chanoines étant morts ) » et l'assentiment des autres clercs qui déjà avaient entrepris de supplanter Girault dans sa charge , nous donnons et concédons à perpétuité cette église et toutes ses dépendances à Dieu notre Sei- gneur et aux saints apôtres Pierre et Paul , pour qu'elle appartienne à Glnny, dont le seigneur Hugues est maintenant abbé; nous renonçons à toutes les mauvaises coutumes dont nous jouissions; nous voulons qu'elle soit libre et franche de tous droits, de sorte que , à partir de ce jour et à l'ave- nir f aucun mortel n'y puisse rien prétendre , tous droits étant réservés seulement à Dieu , aux apôtres Pierre et Paul , à Gluny et aux abbés et moines qui s'y seront consacrés au service divin. » Si jamais^ ce que nous n'osons croire, quelqu'un venait à agir contrairement aux engagements consi- gné s dans cette charte , qu'il éprouve , s'il ne vient à résipiscence, tous les effets de la colère de Dieu , et que ses saints apôtres Pierre et Paul « auquel il a donné le pouvoir de lier et de délier au Giel et sur la terre , lui ferment la porte de la vie ; mais que celui qui sera fidèle à les maintenir reçoive des mêmes apôtres l'absolution de ses péchés. Et afin que cette charte demeure stable et inaltérable , nous l'avons signée de nos propres mains et nous avons appelé des témoins pour la signer avec nous, i {Suivent tes signatures.) B Gette charte fut faite l'an 1068 de l'incarnation Ae N. S. J.-C. » — H8 — Dès ce iDomeut , la position dn prieuré de Saiot- Etienne devint fixe et florissante; Glnny exerçait déjà cette puissante influence qui s'étendait sur toute la France et même dans les Etats voisins; et les seigneurs regardaient comme un devoir d'ajouter aux dépendances déjà si nombreuses de cette célèbre abbaye. Hugues, que nous avons vu paraître comme doyen de l'église de Nevers dans la charte de 1063, et qui alors fit l'abandon de ses prétentions sur l'abbaye de Saint-Etienne, se retrouvait encore dans la do- nation faite à Gluuy par Mauguin. Mauguin mourut en iOlU , et le doyen Hugues lui succéda. Le jour de son intronisation, il fit lire son testament au milieu même de la cérémonie, et il déclarait qu'à sa mort la moitié de ses biens meubles appartien- drait aux chanoines de la cathédrale, et que l'autre moitié serait partagée par égale partie entre l'Hôtel- Dieu, pour subvenir aux besoins des voyageurs et des veuves 5 et les moines du monastère de Saint- Etienne , dans lequel il choisissait sa sépulture ( la charte est de i07/i ). 11 avait une telle estime pour les religieux de Saint-Etienne , qu'il voulut avant de mourir faire partie de leur communauté et se revêtir de leur habit (1091 ); il imitait en cela Robert de Nevers , évêqoe d'Auxerre , qui y avait pris l'habit religieux en 1086, et avait demandé à y être enterré. Guillaume , comte de Nevers , se chargea de rele- ver l'église, les lieux réguliers, les infirmeries et une chapelle pour les malades. Il y dépensa cin- quante mille sous , et par suite de cette dépense > il ne put, au rapport de Guy Coquille , prendre part à la première croisade. t Quand les princes et seigneurs français firent • cette: gentHlje entreprise , dit notre historien , le » comte se trouva avoir les trois tours servant de • clochers, complètes et achevées, et sa bourse t vide, et avec son grand aage il fut empesché t d'être de la partie. » L'église était tout-à-fait terminée en 1097, et le - 119 — 13 décembre de cette même année, elie fut consa- crée par Saint Yves, évêqne de Chartres > en pré- sence de Guy,.évêque de Nevers; de Gauthier, évêque de Ghâlons, et de Humbault, évêque d'Auxerre. Le comte Guillaume voulant compléter son œuvre, fit don à l'église de deux croix. Tune en or et l'autre en argent , d'un livre des évangiles enrichi d'or , d'un reliquaire et de deux chandeliers d'ar- gent, d'un calice en or , de trois chapes et d'une chasuble de prix.- Car les événements se succèdent avec tant de vicissitude et de variété, qu'il n'y a presque plus rien de stable ; ce que nous voyons peut être com- paré à la feuille que le vent agite et emporte. De là j'ai compris combien était vraie cette parole appli- * quée à la vie de l'homme : Toute chair est semblable à l'herbe des prairies et sa gloire est éphémère comme la fleur des champs; parole confirmée par David quand il dit : L'homme est comme le brin d'herbe et ses jours s* effeuillent comme la fleur des champs. Job à son tour nous rappelle la même vérité : L'homme naît et meurt comme une fleur; ses jours fuient comme une ombre qui passe. 9 Que reste-t-il donc à l'homme de tous ces travaux auxquels il se livre sur la terre ? Tout ce qui est du temps passe, et cependant t homme qui passe comme une ombre s'occupe à thésauriser sans savoir pour qui il ramasse ces trésors ; car à sa mort il n'emportera pas ses richesses avec lui et sa gloire ne le suivra pas dans le tombeau , selon cette parole : Je suis sorti nu du sein de ma mère et je rentrerai nu dans la terre. 9 Ébranlé par ces vérités saintes, instruit et formé par les discours et les exemples de personnages doctes et vertueux , j'ai commencé à songer sérieu- sement au salut de mon âme ; j'ai entrepris de ra- cheter mes péchés par mes aumônes et mes bonnes œuvres; de m'assurer dans le ciel un trésor impéris* sable* selon la parole du Sauveur : Amassez des trè^ sors pour le ciel , et encore faites-vous des amis des richesses de l'iniquité^ afin que quand vous viendrez à manquer ils vous reçoivent dans les tabernacles éter- — 121 — neis. Car Tapôtre nous dit : t Tout ce que rbomme aura semé pendant la vie présente, il le recueillera dans la vie future ; o et puisque celui qui sème dans la chair {et que de fois 9 entraîné par la concupis- cence . aveuglé par les passions , n*ai-je pas semé dans la chair) . celui qui sèiAe dans la chair ne recueillera que des fruits, de corruption , j'ai pris la résolution de semer à l'avenir dans l'esprit, afm qu'avec l'aide de la divine miséricorde , tenant en main la faucille des bonnes œuvres , je puisse mériter de recueillir un jour dans les champs de l'élernité-le bonheur qui ne doit pas iinin • J'ai donc résolu, cédant aux sollicitations du sei- gneur Hugues, jadis doyen et ensuite évêque de Ne- vers^ de réédifier le monastère dédié à la bienheu- reuse Marie et au glorieux Etienne, premier martyr, lequel avait été renversé depuis long-temps de fond en comble , et d'y établir de saints religieux , qui seront les médiateurs placés entre moi et Dieu , et qui feront , par leurs prières adressées au souverain juge , oublier mes péchés passés. » Pour mettre à exécution le pieux projet que j'avais conçu, j'ai commencé par entourer le terrain réservé au monastère de murailles larges et élevées, puis j'ai construit ce beau monastère avec ses trois tours, n'épargnant rien pour le rendre remarquable par ses majestueuses proportions et son plan gracieux, comme tous peuvent en juger. J'ai aussi fait élever les cloîtres , les différentes salles nécessaires aux frères qui y sont réunis pour servir Dieu , ainsi que la chapielle destinée aux infirmes. Je n'ai pas oublié les ornements du service divin , et j'ai donné deux croix, une en or et l'autre en argent, le texte des Evangiles enrichi d'or et d'argent, un encensoir en aident, une châsse d'argent, deux candélabres d'ar- gent , un calice en or , trois chapes et une cha- suble. y> Pour la subsistance des serviteurs de Dieu, qui doivent résider dans ce monastère et qui seront mes avocats dans la céleste cour , je donne et concède à - 122 - Dieu, à la bienheureuse Marie, toujours vierge; an glorieux Etienne , premier martyr, aux autres saints vénérés en ce lieu, et aux frères de Cluny, dont j'ai déjà parlé 9 ainsi qu'à leurs successeurs , tout le bourg tel qu'il se comporte maintenant et tel qu'il sera dans la suite , s'il vient à s'accroître , portant déjà le nom de bourg de Saint-Eiienne, avec le ter- rain qu'il renferme , les hommes qui l'habitent et ceux qui l'habiteront à l'avenir, abandonnant toutes les coui urnes auxquelles j'ai droit et ne réservant absolument rien. > De même que je désire qu'il ne reste rien de mes péchés au jour du jugement quand Je paraîtrai de- vant le souverain juge , de même dans le don que je fais je ne réserve rien , je ne retiens .rien , mais je donne et concède à Dieu 9 à la bienheureuse Marie , toujours vierge, et au bienheureux Etienne, premier martyr, ainsi qu'aux moines de ce lieu , tout ce qu'il renferme , tout ce que j'y possède , tout ce que j'y posséderais si je n'avais pas fait cet abandon. » Si cependant, pour se soustraire à mon autorité, quelques-uns de mes hommes venaient à se réfugier sur le territoire du monastère pour y habiter, le prieur, tout eu exerçant sur eux les droits de cou- tume et de justice ainsi que sur les autres habitants du bourg, se rappellera qu'ils doivent , comme mes hommes, demeurer à mon service. Quant à ceux qui viendraient d'une terre ou d'une province étrangère pour y habiter, ils ne seront point soumis à mes droits de coutume ni à ma justice ou à celle de mes gens; ils demeureront sous la dépendance des moines dont ils relèveront. • Du reste , que tous les hommes qui habitent ce bourg soient à jamais libres et exempts de toutes exactions, justice etcoutumes qui m'appartiendraient à moi ou à mes gens s qu'ils ne reconnaissent pour maîtres que le prieur et les frères de Saint-rEtienne, et qu'ils n'aient à répondre qu'à eux de leurs actes, ceux mêmes qui seraient faits en dehors du bourg. Que jamais fnes héritiers ou mes gens n'osent violer — 123 — cette liberté et cette immuDité que j ai donnée et concédée ; que jamais ils n'inquiètent les iiabitants de ce bourg. 9 Je veux que les religieux soient libres de recevoir les marchands et les voyageurs qui voudraient ha- biter auprès d'eux , qu'ils aient à leur gré ou au gré du prieur des boutiques et des bans de boucherie pour vendre et acheter. Quand j'établirai les bans , soit pour le blé, soit pour le vin , que les habitants du bourg n'en tiennent aucun compte , mais qu'ils vendent et achètent dans toutes les terres du monas- tère selon le bon plaisir du prieur. Si par hasard mes hommes étaient forcés de partir pour quelque expédition ou obligés de se soumettre à des ordres que je leur aurai donnés^ que les habitants de ce bourg demeurent en paix. » Je ne demande qu'une seule chose : que leurs roattres^ les moines, adressent pour moi h Dieu de ferventes prières. • Si des bouchers venaient d'un autre endroit pour vendre de la viande sur le territoire du monastère, moi et le seigneur Hugues, évêque de Nevers. nous concédons^ pour l'amour de Dieu, nos droits de coutume aux moines malades. Si une discussion s'élève entre deux hommes du monastère, ce sera au prieur à la régler. Si quelqu'un du bourg entre en conflit avec un de mes hommes ou avec un homme de mes hommes , et que l'affaire soit appelée devant moi ou devant mon préposé, le prieur ou son représentant intervenant recevra les cautions , et exercera la justice sur son homme, et mon préposé conservera ses droits sur le mien ; mais si, dans ce cas, le prieur ou son représentant étaient absents ^ mon préposé recevra la caution et exercera la justice à la place du prieur, droits qu'il remettra au prieur ou à son représentant aussitôt qu'ils paraîtront, comme il en eût été investi s'il eût été présent. Le prieur agira de la même manière envers moi et mes gens dans les mêmes circonstances. > Si un coupable, poussé par la crainte des châti- nienls, se réfugie sur les terres du bourg , que per- sonne, dès qu41 y aura mis le pied , n'ose l'y pour- suivre et l'arrêter et violer le territoire du monastère ; je veux qu'il y soit en sûreté et' en liberté comme dans une église, et ce dans toute retendue des pro- piétés des religieux. » Que tous les habitants du bourg aient la faculté d'user de tous avantages et aisances dans les eaux, prés , forêts ; dans les marchés et les foires, sur les chemins et dans les sentiers, comme mes hommes, et qu'on ne puisse leur faire aucune opposition dans la ville et hors de la ville. Déplus, moi, Guillaume, et moi , Hugues, évêque de Nevers, nous donnons aux religieux de Gluny habitant ce monastère droit d'entrée et d'usage dans nos forêts, pour y prendre le bois nécessaire à leur chauffage et leurs bâtiments, ainsi que pour y faire paître leurs porcs. Moi , Guillaume, je donne' encore auxdits religieux la terre, le clos de vigne, le ceoa et tout ce que je possédais au-delà du Croux et vers Saint-Benin. Je veux que les étrangers qui habitent ces lieux ou qui viendraient pour les habiter soient libres de toutes les coutumes auxquelles je pourrais prétendre. .Te donne aux religieux les vignes de Clé- ment Thérétique, l'héritage et les vignes de fiussy, qui appartenaient à ma mère, ainsi que l'héritage de Re- naud de Vallan, les droits que j'avais sur le Vernay, la terre des Forges, avec ses hommes et ses coutumes. Je donne en outre le fief de Moussy, près Monte- noîson, et ce qui m'appartient auprès du château de Monceaux , mes droits sur Marcilly, les chapelles de Monceaux et leurs dépendances, et de plus la dîme de mes saumons. » Hugues de iSiontigny leur concède, par égard pour moi qui l'ai délivré des mains d'Ârchambault de Bourbon, l'église et la cour de Luxi et tout ce qu'il pourrait acquérir des terres de cette église. Engil- bert Mirepès, sa femme Elisabeth et son fils Renaud concèdent et rendent le moulin de Moussy avec le cours d'eau et la terre qui en. dépend. J'ai aban- ' ■«■ iri fc' u — 125 ^ donné en outre mes droits sur Melleran et ie petit domaine près Ghampvert . qui a été donné par le prûtre Boniface. Auprès du vieux Groux , dans le domaine de Chevigny, proche Al?isy ; je rachète et rends la moitié de la dîme du blé, ainsi que les autres droits. Raoul des Essarts, par égard pour moi, a donné, à la mort d'£udé Tition , une vigûe et un demi-droit auprès de Ghampvert. Je donne sur la rivière voisine trois nasses , qui ont appartenu à Hugues de Lurcy ; je concède l'église de Saint-Pierre, dans les faubourgs de Nevers , la terre et le cens qu'Olivier possédait dans ce bourg , et que, par égard pour moi , il a donné , avec le consentement dé ses jeunes enfants, Gaubcrt, Fran- con et autres ; pour moi , je cède les droits de cou- tume que possédais en ce lieu. De plus , j'approuve, donne , concède et confirme tout ce que fera celui qui considérerait mon aumône comme une fondation sur laquelle il désire bâtir ; je veux qu'il puisse .. à son gré , ajouter à mes dons, au moyen des béné- fices et des fiefs qu'il tiendra de moi , et que les moines acceptent , sans être Inquiétés par mes hé^ ritiers. > Tout ce qui vient d'être indiqué dans cette charte, je U donne 5 concède et confirme à Dieu , à la bien^ heureuse Marie toujours vierge, au glorieux saint Etienne , premier martyr, aux autres saints vénérés en cette église , à dom Hugues , très-saint abbé de Gluny (8), à dom^Pierre , prieur, et aux autres religieux de Gluny qui servent Dieu dans ce monas- tère , avec l'approbation et le consentement de mon neveu Guillaume, de Renault , mon préposé, et de mes autres barons et fidèles. » » Gette donation solennelle a eu lieu à la cérémo- nie de la consécration de cette église , aux ides de décembre, en présence des vénérables évêques ici réunis : Yves, de Ghartres; Guy, de Nevers; Gau- ibler, de Ghâlons; Humbault, d'Auxerre. La charte fut lue devant l'autel de la glorieuse Mnrie, toujours vierge, et du glorieux Etienne , premier martyr, et — 126 — confirmée par ces mêmes évêques, par Guillaume, mon neveu , et |par plusieurs autres personne}» clercs el laïques. » » £n conséquence, moi Yves, évêque de Chartres, cousécrateur indigné de celte basilique , de concert avec mes collègues les seigneurs évêques ci-dessus nommés^ d'après la prière. Tordre et la volonté for- melle du seigneur comte Guillaume, fondateur de ce monastère et de tous ceux qui ont contribué îi cette œuvre 9 nous excommunions et repoussons de la sainte église quiconque viendrait à contester, ravir ou diminuer ces dons , à moins qu*il ne se repente de sa faute et la répare. Si quelqu'un ose violer le territoire de ce monastère ou s'emparer avec vio- lence des biens qui lui ont été accordés et qui lui seraient accordés par la suite , des terres acquises ou quMl pourrait acquérir, qu'il encoure i'anathème porté dans le livre de la loi : Maudit soit celui qui ti ansporte la borne de l'héritage de ses aïeux. Que celui qui par i égligence viendrait h enfreindre ces engagements soit maudit comme Dathan el Abiron , qu'il partage le sort de Julien l'Apostat , de Dacien el de Simon le magicien ; que cette malédiction pèse sur lui pendant son repas, pendant ses voyages, pendant son sommeil , qu'elle l'accompagne partout. Quand à celui qui aura rendu service à cette église ou qui sera venu en aide selon son pouvoir à ceux qui lui rendent service, qu'il ait part aux bénédic- tions réservées à ses bienfaiteurs , qu'il reçoive sa récompense en celte vie et en l'autre. Ainsi soit-il. » Fait l'an de l'incarnation 1097, indiclion V, l'an 30 du règne de Philippe , roi des FraDçais'9). » Par suite de l'abandon fait par le comte Guillaume, le prieur et les religieux de Saint-£tienne devinrent seigneurs du lieu et de toutes les dépendances du monastère avec haute , moyenne et basse juslice. Bientôt les lieux réguliers cessèrent de se irouver isolés et les maisons se groupant autour, formèrent le bourg de Saint-Etienne , qui devint presque aussi — 127 — considérable que la Ville elle-même. Saint-Ëtieimc eut sous son patronage les paroisses de Saint- Pierre de Nevers, de Saint-Eloy, Saint-Benin près Nevers , Chevenon , Monceaux, Bona, Uxeloup, etc. A l:t fin du XIV siècle, le bourg de Saiot-Eiienne, déjà uni à la ville , finit par être renfermé dans ses murs . lors que Pierre de Courlenay entoura Nevers de nou- veciox remparts en 1194. Malgré la solennité avec laquelle avait été publiée la charte du comte Guillaume, malgré les anathèmes prononcés par les évêques contre ceux qui oseraient eu violer les dispositions , fussent-ils de la famille du comte, car celui-ci avait entendu engager ses des- cendants; les privilèges assurés aux moines de Saint-Etienne ne furent pas toujours religieusement respectés; une charte de 1171 , donnée par Guy, comte de Nevers , nous apprend que Guillaume IV, son frère , mort en Palestine , et qui avait possédé le comté avant lui , avait imposé des charges nouvelles aux habitants du bourg sans tenir compte des récla- mations des religieux. Il exigeait que dans trois cir- constances particulières les habitants du bourg de Saint-Etienne lui payeraient trois mille sols de mon naie de Nevers : 1* pour acquitter sa rançon s'il était captif; 2*» s'il mariait sa fille ; 3* s'il venait à entre- prendre le voyage de Jérusalem. Guy, par cette charte , promet de conserver tous les privilèges du prieuré et de ses dépendances ; mais il exige comme son frère qu'on lui paye les trois mille sols dans les trois circonstances relatées plus haut. Il a soin de faire observer que ce sera pour lui et pour ses suc- cesseurs un motif de plus de défendre les droits du monastère. Un de ses successeurs , Pierre de Courtenay, n'eût pas pour les religieux tous les égards qu'il • ût dû avoir, comme il nous l'apprend lui-même; ce fut sans doute sur leurs réclamations qu'il con.cntità répa- rer ses injustices; à cette intention il déclara qu'il renonçait à exiger les trois mille sols que ses prédé- cesseurs se faisaient payer dans le cas où ils auraient — 128 — été captifs, et qu'il ne les exigerait ^ l'avenir que lorsqu'il viendrait à marier sa fille ou à partir pour Jérusalem. Les religieux pensant que ce n'était pas assez des excommunications de l'église pour assurer leurs droits , eurent recours au roi de France et obtinrent de lui une charte qui confirmait le nou- vel engagement pris par Pierre de -Courtenay. Elle est datée de 1186^ la septième année du règne de Philippe- Auguste. Le roi s'établit, lui^et sessucces- seurs comme caution des engagements de son parent Pierre de Gourtenay (10). Quoique ce monastère et ses dépendances fissent partie de la ville depuis 1194 , les religieux ne vou- lurent pas pour cela renoncer à leurs droits de jus- tice et h leurs anciens privilèges, lesquels, du reste, avaient été confirmés par le comte Pierre. Ces pri- vilèges furent la source de fréquentes contestations avec les seigneurs de Nevers jusqu'à ce qu'en 1585 une transaction réunit pour toujours le bourg ûe Saint-Etienne à la ville , et la justice des religieux au baillage. On voit que les concessions faites à per^ pétuité par Guillaume , étaient loin d'être stable» et inébranlables. Cependant , quand les seigneurs comtes de Ne- vers, faisaient dans leur ville leur première entrée , les prieurs et religieux de Saint-Etienne avaient soin de leur faire prêter serment de conserver les fran- chises et privilèges du monastère. Le 5 juin 1464, Jean de Bourgogne faisant son entrée , rencontra les reli- gieux en aubes et chapes avec la croix et eau bénoiste à la porte de la Barre , lieu a^xoutumè d'ancienneté , oii sont tenus Messefigneurs les comtes de Nevers faire le serment esdits religieux en leur joyeux avènement. Vint à ladite porte très- haut, excellent et puissant prince et redoubté seigneur. Monseigneur Jehan , «oti- vellement comte de Nevers, auquel il fut dit ce qui suit : Monseigneur, vous promettez et jurez es sainctes évangiles de Dieu cy inscriptes que bien et loyalement vous gardiez et maintiendrez les droits et coutumes de l'église de Saint-Etienne, Item et arecques ce vous - 129 - promettez et jurez les libertés et franchisas du bourg du dict Saint 'Etienne ainsi que elles sont et ont été octroyées et données par feu de bonne mémoire. Mon- seigneur le comte Guillaume^ et expressément confir- mées par les roys de France et par plusieurs saints pères de Rome : Semblablemefit les garder et observer sous peine d'excommunication et malédiction perpé- tuelle* Lequel y mondit seigneur le comte répondit : Ainsi je le promets et jure comme mes prédécesseurs ont fait et mieux si je puis (It). Les religieux de Saint-Etienne agissaient avec les éyêques de Nevers de là même manière qu'avec les comtes^ et exigeaient d'eux le serinent de conserver leurs privilèges. Saint Bernard reprochait avec éner- gie aux moines de Ciuny de vouloir se soustraire à la juriiMction épiscopale^ et de forcer par leurs ins- tancesiie souverain-pontife à leur ociroyer des bul- les d'exemption. Ces bulles à la main , les moines de la dépendance de Cluny refusaient aux évêques Feutrée de leur monastère. En 1221 , Gervais de (%iâ(eauneuf, nouvellement arrivé dans son diocèse^ se présenta pour visiter le prieuré de Saint-Etienne , mais les portes lui furent impitoyablement fermées. Gervais excommunia le prieur et la communauté , mais ceux-ci en rappelèrent au pape. Le pape , à la sollicitation de Tabbé de Gluny , nomma des com- missaires , qui levèrent l'interdit en son nom. En 1232 , Raoul de Beauvais voulut aussi faire la visite des monastères de Saint-Sauveur et de Saint- Etienne ; mais il éprouva les mêmes obstacles que Gervais de Ghâteauneuf. Ges démêlés fâcheux se renouvelèrent sous Arnaud .Sorbin , en 1578 ; et cependant le prieur et ses reli- gieux s'étaient rendus processionnellement à la porte de la Barre 9 h son arrivée , pour lui faire jurer de maintenir leurs privilèges. Le nouvel évêque ignorait sans doute que ces privilèges devaient restreindre sa juridiction. A l'arrivée de son successeur, Eustache du Lys , Henry Girard , prieur de Saint-Etienne , se rendit — 130 — aussi avec sa communauté à la porte de la Barre ; a[>rès avoir complimenté le prélat , il lui fit jurer sur les évangiles qu'il ne porterait aucune atteinte aux priviléges.du monastère et aux franchises du bourg , et surtout qu'il n^entrerait jamais dans le monastère sans le consenten>ent du prieur. Le prieuré (le Saint-Etienne avait eu à subir bien des épreuves. En 4/i20 , les cloîtres , dortoirs , cha- pitre et autres lieux réguliers avaient été incendiés. Le compte de Pierre hiaignien , de 1^22 , porte qu'il fut donné par la ville aux prieur et couvent de Saint- Etienne 18 livres 10 sols en pitié et aumône^ en con- sidération et regard de ce que nouvellement , de cas d'accident et fortune et non mie par leur faict ne coulpe , leur monastère a été détruit et ars par le feu venu de la ville ; tellement que lesdits religieux n*ont lieu où ils se puissent coucher, fors en l' église ^Ladùe somme de iS livres 10 sols faisant partie de 100 Iw^ à eux accordés pour la reconstruction de Leurmonas-- tère et non autrement. Le 22 juin 1432 , l'hôpital de Saint-Eloi fui aban- donné aux religieux pour les aider à réparer les dommages que l'incendie de 1420 leur avait causés. En 1516 , la peste ravageait Nevers ; pour se sous- traire à la contagion , les principaux habitants se réfugiaient dans les campagnes , et l'intérieur de la ville était exposé à la coupable industrie de certaines gens qui savent profiter des malheurs publics. Les religieux de Saint-Etienne, craignant sans doute pour les objets précieux qu'ils possédaient , crurent qu'il était plus prudent de les donner en dépôt à une personne qui avait quitté la ville et qui s'ét^t retirée au prieuré de Faye. Ce dépositaire déclara par acte authentique que les moines lui avaient remis en dépôt une custode d'argent doré, en laquelle il y avait une couronne et trois anges qui portaient la boite , deux calices tout dorés , une paire de chopi- nettes d'argent^ un reliquaire à porter le corps de Notre Seigneur le jour de la Fête-Dieu. Il promit de rendre tous ces objets quand on les lui réclamerait. — 131 — Cepeodant', il vint à mourir avant que lesrcilgieux eussent retiré ce dépôt . et il fallut plaider avec ses héritiers pour rentrer en possession , ce qui eut lieu en 15^8. Le monastère de Saint-Etienne devait encore passer par d'autres épreuves ; Gluny , comme la plu- part des ordres religieux . voyait ses obédit^nces tomber entre les mains de. comniandataires. qui souvent ne pensaient qu'à jouir des fruits des béné- lices, et quelquefois même dissipaient à leur gré les biens de la communauté. La commande était la possession d'un bénéfice ré- gulier que le pape confiait à un ecclésiastique sécu- lier, à l'effet de disposer des fruits de ce bénéfice. Dans le principe , la commande n'était qu'un simple dé|)ôt ; lorsqu'une église devenait vacante , révêque , pendant la vacance, en confiait l'adminis- tration à un ecclésiastique voisin; il en était de même d'autres bénéfices. Gomme on le voit, la commande avait pour objet l'utilité de l'église et non du commandatalre ; mais souvent les meilleures institutions dégénèrent en abus. Bientôt les com- roandataires se regardèrent comme bénéficiers réels, et conservèrent leurs commandes un temps illimité. Quelques-uns, par suite de services rendus à Téglise, obtinrent du souverain* pontife la jouissance des fruits leur vie durante. Grégoire X , qui avait compris tous les abus de semblables dispositions, avait défendu d'accorder des commandes pour plus de six mois. Nonobstant la constitution de ce pape , ces abus continuèrent et on accorda des commandes à vie. Le commandatalre ue devait s'occuper en rien de l'intérieur du monastère ; la communauté était sou- mise à un prieur claustral. L'abbé ou le prieur com- mandataire administrait le temporel , percevait les revenus 5 il était en quelque sorte l'économe de la communauté ; mais comme l'excédant du revenu lui appartenait , souvent il augmentait ce revenu aux dépens des pauvres moines, auxquels il n'accordait — 132 — que le strict nécessaire. S'il habitait le monastère, il avait soin d'organiser de la manière la plus con- fortable le logis abbatial ou prieurial , laissant sou- vent en ruine les bâtiments claustraux ; si^ au con- traire 9 il demeurait au loin , il ne s'occupait d'aucune réparation , ou en faisait d'insuffisantes. Quant à la discipline intérieure, elle avait quelquefois à souffrir d'un semblable état de choses. Ce fut en 153^ que le monastère de Saint-Etienne eut pour la première fois un prieur commandataire ; c'était Fraoçois-le-Bourgoin , doyen de Téglise de Nevers. Les auteurs de la Gcdlia christiana font sa biographie en quelques lignes, et on en peut facile- ment conclure que les religieux n'ont pas eu à se louer de son administration. Il est accusé (t avoir dis.- sipé les biens du monastère; il livra au duc de Nevers les droits de haute , moyenne et basse justice. Quant au bien spirituel du monastère , il s'en occupa peu. On ignore ce qui détermina , en 1646 , la recons- truction du prieuré. Un nouvel accident aurait-il occasionné sa ruine , ou bien le prieur voulait-il se procurer des appartements plus somptueux ? Nos chroniques locales se taisent à ce sujet. Elles nous apprennent cependant que Claude Maulnorry, prieur commandataire, entreprit la reconstruction du logis prieurial. Sans respect pour les cendres des morts et peu ami des arts , il démolit les tombeaux de Robert de Nevers , évêque d'Auxerre, de Hugues, évêque de Nevers , et de Jean Leclerc, chancelier de France et bienfaiteur du monastère , pour en em- ployer les matériaux à la reconstruction qu'il avait entreprise. Quant au tombeau du fondateur , qui était placé derrière le choeur, dans la chapelle de Saint-Benoit, il fut détruit en 1760 , et les ossements qu'il conte- nait furent déposés sous une des dalles du chœur. Les auteurs de V Album du Nivernais nous ont donné le dessin d'un bas-relief qui ornait cette tombe, et dont le double sujet était reproduit surnine des — 133 ~ portes du prieuré. Ce bas-relief était divisé en deux compartiments que nous allons essayer d'expliquer: Dans le compartiment supérieur, on voit les pa trous de l'église, la Vierge portant dans ses bras son divin enfant > et saint Etienne lapidé , tandis que la main divine tient la couronne suspendue sur sa tête. La partie inférieure contient deux personnages : un évêque et un seigneur. L'évêque est debout et semble bénir , c'est sans doute Tévêque consécra- teur saint Ives de Chartres , et le seigneur est évi- demment le comte Guillaume , qu'on reconnaît aux armes de Nevers, placées devant lui. Il est à genoux et montre d'une main une église à trois tours au haut de ce compartiment, et de l'antre main, un bâ- timent moins somptueux au-dessous de l'église. On se rappelle que dans la charte que nous avons rap- portée plus haut, Guillaume parle de deux construc- tions ; d'abord il fit environner de murailles l'em- placement réservé au monastère , puis il fit cons- truire l'église ; ce sont sans doute ces deux opérations que le sculpteur a voulu indiquer par les deux monuments Mais pourquoi le comte a-t-il la tête tournée? Cette particularité a donné lien à ûe^ explications bien diverses. Une tradition populaire prétendait que c'était le comte Hervé de Donzy (12) qui , par une punition de Dieu, eut ainsi la tête tournée jusqu'à ce que l'évê que eût obtenu par ses prières qu'il fût délivré. Paul-Emile , parlant des princes que Dieu a punis d'une manière éclatante , cite l'exemple du comte de Nevers , qui mourut ayant la tête tournée vers les reins , sans pouvoir la ramener dans sa situation naturelle. Ce comte , qu'il ne nomme pas, mais qui vivait en 1120 , aurait été l'ennemi des privilèges accordés aux diflFérentes églises ; Immunitatù eccle- siarum hostem. Le comte de Nevers, en 1120, était Guillaume II, qui, après avoir été le persécuteur des moines de Vezeiay , résolu: d'expier dans le cloître ses égarements et se fit chartreux en H ^7. Guyot de Sainte-Hélène et après lui les auteurs — 134 — (le V Album du Nivernais donnent une explication pius ingéniease et plus vraisemblable. La main da guerrier étendue vers Téglise indique la donation qu'il a faite 9 et sa tête tournée en arrière annonce que cette donation est irrévocable. Quand à nous , nous ne reconnaissons ici ni le torticolis dont parle Paul-Emile ^ ni même l'irrévo- cable abandon de Guyot de Saint- Hélène. Le comte tourne la tête du côté de yévêque coosécrateur qui reçoit l'acte de fondation; c'était évidemment la pensée que voulait rendre le sculpteur (13). Nous ne pouvons passer sous silence un autre tombeau qui long-temps a attiré des pèlerins en foule dans Téglise de Saint-Etienne : c'était celui de saint Eulade , notre premier pontife , ou de saint (Eolade, lé sixième évêque de ce diocèsCyCar la res- semblance des noms les a souvent fait confondre. Ce tombeau était anciennement placé dans un collatéral; mais en 1523, quand on construisit Tautel paroissial au milieu de Téglise , le corps du saint fut déposé sous cet autel. La pierre qui le couvrait portait ces quatre vers latins que Claude Bredeau , avocat , y avait fait graver en 1602 : quis-quis ab occasu proferas , quis-quis ab ortu , Corpus in hoc tubiulo quod venereris habes. PrOESUL EULADIUS IIUJUS QUONDAM PATER URBIS , Adventum gaudens sustinbt hic domini. En 1771 on ajouta les deux vers suivants : ImPLOHARE VENI PERSANCTUM , GENS PIA NUMEN , Ut tua sanentur corpora fessa febri. Eulade, de Nevers le pontife et le père , Dont le corps repose on ces lieux , Du pèlerin exauce la prière , Sur son tombeau déposez tous vos vœux. Ami de Dieu , plein d'espérance , ^ II attend le jour du seigneur. Venez , peuple pieux , implorer sa puissance ; Du feu qui vous dévore il calmera l'ardeur. -.135 — On recourait au tombeau du saint évêque pour obtenir la guérison de la fièvre ; il y avait .même dans Téglîse de Saint -Etienne une confrérie établie à cette intention (l/i). L'église de Saint-£tiennè , malgré les désastres qui , à plusieurc reprises , avaient néces^té la re- construction du monastère , était encore debout Le plan tout à la fois gracieux et sévère, dont le comte Guillaume se gloriûait à juste titre, n'avait silbi que deux légères modifications par Tadjonction de la chapelle de la Sainte-Vierge et de la sacristie , dont nous parlerons bientôt, quand lesniveleurs de la fin du XVIIP siècle s'attaquèrent à cette basilique. Après avoir renversé les autels, violé les tombeaux et dispersé les reliques des saints , ils rasèrent les trois tours de Téglise en vertu des principes qui proclamaient Tégallté. L'Ëtat devint propriétaire des bâtiments habités autrefois par les religieux, et le ministre de ia guerre y a établi le dépôt des subsistances militaires qui occupe maintenant encore l'ancien prieuré (15). DESCRIPTION DE L'ÉGUSE. £n rappelant ce qu'était primitivement l'église de Saint-Etienne, nous indiquerons ce qu'elle doit être dans quelques années, car tous les efforts se réunis- sent pour rétablir l'admirable harmonie qui a régné dans la conception de son plan. Sa forme est la croix latine ; trois nefs conduisent à la région du transsept, de là les basses nefs circulant autour du sanctuaire forment déambulatoire dans lequel rayonnent trois chapelles absidales ; chacune de ces chapelles est éclairée par les trois petites fenêtres symboliques, et entre chaque abside, une ouverture fait disparaître la monotonie des murs. Les absi- dioles qui fla nquent là paroi orientale de chaque croisillon ont aussi leurs fenêtres trinitaires, et toutes ces fenêtres ont leurs piédroits garnis de colonnettes supportant l'arc au plein cintre. ïAia nets soDt divisées en six travées jusqu'aa transscpl . et cbaque travée est éclairée par une fe- nêtre au pleln-ciDtre. Les piliers carrés sont flanqués *le qaaire colonnes aux deux -tiers engagées , caoton nées en croix se dressantsur des bases attiques. Je ne dirai rien ici des chapiieaux , j'en parlerai plus loin. Lesquatre piliers de l'intertranssept sont pins massifs, car ils sont destinés à supporter la coupole. Celte coupole octogone a sa base , puis dissimulant insen- siblement ses angles, prend eniîn une forme ovoïde. Autour du chœur trait colonnes nionocylindriques soulieunent les arcs à cintres surhaussés qui envi- ronnent le sanctuaire. Tclest leplanichnographique de celle église ; tels sont les détails que ses parties basses offrent à l'observateur. Si maintenant nous passons il l'étude dn premier étage, nous sommes étonnés des dispositions gracieuses et savantes qu'on y remarque. Tout ici est motivé : une galerie de la largeur des bas-côtés rËgne sur toute leur étendue. Cette galerie était dans tes dessins du maître de l'œuvre tout à la fois un objet d'ornementatioD et d'agrandisseœeht comme aassi un moyen de consolidation. — 137 — La nef de Saint* Etienne est large *, et par suite sa voûte en berceaa est d'une hardiesse peu commune h cette époque; il fallait l'empêcher de pousser au vide; ms^is quel moyen employer? On ignorait encore l'emploi de ces arcs-boutants qui devaient jouer un si grand rôle dans le système ogival ; et cependant le moine constructeur, carx je ne balance pas à le dire. Saint- Etienne est l'œuvre des moines, le moine constructeur, en établissant les voûtes des galeries au quart du cercle , devinait les arcs-bou- tants du XIII* siècle. Cependant il ne comprenait pas que ce segment de cercle devait plus tard contribuer à rpmementation extérieure de nos édifices reli- gieux ; il le dissimula sous le rampant de la toiture. Au fond de chaque galerie se trouve une absidiole et un escalier conduisant au-dessus de la coupole. Ces galeries communiquent avec l'église par des arcs géminés que soutiennent une colonne * On comprend qu'il s'agit ici d'une largeur relative ; les églises du XI*" siècle sont ordinairement fort étroites. 40 — 13S — centrale et deax colonnes engagées ; ces arcs sont circonscrits dans une arcade de plus grande dimen- sion indiquée seulement par des claveaux uniformes. Dans l'épaisseur des murs de la façade occidentale on a ménagé de chaque côté un escalier conduisant aux galeries et montant aux tours. D'une galerie il était facile de passer dans rautire par de larges arca- des communiquant avec une galerie intermédiaire jetée au-dessus de la porte centrale. Était-ce un simple moyen de communication et n'avait-on pas eu aussi en vue de contrebuter intérieurement les deux tours qui flanquaient le portail? Un autre genre d'ornementation se faisait remarquer dans les croisillons du transsept divisés en deux étages 9 je veux parler d'abord de cette arcade jetée à la nais- sance de chaque croisillon et surmontée d'une arca- ture à jour; curieuse disposition reproduite à Notre- Dame du Port à Glermont » et que les archéologues anglais nomment Screen. Ce n'est pas le seul point de ressemblance qui existe entre Saint-Etienne de Nevers et Notre-Dame du Port ; nous retrouvons ici comme à Glermont ce qu'on est convenu d'appeler des arcs en mître. Ce sont des frontons triangulaires alternés dans les croi- sillons avec les arcs au plein-cintre et venant se poser avec ces arcs sur les mêmes colonnettes. Ce genre d'ornementation se fait remarquer à> l'intérieur et à l'extérieur des façades du transsept , et est exécuté dans l'épaisseur du mur ; s'il se fût rencontré à l'inté- rieur et à l'extérieur au même étage y il eût nui à la solidité et eût compromis l'existence de cette partie de l'édifice ; l'architecte s'est bien gardé de commettre cette faute; à l'intérieur^ le premier étage est orné de deux arcs au plein-cintre enca- drant chacun une fenêtre et séparés par un fronton triangulaire ou arc en mitre ; à l'extérieur on ne remarque que les deux ouvertures des fenêtres. Au- dessus , on voit à l'extérieur^ au second étage , trois arcs au plein-cintre » encadrant trois fenêtres et séparés par deux arcs en mitre 9 et à l'intérieur on — 139 - ne remarque que les trois ouvertures des fenêtres. Un oculus domine le tout. Jusqu'au chœur tous les chapiteaux sont lisses et seulement épanelés ; mais il est facile de com- prendre par le fini de la taille qu'on ne se proposait pas de les enrichir de sculptures. Les chapiteaux des colonnes du sanctuaire étaient destinés à recevoir des peintures ainsi que les chapiteaux des colonnes fuselées et trapues qui soutiennent Tarcature supé- rieure. Les autres chapiteaux du transsept, du déambulatoire et des absides sont ornés de pal- mettes , d'entrelacs et de feuilles déchiquetées , un d'eux présente un linge en draperie 9 et trois autres ont des ornements bizarres, que je suis tenté de regarder comme des monogrammes dont on finira par découvrir le sens. Les chapiteaux de la tribune centrale sont aussi ornés, ainà que ceux sur les- quels reposent les arcades trilobées de la façade ocddentale , dont nous parierons bientôt. Une observation des plus intéressantes dans i*his- toire de l'art et qui n'avait pas encore été faite avant le congrès archéologique tenu à Nevers en 1851 • regarde les colonnes et les chapiteaux ; les huit colonnes monolithes qui soutiennent les arcades du sanctuaire, celles qui flanquent les piédroits du portail occidental , les colonnes trapues sur les- quelles repose Tarcature du pourtour du rond-point à la naissance des voûtes , soit à l'intérieur, soit à l'extérieur, quelques colonnettes ornant les pié- droits des fenêtres du chœur, ont été façonnées au tour avec leurs bases et leurs chapiteaux. Un œil attentif remarque encore les traces circulaires des gouges sur le fût de la colonne et sur ses parties complémentaires Quels moyens employaient les architectes du moyen-âge pour façonner au tour ces énormes cylindres ? Nous l'ignorons ; le fait n'en est pas moins incontestable. Depuis l'observation faite par les membres du congrès de Nevers , j'ai retrouvé ailleurs des colonnes tournées ; on en remarque au milieu des ruines de Saint-Sauveur de Nevers et de St- ssé ex- Ëtonoe- es Ei- logiques inments is , en l'uni . cliapî* Saint - eût fait qui a puis, il du pins compte aces si reste 11 qne la 'ait dCI I sculp- te pein> marque es cba- portail n semis lys an- ntrados ux-diS' il deux [ colon- ES, ,1e iàé ne ir lien. malt la i^re. A Textérieur cette église offirait la même harmo • Die , tootefois avec cette différeDce que les accords en étaient moins sévères. Deux tours se dressaient de chaque côté du portail , dont le triple cintre formait archivolte. Autour du tympan , ces cintres étaient ornés de claveaux alvéolés et des peintures polychromes dont j'ai parlé. Le linteau avait en relief Tadoratiou des Mages , et on voyait sur le tympan le Sauveur assis entre deux anges. On n'était pas étonné de l'absence des animaux symboliques qui étaient ordinairement cantonnés autour de lui; ces animaux formaient au-dessus une ligne horizontale et contribuaient ainsi à rompre la monotonie trop austère de la façade. Au-dessus de cette ligne occupée par les animaux évangéliques on remarque un rivet de pierre. C'était le sommet de la toiture qui couvrait en appentis le narthex. Enfin cette façade avait pour couronnement un fk'onton triangulaire peu élevé et rappelant parfai- tement les frontons byzantins qu'on rencontre dans le midi de la France , et qui sont une imitation ou une réminiscence de l'antique. Les angles de la base du fronton semblent être appuyés sur des colonnettes cannelées ou cordées, ornement rare encore à cette époque , dans le centre de la Finance surtout. Entre ces colonnettes trois feDfitrea an plelo-clo- Ire , ansti escortées de colonnettes, sont diconsciites dans des arcs trilobés ayant pour tonl ornement leur claveaux nnlformes et artistement disposés d'après la coupe des trilobés. Les deux tours carrées . it partir de la naissance du fronton , s'éleTaient de deux étages avec trois fenêtres sur chaque face ; et enfin deux flèches jumelles, octogones, garnies de cornes tumulaires , s'élançaient dans les air$. Au-dessus du dôme de l'intertranssepl, snr une base octogone se reliant à l'église par des édicules triangulaires, s'élevait un cloclier h trois étages surmonté d'une flèche. C'est dans cette région et dans toute la partie absldale qu'a brillé snrtout le génie de l'artiste ; rien d'harmonieux comme cette cascade de pierres dont le jet partait du sommet de la flèche. Au-dessous de celte flèche on voyait se développer insensiblement la tour octogone, qui s'élargit à sa base par les édicules triangulaires; vient ensuite la partie supérieure du rond-point avec ses cinq fenêtres et son arcalure continue, environnant comme d'une auréole l'Iniertranssept; au-dessous un autre hémicycle entoure le sanctuaire, c'est la toiture qui couvre le déambulatoire ; enfin en approchant da sol , la cascade semble rebondir pour former les trois absides et les deux absidioles. — 14» — Entre chaque fenêtre un léger contrefort en éperon vient concourir à rornementation ^ et un cordon garni de billettes courant sur le nu de la muraille et enveloppant les contreforts , se rompt à la naissance du cintre des fenêtrps pour les entourer et leur servir d'archivolte. Ces billettes jouent encore un grand rôle dans rornementation des façades des croisillons. Enfin si on ajoute les élégants modillous i symétriquement disposés pour soutenir rentable* I ment, on aura une idée de l'harmonie qui règne [ dans cet édifice. ÉTAT DE L'ÉGLISE DE SAINT-ÉTlENNE IL Y A QUELQUES ANNÉES. Nous venons de dire ce qu'était dans le principe l'église de Saint-Étienne de Nevers; telle elle était encore en 1475 quand on s'avisa de construire la sacristie entre deux absides , et de remplacer la fenêtre romane qui les séparait par une porte ogivale dont les moulures prismatiques concordent peu avec la sévérité du plan et de l'ornementation de l'édifice. On ne s'en tint pas là , on détruisit l'absidiole du croisillon méridional pour adosser à ce croisillon , dans toute son étendue, la chapelle à moulures anguleuses qui subsiste encore. Cette construction est due à Philibert Boutillat , conseiller et maître des comptes du roi , trésorier de France et bailli du Nivernais ; l'année précédente , de concert avec sa femme, Marie de Cheigne, fille du seigneur de Rancé , il avait donné au couvent de Saint-Étienne la terre et seigneurie de La Bretonnière. Une autre cause devait nuire à Taspect extérieur de l'église et à son assainissement , c'est l'exhaussement des terres qui l'environnent et les constructions étrangères qui la cernent. L'exhaussement a deux causes princi- pales : d'abord le cimetière qui touchait à l'église y a contribué pour beaucoup , puis les ruines du monastère accumulées successivement par le temps et les révolutions. Le fait est que le sol de l'église a été considérablement exhaussé ; Micbel Cotignon , qui écrivait en 1616 , nous assure que le tombeau de saint Œolade , évéque de Nevers , était élevé de quatre pieds au-dessus du sol, et M. de Saintemarie déclare qu'il a vu ce tombeau et qu'il avait à peine vingt pouces d'élévation. Le sol actuel serait donc exhaussé de plus de deux pieds. Ce fait , au reste , semble être confirmé par le soubassement continu qui règne sous les colonnes engagées des bas-côtés et dans Tentrecolonnement Selon Tusage assez commun de cette époque « ce soubassement devait servir de siège , et par conséquent avoir la hauteur d'un siège ordinaire» tandis qu'il n'est élevé que de quelques centimètres. Un autre fait vient encore constater cet e^diaussement considérable , c'est la chapelle de la fin du Xlir siècle qui longe toute la partie extérieure du bas-côté méridional ; cette chapelle, comblée jusqu'à la hauteur des chapiteaux, se trouve actuellement de niveau ou à peu près avec le sol de l'élise et celui de la cour du prieuré • maintenant cour de la manutention (16). £nl6465 nous l'avons dit, un prieur commandataire fit reconstruire le logis prieurialetvint ajouter de nouvelles excrois- sances dont peut-être faisait partie la tour carrée qui s'élève au-dessus de la chapelle construite en 1^75. Cependant les terres continuèrent à s'amonceler contre les murs de l'église , et la démolition des trois tours dût ajouter encore à l'exhaussement du sol extérieur. Nous n'avons rien dit des autels d'architecture grecque en pierre ou en plâtre adossés contre les fenêtres centrales des absides» ni des colonnes enga- gées , brisées ou coupées sur différents points » sous prétexte qu'elles occupaient la place d'une chaise ou qu'elles nuisaient au placement d'un banc. Tel était il n'y a encore que quelques années l'aspect que présentait Saint-Etienne , sans parler des dégrada^ tions multipliées occasionnées par le temps et qui faisaient craindre une ruine prochaine pour quelques parties. — IW — BESTACRATIONS EFFECTUÉES. On fat long-temps à Nevers sans se douter qu'on y possédait une des plus curieuses églises de France ; on ne pensait pas même à la consolider et à Tassai* nir. quand tout à coup quelques amis deTart antique élevèrent la voix pour proclamer son mérite réel trop long-temps méconnu. Leur voix eut du retentissement et on songea sérieusement à une restauration de cet édifice, aussi complète que possible. La ville prit de sérieux enga- gements à cet effet, et le gouvernement seconda par des allocations les généreux sacrifices du conseil municipal. M. Paillard , architecte du département , Itit cbargé des plans et de Texécution des travaux; il est inutile de dire qu'il réussit avec un rare bon- heur 5 les preuves sont sous nos yeux , et on se rap- pelle que le congrès tenu à Nevers en 1851 , après avoir inspecté les travaux , décerna à M Paillard une médaille d'argent au nom de la Société française pour la conservation des monuments. Il fit disparaître les autels grecs et remplaça par des fenêtres de Fépoque et sur le modèle des an- ciennes celles qu'on avait privées de leur caractère en les élargissant ; il rétablit les colonnettes et les chapiteaux qui avaient été brisés ; 11 restaura à l'ex- térieur tous les anciens roodillons et remplaça avec bonheur ceux qui ne pouvaient être restaurés ; les colonnes engagées, brisées par accident ou par ignorance, reprirent leurs formes primitives; les carraudages , soit à l'extérieur , sçit à l'intérieur , furent hai)ilement réparés ; les curieuses galeries qui régnent au-dessus des bas-côtés furent débouchées ; enfin l'église entière fut recouverte en tuiles creuses et reprit ainsi son antique physionomie. RESTAURATIONS PROJETÉES. Malgré tant de travaux déjà exécutés , tout n'est pas encoM fait Le portail principal, si remarquable par sa disposition gracieuse qaoiqae sévère , n'a pas encore eu les honneurs d'une restauration. U ne faut pas s!en plaindre » Tarcbitecte asuivi son csuvre avec intelligence et le portail aura son tour. Espé- rons même que plus tard nous verrons s'élever ses deux clochers et même la lanterne de Thitertranssept, et que le fronton occidental remplacera la masse de pierre jetée entre les deux tours et qui établit au sommet de la façade une ligne horizontale par trop prolongée. La sacristie doit nécessairement dispa- raître 9 et à sa porte ogivale succédera une fenêtre au plein cintre avec ses colonnettes ; il en sera de même de l'ouverture ogivale de la chapelle que le XV* siècle a adossée au croisillon méridional; la chapelle elle-même doit disparaître et faire place à Tabsidiole qui existait autrefois, semblable à celle qu'on admire dans la partie septentrionale. En ren- versant la chapelle on fera disparaître nécessairement la massive tour carrée qui la surmonte et qui désho- nore extérieurement l'église. Au moyen de ces restau- rations on rétablira l'église de Saint- Etienne, soit à l'intérieur , soit à l'extérieur , dans son état primitif. MOYENS D'ASSAINISSEMENT. Ce serait en vain que la ville et l'État s'impose- raient de si grands sacrifices pour la restauration de cet intéressant monument , si on ne prenait les moyens propres à conserver les travaux effectués , en assainissant les murs réparés. Il faut descendre un certain nombre de marches pour entrer dans l'église, la base des colonnes du portail est enterrée, et le sol du bas-côté' septentrional est de plus de deux mètres en contrebas. Il est impossible de laisser subsister cet état de choses sans s'exposer à voir avant peu d'années se pourrir de nouveau les murs qu'on a réparés à grands frais. Il est donc absolument nécessaire d'enlever ces terrains, amoncelés depuis des siècles contre les murailles , et de dégager com- plètement l'église. Ces terres accumulées soutiennent — 147 ûeis coùsiructions , et on ne peut arriver au déblaie- ment qu'en faisant l'acquisition de ces constructions et des jardins voisins. Déjà, en 1850, le conseil municipal deNevers avait institué une commission chargée d'étudier les travaux à effectuer à l'église de Saint-Etienne , et les moyens d'isolement et d'assainissement à employer. Par suite d'un remarquable rapport fait ^ par M. Boucaumont , membre de la commission , le conseil municipal a adopté le devis des réparations dressé par l'architecte^ et voté la moitié de la somme, s'élevant en total à 28,000 fr. , espérant et sollicitant l'autre moitié du ministre de Tintérieur. C'est au moyen de cette double allocation de la ville et de l'État qu'ont été exécutés les travaux dont j'ai parlé. Cependant* l'honorable rapporteur de la com- mission^ ne s'était pas contenté de constater la né- cessité des réparations , il avait ajouté : i La com- mission, se préoccupant de l'importance, une fois les réparations des murs extérieurs de Saint-Etienne achevés , de mettre un terme aux causes qui les ont rendues nécessaires , a pensé que des mesures immédiates devraient être prises pour isoler ces murs du contact des terres qui les enfouissent; dans ce but, elle croit devoir proposer le déblaie- ment de ces terres jusqu'au niveau des dallages de l'église , et d'opérer ce déblaiement sur une largeur suffisante pour le convenable assainis- sement des maçonneries. Pour ce résultat , il faudrait que la ville, soit en revendiquant les droits de propriété et de servitude qu'elle peut avoir, soit en vertu d'expropriation pour cause d'utilité publique , en devint propriétaire ; il faudrait aussi qu'elle supprimât le jardin du presbytère ; il fau- drait enfin qu'elle obtint de M. le Ministre de la guerre la concession de la partie du jardin de la manutention qui entoure une partie des chapelles absidales , dont la surface , en grande partie inculte et couverte de ronces et d'arbres ~ IW — 9 parasites > est à plus de deux mètres au-dessus du » sol de Véglise. > Faisant droit aux conclusions du rapporteur^ le conseil municipal , dans sa délibération du 20 juin 1850 , avait engagé M. le Maire : !<' à provoquer les mesures nécessaires pour que la ville devînt pro- priétaire des terrains à déblayer et des constructions parasites posées sur ces terrains. 2'' c A demander à M. le Ministre de la guerre la concession de la partie du jardin de la manutention qui est immédiatement attenante aux chapelles absidales^ et qui serait limitée par un ligne G D, en prolongement du mur de séparation de l'église et de la manutention ; cette partie du jardin étant en quelque sorte excentrique aux dépendances de rétablissement militaire et d'une inutilité évidente pour son service. • 3* i A faire dresser les plans et devis nécessaires pour le déblaiement de la zone de terrains à acquérir ou à revendiquer par la ville , pour le déblaiement du jardin de la cure et de la partie • du jardin de la manutention qui sera concédée par M. le Ministre de la guerre » conformément aux indications faites ati moyen d'une teinte jaune sur le plan annexé à la présente délibération , et de telle sorte qu'il soit créé autour de l'église Saint- Etienne une rue latérale et une place , qui à la fois assainiraient l'édifice , en prévenant les dété- riorations ultérieures , démasqueraient celles de ses parties qui, sous le point de vue architectural^ ont le plus d'importance et de mérite. i> Conformément à cette délibération , on exécuta les travaux projetés , et on baissa le terrain de l'an- cien jardin du presbytère. L'administration fut sans doute arrêtée par 1^ défaut de fonds ou par quelques autres difficultés dans l'acquisition des terrains à déblayer, car cette acquisition n'a pas encore été effectuée. Quant à la supplique à adresser à M. le Ministre de la guerre , Tadministration municipale la lui fit par- — 140 - Tenir par rintermédiaire et avec la recommandation de M. le Ministre de l'intérieur. DaDs sa réponse à son collègue , qui fat transmise à M. le Maire le 10 avril 1851 par M. le Directeur des beaux arts, M. le Ministre de la guerre s'exprime ainsi : t Monsieur et cher collègue» en réponse à la lettre de M. Barocbe ^ en date du 9 décembre dernier, j'ai rbonneur de vous annoncer que je suis disposé, comme mon prédécesseur, à faciliter autant que possible l'exécution des travaux projetés par la ville de Nevers pour l'assainissement de l'église Saint-Etienne ; mais que ce but ne me parait pas devoir être atteint par l'abaissement du terrain dépendant du jardin de la manutention. » M. Barocbe dit dans sa lettre que le terrain dont il s'agit I s'élève à une bauteur de un mètre cin- quante centimètres autour de l'abside et des bas- cdtés gauches de la nef. » Or, il résulte des renseignements fournis par le directeur des fortifications, que ce terrain, loin d'enterrer l'abside de l'église , se trouve au con- traire à trente centimètres en contrebas de son niveau. > Je prends la liberté, Monsieur et cher collègue, » d'appeler votre attention sur ce fait. » Il est évident que, dans l'état actuel des choses, » l'abaissement du terrain militaire serait un travail » sans efficacité réelle pour l'assainissement de » l'église. » Il est certain qu'il y a ici un malentendu ; et disons d'abord que dans le rapport fait par M. Boucaumont il s'était glissé une erreur ; l'honorable rapporteur avait porté à deux mètres au-dessus du sol de Téglise le jardin de la manutention ^ tandis que c'était le bas-côté septentrional qui se trouve dans un endroit de deux mètres en contrebas ; mais ici le terrain qui l'encombre ne dépend pas de la manutention. Dans la lettre adressée au ministre de la guerre , M. Ba- rocbe dit que le terrain dont il s'agit s'élève à une — 150 — hautenr de an mètre cinquante ceatimètres autour de Tabside et des bas-côtés de la nef. Il est important de rétablir ies faits ; il est vrai qu'on a déblayé le jardin du presbytère , parce que ce jardin s'élevait au-dessus du sol de la région absidale; mais ce n'est que le bas-côté gauche qui est en contrebas d'un mètre cinquante centimètres, et même de deux mètres dans quelques parties. La demande de l'administration municipale de Nevers à M. le Ministre de la guerre avait un double but , indiqué dans la délibération du 20 juin 1850 , et ce double but n'aura peut-être pas été exposé d'une manière assez précise. Le terrain réclamé par l'administration municipale est non-seulement pour cause d'assainissement de l'église , mais encore pour démasquer celles de ses parties qui^ sous le point de vue architectural y ont le plus d'importance et de mérite. Il est évident que la portion de jardin dépendant de la manutention avec le mur qui séparait autrefois ce jardin de celui de la cure » et qui maintenant le sépare de la place, brise d'une manière désagréable toute rharmonie extérieure de la région abddale , et que sous ce point dç vue il serait déjà regrettable de conserver ce terrain 9 qui n'est d'aucune valeur réelle et d'aucune utilité. Sous le rapport de l'assainissement de l'église , il serait facile de prouver qu'il est nécessaire de baisser ce terrain ; en effet , il était de niveau avec celui du jardin du presbytère , qu'on n'a pas balancé à dé- blayer dans rioterêt de l'église. Lorsque M. le Directeur des fortifications a marqué, dans les renseignements fournis à M. le Ministre de la guerre , que ce terrain était de trente centimètres en contrebas du niveau de l'église , il y a eu certai- nement erreur de sa part ; je ne rappellerai pas ici ce que j'ai dit plus baut , que le sol de l'église avait été exbaussé de plus de deux pieds , exhaussement qui nuit à ses proportions et qu'on fera disparaître tôt ou tard ; mais je dirai que si le terrain est de trente centimètres en contre-bas de la sacristie , on — 151 — doit se rappeler qae la sacristie a été élevée de deux marches » et qu'en détruisant cet édicule • comme on en aie projet, les terres se trouveront au-dessus du niveau actuel de l'église. Je dirai de plus que pour arriver à l'assainissement si désiré , il est important d'établir un pavé incliné autour de l'église , à la place des terres du jardin absorbant les eaux, qui s'infiltrent ensuite dans les fondations. Après avoir pesé toutes ces raisons , les membres de la nouvelle commission ont déclaré adopter en tout point les observations et les conclusions pré- sentées par M Boucaumont dans le rapport qu'il a fait en 1850; en conséquence, la commission prie M. le Maire : l*" de faire immédiatement toutes les démarches pour rendre la ville propriétaire des terrams qui touchent le bascOté gauche de l'église et les constructions teintes en Jaune sur le plan , et indiquées par les n"" 1 , 2 , 3 , 4, 5, 6, 7, afin d'a- grandir, à l'aide du jardin dépendant du n* 1 , la place qui s'étend devant le portail septentrional et se prolonge jusque derrière l'abside centrale ; puis d'établir une rue parallèle aux nefs, et dont la largeur égaierait la profondeur du croisillon , pour communiquer de la place latérale à la cour qui pré- cède le portail occidental. Une pente inclinée con- duirait les eaux à la rue du Charnier. 2' De réclamer de nouveau auprès de M. le Mi- nistre de la guerre la portion du jardin de la manu- tention dont il a été parlé plus haut , en lui exposant les motifs impérieux qui déterminent cette demande, et en rétablissant les faits précédemment exposés. S"" De supplier le même ministre de concéder à la ville la chapelle qui s'étend le long du bas-côté mé- ridional , pour remplacer la sacristie , qui doit être détruite. Cette chapelle ou cloître date des dernières années du XIIP siècle, et serait par ce moyen rendue à sa destination naturelle. Elle ne parait pas être d'une grande nécessité à la manutention ; et dans tous les cas, la ville pourrait s'engager h faire cons- truire à ses frais, dans la eonr de la manutention , un magasin pour la remplacef . La commission a bien l'espérance que Vétat accor- dera de nouvelles allocations qui, jointes aux sommes considérables que la yilie consacre à la restauration de Féglise Saint-Etienne , compléteront ce monu- ment 5 dont Nevers se glorifie à juste titre. AIMPeHDICBS k LA PABTIE HISTORIQUE ET ABCBâOLOGlQUB ET PIÈCES JCSTIFICATITES. H" i. Le plan par terre de lléglise de Salnl-Étienne , que noas donnons Id . est le plan primitif, tel qu'il était avant qa'eii 1/|75 on eût défiguré cette église en y ajomant la sacristie et lu chapelle de la Sainle- Vle^. Ubds le projet de restauration ce plan doit être rétabli. Vécheïie est de trois miltimètres par mètre. • M* a. PlTtslenrs des auteurs qui onf t&re de Saint-Etienne , ont prétei église antérieure à celle qui ( Golomban. Cest ce que disent P histoire manuscrite deséréques, rie. Snr la fol de Parmenlier, ni qneur,]e m'étais aussi rangé de étode plus approfondie de la c coDTalDqait que Glllet et les auteurs ûeY Album du Nivemaù avalent en raison d'adopter une opinion contraire en attribuant à saint Golomban la fonda- tint prfcaMre.' ^.Unptssafedela charte de 1063,- obscaraapre-' mter ibord. a pu donner llea A cette erreur ; on parie d'une égUSe^l est tombée entre les mains d'hommes pervers , puis on enire dans les détails Se la fondation fatie par saint Colomban , mais il est évident qu'il s'agit de la même église dont 11 a été question dans le préambate; les mois de quo prati- bavimus détruisent tout doute à cet égard. J'ai cm qu'il était Important dans la traduction des chartes de me rapprocher le plus possible du latin et de conserver toute l'originalilé de l'expres^on, aax dépens mêmes de l'élégance. H" 4. Saint Colomban honora deux fent faire enterrer ^nt Eulade dans Ti^gUse SaiotrÉtieune qui n'e?(ls- tait pas encore. On pourrait cependant objecter, -^ 160 — qu'en admettapt que relise de Sainl^âtfetftie or été construite postérieurement à la mort de saint Eulade, on a pu ffiire à Tégard de ce saint ce qui se prail^ quait pour d^autres, élever use égl&e sur son tom- beau. Mais ici surgirait une autre difficulté; s'il en Q()(été ^insi^ réglise eût porté le nom de Saln^Eulade et non e^Uki de Saint- Etienne. Les dernières éditions du bréviaire de Ncvem oift confondu saint iEolade avec saint Eulade; cependant on e$i forcé d'admettre saint ^oiade au nomlire de nos évoques , sa scmscription se trouve sur les actes du âeconct concile de Lyon : Moladius in nomine X^^ episcopus ecctesiœ Niver^ nemis subseripsi, * . ' ' ' N* 15. ■ ; LISTE DES PRIEURS £è SÀINT-ÉTIENNE. 1 Pierre I<", institué par saint Hugues; il gouverna avec sagesse le monastère depuis Tannée 4097 jus- qu'en 4157, % Bernard lui succéda en 4457; il obtint en AlBt des lettres de confir^inatioQ du . ps^e Alexandre: IfiL - en faveur de son monastère ; on le retrouve^ en 4473. 3 EuDE paraît en 4 4 80 ; trois ans plus tard il obtint du pape Luce III des lettres de protection , qu'il fit renouveler par les papes Urbain III et Clément III. Ce fut lui aui obtint une charte de Philippe-Auguste pour corroborer les engagements de Pierre de 6)ur- tenay. 4 Pierre II, vers 4200, 5 AiMARD obtint d'Hohoiriiis Ui, en 4223, une bulie confirmantles immunités de son monastère. 6 Gilles, 4226-4234. 7 Arnault, 4237. 8 Pierre m, 4244. 9 Ogibe, 4248. 40 Jean l^ Chereau, 4273. ; 44 Henri de Povst, 4273-4275, 42 EuçuES, 4290. - tôt — 43 ÉTIBNNB, 4S87. U Guillaume de Gambon, 4297. 45 GuT, 4304. 46 JsAN U, 4344. 47 Pierre IV de Beaulne, 43... 4ft GuT DE BtoiE» 4327. 49 Jean m, 4330. 20 Hugues II de Barrois, 4340. ^4 Benmjbt Ghappotb, 4356*4363. 22. RoBKf^T DE Ghateauneuf, 4365-4383. 23 1 Louis DE CUANTEMERLE, 4^90. 24 Guillaume II de Fissey, 4395. 25 Jean IV Cha^Aux, 4446. 26 Jean V Bourbonnat, auparavant cellerier de La Charité, 4427. 27 Martin Pagan, 4435. 28 Guillaume RI Nanty, 4439-4464. 29 aniLUAVMÉ I¥ Gniou^ 4463«4i72. 89 PiBBBE V PVMS , 4 i74. 34 Plfi^JBERT DE LA VeRNE, 4479. 32 Jean VI Gautheron , 4 465-4 472. 33 Claude de Laige, 4485. 34 François dé la Vè^He, 4490. 35 Guillaume V Labbe, 4562. 36 Antoine de GiUswt, 4507-4540. 37 Iran VH db Ghaveaux, 454 3-4 53*4. 38 .François le Bouag^in » premier prieuF commenfla^ taire, 4534. 39 Léonard le Bourgoin^ par cession de son frère, devint prieur de 4 567 ^ ^ ^6* 40 Etienne de Favardin, 4577. — Il était docteur en décret , vicaire général d'Amauld Sorbin , conseiller «t aumônier du roi. Il avait été reiigieax prèles de LA Charité ; il devint prieur par:eesBlonv Sous mù admi- nistration il rétablit le monastère et en avgmevbi les revenus, et orna Téglise avec magnificence ; il mourut en 4600. 44 Henry Girard , de simple moine chargé de la sacristie^ devint prieur. ïl ne le cédait à son prédécesseur ni en piété* ni eh générosité ; il ^viftt p^ocurear-générttl dé touti'or Are de Glony . — Il «lùtourut en 4 m. 4^ ANT<»Ntt F*oidi»itbD réÇiit dà sèi^verhiri bontife le pi^ieM encimnmeiiéeen463âr. -'>'"' ^ ' 43 HuBtRT RoLiÈT , gràn(Hnileur âa Gtey, di^itm ptf éttr 4ft6dntrÉlmiepar et quod beue. consti- tutum est, ne proruat videre, et quod dissipatum deprayatur in mellus redintegrare. Gum vero in bac brationis frequentia meus incessanter animus perse- veraret , venit quidam clerlcus nomine Hugo , nepos meus, nostraique ecclesiae decauus , qui medletatem hfijus olim abbatiœ , nunc jam nec abbatiae , nec penè ecclesiae , habebat a fratribus meis , qui eam tenebant à comité , videllcet domino Willeimo , io beneficio, dicens se inyenisse secundum fragilitatem sœcuUbôni testimonii clericos qui irriguum inferius, quod est tfanor Infemi , et irriguum superius « quod est amor Del , secundum sul possibilitatem in b^c basilica Ubenter procurassent. Unde cum de consoIaUone eccieslas quod volebam àndlrem,dom1numWilleImumcomitem regali génère natum, et magniflcum virum, qui hujus loci altaria ex episcopali dtgnitate tenebat, et fratresmeos Hu- gonem vicecomitem, atque Leonem more episco- pali exorandp m6nui> et monendo deprecatus fui» ut inhac fabrica pietatis ciànum Qiitterentj et in restau- ratione corporis ecclesiae corpus peccati pro certo destruètent Qui ut sapientes meae saluberrimae exhortation! bono animo acquîeverunt^ et auxiliante Deo, iit in unum omnium convenit sententia^.cano- nlcum ordinem In hac ecclesia essè, semperquç fore decrevlmitethis yero firàtribus^ quos hic in Del nomine et canoidco orâine cébgregamus, Beati Sylvestri — 165.— papae Romani rq^^olvn (^«nlibasi^c pAQperrimaiB ecclesiam ab ottini servitutis no46 sôlut'am ^ pro 1)^1. amore co&cedimus. Indigoum enimy^déjadicamos^j Qt qas est sponsa Dei^ et mater nostrà^nobis ad ser- viendum sit subjecia. Qaapropter et ut melius aedUicent « et io ea labo- rando desudent , et de suis proprietaUbus eam bono- rando ampIUlcent, illis et omnibus posteris eorum banc chartam perpetualiter firmamus , et adstipu- , lando in infinitnm firmissime icôrroboramus. Nos ergo auctoritate divina solidati , quae vendentes et émeutes flagellando de templo ejeclt , omnino pro- bibemus et excommunicamus., ne prœbenda biyos loci > yel aliquid ecclesiastîcae dignitatis alicui ven- datur , seu ab aliquo ematur , neaue Simon IVlagus htc lucrandae cupiditatis evacùet sacculum f, neç Judas traditor Doinioi mercator pessbnus denu6 vendat Gbrîstum , sed procul omnino exclusa totius pecuniœ nequitia » frater probabills vitae a cœteris eligatur, et immunis iilis Juogatur, et qui in. bac cpn- gregatione voluerit esse major, sit îUorum serrus et ministrator. Ipsi vero fratres ex se ipsis cum depre- catione Dei priorem ellgant, qui illis praesit canonice^ verbo et opère , et totius mentis intentione. In Dei nomine Tebementer prohibemus ut neminem buic* coDgregatloni , adjungat, nisi illum quem cœteri fratres idoneum aestimatum praesents^verint. jt^rater quoqne adjungendûs veluli' in proximo niorituros qualiscumqne sit dives seu pàup^r sapienter. défi*, niendp sua dividat , et deinceps Ananlas et Sapbirae , qui non ex alieno^ sed ex suo perlerunt, proprie- ^ tatem non babeat . Igitur e|^o Wilielmus memor Salomuis dicenti^ : . Dmtiœtinredemptio animcBejus; pro salutefmimae meâe, et omnium parentiim 9c fidelium meorum ^ reddo ac concedo omnipotent! I)eo9 et ^anctaè M^rïas^, atquae sancto Stephano, cœteris^ue sanctis ibi venè-^ ratis , et canonic» ibidem sei^yiëntibus ac servituris^. per laudationem domini Bugopis episcoid et jiomini Gçitt'ridi Autessiddorensisjprœs^li^i neq .i^pn^p^jifri^. '♦•i. — 166 — méafi y et nxoris me» , et fil! tnei Raginaldi , et cœte- roram meorum Willelmi atque Roberli y et filiaram méaram y et Hugonis vice comitis , et frairum ejus Leonis et Ragfnnldf , qtiibus hoc beDcfidum ex me dtscendebat; hospitalitates hominam et equorum » et ]asticiam omnium homlDÙm ibi manentiuro , om- nemque consuetadinem hajus abbatiœ , quam ibl habebam ; omnes quoque terrîis tam acquisitas quàm acqairendas, qnascnmque ad saura commane proficaum revocare poteruut, reddo, dono et laado, et omnibus fidelibas mets laudare facîo. Et ut haec charta firma stabllisque et inconvulsa permaneat > manlbas et nominibus nostrls eam flrmamas. Actum Nivemi tertio nouas roartii , indictione decima-qulnta, anno ab Incarnationc Doraini mîlle- simo sexagesfmo-terlio, régnante Philippo rege anno tertio , regtmen santae Romans ecclesiœ gubernante Âlexandro papa anno secundo. Signum Richcrii Senonensis archiepisçppi , S. domini Hugonis Niver* nensis episcopi y S. domini GofTridi Autissiodorensis episcopi y S. Hugonis decani , S. Malguini archidia- coni y S. eaufrld! thesaurarii , S. Odonis Cantoris « S. Cosbcrti cditui y S. Ragenardi abbatis, S Ranulfi presbyteri , S. Odonïs presbyteri.S. Rodulfi presby- teri, S. Galdlni dlaconi, S. Rodulfi diaconi, S Landrici diaconi , S. Roclenl subdiaconi , S. Agmardi subdia- coni , S. Hervei subdiaconi^ S. Falconis subdiaconi , S. Guillelmî comitis , S. Ragcnaldi fiiii ejus, S. Guil- lelmi filii ejus^ S. Roberti filii ejus, S. Hugonis vice- comitis^ S. Leonis fratris ejus , S. Ragenaldi fratris ejus, S. Frodmundi mi1itis,S. Roberti mîUtis , S. Ra- genardi militis , S. Landrici militis , S. Falconis militls 'y S. Gosberti militis , S. Elraldi militis y S. Bemardi militis . S. Ragemundi prœpositi. Odo cancellarius scripsit mense Martio Ad landem sancte firmatur Marie. Hœc charta confirmata est in concilio Gabilonensl anno sequenti cum hîs subscriptionibus. f Petms Ostiensls episcopus legatus Romans ec- clesiaeflribavit. fRicherinsSenoneDsisarchiepiscopus - 1« — firinavlt. fUgo archiepiscopos Sisontians firioavlt Ermenfredns Sedanensis episcopus firmavJt. Signan Haimonis archipraesalis Bilaricensis « S. WalterL priesBiis' Meldensls, S. Nivernensis epfscopi HagoniSi S. n agonis Gluniacensis abbatfs. Agano Eduensis episcopus firroavit. S. Daranni praesulis Tolosensis , S. Ro^agnl LactateDsis episeopl , forsan Luterensis velLodovensis, S. Goiffredi AolissiodoremBls qiiscopl, S. Achardi CaUlonensis episcopi, S. Drogonis Maâs^ couensis episeopl , S. Aderici AvreUanejisis episeopl^ S. Asionls abbatis Edaensls eoenobii sancti Martini , S. Odonis Flaviniaceosis cosnobii , S. Pétri , S. GIrald! abbatis Trenorcensis cœnobii sancti Filiberti, S. Sein* iiredi abbatis Gabilonensis sancti Peiri , S. Araidi ablMtis Bremensis , S. Walterii abbatis Fcrrariensis, S. Girberti Senonensis abbatis sancti Pétri , & Wil- lelflii abbatis Iciodorensis . S. Gurjonis abbatis fial- mensls ^ S. Tcbaldi abbatis Yiridiacensis. Acta sunt autem bec octavis S. Laarentii XYI kal» Sempfembr. in Gabilonensi conciilo, qui prefolt Petrus coguomento Damlanos^ S. R. E. legatnset Ostieosis episcopus , anno scilicet ab Incarnationé Salvatoris M. LXIin , régnante Philippo rege friuH oorom anno III , in prima yero sequenti festivitate nadvitatis sancte Marie quando predictus Hugo episcopus in bac eadem ecclesia, de qua loquimur^ présente clero et populo nec non comité Hf illelmo nrissaui celebravit^ fuit iterum recitata bec carta cum magoo làvore totius popnli • presentibus etiam Gosberto milite cum uxore et ftliis ejos , atque Hu-^ gonevice comité. Odo cancellarius scrlpslt in mense Sept. Gosbertus edltuas recitavit \ * On a pir remarquer que Torlhograpbe latine varie dans la même charte ; souvent i'e simple remplace r gratinfo et^mtoericordiMo, iUios per divérsas regloDea 6Uliienitl aancti. viri , ^i ejas preventi gratta ^ spvefa .mnoiâo et calcatis vUife diaboli ^ cniceni soatti fc&rimdo^ eju3 loagisterio se snbdideraat et jago leni. Exiiiuibiis pater GotumJbaniis de Ibernia nobittpro- sapt9 ortns» pro amore e}as ad Gattias transitam faciens, umUorain cœBoMoram ibideiû ùindator exstitit devotus» teiapcire Tbeodoiici régis Francomm q«ji jeQaiftem patrejpi de regno sao ejlciens, ad mal- toriaoï. saliite» JtaMam Ire compolit^ Ex qutbii^ in sid)iirt)i<^ Nifernen^s, urbis untim exatttitjîi heoore llQat» ttariie s^nip^ firginis ,. et ^ancii StephasC protomarty? te xf i » qnod yalde reUgiDsmD fâtese^ et oJmruiQ adbac ovil4i$ patetlndkiis^ cajos^niiiia cum pfur i9uUa>anoQrum oerricola immiserata niaiieret* i|Q». iDeccaUNT^ et.indigoi .Maiguimis Nivemensto eptacepîiSy.et i!ome$ eMusdem arbb WiUelnms» et Saga ipsiaseccleste Mi^nensis decanus» adjiiiictis< miM$ Hugwe vieecQndte»; et fratre.ejus Leone cMin Gawb^Q mUMe, prœmte^/baniiii osiDiom anctor rit^e» et deno Geraldi «lerici jam aliis canoolcia defunctis adhuc eidem Uko presideoti f cœteris eti^m clericis landantibos qui jam ex parte manom mise- rant , ut se eidem loco attitnlarent , donamns et 3tabMi QirxQîtate cpocediiniis esundem ecclesiain^ et emniâ que pertinenl ad eam Domino Deo et sancda apostôlis ejfis Petro et iPaalo ad locam Clupiacum , nbf dominas Hugo àbbas prœesse.Videt,ur, et dimit- timus omnes malas consuetudines qûas ibi habe- bamus^ et ita liberum et absolotum reddimus, ut ab — 16^ — hodierna die et deioceps Dallas mortalion ibi aii- quid reqairat nisi Deus sancti aposloli ejas Petras et Paulos, et locus Ciuniacus, et aijbates et monaciu qoi ibi servirent. Si quis autem. quod fieri non credimos , contra liane nostre donationis cariam in atiquo secns egerit , nisi resipuerit « imprimis iram Domini Del incnrrat , sancti qaoqne apostoli ejus Peirus et Pauius , qnibos protestatem dédit ligandi et soiyendi in cœlo et in terra, ei januam vits ciaadant. Qui autem conservator exstiterit absoialionem suorum peccatorum ab eisdem apostolis consequi mereator. £t ut bec carta Arma et stabflis maneat , raanibos nostris conirniavimos , et testibas robe- randam tradidlmus. Signum Malguini Nivernensis episcopi , S. Y^illelmi comitis et filiorom ejos Rai- naldi et "Willeimi , S. Geraldi canonici , S. Hugonis decani, S. Hugonis vicecomitis et Leonis fratris ejas, S. Gauzberti militis. Facta aatem foit hec carta aeno M. LXVill ab incarnatione Domini nostri Jesu Cbristi 9 epacta YI , indict. XI. N° 19. TESTAMENTUM HCGONIS EPISCOPI (1074). In nomioe Jesu Ghristi filii Dei vivi. Nolum sit omnibus sanctae matrisecclesiae filiis tam praesentibus quam eoruni posteris, quod ego Hugo sola Dei gra- tuita bouitate, non mei recompensatione meriti, sanclaB Nivernensis ecclesiœ episcopuslicetindignus^ testamentum de bonis que micbi de episcopatu pro- Ventura sunt ad laudem Dei et honorem institui precipio, ei quemadmodum quelibet persona iaicalis uxorem sibi légitime vinctam juxia mundanœ legis traditionem dotât de bonis suis terrenis et honorât , ita ego sponsam micbi spiritualîter vinctam, banc videlicet ecciesiam de bonis meis supradtctis bona voluntate et bono corde doto secundum traditionem sanctorum canonum et honoro , taii videlicet modo f ut quandoque micbi ex Dei voluntate de bac '*'Ua caduca migrare contigerit, medietas bononim meo- 12 — 170 — ruin de episcopatu , tam îd pane , quam in vino ; aoro et argento , et b^stiis omnique suppellectili , tamen persokito prius, si qood fuerit tUDC temporis, meo debito, caDonicis Deo sanctoque Cyrico die nociuque servientibus ex meo jussu et dono tri^ baatur ; altéra vero bonorum medietas rarsas per inedium dividatur , quorum unam partem peregriuis et vidiiis in domo Dei infirmantibus ; partem vero akteram monachis in monasterio S. fiiarie sanctique protho * Stepbani in suburbio nostre civitatis ser- Tientibus erogari precipio ; in quo scilicet monas- terio michi sépulture locum elegi , si quidem in hoc vel altissiodorensis episcopatu michi obitus evenerit. Si quis vero alio modo fecerit , vel hujus testaroenti ratam firmationem aliquatenus violare praesumpserit, disperdat illum Deus , et ex divina auctoritate el oostri ministerJi potestate anathematis sub vinculo tendiu teneatur , quoad usque Deus in hoc presenti vita acriter in eum ulciscatur, et respondeat clerus et populus, liât 9 fiât Becitalum est hoc testamen- tum in civilate Nivernis in ecclesia S. Cyrici , anno dominice Incarnationis M. LXXniI, indictione XII, in calend. Nov. fer 1" « quando idem ipse episcopus Hugo in sede pontlûcali intronisatus est, adstantibus et audîentibusGosfrldo Âussiod. Episcopo, etWillelmo comité, aliisque primatilms multis , una cuni clero et populo civitatis. Recitatum est autem 2*in sequenti septiraana in pleno synodo. Rainerlus vero dictavit praecentof ecclesieet scripsit, régnante Philippo rege Francorum. N* 20. CHAETA FUNDATIOKIS SEU DOTATIONIS IIONASTmiI SANGTI STEPHAm NIV£]INENSIS. (1097). In nomine sanctœ et et individu» Trinltatis , Palris et Filii et Spiritûs Sancti , ego Yuilielmus , Dei grâttâ Nivemensis comes, notitife tam praesentium quam futurorum 9 litterarum apicibus , tradere volo 9 ne * In cbartulario omitlitur tox martyrit. — 171 -- aliquâ velastatis abolitione in oblivionero veniat Tentiirae posteritatîs , qualiter monasteiiom , cajus prlmus fondator extiterat B. Colombanus, in booore Nativitatis Salvatoris nostri Jeso Cbristi, et Béate Maris semper /irginis , gloriosfqoe Protomarlyris Stephani , necnon et dilecti Domini discipuH saocti Jobannis Evangelistae , Sanctoromqae iDnocentiom iQ suburbio Nivernensi , propriis soniplibas resdi* ficavi, possessionibas ampliavi, ornaraentis eliam Ecclesiasticis decoravi , atque ab omnibus exactio- nibus sea consaetudinibus liberam , domno Hagonl abbati Gluniacensi , et per eum Giunlacensi Ecclesie perpetao possidendam , ordfnaodom , et disponen- dam cum omnibns pertinentiis suis tradidi. Ego enim VaiUelmus divins pietatisinspiratione compnnctus ad memetipsum redicns , cœpi mentis oculum in con- templationem rcrum transenntium inûgere , et in Us qn» in bnjQs nostri ruentis semper in détériora 9(ecali cursa flunt, plurimnm immemoravi. Gonsi- deravi itaqne et vidi^ quia, juxtasapientis rarisenten* tiaiD omnia vanitas , et veritas non est in eis : tanta enim inest in bis varietatis transmutation et defiden- tlum , mrsuroque sibi succedentium rerum vicissi- tndinis obumbratio , ut nibii fere unquam in eodem statu permaneat, et folio quod a vento movetur et rapitur ^ omnia comparanda esse videantnr. Unde et veram esse cognori iilam dé bomine sententiam qaa dicitnr 9 quia omnis caro fœnum , et omnis gioria ejus sicut flos fœni : quae quidem David con- firmatur testimonio^ quadicitur, homo sicut fœuum, et dies ejus tanquam flos agri sic efflorebit. In Joli quoque legitur , quia bonio sicut flos egreditur 9 et conteritur , et fugit veiut umbra; quid igitur amplius babet bomo de universo labore suo quo laborat snb sole? Transeunt enim cuncta quae temporaliter obtincntur. Sed et bomo in imagine pertransiens tbesaurizat^ et ignorât cui congreget ea> quia cum Interierit non sumet omnia , neque descendet cum eo gioria pJus, jnxta iilud^ Nodus egressus sum ex utero matris mes , nudus revertar illuc. His igitur , — 172 — vi aliis quamplurimis hiyasceiuodi serinooibus et exemplis per religiosos et litteratos viros edoctus et instruclus , ccepi de salute animae mese sollicite cogU quemadmodum ab intaentlbus vider! potest , cons- tiruxi. Claustra quoque et officmas, quae fratruœ numéro Deo inibi famulantium suffîcere possint^ cumcapeUainGraitirum aedificaro curavi. Ornamenta quoque ecclesiastica , eidem loco contuli , duas videiicet cruces , unam auream^ et aiiam argeuteam, textumque argenti deauratum » thuribulumque ar«- genteum « et capsam argenteam, duo qnoque paria — 173 — candelabra de argento « cum calice aoreo , et tribus capis 9 ac una casala. Ad substantatloDem quoque servonim Dei inibi commorantium , meorum utique in cœlesti curia , advocatorom , dono » et concedo Deo, et Beat» Maris semper Yirgini necnon glorioso Protomartyri Stephano y cœterisque saoctis ioibi veneratis et supradictis fratribus Gianiacensibas , eoramque successoribus , totom burgum sicuti modo pro bargo habetur , aat UDquam roelius habebiiur qai Jam ex re nomeD bâbens, Burgus sancii Stephani appellatur , cum terra et hominibus inibi hospitatis sen hospitaturis , omnibusque consoetudinibus quas inibi habebara , nibii mibi penitus in ea retin^^ns. Sicut enim de meis peccatis nullum mibi a supremo jodice in die extremi examinis volo reservari , sed potius omnia condonari , ita et in hoc dono nibil mibi retineo, nihil reservo, sed totum qoidquid illad est, quod ibi habebam^ vel habere poleram , si banc donationem non fecissem , Deo et Beaiae Mariae semper Virgini, ac beato Protomartyri Ste- phano et monacbis ejusdem loci dono , et concedo : nisi quod si forte bomines de terra mea pro tollenda consaetudine mea, se mibi subtrahendo hanc terram ad habitaodom deiegerint , Prior quidem habebit in eis consuetudines et justitiam suam sicut in cœteris bominibos suis ejusdem bnrgi , mibi tamen serviant sicut bomines mei. De alia vero terra , vel provincia quicumque adveniens , hanc terram ad habitandum elegerit, liber sît ab omni mea, meorumque borai- nnm justitia, é\ consuetudine , monachisque tantum serviat, et respondeat. De cœtero sint onines ho- mines hujus bnrgi terram iubabitantes, faturis semper temporibus liberi et immunes ab omni exactione , JQsUtia et consuetudine mea, meorumque hominum : et nulli unquam nisi Priori 9 et fratribus ejusdem loci seniant , vei de aliquo forefacto respondeant : nnitique unquam baeredum , vei hominum meorum , liceat banc a me traditam, et concessam libertatem, atque immnnitatem lu aliquo vioiare , vel supradlcti burgi homioes qualibet occasione inquietare. Llceac ~ 174 — quoquc cis inercatores et viatores omnes quicunique apud eos hospitari volueriiit absq ; ooiai coQtrsràic- tioDe bospilio recipcre^ fenestras et baonos maocili ad vendenduni et cinendom , sicui cis expedierît , et Priori placuerit, iiabere. Quando ego baûQum fecero de anoona mea , vel vino , iiomines illius borgl non observent banc conditionem » sed omni temporc liceat eis veudere et eniere in omni terra monacho- rum, secunduin arbitrium l^rioris. Si forte bomines meos oporlueril ire in aliquani expeditionem^ sea alicujas mandat! mei executionem , bomines istius burgi semper iu pace remaneant Sofficit enim mibi ut domini eorum moLacbi fortiter pro me apud Do- niinum intercédant. Si macellarii de alia terra ad hanc« causa vcndendi carnes advenerini» ego et domnus Hugo Nivernensis episcopus donamus» pro Deo , et concedimus monacbis iiifirmis consuetudiues nostras. Quod si bomines bujus burgi dueiium inter se firmaverint y îu arbitrio Prioris erit facerc de eis quod voluerit. Si cum bominemeo , seu cuin homine alicujus bomiub mei bomo istius terrae belium fir* maverit • et placitum coram me , aut côram Prae- posito , seu coram aliquo bomine meo actum fuerit, si Prior, vel legatus suus interfuerit , accipiet flde- jussores , et justitiam de bomine suo , siculi meus Prspositus accipiet de sao. Si vero ad placitum ex parte primi » qui boc faciat^ non adfuerit, praepositus meus accipiety loco Prioris , fidejussores, et justiliam de bomine ipsius : et mox ut eum vel niinistrum ejus Invenerit , iuvestiet eum de justitia et fidejusso- ribas sui bominis sicuti investiturus esset , si praesens in causa fuisset. Similiter et Prior faciet de bomine nostro , si coram eo placitaverit , et opus fuerit. Quod si aliquis reus timoré perterritus fugiens bujas burgi terram inlraverit^ ex quo pcdem in ea ha- buerity non sit ausus aliquis eum insequi , vei apprebenderc . seu quabbet occasione ipfracturani aliquam in eadem terra facere, sed sit qaqsi in ecclesia securus et liber > quantum bijgus terrae tenet capacitas. Quptquot autem bujus burgi fuerint habi* — 175^ — talores , facnUatem habeant uteiidi omnibus oppdr- tnoitatlbns et aisantlis, in aqois, in pascuis, in sylvis, In mercatis , et in nondinis, atque in viis , et semitiSy sicttt cceteri bomines roei sine omni contradictione, tam in ciTitate quam extra civitateni. Prœterea eg Voillelmus , et ego Hugo Nivernensis Episcopus dcMiamas bujus loci Fratribns Gluniacensibns cnr^ som , et usnm per omnes syl?as nostras ad calefa- dendum , et ad aediflcandnm , et porcis eoram pastinatium ; ego qnoque Wiilelmus cornes dono eisdeiB Monacbis terram et claosam vinearum , et censum , et qaidqald tenebam ultra croam , et ad S. Benignnm. Donq « et concedo eis , ut bominei advenae qui bic bospitati sunt , vel hospitaturi iibeii sint ab omni mea eonsuetudine. Dono et vineas Gementis bsBretici , et vineas de Bussillaco , qu» fuerunt matris me», et bereditatem Rainaldi de Valiano , et allodium quod babebam Vernaco , et terram de l'orgiis cum hominibus^ et consuetudinibus suis. Dono etiam feudum de Moysiaeo, qui est prope castellum MontiS'Onesii quod est in casamentum, et quod babebanl in dominio apud castruro Mon- eeilom : dono eis similiter allodium meum de Mar- cilliaco , in quo pars borgi videtur esse quœ adjacer castra, et capelias de Monceliis, et ea quae ad capellas pertinent. Dono etiam decimam Salmonum raeoram. Hugo quoqne de Montiniaco pro amore meo concessit eis Ëcciesiam cum curte de Luxiaco , et eaqns déterra Ecclesiae quolibet modo acquirere potuerit, quia ego liberavi eum de captione Ârcbi* baldi Burbonensis. Engilberlus Mirepes cum uxore sua Elisabetby et filio suo Rainaldo concedit^et reddit molendinnm de Moysiaco cum aqu£ ductu et terra quœ est in circuitu. Prœterea egodedi eis allo- dium de Mellerano, et concessi terrulam quam dédit Bonifacius presbyter juxta Gampum^ertum, apud veterem croam, in Tilla quae vocatur Chevinias, juxta Alvisiacnm, medietatem decim» de annona qu« ad bunc locum pertinebat ^ redimo et reddo sicut coetera. Rodulphus de Essartis dédit vineam , — 176 — et moâteum allodM pro me , et morte Cddonis Ti- tionls apad Campom vertam. Dono très ramatas in flumine proximo quae fuerant Hugoni de Luperciaoa. Conceck) et Ecclesiam S PetrI quae est in sabarbio Niveroeosi : terram qiioqueet censamyquae Otivarius babebat in sopradicto burgo, dédit pro amore meo, Jiifantibus suis laudantibos Gosberto , et Francone com aiiis suis, ex cujus iœdo pars quidam erat. Ego vero coDsuetudines quas ibi habebam dimitto. Super h»c omnia laudo>dono, concedoet confirmo, ut quicumque huio nostrae elecmosynae fundamento superaedificare voluerit, et de iis quae de bénéficia vel fœdo nostro descendent 9 bujus sostri dont augmentare quanlitatem » liceal ei boc Càcere , et Monacbis absque aliqua baeredum meorum contra- dictione recipere. Hsc autem omnia sàcut scrîpfa sunt doDo , concedo, et conOmo Deo, et B. Mariae semper Virgini, glorioso que Protomartyri Stephano, cœterisque sanctis in iioc veneratis, et domno Hugoni sanctissifflo Gluniacensi Âbbati, domnoque Petro Priori 9 et cœteris fratribus Gluniacen^us Deo in boc loco famulantibus y eorumque successoribus, laudante et concedente nepote meo "Willelmo 9 et Reginaldo Pra^posito • cœterisque Baronibus meis ^ et fideiibus. In dedicatione quoque bujus Ecclesis , quae Idibus Decembris facta est , acta est solemnîter base donaiio, praesentibus venerabiiibus Epîscopis, vldelicet domino Yvone Gamotensi , Guidone Niver- nensi, Galterio Gabiionensi, Humbaldo AUissiodo^ rensi et ante altare gloriosae semper Virginis Madae, gloriosiqoe Protomartyris Stepbani lecta est haec carta, et confirmata iu conventu et audientiaeorum* dem Episcoporum^et Wiiielmi nepotis met, ccetero* rumque qui affuerunt Gierioorum et Laicornm.Igitur (Sgo Ivo Garnoteosis Episcopus bujus sanctae Basiiicae ûousecrator indigous, cum sodaiibus meis dominis supradiotis episcopis, prece , jossu et voluntate domini Willelmi comitis, bujus sanctae Basillcae fondatoris et cœterorum qui affuerant , excommuni* camus , et a liminibus sanctae Dei Eccleaifle seques- — 177 — CraiBo^ borum donomin calumoiatores» siveraptorc», sçn io aliquo defraudalQsres , nisi ad eiDendatioiieai et saiisfacliooem venerint Et quicafnque simillter in hujus ecclesi» terra infracturam fecerii, vel {>er irioleotia» aliquid abstulerit de ils qoœ huic Ecciesiae data sont , vel juste dabuntur , vel qaae modo quo- libet acquisita^ vel acquireoda sapt, maledictio illa saper eum veniat . quae io lege scripta est, Maledictas qui transfert termiuos patram suorum. Et quicumque baec negljgendo iofregeilt , maledictus sit sieut Da- tbaii et Abiron; pars ejus sit cam aposlata Juiiaiio , cum Daciano et Synione Mago : Maledictus sit oo* medendo, staïKlo, dormiendo, seu modo quolibet se babendo. Et qoicumque buic eccledœservierit^ vel secuBdum vires suas servitores adjuverit, par- ticeps sit iu eeclesiae beoefactis , et mercedem hic et in futuro recipîat. Amen. Actum est hoc anoo Incaroationis dominice miltesimo nonagesimo sep- timo^ indiclione quinta, regni Philippi régis Fran- cornm anoo trigesimo. N" 21. SCSCBMIO EUSTACHI DU LYS EPISGOPI NIVERNENSIS PER GIRÂRDCM PRIOREM S. 8TEPHANI (1606). Le 9 novembre 1606 , environ Theure de deux après midi , en préseni;e de nous, qotaires soussi- gnés, religieuse personne dom Henry Girard, prieur de Saint-Etienne de Nevers, avec toute la çommif- nauté dudit lieu , assistés de quelques autres ecclé- Mastiques , de quelques-uns de leurs officiers et de grand nombre d'habitants , tant du bourg dudit Saint-Etienne que d'autres de la ville de Nevers, eslans en procession avec la croix , l'eau bénite , les cierges et l'encens, au lieu de la porte de la Barre , sous le portail d'icelle , est audit lieu arrivé avec grande , noble et honorable compagnie . révérend père en Dieu M. messire Eustache du Lys , par la permission divine et du Saint-Siège apostolique, évéque de Nevers , lequel , après que ledit Girard — 178 - loi a eu discoara quelques propos de congratalation sur sa bienveDiie » ensemble la maDière observée des entrées de ses prédécesseurs , évéques dudit Neyers , et des sermens dus et accoutumés d'être faits par iceux dudit Nevers lors desdites entrées au prieuré et couvent dodit Saint-Etienne , ayant au préalable ledit prieur fait lecture et déclaré audit rieur révérend la teneur desdits serments, contenans en substance que ledit sieur révérend évoque }uroit etpromettoit, tactis sacrosanctis evangeliis ecclesiam saneti Stephani , ejus septa seu ambiîum non intrare quoms modo» nui a priare invitatus. Item, libertatem fcelesia prœdicta , ordinù Clumiixcensis , privilégia y ifurgi franehisiam tenere et inviolabiliter cofiservare , ûtihactènus per prœdecessores solitutti est fieri. Item , cansuetudines , observantias , usus et possessiones lau^ éfabiles légitime prœscriptas et approbatas ecclesiœ jnrafatœ et burgi conservare. Item , omnia dicta pri-- tnlegia sub pœna œtemdB maledictionis et privationis pretiosissimi corporis et sanguinis Domini nostri J. C, acillius damnationis quam Dathan et Àbyron sustin" nerunt y quos terra absorbuit ultione divina. Ledit sieur révérend évoque a fait et juré lesdits sermens sur un livre des évangiles, on ils étoient écrits à cet effet , à lui présentés par ledit sieur prieur, auquel ledit isieur révérend a dit et répondu en ces mots : Immunitates vestràs, privilégia conservare volumus et juramus , ea duntaœat quœ prœdecessores nostri jurare consueverunt. Desquels sermens ainsi prêtés par ledit sieur révérend évéque , et de tout ce que dessus , ledit sieur Girard a requis acte à nous Cbarles Sacré et Etienne Brisson , notaires royaux , demeurans audit Nevers , soussignés , que lui avons octroyé Fan et jour que dessus. Ainsi signé : Du Lys , episcopus Nivern. ; Girard ; Sacré et Brisson , notaires. — 179 SÉANCE OU 6 JANVIER 1853. Siègent an bureau : MiML Grosnier, président; le comoiaQdaDt Barat M. le Président fait part à l'assemblée d'une lettre qu'il a reçue de M. Morellet* par laquelle cet hono- rable membre de la Société Nivernaise donne sa dé- mission de secrétaire, et prie de lui choisir on remplaçant, la multiplicité de ses occupations ne lui permettant pas de continuer plus long-temps ces foctions. La Société exprime le regret qu'elle éprouve de cette détermination. Voyant bien par la teneur de la lettre de M. Morellet que toute démarche ayant pour but de lui faire changer de résolution serait Innutiie^ elle nomme à l'unanimité pour le remplacer M. Héron de Yillefosse, qui accepte , et vient immé* dlatement prendre place au bureau. M. le Président annonce qu'il a reçu le rapport de M. Baudoin , sur les fouilles qu'il a faites à Sahit- Révérien, au nom de \2l Société Française, H en fait la lecture. RAPPORT A LA SOCIÉTÉ NIVERNAISE DES LETTRES , SaENCES BT ARTS , SUR LES TRAVAUX ORDONNÉS PAR LA Soctété Française , pour la conservation des monuments, dans les ruines GALLO-ROHAINBS de SAINT-RÉVÉRIEN. Les ruines gallo-romaines qui recouvrent une partie des territoires de Saint-Révérien et de Ghampallement, dans la forêt de Gompierre et dans les Malges, après avoir été, de la part du gouver- nement et du département de la Nièvre , l'objet de recherches couronnées de succès, devaient naturelle'- ment fixer l'attention de la Société Française , réunie à Nevers en congrès archéologique au mois de — 180 — juin 1851. Elles farent en effet l'objet de discossioDS à la suite desquelles la Société Française, dans l'espoir d'ajouter aux lumières acquises , vota une nouvelle exploration des lieux. Désigné pour diriger ces travaux , je vous dois compte des résultats que j'en ai obtenus , aussi bien que je le devais à la Société Française. Pour la Nièvre, c'est une question d'intérêt historique tout local , et de plus , c'est aux recherches assidues et savantes de MM. Mélines, Charleuf» Barat et autres, ▼os compatriotes, que l'on est redevable des con- naissances actuelles sur cette intéressante localité. La participation du département de la Nièvre dans cette précieuse découverte, comme celle de plusieurs d'entre vous qui en ont eu l'initiative, me fait un devoir de vous transmettre ce rapport , reproduit en partie de celui que j'ai fait à la Société Française , en séance à Dijon , au mois de juillet 1852. Pour arriver à d'heureux résultats, je me suis autant appliqué à profiter des travaux antérieurs qu'ù consulter le sol oti gisent encore de nombreuses et précieuses dépouilles. £n me rendant sur les lieux , mon projet , dès l'abord, était de recheicher l'enceinte de la ville. Je fis dans ce but deux sondes qui restèrent sans résultat , ne pouvant point les continuer dans les terrains emblavés en dehors de la forêt, où je pense que cette enceinte peut se rencontrer sous le pli des terrains qui semblent la dessiner à l'œil. Tous ceux qui se sont occupés avant moi de recherches dans ces ruines, ont remarqué et signalé l'emplacement d'un fort où aucune fouille n'avait été fuite. Cet édifice semblait avoir été le siège de l'administration et promettre d'importantes décou- Inertes. Les tranchées que j'y fis exécuter sur plusieurs points me firent bientôt reconnaître que je sondais, non pas un édifice gallo-romain , mais une petite forteresse du moyen -âge, ayant eu à souffrir des ▼Idtôitudes des temps. Cette découverte ne me fit pas abandonner l'entreprise; j*espérais, en descen- — 181 — dant profondément, arriver au sol gallo «romain, ec d'ailleurs , il n'était pas sans intérêt de rechercher comment ce château , déjà recouvert d'arbres plu« . sieurs fois séculaires , avait succédé aux construc- tions gallo-romaines. Je fis descendre deux des tranchées jusqu'à quatre mètres de profondeur pour arriver aux fondations. On remua souvent des débris de la domination romaine, mais sans rencontrer de constructions ou de fondations de cet âge. Ces fouilles me firent reconnaître plusieurs dévas* tations et réédifications successives jusqu'au dernier désastre qui plongea ce château dans Toubli , comme il en avait été avant (lui de la ville sur les restes d€ laquelle il avait été bâti Pour procéder méthodiquement , je suivrai , dans ce rapport, l'ordre inverse des travaux, aftn de marcher comme les événements , qui se divisent en trois époques. PREMIÈRE ÉPOQUE. A quatre mètres environ de profondeur moyenney se trouvent les premières assises des fondations , sur le sablon du pays formant le fond des terres. £llés s'élèvent de soixante-dix centimètres, en moellon brut, et font retraite à cette hauteur. Le sol des appartements était à soixante centimètres au-dessos de ce dernier point. La forme du bâtiment primitif était celle d'un rectangle de vingt- trois mètres, de longueur sur une largeur mal déterminée , le mur au nordK)uest n'ayant pas été retrouvé en raison de la difficulté des fouilles dans un terrain recouvert de bois et où il faut sonder profondément pour les rencontrer. J^ignore également quelle était la di^ri- butioB intérieure de cette première époque , celle que j'ai figurée au plan ne datant quede la deuxième époque, ainsi qu'il en est justifié plus loin. Les murs avaient do un mètre- vingt centimètres à un mètre soixante centimètres d'épaisseur. J'y al reconnu une porte dans la façade sud-est , prèâ de l'angle sud ; son seuil subsiste encore actuellement. — 182 - Vers le milieu de la même façade est uoe autre ouverture ; enfin , dans le mur au nord-est étaient deux fenêtres à embrasures assez larges, mais n'ayant qu'environ cinquante centimètres entre les tableaux; leurs appuis pouvaient être à un mètre trente centimètres au-dessus du sol intérieur. Dans certaines parties de Védifice , ce premier sol était simplement en terre battue , dans un autre , j'y ai remarqué un parquet en planches de cliéne , posées transversalement sur des lambourdes et parfaitement de niveau avec le seuil de la porte. Quelque peu étendue que fût la longueur de la tranchée, il ne m'a pas été possible d'attribuer à autre chose qu'à un sol parqueté la présence de ces poutrelles et de ces plan* ches. On reconnaissait facilement que les bois avaient été carbonisés sur place par leur séjour sous la terre , quoiqu'il fussent recouverts de cendres et autres débris d'incendie. Bien que la maçonnerie de ces murs soit assez bien faite , à l'inspection des mortiers très-faibles en terre et sablon pris sur les lieux, il est impossible de reconnaître là une construction romaine. Ces mortiers ne ressemblent en rien à ceux des autres ruines du bourg, faits à chaux et sable de rivière. Les baies des ouvertures, comme les angles des bâtiments , sont en moellons bruts et sans pierre d'appareil Le premier 'sol que nous venons d'examiner est recouvert de quelques cendres, puis de matériaux de démolition , jusqu'à un mètre cinquante centimètres de hauteur. On y voit bien des débris de tuiles et de la poterie romaine qui proviennent évidemment de débris antérieurs à cette construction ; mais je n'y ai trouvé ni médailles, ni objets d'art quelconques, cela« sans doute, en raison du peu d'étendue des fouilles. DEUXIÈME ÉPOQUE. On peut reconnaître ici la précipitation avec laquelle le bâtiment qui nous occupe est sorti de ses - 183 — ruiues. Sans que Ton ait décembre les matériaux amassés sur le premier sol par suite de rincendie, le sol nouveau fut nivelé puis recouvert d'environ quinze centimètres de sable et dallé sur quelques points seulement. Le bâtiment fut alors flanqué de tours ou de contreforts arrondis, simplement accolés aux angles et pour ainsi dire sans aucune liaison avec l'ancienne maçonnerie. Ce qu'il reste de ce» tours est plein , et la construction est en maçonnerie et en mortier à peu près semblables à ceux des murs précédents. Les angles de l'ancien bâtiment subsis- tent en entier dans l'intérieur du massif des tours qui se sont écroulées plus tard en laissant les premiers intacts. Les divisions intérieures dessinées sur le plan datent de cette époque seulement On retrouve leurs fondations à quelques centimètres au-dessous du sol dallé ou sablé dont je viens de vous entretenir, et assises sur les matériaux de démolition de la pre-^ mière époque. La façade nord-ouest manque encore ici , ce qui prouve qu'elle n'a disparu que postérieurement à cet âge. L'apparition des tours semble établir aussi que le premier incendie ne fut point accidentel, mais le résultat d'un combat. A cette réédification succède une nouvelle destruc- tion dont on peut encore reconnaître la cause dans un incendie semblable au premier. Des cbarbons mélangés dans les décombres > des cendres répan- dues sur le dallage , des pierres rougies par le feu sont là pour eu faire foi. Cette seconde couche , soit qu'elle ait été déblayée et nivelée , soit que le désast- tre fût moindre , est beaucoup moins importante que la précédente ; son épaisseur est de quarante centi- mètres. Je n'ai encore tiré de son exploration ni objets d'art ) ni médailles , mais quelques fragments d'une sorte de verre à pied et de poterie avec vernis émaillé. Deux couteaux de table sans importance, un dé à cottdre. — t8û — TROISIÈME ÊPOQCE. Quel laps de temps s'écoule-t-il entre cette se- conde deslructioD et la troisième restauration du bâtiment? C'est ce qu'il me parait di/ficile d'appré- cier; mais on peut feconnaître que c'est à l'époque de cette deuxième dévastation que disparût la façade nord-ouest , qui n'est point retrouvée , faute de fouilles suffisantes. Les fonds à ma disposition ne me permettaient pas d'en entreprendre la recher- che , d'ailleurs m^iocrement importante. Dans ce troisième âge, le mur, de un mètre qua- rante centimètres d'épaisseur, qui a disparu entière- ment sur la façade et en partie sur les deux côtés adjacents 5 est remplacé par un nouveau mur seule- ment de soixante centimètres d'épasseur, presque sans fondations sur les mêmes décombres. Les tours n'ont point été relevées, et il est également difficile de dire si ce n'est qu'alors ou antérieurement que des fossés furent creusés autour de la place. Ces fossés paraissent occuper une partie de l'ancienne voie romaine ; les déblais qui en sont sortis forment une levée extérieure n'ayant pas même été ragrée dans aucun temps. Deux tranchées dans cette levée ont fait connaître une quantité de débris gallo- romains et n'ont produit aucun objet d'art ni nié- dailies. Après la reconnaissance du château moyen-âge , je me suis porté sur un point immédiatement adja- cent et séparé du temple par une rue transversale à la rue principale. Là les vestiges ne laissent aucun doute sur leur antiquité. Ce sont les restes d'un bâ- timent important qqe je n'ai pu fouiller que faible- ment sur une très-petite surface. On y remarque des fûts de colonnes et de pierres scttiptées, des murs peints à fresques, des briques d'hypocaus- tes, etc. J'en ai recueilli une médaille grand bronee de Faustine-la-Mère, un Probus et un Tétric k - 185 — peu près frustes. Le dallage était shnplement en béton. Quelques tranchées dans la Toie romaîDe joignant le théâtre et le temple et passant ensuite sous les fossés du Gbâteaii moyen-âge , ainsi que d'autres dans la rue longeant le côté nord-ouest du temple , m'ont fait reconnaître qu'elles étaient l'une et l'autre , au moins à leur cooch^ supérieure , tons- truites eiii scories de forges , provenant des amas coBsIdérabies que l'on trouve encore dans le haut du ruisseau de la Férolle , à six cents mètres des ruines , le long de la voie romaine. On en conclut ftircéraeiit que l'exploitation de fer, dont ces scories sont les restes , est au moins contemporaine de la ville antique 9 que nous verrons plus loin disparaître de la carte des Gaules avant la fin du IV siècle. Différentes autres fouilles n'ont rien fait connattre de bien intéressant. Si rexploration du sol m'a peu fourni , je crois avoir recueilli des documents plus satisfaisants en rapprochant entre eux les travaux de mes honora* hles prédécesseurs s«ir ces mêmes lieux. &mie part, M. Gharieuf a constaté les restes d'un incendie sous les premières assises d'un bâtiment tenant au temple par la façade. M. Barat , sondant la ville sur plusieurs points, a reconnu deux incendies avant la dernière dévastation. Les nns et les autres ont recueilli : Du premier sol , M. Gharleuf , une médaille con - sulaireen argent» famille des Flavcia; douze mé- dailles gauloises en potin , une treizième en plomb ; deux pièces de Ntmes et un Auguste , petit bronze ; M. Barat, deux nédaUlfts en bronze détériorées et presque inéconfiaissal>les4 qu'il attribue aux Gau^ lois; Du deuxième sol , un assez grané nombre de mé^ dailles, grands et petits bronze, depuis AugiKte jus'^ qu'aux Tétric et Glaude-le^-Gothiqae. 43 — 186 — D'autre part , M. Méliotis , dont le zèle ^ infatf- gnabie, a extrait de ces ruiDes, depuis ouze ans quil Ven occupe, environ cinq mille médailles, mais sans constatation de Fétage qui les a produites. Sur ce nombre , trois mille cinq cent vingt-deux sont re* connues et classées ; les quinze cents autres , bleii qu'également connues, sont mises de côté c;t ne figu- rent point dans le médailler. J'ai pensé que cette riche collection , lentemeni récoltée dans les ruines que j'étais cbargé d'explorer, devait fournir d'utiles renseignements. On devait y lire 5 par les lacunes qu'elles laisseraient , l'époque des dévastations signalées par les explorateurs du sol. J'ai donc cru devoir en dresser une liste sous la dictée de leur propriétaire. Le médailler de M. Mélines dit peu quant à l'époque du premier incendie, qui semble être arrivé dans le commencement de la domination et non pas avant, comme l'ont avancé quelques personnes, puis- qu'on trouve dans les premières cendres des mé* dailles consulaires et d'autres à l'effigie d'Auguste et d' Agrippa, alors que cet emplacement pouvait fort bien n'être qu'un camp occupé par des troupes toutes romaines , ainsi qu'il en a été de l'origine d'OD grand nombre de bourgs et de villes. Jusque vers le milieu du III* siècle , la cité des bois de Gompierre et des Maiges semble peu fions* santé. En comptant huit médailles gauloises qui figurent dans son médaiiler,et celles qui peuvent ap- partenir à l'époque antérieure au premier désastre, M. Mélines n'a récolté que deux cent quarante mé- dailles pour un laps d'au moins deux cent soixante ans. Ce n'est que sous Yalérien ou Gallien qu'elle paraît commencer à prendre une certaine vie et à jouir d'une splendeur qui ne dura pas long-temps. Tandis que les règnes qui précèdent celui de Yalérien ont à peine fourni à M. Mélines chacun deux ou trois médailles, à l'exception cependant des empereurs qui ont régné depuis Trajan jusqu'à -- 187 — Commode , qui peuvent en coiupter moyennement dix chacun ^ ce zélé coHecteur en a recueilli : de Valérien, quinze; de Galiien et de Salonine, sa femme , près de trois cents , de Posthume > quatre- vingt-dix; et ce nombre va croissant ou toutou moins se soutient , toute proportion de temps et d'émission de numéraire gardée , jusqu'à Probus, qui en compte encore quatre-vingt-dix, etNumérlen, dont le court règne compte à peine dans l'histoire des Gaules , qui en fournit cinq. En somme , de Galiien à Numérien , M. Mélines a récolté trois mille quatre-vtngt-qulDze médailles. Là s'arrête brusquement cette riche nomenclature. DIoclétien n'apparaît qu'avec trois médailles ^ Maxi- mien en a trois , Constance-Chlore deux. Sous Probus, ou mieux sous Numérien , il semble donc être arrivé de grands événements qui auraient causé la ruine de la ville, sans laisser aux habitants le temps de sauver leur fortune. Ces événements cor- respondraient au second incendie, signalé par M. Barat. Les six années du règne de Probus sont marquées dans l'histoire par la défaite des Francs et des Bour- guignons , qu'il repoussa jusqu'au-delà du Rhin, et par la révolte de Bonore et de Procule, qu'il vain- quit également vers Cologne. Ni Tune ni l'autre de ces deux affaires ne semble avoir de corrélation avec la mise à sac de notre bourg de Compierre. Mais ces révoltes et ces invasions des Barbares, qui devinrent dans le siècle suivant , plutôt par la sym- pathie des mœurs que par la force, les alliés insépa- rables de nos pères, qui mêlèrent pour toujours leur sang à celui des Gaulois, témoignent de l'impatience qu'avait alors le pays de s'affranchir du joug tyran- nique des Romains. Les persécutions contre les chrétiens et les exactions de toutes sortes dont la Gaule était accablée, avaient depuis long-temps al- lumé la guerre civile , qui n'attendit pour éclater de l — 1S8 — DOQveaa que la mort de Probus, é&ùi la \1gllaDoe et la fermeté seules avaient arrêté les mécontents. C'est de sa mort en effet que datent les Baguudes , auxquelles on est fondé d'attribuer le désastre de notre ville ruinée. Cette opinion , déduite purement de nos observations archéologiques , se trouve oor«* roborée par Thistoire de la localité , qui signale à la m&Tne époque et dans des circonstances analogues un désastre semblable dans la première ville des Gaules^ d'où nos ruines ne sont éloignées que d'enviroa soixante-dix kilomètres» et qui s'y reliaient par une voie romaine communiquant d'Autun à Sens. Tandis que Carin et Dioclétien se disputaient bors des Gaules le trône laissé vacant par les meurtres de Carus et de Numérien , les désordres civils s'étaient accrus ; le pays de nos pères se soulevait de toutes parts , et plusieurs villes étaient déjà tombées au pouvoir des Bagandes, ou leur avaient ouvert leurs portes. Des environs de Paris , où Olianus et Amandus, chefs des révoltés, avaient établi leur quartier-géné- ral , ils vinrent dévaster Autun. Là » selon Eumène , contemporain des événements, rien ne fut respecté ; temples, cirques, palais, tout fut incendié, et les mai- sons particulières non plus épargnées que les édifices de la cité. Ceux des habitants qui purent échapper à la moik s'enfuirent hors la ville , où ils laissèrent leur fortune au pillage (1). Enfin le sap fut tel que vingt ans plus tard , malgré les travaux commencés par Maximion Hercule « ce n'était encore que ruines, quand Constance Chlore en ordonna l'entière restauratioa à l'aide de prêts faits à la ville et de subventions sur le trésor accordées aux particuliers (3). (1) AKfeDÉB Thierry. Histoire de la Gaule , t. ii. p. 447 et suivantes. (9) 1d. t. m , p. 9S. — i»9 - Cette concordance d'év^oeinents désastreox, arri- vés en même temps au bourg en Compierre et à Autun, sous le règne de Numérien ou dans Tinter* règne de Numérien à Maximien dans la Gaule , ou à Dioclétien dans Rome , me semble conèluante en fa?eur de Topinion que j'ai émise plus haut, et je crois que l'on peut dès maintenant attribuer à Tœuvre des bagaudes la mise à sac du bourg antique près Saint-Révérien. -Autun , la ville brillante , a soulevé son linceul , tandis que le pauvre bourg qu'un même malheur avait frappé n'a fait qu'étendre le sien. Depuis cette époque fatale pour la cité que nous retrouvons sous la mousse et sous les ruines , elle ne se traîne phis que faible et languissante pour rendre le der- nier soupir sous Gratien » dont on retrouve encore une médaille » c'est-à-dire vers l'an 375 à 380. Ce n'est pas pourtant sans avoir reçu de nouveau quel- que reste d'animation sous Gonstantin-le-Grand et sous trois ou quatre règnes après lui. Cependant l'indication de cette dernière époque pourra recevoir de nouvelles modifications ; j'ai pu remarquer que les quinze cent$ pièces que M. Mé- lines rejette de sa collection ^ quoique n'étant pas entièrement frustes , se composent en partie de médailles à l'effigie de^ empereurs compris entre Constantin et Yaleus. Néanmoins . jusqu'à nouvelle preuve , ii restera constaté que le règne de Qratien est le dernier qui ait encore vu debout )es ruines de cette spieûdevr antique dormant maintenant et depuis cette époque partie à l'ombre de la forêt de Compierrie,, partie sous les ronces et les buissons des Maires. Quand aux attriba(ions historiques qui ont été flûtes ^ rien ne justifie à mes yeux d'une manière bien satisfaisante l'opinion émise par quelques-uns t que cette ville fut antérieure à la domination ro- maine. Comme presque tous les camps romains du haut empire, qui devinrent par la suite des village» - 190 — et des bourgs , la cHé vers Saint-RéTérien était aissise sur le versant d'une colline très-douce , légèrement inclinée à l'ouest et partout de facile accès; tandis que les positions gauloises étaient au contraire pla- cées sur des éminences à peu près inaccessibles , ou bien dans des plaines entourées de marais. Uneving taine de médailles gauloises trouvées les unes par M. Cbarleuf , les autres par M. Mélines , n'est pas , a mon avis , un indice suffisant pour confirmer cette opinion. Le commerce qui se faisait dans la ville avec les cités environnantes a dû nécessairement en introduire un certain nombre depuis long-temps en drcttlation ; et je crois que Ton devrait plus s'éton- ner de leur absence , si elles n'existaient pas , que s'émerveiller de leur présence au milieu de cinq mille antres pièces monétaires. Quant aux autres objets celtiques comme hacbes et couteaux-silex , on sait qu'il n'est pas rare de les rencontrer dans des ruines purement romaines. Envisageant donc seulement la position du bourg qui nous occupe , les autres considérations étant insuffisantes pour se prononcer, on le regardera comme un établissement romain qui dut sa propriété à l'exploitation de fer dont il conserve les restes. Ruiné vers l'an 283 , puis entièrement abandonné mollis d'oD siècle plus tard, on comprendra la brièveté de sa vie active et commerçante en la rat- tacbant à celle d'une industrie. Si mes conclusions sont vraies , c'est en vain que l'on chercherait encore le nom de cette cité dans les commentaires de César, puisque très-probablement elle n'existait pas, ou bien que l'on compulserait les cartes et les itinéraires du Y" siècle , attendu que ce bourg n'était plus qu'un monceau de ruines aban- données. Mais espérons qu'une nouvelle étude ap- profondie de la marche des bagaudes qui , partant des environs de Charenton, près Paris, vinrent brûler et ravager Autun et incendièrent notre bourg au passage, soit en allant, soit en revenant par la voie — 19i — de Sens et Batraios, qae cette étude , dis-je, nous conduira un jour à de nouveaux reoseignements. Baudouin , Architecte à Âvatton. Ce vapport a été écouté avec le plus vif intérêt ; \^ Société Nwêrnaise félicite M. Baudoin du zèle et de Thabileté dont il a fait preuve dans ces travaux; elle regrette que la somme qui avait été mise à sa dispositfon n'ait pas été assez abondante pour lui permettre de pousser plus loin ses explorations. - Le Secrétaire de la Société^ Héron de Yillefosse. SÉANCE DU 10 MARS. Siègent au bureau : MM. Grosnier , président; le colonel Gaffort, vice-président; Héron de Yillefosse, secrétaire. Sur la présentation de MM. Arthur et Adolphe de Bosemont et du commandant Barat , M. Hippolyte de Gaillon est admis comme membre de la So- dété, M. le comte Victor de Maumigny oiTre à la SociéCé un registre de notaire de Saint-Pierre-leMoûtier de de 157/1. M. Morellet annonce qu'il a été trouvé dans la rue de TEmbarcadère un tombeau au milieu de débris* de briques à rebord et sur la ligne de l'ancienne voie romaine ; il ajoute que ce tombeau pourrait bien remonter à l'époque romaine ou gallo-romaine. M. Grosnier fait observer que si les briques striées sont attribuées avec raison à l'époque romaine ou — 192 — gaito-romaine, H n'en est pas de même des briques à rebord qui ont été en usage non -seulement à Tépo* que dont nous parlons, mats encore dans le cours du moyen-âge. M. Grosnier demande à M. Morellet si les corps étaient orientés, et sur sa réponse affirmative , il en conclut que ce tombeau est chrétien et ajoute que le cimetière de l'église de Saint-i^aarenl s'étendsiit peut-être jusque-là. Ce tombeau ne reitfermaii ce- pendant aucun vase comme il en a été trouvé dans le cimetière de Saint-Etienne de Nevers et ailleurt. Plusieurs de ces vases sont déposés au Musée. M. Grosnier dit que ces vases sont de deux sortes : les uns sont une simple burette dans laquelle était déposée l'eau bénite , les autres ont le ventre plus large et garni de trous symétriquement posés, quel- quefois ces derniers contiennent encore du charbon. Ce sont de$ cassolettes qu'on renfermait avec le mort, après y avoir mis de l'encens. Un auteur du Xir siècle , cité par Lebœuf (1), atteste que cet usage> en vigueur de son temps, était observé généralement ; il ajoute qu'il remonte à la plus -haute antiquité. Quant à^ la destination de ces vases, Il sTexprime d'une manière claire et précise: Isthic aqua apponitur benedicta, ac prmuÈ cwn thure, M. Morellet lit ensuite nn rapport sur les anciennes tapisseries de Sakit^yr. Ce rapport, qui a vitemenf intéressé rassemblée, sera imprimé dans le procha^ BuUetin. * Le Secrétaire de la Société , HfiBON MS VlUJKFOSSB. (1) LeiMBuf , IHêêertations «tir V Histoire ecelésiattique. L'auteur qu'il cite se nomme Beleth, — 193 ^ V» Des topisfterief de biinle Ifee ; ' V Qfji éxaiï;eit ou sont encorb dans la. cathédrale SAlI^*CYRy A N6V£i% A^^àHt la révohitioh de i 789 , le cliœuf ée Ysl ta^ié* dfaleife Saint- Çyr à Nevers, était orué de tapls^ sérleà de haute lice, qui se dételoppalent ^ntre de lâagtiififiues verrières et les stalles des ^hatidinèft Ces tapisseries représentaient les diverses circons^ tances' du martyre de sainte Jnlftte et de saint Cyr, d'après la légende apocryphe, recueillie, rédigée, et ce qui lous parait fort probable, un péd amplifiée et embellie par Tétértns / doyen dé Téglise de Rcters au X» siècle. ' Ces scènes étaient nomlirèdses et tarfées. Efks étalent expliquées par des ihserlptlons brodées tout au-dessous. J'en ai recueilli cinq , il y a dixhuh ans, et je sufs^hfevréut de pott voir les mettre adjotar- d'hui sous les yeux de la Société ; elles étaient en caractères gothiques. > Saiuctè Jutiue et mnçi Cire persecaié kssml If^ciié d'Ycaunq et viennent as Thane^ ,. , j Alexandre te presvost touLsjpurs persécutant chres' tiens f arrivé à la ville de Tharses, eommanaa mincie Julite esireprinse.ei par devant Luy amenée* ■. ■ , • , » Sàinct Cire et $ainci€,J alite, sont mis dedfins un gran4 chaudière plene de souffre et plonili, au dessoujlfs de lariuvlle sortent entiers» 44 Alexandre foici traverser du kault juMfuei en bas sainetCire éetroys grandi eloux esgus , puis ermele- . memt le cier par le corps» Alexandre voyant par toi^mens ne pouvoir exterminer les Sainets ny de la foy détourner^ leur faict finale^ ftkent la teste trancher. Ces scènfis, gui ëtaient les principailés, étaient entremêlées m «ocbiips^pkéei ^ tant , en bas , à droite, à g^aacfae, de petites scènes secondaires se rattacliant au sajet principal; et cliacune de ces scènes épisodiques était expliquée par des inscrip- itaMS en Qn*«(^iiiBs f otUines. iimi« Asmw la iiartie 4e la tatpisserie %fi étaient figurées , ic}« iteaieniai 4e te Mère et dn fils, là, la 4éaol)a|iqii de iiiliae ^ d'autres nartir^rs, mk noyait^dte €4té« deniL ar^ fiiides géninéesy sons lesquelles un ieabitt «t nne femme, saim Cyret Sidoie J4iliUe , étaient anx wàim ée^ hoiirreim» et 4e Tanti^), um frison â laimaHe ^n.aariwalt par^in poat-le vis. JMa «dedans^ •». voyait fins diFôtIeos se presser curieiH: contre ne fenêife solidement grillée , et suivre d*un.iBtl avide le iàmsh jphe de. JaUUe et ((e aoo Us,» en aunndant 1q jmHnent idésiré de ^passer à leur Aenr sous le tran«t|jint4M 4^ve libéraieur. au-dessous de iaiené(reWdi>](ait iipe:liaadaroUe où se Usaient CM «Qls4 > ' »■ ' ■ . " . . . Se trouvent les martyrs^ pri$0$. . . Autour de chaque tapisserie courait un encadre* meitt Ifêlégantes et irîches btofierle$. X'omeoaren- tation de rencadrememitei9oimposiÉitltnlA)Tméafent d'nn fond d*azur bordé de baguettes diversement coloriées. f>u fond d'axur se détachaient des bande- TOllès qnf , iiicd'hiii^4e h toar oc(ogooate4e.Ge.iDaDttiPtat; Ce&i^àcms.QQasupmés foqt ^Uii$UHi.à la devfeQ adopr tée par. les G16?fi9,; qq la retrojDuru fréquemment an ^y^si^la: J<0Pfieiff Ml oilif viffwrêi eaUitis crigoi Yim«M JJ^ncJtfM Ht* vi, t« 730. • I)Q.p.eUl,e« fl;imm2|çbes. se. détachent ç9i et 12^ tes tapisseries du XVl* siècle , on les y oublia ; et quand les maçons eurent achevé de déshonorer la cathé- drale . on trouva que le bçau travail de la com- û9» wàtê : ati Hai dis le Mf« tMmm u îics pilMi) tA Vis^tit&ii piar terre et il sertit à éotmif tes mx^ Le résultat de eette profanatloii ee le m )M at« t^ttdre. k beot de linéique» lâote , i^ béHen breée^ ne»» ifieestfammetit foulées &ax pieds ^ sotiillé«fe ijflttui6][idkes, taehées par la dre descfefges«« piir lIittQe des lampes , se irtHivèreut maeulées , dê*^ cbirées^ réduites à tm tel état, que pour receuttaitre te mmmmi Meut ifane ftfriqw aigiiilli (1) , Il fallait la patiente ti sagace lavestigation de raatl- f«aird. De 18^5 k iS42» j'ai vq sur les |[iMMr«hes teférleores do œatlre-aaiel de Scdot-Cyr ^ des frag- HCiH ^wrfuséaieat aisoolésde ces magnifiques tapis- a»ries i par nalbenr uni ne songeait à les eon^erver, »ttU si €# n'est des iMMames sans antor Ué 9 sfus milMnee et qui ne pouvaient qne déplorer hums yamOle InMrieb ll'est«ll p«s poasUiie de neiroQfer fnelfppts 4é- Inris en tes rl^ns tapisseries qni reiiahrnt si Wen les flimm gothiques afecieB scnlplurcn des stalles et tMiplétaiem l'emenentation do cfaerar M Sotet- I29f^ iniionrd'iwieidépo«Hlé?€'eM l'année i%ii i' » i I I I ' I 1 1 I I II. Il I II I [ y^ (IJ B. GpiaiN, àm le Niv^rnoh, l. t, p. n5\ - 4*«- paitM^ des rfchéslirodertos de reneatfreineite : dtfe porte ta picase légende ^ e( dans le coin est im été- Sant mofiograininey formé da nom dé la faaritfe M, rabbé Grosoier^ dont le sèle et fictftfté ne sont Jamais ein défaat , vient d'en retronrer dans la petite église de Saint-Éloy/ près Nerers , un antre fragment pins important; il représente sainte jriiUtte denont et priant an milieu des bonrreanx, tandis qoe soQ flis, ernellement scié, rend le demter son- pir (i)* C'est admirable de composition, de dessin pt de coloris , malgré les trois siècles de date. ITantres décoavertes suivront probablement d'an- tres recherches, lipent suffire d'une interrogation partant de haut pour obtenir quelque révélation préctense , et ce serait nne vraie découverte pour rarchéotogie nivemalse. L'église de Salnt-Cy r possède encore anjourdliui quatre tapisseries de haute lice qui ne sont pas indignes d'attention , mais qui sont loin de présenter te même Intérêt que Tœuvre de Marie d'Àibret. Deux de ces tapisseries , ce sont les plus andennes, m'ont paru être d'origine flamande et dater de la première moitié du XYII* siècle ; elles sont en mau- vais état et représentent des chasses. L'une d'elles se trouve racommodée par un fragment de tapis- serie beaucoup plus ancienne, sur lequel se voient deux Jambes admirablement modelées : ce fragment appartient^ selon toute vraisemblance* aux tableaux brodés par la comtesse Marie ; les Jambes nues qu'ion y voit dessinées sont probablement les jambes de quelque bourreau de sainte Jnlittd el de saint Gy r. Je crois que les deux autres tapisseries sont sce- lles de la fabrique des Gobelins de Paris. Biles sont bien conservées et représentent deux épisodes de lu (i) Confèrmémont an y comme on le voit; la délivrance d'OIinde et de Sophronie par Cldrinde, épisode qui fait le sujet de Tun des premiers chants de répopée italienne. Sur l'autre tapisserie, est représentée l'arrivée de la princesse Hcrminie au milieu des bergers j après avoir échappé k la poursuite des chrétiens. Ces deux tapisseries ne sont déployées qu'une fois par an ; elles servent le jeudi-saint à décorer les deux entrées de la crypte sous la chapelle de Sainte- Juliite et de Saînt-Cyn . Il existe encore daiîs l'église de Saint- Cyr quel- ques fragments de vieilles tapisseries dé soie prove- panit probaixlement de quelque ornement de lit; ces fragments représentent des divinités du paganisme. Xe dessin et les ornements appartiennent K la ma- nière du XVIH' siècle. L'un de ces fragment:! couvre ordinairement la marche supérieure du maître-autel sur lequel se place le prêtre à partir de Yintroît à la messe ; les autres fragments sont conservés ^ la «cristle. / . ÎMIorellet. !»■ U »» w rnwm w » UTottre hliitoplqne et arcliéologlqiié «nr Scmclay, Le vfn«ge de SenicTay sîtné ît un kîlomèfre de ïa rtttèred'Haleînè, Lauzia ou Irr^iVï dans les anrîens *tîtrés faisait Jadis partie de la vicairte de Luzy. Viens ïtitiaèeneh. Sur plusieurs points de cette commune, surtout aux abords du château de La fiussière , on trouve de jDombreux. vesitigi^s de constructions .romaioes. A Senielay mém<^ des fouilles pratiquées à diverses r9pii9eft» 091 miB à d^oa?^ri des Inito, 4ea briqaf» . de larges carreaux de fabrique rgmaîoe » aiusl qu'une grande quantité de tombes» semblables i celles.qu'ôn retrouve dans les polyandres d'Autun; à Semejajr, chacune d'elles, particularité remar- quable, renfermait plusieurs squelettes. On y trouva naguère ube belle bague antique en or; le cha- ton , formé d'une cornaline gravée, reproduisait ce revers commun sur les médailles, des premiers eipr pereurs de Gonstantinople ; deux soldats dçbout de cbîiquô côté d'un étendard. . Deux voles romaines traversaient le territoire de Semelay, l'une tendant d'Autun à Decize, Taulre du Beuvray à Bourbon -Lancy, Jqua Borvonis. , L'église actuelle est de Tépoque de transition : en Tabsence de titres authentiques et en procédant par analogie, .on peut fixer sa fondation h la fin du Xn« siècle. C'est l'opinion des rédacteurs de V Al- bum du Nivernais, Semelay dépendait alors de l'évôché d'Autun , la cathédrale de celte dernière ville , construite pen- dant le XII* siècle , servit probablement de modèle aux ouvriers de notre église. ' Un architecte plein de talent et d'avepbr, U. Sellier, de Villiers-sur-Yonne, a levé les plans et dona^ les dimensions exactes. ainsi que les détails d'orne- mentation de l'église. . Au XIII* siècle ^ Semelay dépendait d'im prieuré réuni à celui de Lqzy, relevant lui-même de Onny. , Prioratus de Luziaco et de Semelaîo Nivernensis et éduensis dioceseon , uniti ad invicem, Vnus mona^ chus débet ibi esse cum priore et ante unionem erat in quolibet unus monacnus cum priore. Et debent cclcbrare cotidie (sic) unam missam et débet fieriomnis elecmosina in Liuiaço. Et fuit facta dicta tinio Aw*. Dni, M" ducentesimo septiia^esitno quinto.vel sexto^ BiB. dlujiiacençis y fi. 1707,. Quant à Vanclenneté de la possession du prieure de Semelay par Tabbaye de Cluny, il paraît qu'en 'doit la rapporter Ma date. (les donations faîtes par fâttl JMtfiM i aM>é âë âdttf, pMt k imriMkm éû pt^téiê Mârdgiiy«stffdr Id tfé- féttdl^eiit de éetle barootffe: or (a mabcm de Semdf |d»éd^iUffi»l fâi iTâtraitfité de tttzjr, eiflysieon- Mttén étitté IH tondattdi» atisbfés sar les domaine» de Vnm et de Vàttlfé. La ddtiatldû de ftatdi Hugttes fut raimée par te Miye brbalki il, « Satet-noùf. en f OM, aoûée de la pfédieàtton dé la preuttère erttf^de. En rapprochant cette derftfère époatté de eetlé dittè fiôti^ atoan ai^iiëé t la fondatton de l^égllste de Semétay*!! semble ait premier abord que nous avoùs fixé cette ftmdatioû âoae date trop réceùtej mala ootre xfik'ti fi'exteté pas d^exemples de coAstroctiotis byzan- tines Men caraetértÉées datis nos contrées avant le %tt Siècle , la tradiUon locale , des traces dlncén- die constatées iors de4 fotttUei déjà dtéei , des découvertes plos récentes encore^ amènent à recofl- tiattre qu'il exista três-attdennement tin établisse- meAt Important et de pins un édifice religieux remplacé par le beau vaisseau qui se vôtt aujour- d'hui. On a todhl voir daitÈ Semelay le Heu de ÈéméXé , iSi dans Sémélê la repr ésediatlou physique de la ter- rible épreuve a taqiietiè a été soumise rhumanité h raison de ses audadeux désirs; cette fable serait fiée d*ttt tottVemr du dogme du péché orig^ueL On a encore voulu voir sur les thapltat^x de notre église ta réprésehtatton de la chuté d'Adam et d*Éve, et d'autres figures rappelant des supplice» par le feu , et cette pariiéttlUrué a été présentée comme une éontihuation de ta même Idée, n est certain, nous- même avons cherché à rexpUquer ailleurs , que tette âttentiou à combattre les fables du paganisme l^àr les réalités dé l'histoire biblique est constante dans nos pays , et motiVe la plupart des Images adoptéesdahs rornementatloudes différentes églises, bans le eas qui nous bccupe , nous ue saurions adopter ropinion dont il vient d'être parlé , et sans «ôtAbh* étatiser pb^f la fèttxét Aà\iÈ dM ittetMl 4M Oûtts «titrsilti6iralistit trû(i tôitt , et ^ M^tttilstoill sqr la symbolique potir lesquelles lëë teiiile» iAè feôhïpniraisoà iidus màDqttefit) dtsons^dteitiem^ti'à noire âvts, setnelay dérive de itim Ott tliÈê^tiA, H Mine des étangs , si norobreax Jadis dans tôMè cette coûtféë ; dé même qae Oiab -Ltils eb ^VMe^est le CaboLàt, le Çùput-Lacûm. {Votr fie Cai^gK.) Le prieuré de Semelay, qill devait ètfe tH^i À VWk ett Jugé diaprés là coAstrucUon de son ëgUse , s'amoindrit peu à ped , kolt au temps des gdërres et lAd changement momentané de réllgioti des selguetirs de iaocourt, qui tenaient une partie du j^ay^ , sdlt par Péffet deâ préteùttons des seigneurs de La Bti^'- stère, qui lui codteslèrent de tout temps et fiiiIreM par lui enlever uUe boone paHié de Ses retéfaus. Les bâtiments détruits à une époque que nous Ué saurions préciser, mais qu*on peut placer entre tin- vàslob anglaisé et les guerres de religion , ne fdreiil point reconstruttà ; et il n'en resté éxtériedretUëUt aucun vestige; on se conteutâ d'élever une maison curiale, qui fut aliénée en 1 l9i , et datts le jardin de laquelle le possesseur aétttel a felt réceiUtttieËt des Ibnilles ddht 11 Sera réUdn eddipte. Voici les seuls documents authentiques qué ûùûk tmlsslons citer relativement k l'église de setuéiay depuis le XVfl* siècle. y Visite folte le ih octobî^ UTè ^t H. Subàtliter, ^Vlcaire^général et officiai du diocèse d'àuturir I^ liire^by tère était en mauvais état , et tes réVéM» de la cure Hort dimidués , à ralsott dés prétedtlofl^ A^ h damé dé La Bussière et du cure dé Salht-tiotidré : l'àbbé de Gluny percevait toutes lés dîmes , Ailts -faisait au curé nne pension de deux cent livres. Il est dit qu'il y a au village de BtoUt-YlH) J tlMi- 'lécot), uhè chatiéllè dé saint Marc et saint Gèuoux en HSSet teanvats état. L^église est dét^aVéé , une parde dé la Vôttté Me- nace ruini! , le tttbbilter est â l^avettant ta t)arolMe se toîhpûSàH de quaWe cer)ls Comnitihtiltrts', foft fiHi f^^f^i^i au dice dp fiai;é gui ^'app^laii . Je» Ganrin. Il devaU 4(re âg^, sop nom est gravé sur uue pierre (^ la cure à la date de 1637, Tout cependapt o! était pas en mauvais état : les lonU bapiisipaux èq pf^rUcuUer étaient fort conve- wl>lès. . Il fut arrêté qtie les paroissiens s'occiiperaient de meubler décemment Fégiise et quUls fourvoieraient K rachat d'oruemeuls, ?• Visite dcTéglise de Semelay par M. Thiroux, Cbauoine d'Àutun» le 11 juin 1729. L'église est en bon état, le réjiabla du grand aute) bi^û et garni dé colonnes. : « Il y a cinq petits autels,. savoir ; un de chaque côté dans les ailes de la ne^y un de chaque côté dans les croisillons de la nef et un au milieu dé là nef au côté de Tévan- gUe* » La. voûte de Téglise né subsistait plus que dans les deux tiers de son étendue primitive. £lle s'était affaissée vers le milieu de la nef. On s'était contenté de réparer la brèche par un plafond en bois. Le car^ relage était tout refait à neuf. On .voyait dans la nef les bancs de M. Maillard \ seigneur de La Bussiérç, et de M. de Jaucourt^ sel- jl9#ur du Plesijr. . L'ameublement de l'église est très^ convenable. Le curé était M. Victor- Antoine Maroeau, natif d'JMiMiQ» dfiu on rend un bi>Q témoignage* Il parait que la pbapelle rurale de Mont-Yco a'exbtalt plus ; il est parlé d'une chapelle dome^- tiqpa en boiu état au château de La Busslère. L'ordoopaoce de Mgr de Moncley, ôvêque d'Ao- tua» qui est annexée au procès- verval » donne lieo de penser qu'il y avait bien des désordres à réformer da«» la paroisse Les dégradations suivirent leur cours^ la chute dfs de la voûte avait fortement ébranlé une portion dés mans k^tér^x* £n 1780» (1 devint Mispeosable de S révenir une ruine imminente ; op ne trouva rien e mieux que de démolir les deux dernières travées V — 205 -^ rt la façade. A là place de celle-ci, qai était fort simple et postérieure de deux iâèclés au rèst'é de l'édiiice , on éleva un pignon flanqué de deux con • trcforts ; ia fenêtre à plda cintre ^ qui tenait lieu de la rose, fut replacée ; on substitua aux jolies colonnes <^ arêtes mousses de la porte principale des mpn* lants en pierre de taille qui n'offrent aucun carac- tère d'architecture. Aujourd'hui Teau continue de s'infiltrer en plu- sieurs endroits , principalement à Tintersection des transsepts et de la nef» et vers lé sommet de Téchelle qui mène aux voûtes , les murs profondément péné- trés montrent ces taches verdâtres qui sont l'avant* courreur de la mort des vieux monuments; une réparation partielle , faite II y a quelques années » ne saurait être considérée que comme un palUiitif fort insuffisant. L'intérieur de Féglise est convenable surtout vers le sanctuaire et les transsepts, ceci soit dit rancune tenante contre l'affreux badigeon infligé en 180& par les soins de U. l'abbé d' Amfrevîlle , alors curé de Semelay. Des cinq autels signalés dans la visite de 1739 , aucun n'a survécu ; le principal, celui qui était orné de colonnes et placé à l'entrée du sanctuaire , a été remplacé par un nouveau figurant un tombeau de forme antique reporté beaucoup plus loin vers le fond de l'apside; ceux qui se voient à droite et ^ gauche dans la chapelle de la Yierge et dans celle de Saint-Pierre, patron de la paroisse ^ proviennent dé l'ancienne chartreuse d'Apponay. Il a été dit que l'église de Semelay offrait plusieurs chapiteaux historiés ; les autres présentent les fcuit^ lagés, les perles , les aigles et autres ornements or- dinairement empruntés à l'Orient par les arcbliècteS du XIP siècle. Quelques piliers ont des bases fleu- ronnées, genre d'ornementation dont on ne connaît que de rares exemples. Enfin , Il a été recueilli tout dernièrement un corbeau ou support terminé pat une tête fort Curieuse; elle porte un diadëme^ les A jptte époqve peu rqcQlée , eç c^eas^t les fooda- tioos d'une cave ^ on trouva une grande i^^Qtf té i^ içjfip^ W fff^* Tofft ^Wv^ 9 9U milieu ^e débris qp^ giurdaient les traqes aun violent incendie^ gls^jit un a^naç considérable de gr^riçs cQmpi^ienient car- bonisés. Il y avait des ppis^ d^ l'bugfe ,.de l'avoine^ dp fromimt^ point de seigle^ ce qui donnerait à pén^ ^r qu'à cette éppque Iç pays était mieux cultivé que de nos Jours. Ofi peut , ^ns trop forcer la conjec- ture, d|re qiie là étai^ Tancien prieuré. £n 1851 , l'auteur de ces notes, propriétaire acr tqel de rancienne maison curiale , ipottié par curio- sité des vieilles choses , moitié pour se procurer df la pierre à bâtir» entreprit ^e fouilier un tertre at- tenant à son baibitatlQU , et q^ie l'opinion géqéralç disait formé des débris d'un ancien édifice. Leierrain fut attagué k Taspcct de. Tçst; dès lè début, on découvrit une encefnte carrée^ upe sorte de caveau, dsms lequel gisaient dix-buit squelettes des deux sexes et qe difTérents âges^ tous disposés .eti rang^ réguliers , la tête du cOté de rQriént. Dp ce caveau, par un étroit couloir et suivant un plan incllué, on pénétra dans une seconde pièce , pavée ep prosaïque grossière , composée de iragm^ts de marbre blanc / de schiste , de briqué n^éme , noyé^ dans du cUn^t et repolis au grès. On y trouva ^pt nouveaux squelettes, aucun vestige d'ustensiles quel- cpnques , mais en grande quantité du charbon , die^ piprr^s de parement de très-petit appareil, des tron- çons de colonnettes carrées en calcaire blanc , d^s tpiles romaines, plates ou creuses, en grande abon- dance. Au milieu du coiiloir gisait un squelette, lit- i^ralçipçnt aplati par un éboulemept ; toute la char- p$ntç j ^fA appartenait cependant à jun ,bf>inme bien - m - luuitair. De tome évidence , on antt reAcojiiré lei mines il*an monnmeut d'oilgine rcnnaine, tes piivriers ^'aîançaient en eotojant à ^anche m vm épais de l"* 70 cenUmètres» Men parementé, onnn livec on dmeot & toQte épreave ; 11 se diiigeaft de f est | rmiest, dans le même pftao 4f ortentatioo que Véiflisu actifdle. Pour le démolir^* ti eAt fallo employer U mine t on préféra remblaj^ et ponsser les rectier* cbes de Vautre cOté , an snd* On retrouva des pièci^ petites, asset nombreoses , con^rqltes en matérlaot mit aggféf es et d'une facile extraction. fSn cc^t en- droit on trouva , an milieu des débris romains , tcDue notable quantité de squelettes jetés comme il l'aven- ture > une petite meule à broyer le graip « un disque en marbre de 0» 35 centimètres de diamètre; ^vÀu, nn grand nombre de tonrt>es t^risées , dont deiit étalent cantonnées de croix à leur chevet On trouva encore une pierre calcaire creusée en forme d'auge contenant an résidu de couleur rouge. Les fouilles ne bireia pas poussées plus avant ; dans un espace de peu d'étendue , on avait recueilli plus de 50 mètres de pierres ; le propriétaire ré* clamait en faveur 40; sa vigne fit de ses arbres flrultlers , 11 l'emporta sur Farcbéologue. Une nouvelle décmirei^le vint d'aUeiirs |«ier tous les dont^iQu^mtà taforme pcimltive de Tédi/ice; en creusant les fondations d'un portail , on r^MTouVi^ an mur de même dimension qae celid déjà men- W i mmt f eMMiott des «éoms ^OMtéfiaoKoi 4e plus exactement parallèle, «HMi à .tvenia «elfe» * premier. Pour qid possède quelque habi Inde de ces sortes d^ ïeeherches, 11 était désormais faclte de rétablir par la pensée fordonnance primitive des lieux. 11 7 eut donc à Semelay à une époque fort recu- tée , au temps de la domination romaine «^ un vaste MMce religieux ; son orientation , ses dimensions M permettent pas de dotfti^ ga'li tjgit consacré w — 208 — culte. Transféré au christianisme , soit sous le règae dbe Cojistantin » soit dans les premiers temps qui sui* virent l'invasion des Francs et leur conversion à] la vraie foi>ilservit)oDg temps au nouveau culie, et fut enfin détrutt à une époque que nous ne saurions Eréciser.  Fabri de ses mars principaux restés de; out, on éleva quelques pauvres masures; puis » i l'époque de la construction de Téglise actuelle « les prieurs de Semelay, trouvant là des matériaux à leur portée^ rasèrent jusqu'au soi ce qui restait du tem- ple romain ; les débris rebutés formèrent le tertre qui se voit aujourd'hui. £t en effet « on peut voir jdansles maçonneries de Téglise une grande quantité de pierres calcaires du même échantillon que celles fournies par nos fouilles. Tous les débris Intéressants ont été mis à l'abri de nouvelles injures et sont tenus i la disposition du nmsée départemental. G. Chari^euf. SÉANCE DU 19 MAI. Siègent an bureau : MM. €ro%tAer, pf^sidénii le colonel Caffort ; Ptce-président; Héron oe Vlllefosse, seerétaii'e. \. ^ M. Delaroebedomie lecture delanolediiyaiiÉeMir Itai 4e CSiameoy , comie de Nevecs: . * Jean II , dernier courte de Nevers, de la maison de Bourgogne, a été plus ou moins oublié ou sacrifié par les historiens. On se contente, en général^ de dire de lui qu'on lui donna le surnom de Clamecy , parce qull naquit dans cette ville le jour même ob le comté Philippe , son père, fut tué à Azinçourt , et plus tard celui de Jean-sans-^Terré, le comte de Charolais et le roi Louis Xt l'ayant succcsslvctncn't — 509 — ei coiDine à Tenvi dépouilk^ de loue oe qu'il possé* dait Dttclos seul , dans la Fi# de Louis XI ^ liv. va , dit de lui, en couraot» qu'en 1/|65, année delà guerre du Bien-PuMic, il fut diargé par le roi de la garde des frontières de Picardie* Ce fait , qoe Duclos seul se contaite de signaler, sans entrer dans aucun détail snr la part que dut prendre le comte Jean aux événements de la guerre du Bien*PQbUc» est pleine» ment conGrmé par une correspondance officielle entre Louis XI et ses principaux lieutenants, pen* dant ia durée de cette guerre , correspondance Jus* qu'ici inédite, et récemment publiée par M. Ciiam^ pollion*Figeac« Il résuite de cette correspondance intéressante à plus d'un titre pour Tbistoire de France en général ^ quant au plan et aux détails de la guerre civile de 1465 , les faits suivants relatifs à rbistoire des comtes de Ncvers, faits presque corn- plétement inconnus jusqu'ici : Jean de Nevers est nommé , en 1A65 , lieutenant- général du roi entre les rivières de Somme et Oise. LmHs XI, qui guerroyé dans le Berry et le Bour- bonnais , lui donne dans ses lettres, dont plusieurs lui sont personnellement adressées , le nom de notre lieutenant es marches par-delà. (Par-delà ia Loire et la Seine sans doote. ) Or, il est à remarquer que dans ces marcbes par*delii , le comte de Nevers avait eo tête le chef même de la levée de boucliers contre I>ouis XI 9 le fameux et redouté comte de Gbarolciis, ce qui du reste est formellement établi par la même oorrespondance. Suivant une lettre du roi , personnellement adres- sée au comte Jean et datée de Unières en Berry, 9 mai 1465 , Marie d'Albret , fllie de Charles d'Al- bret (dans plusieurs lettres il est appelé Le-Bret ) , seigneur d'Orval , et veuve de Charles V' , père et prédécesseur de Jean au comté de Nevers, vient d^étre prise le }our môme à Montrond * enlevé par les troupes royales au parti de la ligue des sei- gneurs, « et Salzart a admenô , écrit le roi au comte » Jean ^ notre belle coiisinc , votre sœur (on dirait 15 • bell9Mjeiir aujottrd'taiii ) , fMKor faire l'iappijÂuc&o* k uieiit de son père ^ » lecpiei père était un chaud partisan de Jean , dac de BooriioBnois^ l'un ideft e^rypbées de la Ugpu. C'était au seign^r d'Aliirei qu'appartenait même alors le châleaa de Mêminmi « « q«i est , sakam le dir^ de Lom XI daw la mémrn » lettie 9 la pHis forte place do lonr^niKife et eu » pays de parrdéçà. » U est éiabU encore par cette correspoodance ^ua du vivant de son mari , dont elle n*avait pas a d'oi^ fants, Marie d'Albrei avait employé toute son iur* lUwace à obtenir de lui qnll dépouillât son Ubn Jean de ses droits à la succession au comté df Nevers ^ au profit du comte de Gbaroiiis , et cjfue si «^Ue ne réussit pas dans cette dfconstance, la cause en doit être attribaée à Louis XI qui, maJgré.les liens d'affection qui TuBissaient alors au Jls du duc de Bourgogne, prit ourertenient le parti de JeaA^ « et fist lelleoieDt qu'il asseura le faict de »oadit M seigneur de Nevers (Jean II ), qui est à présent « ^ en manière qu'il est paisible iiérilier de soadlt • frère y et n'y a trouvé aucune contradictioo ou ré- V Bistance. • Tels sont les termes mêmes de la cor<- respondance. On y apprend encore qu'après avoir guerroyé dans les t pays d'au-*delà le Bourbonnois et fait api- » poinetemont avec messieurs de iourbou , de Ne>- ■» niours, d'ArmaJgnac et de l^ebret (Alljret), % Loub XI vint mettre le siège devant tiolms ( Itf OU" lins, Allier), traînant à sa suite, tout en la trvitaiit parfaitement, sa captive Marie d'Atl)ret fine fteltre du 18 juin nous apprend même qu'elle contimie*$« iatîigm» cootre son beau-frère en cherchant à jeter dans l'esprit soupçonneux du roi queiquesdootessdr la fidélité des habitants du Nivemois, et spécial»- ment de ceaxile Nevers et de Decize, tout disposés, loi insinue -t*eile, < à donner passade au marMial » de teui^ogne, qui d*Otun (Autan) eh^vdiait à • secourir .les assiégés de Mouiins. « Ces. insinua- Isuas poqduii^ntméncsariiMiiakXi ntasseagraud effet ; car dans une lettre de là Riéme dote, écrite de Nev0FS an comte Jean, te ^e de fiâioges M Ml part , comme U avidt d^à fait aux biMiM9 dti IHf veroofe^ de Ftuteofion dé Lodis XI «de IMt^Mi » togfe es vttles de iferers et de Decte , shdliittfit » aura prf« HfoNiis, et de passer et se Jetadieie » oomte de Hevers, aossttosi qct'll aura JbesenpM » en BodrbonMis et mis todt en smi ebétmaeu s Ce qo^ff tt en effet quant à ee demler poM ^ cirdib le 7 Initiée, toojenrs d'après la mêdie eoivespiw dance , il quitte le pays de deçà pour se r app rodimr de Paris, de nouveau menacé par le coMe de «ha- rolai^. Or, on sait que la bataille de MonHiéry t«t lien le i6 Juillet iM9. Qe fttt la préeipftaifbn deb événementoqui Tempêcila sans doute dans «ma» dt^ constance de tenir sa promesse aut taUtuitif de Never s , où il ne vint <^ plus tard , le 15 ttiil- let 1476, suivant Gillet. M. le président remercie M. Delaroche de cet int^ ressaut fragment de Tbistoire du Nivernais , si peu connue, malheureusement , à cause de la rareté des titres.^ puis il donne la parole à M. Grandmotet, qui nous entretient en ces termes d'un de nos anciens éçrivaip9,: ÉTUDE SUR u TRAGÉDIE D'ADONIS DE GHIUAUBOî (J) l£ BRETON , SEIGNEUR DE LA fON» Dans le grand mouvement Intellectuel du XVP siè- cle, de ce slède qui fat le laborieux Instituteur dé» temps modernes, on peut distinguer deux irtiasès bien distinctes : la première fut employée à Pétede approfondie désœuvrés de r antiquité, tout récemment exhumées, (i) La CroU du Maine, aulçur cootemporaîo de Lé Breton, affirme q«U se irommaH Guilhiume, ec non pM Gûbrm, comBMVadit Du Yêrdier et tooMMb^ertole tlliréSM«vi«, — 112 — fbm lûosi dire, des» uinriieftQx , ou i^Ues pw^aai^tit mÈ09É\i»9 €t. que rimprfioerje , déjà» ifenue^ ait flUnilè QQONfte proyidefitieUei»«st , avdit.jeiec9.en •èoMtoûte pâture h tofus 1^ lespriu.avides de oort Ë^a^- €es Uirres. oiise irouvaleni déposées .les ri'r oKcvmvIées de Faotique ctviiiBatiOQ ^ étaient (dtois compulsé», analysés, coainftent4ft:'inol tprèSittiÉ «I presqne lettre par lettre, avec autpiU «Uicariema pacieiice que d'amour. On.s'^hirai on Mi«oft)dans lescaQx vivUia&tesde ces sources tint . Holà eea trésors une fois conquis» il fallait y ajou-* tv iea.bieoa mniveaui, il faUait les accrotlre« selon Hiloi'fMale de progrès qai poDSse invînciblement ItanuMé ; alors oonneoça la deuxième pbase , AUeéel%iitatioD. On peut fixer d'une maiiière précise, la daAe de cette seconde période. Ce fut en .1549 que Tanii d^ Aonsard, le hérault de la pléiade, Joacliini Dubellay, en donna le signal par son fameux manifeste; inti- tulé ; Défense et illustration de la langue françoise* ïl y faisait un ardent appel aux Français^ pour aïlev courageusement piller encore les serves dépouilles de Delphes et du Capitale, En réponse à cette voix enthousiaste , on vit se produire aussitôt une multitude d'essais , Luxunosus proventus, tentés en vue d'approprier à la France tous les genres cultivés par les anciens, et dont on possédait de si beaux modèles. D^ toutes les résurrections littéraires testées à ce iix)ment , nulle ne fut le but d'efforts plus nombreux jque celle du théâtrei Ce fut lui qui excita les. plus ardentes convoitises. On ac borna pendant, quelqpe temps à des traduc- tions, serviles des plus, beaux ouvrages des grands maîtres; mais quand Jodelle, ce jeune démon de la fameuse pléiade, eut hasardé sur la scène une tra- gédie toute de son çrû^.non plus tiadulte, mais faite ji' rimitiÉtion de'Ceilaa' des ancieBs,' sa célèbre Cléopatre, la joie^ l'enthousiasitm; que les savante en t^ssettttmnt m éommttnlquH MMMt* fimêél 'comincftidtasfèîilcet)(î!è.** ■ » • • w,i ' SôuKtafn, tine mctoj^Vie émti}9t^Hm'*ééâiW'êt fontes pam^ et, dé 4S50 li 1^600, le MmUMi' 4S poètes qui travaillèrent poar le théâtre iÈît^ni^ gfeirr. Ce fut au point que fô mode dé cotnpèseNMi tragédies ou des congédies 'â1nCtY>di:rtiiRpâvnfl tMB ceux qui cultivaient les lettres , eVVîm^sM^éÊt Influence a toujours eu la mode ! ittssi iGM^MCêur, sans 'eonsuUer son talent, s&nt avoif lies noritap suffisantes dd genre ,' cro^yatlt devoir |él«tmk lis ouvrages, soit en vers, s^ en proqe, um eu étiK pièces de théâtre ; c'était le bel air thi teoipsr évitait 'un bouQifêt que cet auteur se éeuBait àlotHntalé» Tlon pas qn'ilse flattât de Tespéraneede faffereppé- senter de telles œavres ; il se conteutiit dé l«s faine fmprinier, U Tinstlgation d'amis emnplateiitii et b#i • moins naïvement métroinafies que loi  cette Êombreose phalange de poêles » fllnoii bien inspirés, tout au moins savants et eaiilousiasiesy le fVlvernals né manqua pas de fournir son cp utog i M it d'bonorables diampions, faisant en eeta ce qttil'a fait toujours et pour tout Déjà la plupM des tm- vaux de ees Intrépides ouvriers de la'petoséerdeteés hardis trappeurs des régions intellectuetiesy Mirélé Myustraitsà réterneroubiroùHs allaieitt tomber te- Isâlllblement , par des oomputviotes liiissi mrkmmni distiiqruésliifnripMre»anB«0ft ^ XYIP siècle on oom- #ieu4ni-iNKirg90i nous ayons essayé, an peuloo^ g is mf H poui-4lre» do 4onnor n^éo la plus wHb piitifcla 4o cflle seconde moitié du XVI' siècle; tétait W cfidfo oii devait prendre place U figure PaiitéiM d^ , dansées temps asseï éloi- de MUS I le pcdnt unique où se concentraient "iBiiloileiierees MeHedueiles de la France » ce fot •k ¥màs que le jeune Guillaume alla faire ses \^ dans Fun de ces collèges oii la jeunesse . était noMrie de f^tes éludes. An sortir de là» il fouM d'aboed suirre la carrière du barreau » et se lii teee^oir avocat au parlement ( mais la chicane et Ise aoniNrQS et tortueux dédales do la procédure le séduisirent peu , et Uenidt le goût de la poésie et *ék M iespric, suivant Vexpreurioo du temps « ab- eorte ia pliia grande parUe de son eiistence. H ne ooMNÉ point Jodelle , mort à vingts-deux ans, pauvre vlctlmo d'une disgrâce royale, comme pl<0 lard notre len^irè Badae I Mais il dot i^re dans la société de toniard, de Guérin, de Lapéruse, de Gamier et •d'AÉNiajMke Hardi t (pd, tout informes que smit eÉooiH lemt (fiiuvrss drsimat^ues, n'en ont pas mniaiou la gloire singulière d'être tes vrais fonda- Iflvs Eu ifSIèmo dassique du ihéAtre français. Sdmuié par reseaipte de ses ardents amis et p«ir ta mode du jojÊt, entraîné par sa propre inclination, ht Breton oonqiosa plnslours trogédies dont nous ne «ooUMissonB que les titres ; te nùùt i TêMk , Chatri^^ DUgn , DoroMe , qid ne furent ni imprimées al re- firésentées , et enfin Adonis j qui , suivant Texpres- oion de François d'Amboyae , son éditeur et ami , fut le cher mignon du feu roi Charles nnmism, €imr^mséwéïïwm, a)oule-4-ll, avec uirie intention 40 flatterie dom les temps ont fait «me irôme cru^lut clH'^poKr ce Vuiais,qui éialtsi fort Tamides fraètuni t) efll |^ei>iiH«1i% valu n'êçre qu'un éndiKiit Ge fat devaoi ce prioce que la tràgédMii d'44iMtf eot le bonhear particulier d'être représentée , en 1569. Huit ans aoros , elle fut donnée sur le théâtre de rhôtel cie Bodrgogûe, où jouaient enfin de véritables comédiens , {i la place des confrères de ta Fassîori , dépossédés 'par aitét' de cour. Quand on à lu cette pfèôe , on cotxçoi t lacilément comment Fidée en est venue au seigneur de La Fon^ an se le représente habitant momentanément le Tiénx manoir de ses' attcétres^ où t! est venu se re- cueillir un peU; et surtout se tept)ser de la He dé« vorante de la capitale et peut-être des ennuyeux travaux de sa profession. Là , son temps se divise, en deux parts : l'une réservée aux savantes études . et aux exercices poétiques qui le passionnent , comme tous les bws esprits de son tempsi Tautre, toute eonsacrée aux promcnadesi rêveuses» au sein d*une campagne ravissante » où les beis touffus , les vertes prairies « les vallées mystérieuses se partagei^t le paysage» ou bien à de grandes chasses» au son du cor mêlé aux hurlements effrénés de la meute. Or» les vives préoccupations du savant» du poète et du chasseur ont naturellement revêtu une forme .expressive dans cette œuvre» dont nous allons pré- senter une analyse. La mort d'Adonis» qui en est le sujet» rentfe d'ailleufs tout à fait dans le goût de l'époque où elle fut composée » et pour laquelle les souvaiirs mythologiques avaient tant d'attraits. Lçs entre;- par/eur5 » ainsi nommait-bd alors les personnages » sont : Vénus » Mars » Diane» Cupidon » Âdonift^ puis Montan et Siivain » dont l'auteor pmratt avoir fait deux suivants d'Adonis» le dei^cçndant des.roi^ 4^ Papho& C'est dodô dans l'Ile de Cythère que l'action «e passe ; mais ni le lieu précis » ni l'aspect de la écëne ne sont todiqpéa d'iwe manière pfai» déterminée; c'est une tendmice à Tabstraction qn'H est boii de finNttqilcr M pMëAnt , f aM €(iê ribtli«MèiiMtf»« Tenne Vun des plas beaux titres de gloire de lattis gédie française. PnEHIBR ACTE. * > C'est Vénus qui ouvre la tragédie en exposai^ sa dtuatioQ particulière dans un long moDologue j qui peut-être sent un peu son avocat. D'ailleurs , le dé* but ne manque ni de noblesse, ni de magniiicence , et atteint presque , par l'ampleur et le mouvement de la phrase , à la dignité de notre grand style tra- gique : Vous, princes , qui ravis en l'or de vos chasteaux , Couvrez d'armes la terre et la mer de hasteaux , Qui fatctes moins de cas de la masse servile Du vulgaire ignorant que d'une bwrbe vile ; - * Qui branskz , crui virez , qui tournez en vos mains , Ainsi qu'un gloole rond , 1 empire des humains, dît la déesse , n'estimez pas que vous soyez seuls à plaindre » si la fortune marastre « aux étrangères rives vous fait porter vos couronnes captives ; » pulS;- que au ciel comme çà bas Pinconstance se treuve. Sans nous arrêter à signaler quelques taches lé^ gères dans ces beaux vers , et particulièrement ce mot bourbe , qui rappelle le vers tant admiré de son éminence rouge » le cardinal de Richelieu , La cane barbotter dans la bourbe de Teâu , laissons continuer Vénus : Quand eUe eut aequis la pomme d^cr, en Dépouillant sa chair nue au phrygien berger , elle remportait sur Junon elle-même ; elle était l'objet de la faveur et de Tempressement de tous les Dieux , et Mille fetix coasacrés témoignaient sa haoteMS , Ht l'eau , la terre , Tair, la conf(;sseient déesse , ■■ — «7 — Qmm illÉtHliW.iiii!ll>flTiWt>IHIiltol ¥^1fmê aenteoMllNMir ùfép^ÈserYnlcHu, « Mr^t^ttii^^Krid^ mtuvn bùitenùo ^ » q«l la comMé 4l r^pi m'mmsm son cœor pemitieux contre tout le monde en général «t «Mtre^elie ai.pmleuller; twMttl eti Itti t^idant des cAatnon5 atmantAynâ^ Tandis qii*avecquGS Mars ^le étaU endormie.. L'éponse de Tulcain , voyez la pruderie ! est In- dignée que son mari ait ainsi osé rendre publique sa propre infcmk., et ajoute ces paroles «Mien - tieuses : < Un mari vert\ke\m (yxl aime bien sa iemme , ^ Si d'aventure if voit qu'elle mérite blasme , En propos et conseil la sait bien corriger^ Et ne met follement son honneur en dapger. aussi brûle-t-elle de se venger de ce Cruel souffle-charbon à la fumeuse trongne. § Pleine de son dessein^ mais ne voulant pas se com^- protnettre encore une fois avec les habitants de roiyinpe, c'est sur la terre que Vénus vient cher- cher rinstrument de sa vengeance , et cet instrument est le bel Adonis^ qui sera victime de cette pré- férence. Après nous avoir fait ainsi connaître la situation et les sentiments des deux personnages principaux , de ceux autour de qui se condensera tout Flntéiêt , l'auteur nous précipite enfin dans l'action. En effet » au moment oili Ténus achève de nous mettre dans sa confidence 5 L'aurore devint jour en la. terre dévâlle, et Ton entend la trompe qu'Adonis fait sonner pour aller aux forests; il paraît lui-même suivi de ses li« mierSy spectacle qui devait singulièrement plaire à la cour de ce bon roi Charles neuvième i Vénus, en présence de celui qu'elle aime, et dfont son fils malin a aussi profondément blessé le cœur, aiMcoMt l«MM la Jftloaiit» UMAt I'mnM ^ la ^miM «•!■ ahfte»M» et taMAt «MUrtew asi- ft»ttBdw>t a»:»wwlqr * * Mignan , tu n'y^ point. Sus 1 que ee fomfte beau à ma l^vre amt jeint ; Smbragse-moi , mo» filsi , et doucement me serr» f ÇtOj^ime fait son rameaij m ^rnoui^u^ lierre., j ^«9 ^ OvideiyntfUHlMMl<3 I«iag0 4M Mtre poèU, cgouM on le ?oH > «'fH tevrausement approfiriée^ eo f JoigaMt l^^pttbèle Uucwa, iMrise k Horace* ▲doats penis(e encore p en allâg«aaiqa'il ek $ege I^MT des anoureui; de se séparer qMlquefeb* parce qae . • â la conttAue L*aniour bien que fervent peu à peu diminue. Mais qeattd la déesse M a répété avee fen c qu'elle eM itfre de sa beàuti , dont te WHÎn fûitère; qu'il est son douai nectar et sa douce ambroisies t H se rend enfin , et partageant lui-même Viyresse d'Aphro- dite 9 il quitte la scène avec elle, i non plus pour coarir ««a f9roH$, mais j^ttr Retourner accomplir la douceur flattéresse De ce ibu coustumier qui les suit pas à pas , Et ravit leurs esprits au miel de ses apas. DBUKIÈM8 AGTI. Le premier acte est donc consacré tout entier à nous montrer dans leur vrai jour les deux person- nages qui doivent pluspartlcnliëretUent exciter notre Intérêt; Mars et Diane vont à leur tour remplir tout le second acte : Tun» de ses fureurs et ses menaces hyperboliques ; Tautrel, de sa baln^ souide éontre Vénus, C'est Mars qui parait lé premier, et qui , dans un long monologue, plus long même que celui de Vénus au premier acte , tant était grand le faible de l'auteur pour ce genre de scène I fait connaître les divers sentiments qui TagitenL Comment! est-ce la foy ^ ftaiUardê Cythérée, Est-ce la fermeté que tu m'avais jurée? M^ tiiwiart4 c^la ((iMw4 (Viiu \i?^\m hmn. Tu fobaia espamOF mon aineen-tm^ii9(4^ i- Misérable p , cause de tout esmdi ! Jfflt'llèB'S'ftdi^essafit ïsoa anËiense a^inle, avec 'âes'quallffeotlMH qai sosBeot hltn maf à des oreilles modernes, mais que nous n'avons pas voula ettuxT, tên de donner une \Ôét{ phis jQSt«dn temps oâ parnt ««tte-fâèee , temps ob ces mêmes eipressions éiafmt employées paruu évâque, par Amyot. ■ Oublie-t-oo combienje suis redou table ? continue Mars : 1 J'ai l« jiraa , j'«t la mf^n , j'ai l'eacu MugiteBut Des corijg ensanglantés que J'allai lapisiant , Quand Porgueil terre-ni du géant Encelado ■ Osa conlreles cieu.ï présenter l'escalade. ÂgnisfeDieueoniFnunq'iibriBeles mUraJtfes, ' ' '' (jui les prens et dérends, qui donne les balaUto ,' - ' - ' Suidemonsouroy u Bhodope ; Le Thrace m'ob^t , le Tartare galoppe Après mon char doré , et comme tourbillons Me suivent loin du jovr letpiaùaoCs Géléotis. Mais pourquoi ce grand amas de paroles reteutis- santés qui rappellent le type si connu aujourd'fiuï du capitaine Fracasseî pour se venger d'un faible gar- çon\ DlfBcile et dangereuse entreprise en effet, (1) M grtmîun qiA tœpe tuum m Kt^ieit , trlemo tleviclui viifntre amont. (Luc. , \lv. 1".) ^ 221 — qu'après tant d'éclat, il sera encore encbantéde laisser à une femme. Ce trait de caractère est bien ^b$ervé;mais il noosfaii voir combieti ks-gepres comiques et tragiqne^ avaient encore alors desll*" mites vagui^; aqssi.les (ondait-w souvent rao.dao^ l'autre. Mars continue ses fanfaronnades, et dit qu'il souf- frirait moins , si sa perfide Itii avait donnéptfur cor^ rival Mercure , Neptune ou Le Dieu rayonnant de flame'fiedre VéBtts^ sa mèrei et les voluptueux bosquets de Cjrifeère. Noos en 4étaeherons quelques vers seoleMol : Hère de Tunivers, aime-ris, Cythéride , Déesse de beauté , qui jamais ne se ride , Bui gouverne la terre et le ciel radieux , 1 $aincte volupté des hommes et ^es Dieux ! Oo MPMAo qitfi (oot t^m^cQMi wse miiJhitîefHio pas au niveau d'un si beau déJ)ot > iwité de fichii^oi — 8» - Pendant qae le dieu de l'amoar s'abandonM Ata» extase , les deax persoODa|^es qoi soQt de Jjjn suite d*ÂdoDts, nontan et Slirain t paraissent sor la sçèiie» et dans un dialogue rapide , où les interlocuteurs se T tt Êpém vers par Tm^ k rémMâltai de» Cr«di dans les circonstances graves, Us foUeoowiitM* m milieu d'nnç foule de Jiendepces et de nuutimcijs , les pronostics râcbenx qui annoncent la péripétie : on sent déji que« suivant la parole qn*èUe en a dowée» Diane guette sa victim^. . Jj^ i«rs les plus remarquables de cet epdrpH sMt ceux où Silvain compare la vie .bumaine avec tin navire voguant d'abord par m teinps sertin p et venant ensuite, battu par la Umpête» se briser conr Lre 1^ rocbers du rivage. Ces vers , aussi beauii d^ pensée que d'image ^ sont d^allleurs une imitation de fa fable Xllt* du IV*livrf de Phèdre. Bs se terminent par jceite pensée philoso- phique empruntée à Solon : Nul ne se doit fier à la prospérité ; S'il veil qa'ii boÉne fin ses aSif res proeèdenl : Gnr misère d plaisir Tan à l'aittre saoeèdant. . • b qui6*«9ei»itpr9iM|Ai« Qnassurédemaiii? ^ • . leur conversation est interrompue par V^rrlvée d'Monis qui donne ses ordres pour la chassé fatale^ avec une ai)ondance de détaûs , une suite d'expres- sions techniques; avec une chaleur et un entrain qui caractérisent bien l'honmie passionné pour cet exer- cice« Cependant , lui aussi se sent troublé quelque pem par 4e ttiri^res présages q«i lui jmvte^t fpel* (1) j$n904im genitriœ, hominum dimmque vpkiplai. €alma Venus, ctsU $uhter la^ntki signa " 4lfmà mêré nwj^rmm, qmÊUtrms fnigifmrêMm ~ SOft — (pÊês pensées «tlawcolliivM^; et dwMnilmeiits pleins d'ans tristesse rêveuse. Ce qui Ty arraclfe cfiiHn^ c'oit.qw : ' '^ . , Ou n'attend plus que moi :. car Fairain rcsopnant Et les chiens accouplés m^appellent maintenant, ^ . dtt^ll , et le «Mlkevmix s'étotgoe' k gratMl^'pM^peKir wurlr à sa perte. ■ La dernière scène de cet acte nons parâtt un pen bouffonne au début , et montre combien les littéra* tures qui commencent mêlent facilement les genres divers et allient avec naïveté le plaisant au subliméi C'est une correction manuelle infligée avec force ré- criminations par Vénus à son petit traître de fils, pour l'avoir blessée au cœur h l'endroit du bel Adonis. Elle laisse bien voir qu'elle chérit et maudit à la fois son joli mal; ce gui est encore un fort bon trait d'observation , dont il est inutile d'expliquer U haute portée. D'abord Cupidôn nous fait rire en criant : • » ' le dos I ô la teste I ô main appesantie I etc. etc. Cependant il ne tarde pas à nous rameser à la dignité dramatique par les plaintes que lui inspire son désespoir d'avoir été renié et chassé par sa mère irritée; et quand il se demande où fl pourra désormais trouver un asile » la terre et le ciel , la mer et les enfers lui étant tous fermés par les victimes qu'il y a faites , on se rappelle involontairement le sublime désespoir de Phèdre. QUATRIÈME ACTE. • ijt ^oaMème^ acte ne se compote que d^one scène, consacrée tout entière au récit de la catas- trophe que nous ont déjà trop fait prévoir les haines ' conjurées de Mars et de Diane. Siivain^qui avait suivi Adonis aux forêts, vient raconter» à. Montan » resté dans la plaine, la mort crueHe^dv jeune et bel amant d'Aphrodite. — 225 — Ce rédC , imité des aiidieii3 5 exagère natoreQe- ment les défaats qu'on a tant reprochés à ce genre de coiiMi>ositioD , qui ressemble tre^ à «ue amplifi- cation d'appai^at » où le poète se bat les flancs , toot en se donnant large carrière, sans cesser d'être froid. Cette narration pèche aussi par la longueur des détails plus ou moins poétiques , et malgré les excla- mations et les apostrophes, elle ne produit qu'une émotion peu profonde. ^ Plusieurs endroits pourtant se recommandent par la facilité , le naturel et la vérité des peintures. L'auteur dit du sangUerfqid immole Adonis : Le rocher Garamant , ny le sabloa mortel Des arabes déserts n'enfantent rien de tel (I). Il dissipe les chiens (2) , il tempête (3) , il les roue , Il rompt les chênes vieux (4) , et semble qu'il se joue. De ses naseaux ouverts sort un rouge tison , Qui brusle les rameaux , la terre et le gason (5) Sa description du combat fatal fait tableau : Adonis qui de loing voit approcher la beste , Advance le pied gauche , et sur Tautre s'arreste ; Il se fiante dabout^ et brandit asseuré , Contre le porc fumeux , son tranchant acéré ; ' LeqiMel exempt du coup à costé se desvoye. Et navrant Adonis mort à terre Tenvoye (6). Ceci se termine malheureusement par un froid développement de la banale pensée que Tout meurr. Combien on est plus charmé de ce sentiment bu* colique 1 (I) ...... . Majorée herbida tauros Non habet Epiruê» $êdhaUnt sietda art;a minoreM* (2) IIU ruit j spargitque canes, ut quisque furenti Obstatf et obliquo latrantes dissipât ictu. (3) Née fttlmim segnius arsit , (4) Sternilur ineursu nemus, ....... v5J Fulmen ab ore venit ; frondes afjlatibus ardent» Lux mieat ex oculis„ ^rat quoque peetore flammas, (6) Et futvâ moribiMdum stravit arenâ, (Ovm. îlv. x. ) 16 ^ Jb9$i!.au'jl eûlmieia v^lu^sduz Ist yeil^Q $p«i^èrQ« Cournser et servir une'IjHÔue Bergère, €ette aposlropbe aax ^^Ûts amour emtx. Qui peignent un cœur feint en la peau des lauriers , Pquc mieux viser apcèa lapoictriae marteUe. A qui II dît: Avaliez en ériant votre pktme accroupie , Comme on poocinet d'aensir qut de dialear pépie. Puis. aUtaiii temkir e* cagaigcaiit cellt troipe éthérée à mériter «ne gloire éternelle en lengieant Adonis et co tuant le poun^au eru^L CmQVlÈMB kCIE. Àdonh étant mort en concentrant sur loi Tlntérêt et la plM^ Mars éfaitf fengé et Dlaoe bwreose de la profonde douleur dont elle est parvenue à décbirer le cœur de la déesse qu'elle hait sourdement » le drame semblait terminé. Cependant notre poète n'a pas cru devcrfr laisser te spectalear sous l^emplre d'une impressimi pénit^. Plein dn souveirîr de la résurrection d^ Adonis , reUgieusement célébrée par tes anciens-, il a vouln» lui aussi , le fatre^ dans sa pièce» reparaître après sa mort En effet » pendant que Vénos, Instruite par un soupir déchirant Tenu jusqu'à elle^ dit Ovide , agnovit longe gemitum «u?« n'entis « de la mort de son cher Adon , et accourue , traînée par ses deux combes , albas flexit aves iUuc, i^nr le lieu de raccident , repaît ses yeux de son mal- heur, s'en prend à toutes les divinités^ et fidt en- tendre les idaintes les plus touchantes; voili^ que Tombre d' Adoiia reparaît à ses yeux. Rappelé f lui dit-il 5 du manoir obscurci, du crçu^ii àvemal » par ses lajo^ntaUons déchirantes , il revient la consoler un peu* nom avons mainte fots 'âgnalée , comme teuiHft : Ne me faictes , Vénus^ eneare un coup mourir. ..»%..... vos trisfteâ clamaurB 'Font que^mort une fois , une autre lois. je meurg. il règne dans ie ton géiiiéna de cepmm^matt^^ tene tonAaite mi we ttélaneote 4itte»di4MUMfe» En voyant disparaître ronlbne vatèam 4» catiil qttHilleadDriât-^ la -déeiOB s'^mâonne de mondiu h teste Btk ëoifleftn Elle txprimt «eue fiuve pieoaâe^ Estrange et dore loy ! que les liomtnes deseendetft Si toBt dans leur«épotébpe !«et 'leur aage ^espendenl * f^n^ «spon* de neteor I Oh 1 funèbre destin ! On coupe tous les aog leé'mcmoes et . ie thym ; Les mauves et \eih^ leur verdure i^aneat, Mais'les hommes s'en vont, et Jamais ne reviennent* Api^ees vers nassi beatix de facture que de pensée et d'expressiifyns, TënttS) près de la dépocffiRe sanglante de son ainf $ ^ f tce suojaeiMtem sanguine cprpus, lui adresse ses derdiers adieux; mais» chose remarquable ^ Ils ont tous pour objet la beauté etté^» rieufe du jeune adcfleseisnt , dout tous les charmeïi I^hj^stques sont énumérés dans des exclamations pleines de sensnaltié. .•...».. Adieu, bouche venndlle ! Adieu , front délicat, de blancheur non pareille ! Adieu, cheveux crespésl adieu ,' flambeaux germains! Adieu , sourds voûtés! adieu , bras! adieu , mains! Wen que vostre vigueur desjà isoit effacée , Bonnez^moi , belles mains, encore une embrassée. »'< • *• « « • • ••• • • » •• *.•' Adieu, mon Adonis, adieu- donc à Jamais. C^est âfnsi qm ndée poète termine sa tragédie et prend congfé de ses auditenrs et de ses lecteurs. Hals-ivant de lui ^re «dieu h nmre lotir» àam a}ouHirofiS quelquai nMteitions gérrt^rales sur "tmi teiii{i^».cm ae b^ trouve sous au^i» jrapiMNrt ùrféKîeore aux pièces des autres, ^ètes» ses aiuîs, dont les noms ont néaumoinSy.par uu caprice de la fortune > pris place dans le cataloguée des auteurs dramatiques. Ce qui lui manque est donc $ur(out la faule du temps, les époques d'initiation ne sauraient produire des ouvrages aussi parfaits que celles qui héritent d'elles : le printemps ne peut pas ressembler a Tété. Si la tragédie qui nous occupe laisse surtout tant à dé- sirer au point de vue de la composition , c'est qu'il n'était guèrp possible d'atteindre alors à cet ^rt sa- vant et merveilleux, qui est la gloire de deux ou trois siècles privilégiés. Tracer nn plan beureux, calooler habilement les effets qn'on veut produire , les préparer de loin , les conduire pas Si pas et les faire éclater de manière à obtenir les plus saisissants résuimts possibles , o^est & le secret'des pins éminents artistes des plus belles époques littéraires , celui des Sophocle , des Virgile et des Racine; Pourrait-on raisonnablement te- procber aux auteurs du XYP ^cle de n'avoir pas égalé ces grands niaitres? P'im antre c4té, la tragédie d'Adonis fut ^com- posée au milieu des troubles^ sanglants de nos dis- cordes civile, temps qui sont bien 1<^/ certes, d'être favorables au culte des lllpse» : Scriptarum chorus amnis amat nemuSy et fugtt urbes, a (Ut Hofaqe. £nfin le poète n'avait que vingt ans quand il la init au jour t Que de raisons pour, nous rendre indulgents et pour nous faire souhaiter que le nom de Guillaume, Le Breton écbappe> lui ^xfm, au grand naufrage des ans! , • Quant au style de l'ouvrage ^ on a pu déjà remar- quer^ par les nombreuses citations que nous avons faites y combien Guillaume Le Breton possède déjà de grandes qualités. 11 est le plussouvent clair , élégant » noble et éner*- gique; nn grand nombre de vers poulent de^ource^ elftcMiré^ M irlvHîl^s ^mt «ai «mz pcfflc HMAn^ , et Lès p^fisëes ne sont pas toujours âNine égale flîs- tiDctiônlii âe la atëme {amillé , si Ton peut parler ainsi ^ c'est surtout parce qtfe réduction UUellec- tiieflè du mîfieU social ^ où vhraït îàuleur , était en- r^ tVès-imparfaîte et que îésprtt avait ettcore Ûes tioi^ons trop vagues 4 on pourrait presque affiriD<^ ^ qu^à une meilleure époque, notre auteur eîtt^té^ excèflerit écrîvàfn. Il M BOQS reste ipkis iitt'4 Indiquer S9iii«iaif«pl«nt à quelles sources Le Ef^tM paraît ^nfek P«^ i^ quets auteurs ont surtout altmemé «a veta9^ Or «soi} poi^a favbri fiH sass^Mle l^élégMi ei facite QiJMfti La Venus , le dieu Mars et la 4)ia»e de U tngédie d'Adimissont bien ^niteds ^iviiHlès tru^-ptuMit)! parient et agisseat dans ks Méêamorpho$es^ ce andt bîei^ les naômds dlew rabaissa josqu'à F jmnineé C'est le même réalisme et le m^NBeMHWMwv at le^^uplâenKasote abeaseoup dét^t^9Ér4e>Mitie se^new* de La ^ow; nMs avons ¥tt mMl eomMm ceM*«€i aois|fti»$é à son mod^ , pdur^es McMinr dans son style , ëe if^nnéks, ée 4lesctlpckHtt 0t lâé- traits heureux. Mais si l'auteur des Hérotdfise&i s^n maître princîpail , il slnspire encore d'une ioàle d'4fttre8|ioèM, tèiis^if »)flidr&, AMtsréMy'Mm-i^/ Horace et Phèdre , et c'est la oomailsttfiee ^i aMIM qtt'H possède de VdMqfAtéqU éomtk SdniKyte'iM^D al»Mdame fiaidlfié. îHof» termlneiron* to émettant le vMiqtfê là mé- moire de Guillaume Le Breton vive dans le souvenir <îes tttiils^^es léftnes, et suttotft que ses «mipatrîeMfes f eûftïetft bien W donner une petite ptece à«c*é létel shiffès homme^*ati iWvefnttlii'dont ht- ^olrt ^fenî^^ftsi sensible. Henreux pour nous, tri Tiotts pbuvonscen- tribuer % cette juste réparaiion des înjuf c» (Jne lui a fMMle temps* , JU 'Smété a,éc«i|ii.«itt».JMtiM.4v«ftl«ita»Ttf JW4cêt H rièM IHIM éewarta lai parotie fMr con^ ' c %n nom de It. % ejt Sauveur I^as-Cbiciçt^ Jona^ par la ctémence dt^iDe^^évêque deT^^Use d/iUiUm» hkom savait II tau» les Bdèles^ et particuliè- rement à uas suceesseuT)» », que yéoéiabte et religieux personnage T^clurade., de, oAtre p^i*- missiQQ et de coaceit axec d^me, Kictrude » sa très-cbrétflenDe épouse*» a fim (;ousti:uire; au territoire tfAutUA,. daus uue ^nue terre appeKé ta Nvscla (La Nocle)»,p& Il a suJ)3titué , par des travaux de déftichemeut et de culture ^ des tetres labourables^ . etr des: l^bbitatious aux éfpa)!5ses forêts qui la éouvraieut. Après avoir élevé un oratoire 1^ ces deux époux ont Imploré, uoire sollicitude paternelle 9 uous suppVaiut de le eo»- saiarer pour rendre à. Oleu les actions de gtAq^ ac- coutumées;, considérant leurs pieuses dispositions^ ùous avous exigé ,. ayani tout % qu'ift dotasseùt,^ selon Tusagej^ ladite. basUi(pie^ Mais Ib s!étaiént d<^^ empressée d'eux-mêmes ^ pourvoir ^ cette dotation 5 en t stffect^t tes bleus âésigpés ei- dessotts. Hais Dieu leS ayant appelés à: lui « ayant fifft Bou» ICMr possible ée bous vendrt àfeurs désirs, en consacrant ladite basilfcpte , ce (jpte bous jltdiiDS^ DBomiA de taire. 4e tonr viv^u^jt imms avoos tenu à le faire Après leur mort ^ exbartant Im^ enfants à marcber sur leurs traces et à compléter cette œuvre d^leur zèla etde leur religion. Ceux-ci ayaut assuré que leur volonté ferme et invariable était . â?«ji4Q«|Nss ii§^Mireusement la volonté de leurs parents, nous avons dédié solennellement ledit oratoire en Thonneur de Dieu et sous l'invo-* cation du très-illustre martyr saint Gyr. » C'est pourquoi , moi, Achard, au nom et pour — 23Î — l'amour de Biêd tout-puissant , et à Téteruelle mémoire de mon père et de ma mère, pour le remède de leur âme et aussi en vue d'obtenir le par^9 4e mes pécliés; conformément à leur iirteBlioi^ )e dcMme à ia Maison-Dieu susdite def sabit €yr 5 illustre martyr, du consentement tie mon frère bien-aimé Achjemard, ce qui m'est échu de la succession paternelle et maternelle, à savoir : le village où notre père a construit ledit oratoire, avec les bois y aliénant; au lieu dit Biat, une terré labourable de douze boisselées ad XII modios; dans le Morvand, un pré de Xi carrés j au villafee d'Alciat, une yîgne de XX œuvrées. Je donnede plus, dans le village dé La Nocle , une mense avec prés, terres , serfs en dépendants, pour appartenir en pleine propriété à ladite Maison-Dieu de Saiût- Cyr et aux clercs (lui la desserviront ; et afiiî qu'elle soit à Jamais à l'abri de toute vexation de la part de mes héritiers , je la pjace , avec toute ses dépendances, sous la protection de régllsé de Saint-Nazaîre (d'Auttin). » Que si Quelqu'un de mes héritiers, ou tout auirç personne y fut-ce moi-même , venait à attaquer _ cette donation que je fais librement , ce qui n'ar- t rivera pas , j'aime à le croire, que la prétention de cet agresseur soit réprimée et qu'il soit con- damné îl payer six onces d*or., ^ » Fait publiquement auâit. village 4e La Nocle. » Ont signé Acbard et autres. » Cette charte est datée du mois d'avril l'^n 25* du règne du seigneur-roi Charles — 865. ti secrétaîrt de la Société ^ HÉRON DB V*tLBFOSSE. — 283 — SÉANCE DU 7 JtllXi:!. Siégeaient au bureau : MM. l'abbé Crosnier , pré- sident; le colonel Caffort, vice-président; Héron île Villefosse , secrétaire. Les immenses constructions qui déjà commencent h couvrir le plateau de Saint-Glldard ont déterminé iM. l'abbé Crosnier , président de la Société nivcrnaise des sciences, lettres et arts , à faire des recherches sé- rieuses sur Tanlique prieuré, dont il reste encore une chapelle du treizième siècle Il a donné connaissance du rcîsultat de ses recher- ches, et a joint à ce mémoire une notice sur l'origine et le développement de la congrégition des sœurs de la Charité deNevers : c'est l'histoire de cette congré- gation depuis son origine jusqu'à nos jours. La lecture de ce double mémoire a éié écoulée avec un vif intérêt. Selon le vœu des iiïeml)rcs présents , ces deux pièces seront insérées dans le Bulletin de la Société* Salut- Oitdard et les «ocnrs de la Charité de IVevers. Souvent nous avons entendu répéter ce vieil adage : Ceux qui connaissent le moins Paris , ce sont les Parisiens; or» ce reproche que nous, habitants de la province , sommes tentés d'adresser à ceux de la capitale, peut nous être retourné. Nous sommes environnes de toutes parts de monuments da plus M — nu — grand iulérèt, cl souvent ces monuments ne sont h nos yeux que des pierres amoncelées les unes sur les autres» avec plus ou moins d'art ; nous rencontrons des ruines, et ces ruines sont pour nous un tombeau sans caractère et sans inscription; nous errons dans des lieux qui ont été témoins des faits les plus émou- vants de notre liistoire locale, et ces lieux sont muets pour nous , ils ne nous rappellent aucun souvenir. Voyez ces promeneurs qui vont respirer, à Tombre des vieux ormes du Parc, Tair pur qu'on ne ren- contre pas dans l'intérieur de la ville; ils pourraient doubler leurs jouissances en se mettant par d'agréa- bles rêveries eu communication avec nos a!eux et les aïeux de nos aïeux. £h bien non! ils se promè- nent, ils respirent, ils révent, et voila (oat. £t cependant, que de souvenirs réveillent. le Parc elles lieux circon voisins! Laissons de côté l'ancienne cité avec ses vieux remparts, son antique cathédrale et son élégant château.; nous en parlerons dans d'autres circonstances; sortons des murs de la ville et dirigeons notre promenade vers le plateau que domine l'église de Saint-Gildard. Mais cette église est en ruines! Tant mieux, moi j'aime les ruines; je cause avec les ruines; leur langage a pour moi quelque chose d'attrayant , de ravissant. Ah ! qu'un débris antique intéresse mes yeux ; Jadis contemporain de nos simples aïeux , J'aime à l'interroger , je me plais à le croire , Des peuples et des temps il me redit l'histoire. (Di'LiLLE. LesjardinSj iv chanl.} Donc , vivent les ruines! Nous allons parcourir le Parc , avant de parvenir au but de notre pèlerinage artistique ; mais d'abord Il DO«s faut traverser la place de Saint- Didier, nommée aussi place du Marché et de la Mission , car tous ces noms lui ont été successivement donnés; elle n'a plus mai&tenant que le nom de place du Marcbé. Noua oublions «n autre de ses noms. Place ■— 535 -- des exéanions. La partie basse était en effet réservée aux potences, et il nous souvient que c'était dans ce même endroit qu'on dressait encore, il y a moins de quarante ans, le poteau , et qu'on appliquait sur Tépaule des coupables les stigmates de Tlnfamie. En traversant la place pour gagner le Parc , nous remarquons îi gauche un grand bâtiment peu élégant ; c'était auf refois Fhôpiial de Saint-Didier, maintenant servant de halle au blé. Il était renfermé dans Ten- ceinfe des remparts dont Pierre de Courlenay fit ceindre la ville en 1 1 96. Auprès, se trouvait la vieille porte dite de Saint -Didier ou porte Épiscopale, seule issue pour sortir de la ville, avec celle de la Ciié, vers la rue de la Coutellerie, avant qu'on eût multiplié les portes dans le cours du quatorzième siècle. La porte de Saint-Didier, rebâtie au seizième siècle , prit le nom de Porte-Neuve. Outre ses hautes murailles , la ville était environnée d'un large fossé qui cernait les remparts. Je me rappelle avoir vu étant enfant le large fossé qui séparait le Parc du bas de la place ; je n^î pas oublié que pendant les belles gelées d'hiver , nous nous procurions l'exercice des montagnes russes en nous laissant entraîner du talus supérieur, qui était vers le Parc, pour remonter le talus moins élevé, du côté de la ville. Je n'ai pas non plus oublie le mys- térieux souterrain qui , dit-on , communiquait du château ducal à Saint-Gildard et à La Passière. Un jour , c'était au moment où on aplanissait la place , quelques curieux , après s'être enhardis , allument des torches et s'engagent dans le souterrain téné- breux; je voulus être de la partie, ei malgré un frisson involontaîje qui agitait mes membres à la seule pensée de ce projet, je me déterminai à entre- prendre cet aventureux voyage. J'ignore ce qu'on rencontra à l'extrémité de cette obscure galerie, je n'eus pas le courage d'y demeurer plus long- temps , et je sentis mon sang se glacer dans mes veines, quand, après un assez long trajet, j'en- tendis ces paroles : « Voici des grilles de jfcTj — S56 — B en(endez-vous Tean qn! torobe goutte h goutte de » l'autre côlé dans une espère de réservoir ; nous » sommes peul-êlre au-dessous de rélang de La > Passière. » Je me hâte de dire que je ne crois pas que le trajet q .e nous avions fait pût nous conduire jus- qu'aux environs de La Passière. Quittons notre sou- terrain pour remonter le talus du fossé. Ce fut, je crois, en 1813. que la place fut nivelée. Quatre ans plus tard, c'était au mois de juin 1817, toute la population de Nevers se pressait sur cette place, autour du magnifique calvaire qui y fut élevé en souvenir de la mission. On se rappelle les belles illuminations gui, pour les fêtes de la sainte croix, sciuilliaieutù la tombée de la nuit autour du monu- ment, et les joyeux cantiques que répétaient tous les soirs les échos du Pîirc... oh se rappelle encore li Nevers l'enthousiasme , ou plutôt l'ivresse qui régnait dans tous les rangs de la société ; on se rappelle les soldats eux-mêmes disputant aux habitants l'honneur de porter la croix, et daulres célébrant, par des vers, les bienfaits de la mission^ et adressant aux missionnaires ces touchants adieux : Soldat , ma destinée est semblable à la vôtre , Tantôt dans un climat et tantôt dans un autre. Peut-être avant trois ans, aux lieux où nous serons, Vous porterez vos pas et nous nous reverrons ; Mais s'il faut, jeune encore, descendre dans la tombe, Sous la faux de la mort s'il faut que je succombe, Sans pouvoir de nouveau vous entendre et Vous voir, ministres sacrés ! il me reste un espoir : Servant bien l'Éternel , mon prince et ma patrie , Je vous retrouverai dans la cité chérie [\). (1) La Mission de Névers, pocme par Lé, GoRâfec, vague- mestre des cuirassiers da Dauphin. — 237 — Mil huit ceiit (rente arriva. L'esprit voUairien pro« lïla de cette déplorable époque pour faire disparaître de cette place un monument que le peuple rontem- plaît avec bonheur^ et montrait aux étrangers avec orgueil. LE PARC. Comme ce nom a quelque chose de ravissant, dVroouvant pour nous, enfants de Nevers; il réveille dans nos âmes ces souvenirs dVnfance qui ne s'ef- facent jamais. Si tu es sage , nous irons nous promener au Parc; que de fois ces paroles de nos mères ont re- tenilà nos oreilles. Le Parc était le gymnase où nous déployions nos forces, d'abord , en nous roulant sur rherbe ; puis pkjs tard , en grimpant sur Les arbres pour dénicher quelques oiseaux; plus tard encore , nous en faisions le but de nos promenades, quand le temps incertain ne nous permettait pas d'aller plus loin. C'est au Parc que nous avons vu camper, eu 181â , une partie des troupes wittimbergeoises; c'est au Pnrcqu en 1816 , autour d'un faisceau d'ar- mes, surmonté des drapeaux des chasseurs de l'Isère et de la légion de la Nièvre, bénis le malin par M. l'abbé Groult, vicaire-général, on voyait les sol- dats de ces deux corps assis à un fraternel banquet. Des oriflammes portant pour devises : Amoi l'Isère! A moi la Nièvre ! flottaient de dislance en distance, et les habitants de la ville et des environs formaient un^* sorte d'auréole autour de l'agape militaire. Chaque fois que nous nous promenons au Parc , ces souvenirs de notre enfance et de notre adolescence se réveillent en nous; mais à ces faits, dont nous avons été ou les acteurs ou les témoins , viennent s'adjoindre dans nôtre pensée des faits d'un autre âge. Nous nous surprenons à maudire un de nos compa-» triotes qui, deux siècles auparavant, engagé dans nos discordes civiles, assiégeait notre cité; c'est le vieux maréchal de Montigny, François de Lagrange-d'Ar- quien , grand-oncle de Marie-Casimire , qui devînt - 238 — reine dé Pologne. A la tête d'une armée dirigée contre tes mécontents^ il s'avança vers le Nivernais. Il s'était renda maître de Donzy et d'Entrains; Clamecy et le ebâteau de Guffy étaient en son pouvoir. Enhardi par ces saccès, il marcha sur Nevers et campa sous les murs de la ville , entre les remparts et Saint* Gildard. Le duc de Nevers était absent de sa ville , mais la duchesse était déterminée à repousser les assaillants; elle avait d'ailleurs autour d'elle presque toute la noblesse du Nivernais^ disposée à la sou* tenir. Nous avons lu quelque part qu'elle fit couper les arbres du Parc pour empêcher l'ennemi de s'y forti- fier. Cependant, à en croire Adam Billaud, c'était le maréchal lui-^même qui avait lait couper ces arbres pour entretenir les feux du bivouac (1617). Le siège durait depuis seize jours, quaud la mort du maréchal d'Ancre suspendit les (roubles et ^^léllvra Nevers. La mu^^e irritée du poète au rabot s'exhale contre celui qui avait tenté de déshonorer ces ma- gnifiques bosquets : Beaux arbres, qui, malgré la superbe insolence De ce monstre , qui fut la pâture aux corbeaux , N'êtes pas moins touffus que quand sa violence Obligeait la coignée à troubler le silence , Au OTuit qu'elle faisait en coupant vos rameaux. {Chevilles.) Le Parc avait donc répar»^ les pertes que lui avait fait éprouver le maréchal de Monligny , et la prin- cesse Marie de Gonzagues , avant de devenir reine de Pologne , se plaisait à venir tous les jours res- pirer un air pur , sous ce délicieux ombrage. Du moins, c'est ce que nous dit encore Adam Billault, en chantant tout à la fois le bois et celle qui en faisait les charmes : Beau Parc , où la nature admire son ouvrage , Où le printemps renaît en mille endroits divers , 0\\ le^ moindres objets représentent i'imaj^o — 239 — ûo ce beau jour qu'oa vit paraître au premior âge , Quand Dieu fit du néant le rond de Tunivers. Tu vois tous les matins cette beauté parfaite Chercher dedans tes bois l'astre plus obscurci.... ; Chevillés. } A l'époque dont nous parlons, le Parc n'avait pas l'étendue qu'on lui donna plus tard; il D*allait pas au-delà de la grande allée, qui divise la partie haute de la partie basse; le flanc du coteau qui re- garde la ville était couvert de vignes, comme nous en voyons sur l'autre versant , qui s'abaisse vers La Passière. Ce fut seulement en 1767 que M™" de Maux et de Prunevaux, qui avaient une grande in* fluence sur le duc de Nivernais , se promenant avec lui au Parc , exprimèrent le désir de voir adjoindre à la promenade la partie plantée en vigne. Elles ajoutèrent, que si le duc adoptait ce projet, les habi- tants de Nevers se rappelleraient toujours avec rc* connaissance son séjour parmi eux. Aussitôt des ordres furent donnés , un plan fut dressé et mis à exécution. Quel magnifique panorama se déroule du haut du plateau I C'est d'abord . au midi , la porte du Croux avec ses tourelles et ses mâchicoulis du quatorzième siècle; puis les maisons s'élevant en amphithéâtre jusqu'à la cathédrale, qui couronne ce tableau con- jointement avec le château ducal; au sud-ouest, ce sont les Moniapins ; au lieu des arbres toujours verts qui ont donné leur nom à cos collines, on voit une forêt d'arbres fruitiers, chargés de fleurs au printemps en attendant les fruits de l'automne. Entre ces deux collines des Montapins et de Saint- Gildard, conle le ruisseau du Croux, auquel cette section de la ville doit son nom. Trois sources, pour le former, mu réuni leurs eaux : la source de Notre- Dame-de-rOnuc , la Fontaine -d'Ar;?ent, si renom- mée par la limpidité de ses eaux, et la fontaine Saint Loup, dont nous parlerons bioniOt. ,. Mais nous nous apercevons que nous loin bous dans un défaut que nous avons souvent reproché à nos vieux chroniqueurs et surtout à noire légiste-historien (iuy Coquille; tout en se dirigeant vers I2 but qu'ils se proposent , ils s'arrêtent à cliaque oljjet qu'ils ren- contrent sur leur roiue. PniElRÊ DE SAINT- GILDARD ET DE SAÏNT-LOLP. Notre province, à différentes- époques, a élé lellejncnl ravagée par les guerres, qu'une partie des (focumcnts qui auraient pu servir à compléter son histoire ont été détruits; et quoique les litres de notre histoire ecciésiasiique Soient encore les plus nombreux, il est cependant difficile de découvrir l'or groe de quelques-uns de nos établissements re- ligieux , et d'établir d'une manière claire et précise les détails de leiir fondation. Souvent les historiens Ou pays ont été réduits à remplir Iç rôle de simples chroniqueurs; nous nous contenterons de ce mo- deste titre, en entreprenant la notice du prieuré de Saint- Gildard. Léglise de Sainl-Gildard était dans le principe une église abbatiale, d'abord sous le vocable 'de Saint- Loup , puis ensuite sous celui de Saint-Loup et Saint-Gildard; enfi», le nom du second patron liîi est seul reste. Quel a été le foijdateur de cette ab- baye? A quelle occasion, fi quel,lc épo^iuc a-t-el!e «Mé fondée? Quel est ce saint Loup, son patron pri- mitif? Dans quel siècle le nom de Saliit-Ciildard a-t- il été ii!M i\ celui de Sîiint* Loup? Autant de questions auxquelles il est difficile de répondre. Nous espérons cependant donner quelques éclaircissements sur cotte partie de notre liistoiro, en exposant simple- ment le résultat de nos recherches. Si nous devons ajouter foi au récit de Richard, uioine de Cluny , qui écrivait dans le cours du douzième siècle, vers l'an 700 de Nolrc-Seigneur, la ville de Seyr, qui plus lard prit le nom de La ChariKL était encore imbue des erreurs du paganisme ; un — 241 ^ S0II8' diacre nommé F.oiip entreprît la conversion dé Rolland, roi dcRonssillon, qui était seigneur de Seyr, où il Imbitait alors. Le saint lévite fut assez heureux pourgag^^er à Jésus-Christ Rolland et tous les habitants de Seyr. Voulant compléter son œuvre, Loup fonda une église qu'il dédia à la bienheu- reuse vierge Marie ; il établit auprès un monastère, dans lequel il plaça des moines sous la règle de saint Basile, et H mit h leur tête l'abbé Gélase. (îélasedemeura trente ans abbé de ce monastère, qui dans le principe compta jusqu'à cent religieux (1). On ne trouve plus nulle part aucuns détails sur saint Loup; mais on sait que l'église, fondée auprès de Nevers, au milieu des carrières qui ont servi en grande partie à construire Ja ville, lui était primiti- vement consacrée, et qu'une des fontaines qui coulent au bas du plaieau porte encore le nom de fontaine Saint-Loup. Aussi Lebœuf. qui regante comme fabu- leux le récit de la fondation de La Charllé dont nous venons déparier, déclare qu'il n'y a pas lieu de mettre en doute l'existence d'un saint Loup, qui a vécu auprès de Nevers , et auquel on dédia régllse qui n'est plus connue maintenant que sous le vocable de Saint-Gildard. Lescharies du neuvième siècle la nomment l'église de Saint-Loup et Saint Gildard. Il est donc probable que ce saint Loup, dont les autres actes nous sont inconnus, a passé une partie de sa vie dans ce lieu . ou bien que son corps , après sa mon ,• y a été lr.insféré. Qn('l(|ues miracles opérés par son intercession auront (fêierminé les lidéles h élever un oratoire sur son tombeau ; c'est ce (jui se pratiquait alors communément. Quoique le culte de saint Gildard soit |>lus ré- pandu que celui de saint Loup , nous n'avo»s pas plus de détails sur sa vie. Les anciens livres de I éj^lise de Nevers ne nous ont laissé sur ce saint que des no- (1^ Lobœuf, Heciteil (h plusieurs écrits, tom. i. UoDS bien îDComplètes* Nous savons seulement qu'ii était prêtre, et qu1i édiûa par ses vertus la paroisse de Lurcy-le-Bourgy où il mourut dans le cours du hui- tième siècie. Sa mort eut lieu le 2U août ; mais, depuis plus de quatre siècles, sa fête fut renvoyée au 31 du même mois, à cause de Toccurrence de la solennité de saint Barthélémy. On comprend cependant que dans l intérieur du prieuré , saint Barthélémy devait le céder au saint titulaire, dont la fête se célébrait le ik avec pompe. McM. les Chanoines deSaint-Cyrn'ou- bliaient pas de se rendre au prieuré dès ie 23 , pour y chanter les premières vêpres. L'ancien cérémonial de la cathédrale portait qu'après l'oilice, le chapitre allait au réfectoire , oii il buvait de bon vin et man- geait des pains chauds. On ignore pour quel motif et à quelle époque le corps de saint Gildard fut transporté dans Téglise qui porte son nom ; mais on sait que Dieu voulut glo* rifier son serviteur par les miracles qu'il muUipiia autour de son tombeau. On sait encore par la charte de Charles-le-Gros que dès 888 celle église était déjà sous le vocable de Saînt-Glldard et Saint-Loup. Dans ces temps malheureux où des guerres con» tinuelles ravageaient la France , souvent les églises et les abbayes devenaient la solde des soldats; le vainqueur les abandonnait aux chefs qui s'étaient le plus distingués par leur courage et leur dévoue- ment. Tel était le triste sort réservé aux monastères placés en dehors des villes ; tel fut en particulier le sort de t'abbaye de Saint-Gildard« La charte de Gharles-le-Grosen faveur de la ca- thédrale de Nevers n'f st qu'un acte de confirmation de ce qu'avaient fait avant lui son oncle Gharles-le- Chauve et ses aïeux, c'est-à-dire Louis-le- Débon- naire et Charlemagnc. On peut donc conclure que l'abbaye de Saint-Gildard avait été comprise parmi les biens que Charlemagne fit rendre à l'église de Nevers, et que cette abbaye était tombée au pou- voir (les laïques, à'iasuile des guerres qui eurent lieu SOUS Pépin, 243 -- La circoostance dans laquelle cette charte fut sigDée est trop curieuse pour qu'il n'en soit pas fait Ici menlioD. Paris était assiégé par les Normands, qui déjà avaient donné jusqu'à quatre fois Tassaut avec UQ acharnement incroyable , lorsque Tempe- r.çur Charles-le-Gros parut à la tête d'une armée considérable , en sorte que l'ennemi avait à faire face des deuK côtés. Il n'était pas rare dans ces temps de barbarie de voir les évéques déposer pour quelque temps leur pacifique boulette et s'armer de l'épée du chevalier ou de la masse d'armes avec la- quelle ils assommaient rênnemi;onne sera donc pas étonné de voir Goslin , évêque de Paris, lancer des flèches du haut des tours,, tandis qu'Ëumène, un des plus saints évéques de Nevers, combattait dans les raogs de l'armée de Charles -le-Gros. Ce fut pendant le siège, comme on le trouve consigné dans cette charte 9 lorsque Ëumène bivouaquait (1) avec Charles-le-Gros , que cet évêque mit sous les yeux du roi et fit ratifier toutes les possessions de l'église de Nevers et des autres églises de son dio- cèse. L'abbaye de Saint- Loup et Saint-Gildard y est spécialement désignée. C'était en 888 (2). Dix ans plus tard , en 898 , un grand événement se passait près des murs de celle abbaye ; il s' agis- sait d'un combat en champ-clos entre Ualhier, comte de Nevers, et le chevalier Alicher. Rathier, comte amovible, exerçait ses fonctions au nom de Richard-Ic-Jusiicier. duc de Bourgogne; il fut accusé par Âlicher d'avoir voulu séduire Alix, épouse du duc , son suzerain. Ralhier, sous le poids d'une semblable accusation, demanda l'épreuve des armes, selon la coutume alors fort usitée ; les deux champions choisirent le plateau de Saint Giidard (1) Nous nous servons à dessein de celte expression» qui seule nous paraît propre à rendre in militiâ pernoctaOat, ■ ;?} qma çhmtiam, ï» ^ih toi, 311, — 2tik — pour le lieu du combat, dans lequel Tun et l'autre succombèrent. Le comte Ratbîer fut inbumé dans le monastère. Ce fait , rapporte dans la cbroniqne de Vézelay, est encore confirmé par un usage constamment suivi parles chanoines de Nevers : jusqu'en 1789 , toutes les fois que le chapitre se rendait en station à Saint- Glldard , avant de sortir de cette église, on chantait un Libéra pour le repos de Tâme du comte Raihier(l). Il est encore fait menticn de Saint-Gildard , en %8, dans une charte par laquelle Nairan, évêque de Nevers, cédant à la prière d'un nommé Adralde, lui concède un arp*-nt et demi et six perches de l'hé- riïage qu'il possède, et qu'Antidius lui a laissé, dans une terre nommée Pw^^d, bornée, d un côté, par les dépendances de Saint Cyr, de Sainte-Marie (2) et de Saint' Glldard ^ des deux autres côtés, par la voie publique , et enfin , du quatrième côté, par d'autres dépendances de Saint-Cyr, Cette terre était proba- blement le Parc awuel ou le versant du coteau qui descend à La Passière. Kairan mettait pour condition qu'Adralde lui ren- drait, au bout de cinq ans, la moitié de c^ terrain , planté en v gne, avec U's bâtiments d'exploitation nécessaires (8). Cependant, Tabbayede Saint Loup et Saint Cildard, car saint Loup avait encore la priorité , était tombée de nouveau au pouvoir des laïques ; un cht»valier, nommé Girl)ault de Marzy , et ses neveux N^uiguin et Girbault s'en attribuaient la propriété Ils avaient ol)tenu cette église du che- valier Séguin; vers 1080, ils ret»oncèrent à leurs droits et la restituèrent à Hugues III , évêque de Kevers. De son côté, Hugues en fit l'abandon au chapitre de sa cathédrale, pour le salut de son âme et (t) Ancien livre manuscrit des fondations de la cathédrale. (2) Abraye de >olre-Dame. f3) Gallia christiana, tom. xii , col. 319. — 24'. — pour L'âme de ses prédécesseurs. C'était alors l'asage (le donner des é{;ilses aux chapitres et aux monas- tères qui se chargeaient de les desservir par eux- mêmes ou de les faire desservir par des vicaires. On prétend que Téglise de Saint-Gildard devint alors une église paroissiale, ce qui est probable, puisqu'il n'y avait plus de moines pour y célébrer l'office , et que d'ordinaire tes églises abandonnées aux chapitres étaient immédiatement érigées en pa- roisses. On trouve, ii est vrai, peu de fondaiioi.s autour deSaint-Gildard, mais la population pouvait être agglomérée aux environs de Tétang de La Passiè>e. L'acte de donation de Girbault de iMarzy fut attaqué par Séguin, qui revendi(|ua ses droits; cependant, à la soiliritatiou du comte Guillaume et des chanoines de Saint-Cyr. il finit par tout approuver (1). Q jinze ou seize ans après , Gay , successeur de Hugues Iir, jugea qu'il serait convenable de rendre h celle église son ancienne destination, en y établis- saut des religieux; eii coi séquence, il la donna à l'abbaye de Saint-Laurent ei Saint-Hilaire. Dongion, abbé de Saint-Laurent, accepta au^nom de la com- munauté, et se soumit aux obligations qui lui furent imposées dans l'acte dressé à cette occasion. Le chapitre de Nevers se prêta de bonne grâce à cel établissement, et forma une espèce de confraternité avec ces religieux. Il fut arrêté que si Dieu donnait à un chanoine de Nevers la pensée de se retirer îx Saint-Gildard, pour y vivre dans la retraite et servir Dieu avec plus de recueillement , il conserverait néanmoins son canonicat dans la cathédrale , à la condition qu'un des clers réguliers de Saint-Giklard se chargerait de faire sa semaine, et de remplir les autres fonctions auxquelles il était tenu< 11 fut encore stipulé que le couvent de Saint Gildard jouirait des (I) GaUia christianay loin» xii, col. 336. prébendes des chanoines morts jusqu'au jour de leur anniversaire. C'était l'usage qu'un chanoine eût droit au revenu de sa prébende pendant un an après sa mort; ce revenu était employé sans doute à faire des prières pour le repos de son âme (1). Quand un chanoine quittait sa prébende^ de queN que façon que ce fût , les religieux de Saint- Ciildard , en percevant les revenus du chanoine dé- cédé ou retiré, éiaient obligés , non-seulément de desservir sa prébende pendant l'année, mais encore de dire des messes pour le chanoine hiort , les jours non empêchés. On leur céda eu outre un droit d'an- niversaire, dont jouissait le chapitre de Nevers dans l'abbaye de Notre-Dame de la même ville, à la mort d'un de ses membres (2). Enfin , il fut convenu que si , le jour anniversaire de la mort d'un chanoine, le chapitre mangeait au réfectoire, les religieux de Sainl-Gildard pourraient réclamer la nourriture à laquelle aurait eu droit ce jour-là le chanoine, s'il ne fût décédé. Cette charte fut confirmée , en 1100 , par Hervé , évêque de Nevers ; elle est assez curieuse pour trou- ver ici sa place. Abandon du prieur é de Saint-Gildard fait aux religieux de Saint Laurent- l'Abbaye par les ckanoines de Saint-Cyr. a Nous faisons savoir fi tous les chrétiens fidèles, 9 présents et h venir, que le seigneur Hugues III, » évêque de notre église , nous a donné à nous, cha- 9 noines de Saint-Cyr, pour le salut de son âme et » de l'âme de ses prédécesseurs, une. église con- (L) Le chapitre avait retenu quelque chose de cet usage jus- qu'à la révolulion de \lhd; le chanoine qui mourait le len- demain de ]Noëi avait droit aux gros fruits en entier de Tannée suivante. (3) (iaUia christiana, toin. xii, col. 336. — î/|7 — 9 sacrée en Thauneur de saint Loup et saio4 Gii- > dard , du consentement de GirbauU de ftlarzy , » chevalier, ainsi que de ses neveux Mauiguin et B Giri)ault , qui paraissaient tenir cette église du > seigneur Séguin, chevalier. Cependant ledit Séguin t vint s'opposera cette donation; puis, cédant aux » sollintaijoos du seigneur comte Guillaume e^ à i nos propres sollicitations, il se rendit au chapitre » de SaintCyr, et renonçant de lui-même et de bon » cœur à ses prétentions, il approuva et confirma ce » qu'avaient fait GirbauU et ses neveux , le jour des » noues de mars , la sixième férié ^ de telle sorte » qu'à Tavenir et toujours nous puissions disposer à » notre gré de celte véglise , sans avoir à redouter > aucune réclamation. » Quant à nous, sous i'épiscopat de Guy, notre > évéque , successeur du susdit Hugues III , d'un > commun avis et par une décision unanime , nous • l'avons donnée et concédée à l'église de Saint- » Laurent-r Abbaye et Sain(-Hilaire , dans la per- > sonne de Dongion, premier abbé du lieu, afni B qull y établit par la suite des clercs réguliers pour > y servir Dieu. Nous avons encore arrêté , dans un > chapitre général , que si un de nos chanoines, à > qui Dieu aurait inspiré ce désir, voulait se fixer à 1 Saint-Gildard , il pût , avec notre consentement, • s'y retirer pour servir Dieu et l'église, tout en > conservant en entier la prébeiïde dont il jouissait » parmi nous; mais à condition qu'un des frères de 9 Saint-Gildard se chargera de sa semaine dans « noire église. » Nous donnons aussi et nous concédons à ceux » qui sont chargés de desservir celle église, la pré- > bende à laquelle nous avons droit pendant trente » jours, dans le monastère de Sainte-Marie, à la » mort d'un de nos chanoines, comme aussi, lors- » que nous mangerons au réfectoire, aux jours des » anniversaires des chanoines , la nourriture à la- » quelle le chanoine mort aurait eu droit ce jour-là. » Plus lard, le IV des nones de mars, la sixième — 248 — 9 férié 9 noUe évèque, le seigueur Hervé » homme t grand en tout, assistant à notre chapitre général f avec le seigneur Dongion, abbé ci-dessus nommé, > arrêta « de concert avec nous , et décida d'une ma- 9 nière irrévocable qu'à la mon d'un de nos chanoines» > les clercs chargés de la desserte de Saînt-Gildard » auraient droit à la prébende du mort jusqu'au jour » de son anniversaire , et qu'ils en jouiraient en en^ 9 lier, à la charge par eux de célébrer la messe pour > l'âme du défunt , les jours non empêchés. 9 Le susdit Girbauit et ses neveux, ainsi que le • seigneur Séguin, accordent à la même église tout ce que les clercs pourront obtenir, de quelque ma- » nière que cesoil, parsuiledes bénéfices qui y sont 1 aUachés. - t Tout élant blenarrôté, aliu que cette donation ■ ne pût être ignorée par la suite > ils ont voulu que 9 l'acte fût dressé , ils l'ont eux-uiêmes confirmé et 9 l'oïH fait confirmer par des témoins. » Cette charte fut écrite aux nontîs de mai , la se- 9 coude férié, indiclion VIII, l'an MG de notre 9 Seigneur, sous le règne de Philippe, roi des • Français. l\aî?infrède, cbancelier, dicta cet acte. • Signature de l'évèque Hervé. ■9 Signature du doyen Tétrius, » Signature de l'archidiacre Mathieu. j> Signature de Hugues , prêtre. B. Signature .de Raoul , chapelain. » Signature de Girbcrt , diacre, p Nous ne trouvons pas la signature de Dongion, qui aurait dû aussi être apposée à cet acte , puisque les clercs de Saint-Gildard devaient se soumettre à cer- taines conditions , comme nous l'avons vu. Kous laisserions cette notice incomplète, si nous ne faisions connaître les religieux^d,c Saint-Laurent- TAbbayequi, à partir de llOO, ont été chargés de desservir Saint-Gildard. — 249 — SAI19X-LAURENT-L' ABBAYE. Au milieu du sixième siècle , Woliiu , prince de sang royal, avait fondé dans le Berry un monastère du nom. de Longretz, Longorotense monasie^ium\ il lit construire aussi dans le Oonziais un semblable monastère, qui d'abord porta le nom de sou fonda* teur , Wulfim monasterium > puis ensuite prit le même nom que celui qui avait été fondé dans le Berry 9 Longorotense (1) monasterium. Cependant, pour les distinguer, on nomma notre monastère Longoi'otense monasterium albaiorum^ Saint-Laurent- des-Aibats, parce que les moines qui rhabitaient étaient vêtus de blanc , tandis que ceux du Derry portaient une robe noire. Bouchet , dans ses Annales d^Acquitaine^ dit que la terre de Longretz fut donnée à la cathédrale de Poitiers, ainsi que Tracy, qui dès-lors avait son église (vers Tan 524). On sait qu'en effet les cha- noines de Poitiers étaient seigneurs de la terre de Longretz, et, en 1561 , quand on voulut rédiger la coutume d'Auxerre^ on cita Les doyen et.thapitre de Saint- Hilaire- le- Grand de Poitiers^ seigneurs de la terre et châtellenie de Longretz (2) ; Ceux-ci com« parurent par M* Edme Trlbollç, leur procureur. Pour assurer leurs droits et les rendre plus sacrés;, ils avaient , dès le onzième siècle, ajouté le nom de Saint-Hilaire à celui de Saint-Laurent, et déplus, ils avaient transporté dans ce monastère les corps de leurs deux premiers évêques, saint Nectaire et saint Libère (3).. (i) Le nom de Longretz a été donné à ce monastère à cause des marais étendus au milieu desquels il est situé. (2j Coutume du comté et bailtiageéCAuxerre, procés-ver- hal , page 17S. (3) Martyroh autissi., die junii 19". — Lebœuf, Prise â^Àuxerre , page 28 1 . 4ë •' « •^ 250 ^ . En 1199, lors de la fameuse bataille qui s'engagea entre^ Pierre de Courlenay et Hervé, baron de I>om^, dans les plaines de Saint-Lafureàt 9 les cot- terèaai que le comte Pierre avait engagés daàfs son àfméc; détruisirent en partie l'église de cette ab- baye et celle tîe Saint*£(ienne , qui ep^ dépendait. La Petite chronique d'Auxerre^ qui raconte la' vic- toire d'Hervé sur son adversaire , fait ofwervér que les deux saints se mirent de la partie, contre ceux qui avalent profadé les églises placées so'usléu^ pa- tronage (1). ^ ' ' *' Pendant les guerres des Bourguignons et des' Ar- magnacs, les troupes attachées an pïirti du dtrb d'Orléans passèrent la Loire et vinrent se H-xer pfett^ dant quelques jours à Saint-Laurent-l' Abbaye, qu'ils ravagèrent. Hs pillèrent les châsses qui renfermaient les reliques de saint Nectaire et de sdint Libère et les autres reliquaires qu'ils trouvèrent. Cependant , Ils respectèrent les reliques qui y étalent reofcrméfes. €e ne fut qu'an seizième siècle* que les protestants îesï^rdfMièrent et les dispersèrent. Depuis cette épo- que, oh ne possède plus de reliques des deux prë'- mlers évoques de Poitiers. * » • . ' I! est fait mention du monastère de Longrelz'datfc ^es actes de saint Aunaire, vers l'an 580, et daAs les statuts de saint Tétrice , vers Fan 700.- On" ne sait quand ni pourquoi les anciens religieux qui habl- talent ce- monastère furent remplacés par desclfa- tooliies sééuliers ; mais on sait ^t Robert def Neveris(, qui fut évêque d'Auxerre depuis l'année 1076 jus- qu'en 1084, confia à des chanoines réguliers de Saint- Augustin l'église de Saint-Laurent «tSalnt- Hllaire, et qu'il l'érigea en église abbatiale. Hum- tatiit^, sthlf successeur,' l£tir ' abandonna plusieurs églises de son diocèse, et Hugues» successeur d'HumbauIt , confirma ce qu'avait fait son prédéces^- (1) Lebœuf, Uist.d'Àux», iom. 11, p. 125. 1 • 1 — 251 - • "') 66ar , shootant encore de Doavelles fave«r(^ Toutes ces ' âeoaUoiis , que nous trouverons relatées plos bas dans la bulle d'Ëugèno III» sont à peu près contemporaines de semblables donations, qui ont en lieu dans, le diocèse de Nevers> et de l'abandon de Saint-Gildard que Guy ^ évéque de Nevers, avalt.fait à Dongion , . premier abbé des clercs réguliers de SaiBt-ÀugusIin, établis à Saiot-Laurent-r Abbaye Ci)« ' Il est à remarquer que souvent les égliies de rie* vers et d'Auxerre adoptaient les mêmes usages ef formaient les niémes Institutions ; c'est à rimitatioQ de Robert de Nevers , évéque d^Auxerre, que notre évêqueBugues avait établi lés anniversaires pour les chanoines. Ces anniversaires se célébraient à Auxerre dans réglise de Saint-£usèbe. Hunâbault donna nette église aux réguliers deSaint-Laurent-l'Âbbajfe^ à4a charge d'y célébrer les messes fondées par iiobert 9 son prédécesseur (2) , et Hugues de Noyers leur ac- corda les anniversaires de chaque prébende vacante dans l'église de Varzy (3)., , , LES RELIGIEUX DE" SAINT-LACRENT-L' ABBAYE A 8AINT- GILDABD* Depuis l'abandon de Saint blldard aux religieuse de Saint-Laurent, l'évéque Guy, leur bienfaiteur, avait quitté ce moifide ; Hervé lui succéda et con- firma , comme nous l'avons dît, la donation qui leur avait été faite. Hugues IV , successeur d'Hervé, con- tinua à combler de bienfaits le nouvel établissement de Saint-Gildard; il abandonna aux religieux l'église d'Urzy y avec une maison, un verger, un pré, des l | I i 1 i*i ^**w«■■.■ iw i ■ (4) Clcfll «jnsi^qiK nojuponuporons ^ VjuwDir ce monutére, qaiin'élaU rIm^ con^ iiaj^sous te nom de Wulfint deLongretx^ des Auhats ou Albats. (2) Lebœuf « HisL d'aux, , tom. i , p. 260. (3) Ibid, tom. i,p. Sis. — 252 -r terres, etc., et il y ajouta Téglise de Saint- Martin- d'Heuille. FroiDond , qui remplaça HiiRues IV sar le siège de Nevers, conûrraa tout ce qu'avaient fait ses prédé- cesseurs en faveur des religieux établis h Saint- Gildard; entre autres choses, il confirma le droit qui leur avait été concédé de jouir en entier , pendant une année , de la prébende de tout chanoine qui viendrait à abandonner la cathédrale ^ de quelque manière que ce soit. 11 modifia cependant cet aban- don , en ajoutant que si le chanoine se retirait au monastère de Saint-Martin, de Nevers, ce serait à ce monastère de percevoir les fruits de la pré- bende, lesquels retourneraient, après la mort du prébende; aux religieux de Saiiit^Giidard pendant un an. Hugues l\, dont nous avons parlé plus haut, avait établi, de concert avec son chapitre, dans son église cathédrale, deux prébendes dont les titulaires devaient être chargés d'offrir, tous les jours , le saint sacrifice de la messe pour le repos des âmes des bienfaiteurs de cette église. Le saint évêque ajoute dans l'acte de fondation : « Ces pré- » bendes leur sont accordées simplement sans au- 9 cune autre condition, en sorte que ni Tévéque^ ni > le doyen 9 ni le chantre n'auront à réclamer aucun > droit d'entrée , et les chanoines ne pourront exiger » ni repas, ni Indemnité pour le repas de bienvenue; 1. car il est juste et convenable que ceux qui seront ■ chargés d'offrir le sacrifice pour la délivrance des p autres, soient eux-mêmes exempts de toute tâche j» de simonie. > Hugues donna ces deux prébendes à Athérius et à Guy , et leur abandonna en outre une maison, ayant un jardin entouré de murs, afin qu'ils pussent demeurer et vivre ensemble. H est dit dans la charte que si ces prêtres, par infirmité , ne pouvaient plus remplir par eux-mêmes ou faire rem- plir ces fonctions , on devrait leur faire substituer d'autres personnes^ afin que la messe pour les morts ne manquât jamais. Une clause bien remarquable — 253 — s'oppose à ce qoe ces prêtres puissent posséder iine aatre prébende ou même une chapelle à des- servir conjointement avec la prébende des morts ; car ils doivent se consacrer jour et nuit an service de Dieu dans l'acoropUssement des devcirs qu'ils se sont imposés (1). Ces deux prébendes furent plus tard concédées aux religieux de Saint-Gildard. Parmentier semble donner à celte concession (2) une époque antérieure à la charte de 1222 ; mais la lecture attentive de cette charte, que nous rapporterons plus bas« prouve que ce ne fut qu'à cette époque que les deux pré- bendes des morts appartinrent à Saint-Gildard. Dans on manuscrit laissé par M. l'abbé Alloory « on Ht: • Thibault, évêque de Nevers, en 1180, et » son chapitre, considérant qu'il était trop incom- • mode aux religieux de SatnlrGil lard, de venir à • matines, qui dansce temps scdi>aieqt partout à mi - » nuit, les en dispensèrent à cause de Téloignement > et de la difficulté du chemin , et leur accordèrent, > à la place des deniers malutinaux, qui se distri- » huaient au chœur, la somme de 3S sols somme • considérable alors. Il est à remarquer cependant > que cette dispense a lieu pendant la vacauce du > canonirat et pendant le temps que le couvent de » Saint-Gildard ne jouit encore que des anniver- 9 saires , à cause de l'office que sont tenus de faire » les religieux, à la place des chanoines morts ou re- » tirés. » Comme on le voit, il ne s'agit que de Tofflce des anniversaires, c'est-à-dire de la prébende du cba« noine mort , dont jouissaient les religieux de Saint* Gildard pendant un an , en priant pour le mort et en le remplaçant au chœur durant cette année ; ou bien (t) Prohibtmus etiam ut nec aliam prœbenda^ \ îaniam habeant nec qûœrant, sed Dei servi'' quefaciant, Gall. christ., Ton. xii, c ,^ nâoeapBl* 4^ .*• r •• »■■>»•• —sr — 254 — encore de ToiGce que cea-f^eligieux devaient célé- brer à la place des chanoines, qui se seraient retirés dî&lls 'teâi* 'mbn^tère ; mal^fil n'était 'pas Men^Qua qnestidta ponr tnx des deux prébenâc» des ai#rts# S'il» en eussem joui^ ils n'eussent pas iiKmqué ^ ' » Eugène , évêque, serviteur des serviteurs de Dieu : à nos chers fils Hugues, abbé des bienheu- retrx Laurent et Hilaire de l'abbaye, et à ses^frères présents et à venir?» qui ont embvassé Irrévoca^ blement la* vie canoniale. Dieu nous a commis* la charge pastorale; afin que* • nous ^âssk)iis- tous «os efforts pdnr établir la religion- selon son boo^plal-^ sir» et pour conserver avec soin cette religion déjà affermie. ; i . » C'est pourquoi, ehersfils en J**G%,dous rendant arèc bienveillance k vos justes demandes , nous prenons sous ' la ' proteetion * apostolique du bien« heureux Pierre cette église où vous «vous réunissez pojur servir Dfeu, arrêtant que toutes les posses- sions/ tous les bîens^dont «lie joak malntenaftt # selon les règles de la justice et les usages ecclé- siastiques , ceux qu'elle pourra acquérir dansfla «utat,*dë latCOftcessiQndes ilvêques, d&iajargesse du rot ou xteBiprinces, deli&oy£iiSféqulLabI^s^<. avec l'aide de Dlea>i irou6 afipariienneot A «vous et à yos succès Murst^^ittSfqu^'oa puisse vo^us^.en disfMitQrJa.pQS- session. Parmi ces biens , nous avons cru devoir faire une mention ijpéeiale-de- ceuxquisoiv^ml:. » flugPQSj ^.vjôque d'Auxerre et ses prédécesseurs j pnt coiioWé„xpmïfte on le voit dans uo î^cte de — 255 — > cet évêque, i'égUse de Saint- Eusèbe,d*Aoxerre, et » celle de Saint-Mainert qnïtn dépendait, les églises > de Saint-Cyr-les-Goulons , ()e Saint*Sympliorien » de Trîicy; ée Saînl-Andelaîn, de $alni-Màrt!n-do- » Transec, de Saint- Martin de Garchy, deâaint-' » Synophôrien de Cours, de Saint- Pierre de Dom- ' * pierre, de Saint-Julien de Tury, en outre Téglise • » de Saint«Slméon, tout eh réservant les droits des I infirmes et le droit de Tévêque d'Auxerré. Les » chanoines de Saint-Cyr de Nevers, comme IV ap* ' I pert par leur acte de donation, ont abandonné » Féglisè de Sàlnt-Loup et SaInt-GUdard , avec » toutes les dépendances, qu'ils tenaient de la libéra- * lité d'Hugues IIT, évêque de Nevers, d'heureuse > mémoire; lesdlts chanoines ont aussi arrètéyque si » on d'eux, pour servir Dleuavec'plusderecueil- » lément i valait se retirer dans le monastère qulis » concédaient, il conserverait pendant sa vie Ik pré»- 9 bende dont il jouissait h la cathédrale. Ils ont ac^ » ^ordé en outre à l'église de' Saînt-Gildarcria pré- » fiféndé à laquelle ils avaient droit pendant trente • » jours» dans le mohastèré dé Notre-Dame,^ la mort ' » d*un de leurs frères. < *• • Par dôHCéssîon dé l'évéque d'Auîterre cî*desstt6 tion^nté, lis- devaient jouir des anniversaires des » chanoiiies de Saiiil-ÉtieRne. ^ Léger, évêque de Bourges, leur a fait don de » Tégllse dé Sainl-Hilaire (te GondiUàc. • Enfin Hugues IV, évoque de Nevers, a donnée » la même église de Saint-Gildard Téglise d'Ufzy, la j» maison, le verger^ lés champs et prés qu'y pos- » sédaient le chanoine Bruno et l'église de SafDt> » Martin-d'Heuille. » Fromond , son successeur, leur abandonna les > prébendes entières des chanoines de Nevers , de » quelque ipanière qu'elles vinssejit à vaquer, vou- » la^t quq l'église (Je Saint-Gildard en perçût le » revenu pçpdîjiH un ^in, en (exceptant cependant » de cçlle disposition le cas où un chanoine yjen- » drait à se retirer (i Saint-Martin; car alors if w;.- — 256 - conserverait sa prébende, et les chanoines de Saiot-Gildard n'en jouiraient qa'après sa mort Il concéda en outre Téglise d'Aubigny, en excep- . tant les droits que les moines de Dienne auraient à exercer, il y ajoute Tétaog et le nioulin qui avoi* sinent cette église i venant d'Hugues^ chanoine de Saint-Gyr. » Nous décrétons que jamais personne ne pourra posséder Téglise de Saint-Laurent et Saint-Hliaire, la troubler, s'emparer de ses possessions, les re- tenir, les diminuer, on inquiéter en rien les reli- gieux; nous voulons que ces biens demeurent en entier À ceux à T usage desquels ils ont été destinés, Fautorltédusaint-siége étant toutefois sauvegardée, ainsi que les droits canoniques des évoques diocé- sains. > Si à l'avenir il se trouvait quelqu'un , soit parmi les ecclésiastiques , soit parmi les laïques qui , con- naissant cette constitution , viendrait téméraire- ment à la violer, et qu'il refusât, après deux ou trois admonitions , de réparer sa faute , qu'il soit privé de ses honneurs et dignités; qu'il sache qu'il aura à répondre devant le souverain juge de son iniquité , qu'llsoit privé de la communion du corps et du sang de J.-C N. S. et qu'au jour du juge- ment il reçoive sa condamnation. Que ceux au con- traire qui conserveront les droits de ce monastère jouissent de la paix de N. S. J.-G., qu'ils reçoi- vent ici-bas le fruit de la vertu et qu'ils trouveut auprès du souverain juge le prix d'une éternelle paix. Amtn, amen, amen. (1)» » Nous avons fait remarquer plus haut que c'était à tort que ParmeiUier avait mis les religieux de Saint- Gildard en possession des deux prébendes des morts ava;:t 1222; il tombe dans la môme erreur en écri- vait la yîe de Gervais de Ghâteauneuf , évoque de i> w . ^ ^'«t. d'Àuxerre, tome ii, pretivet, pageMS. **»-. — 257 — Nerer$ (1). La charte donnée par cet évêque est tellement claire qu*on ne comprend pas comment notre savant.chroniqueur a pa se tromper en la tra- duisant. Jusqu'en 1222, les deux prébendes des morts avaient été réservées h deux chanoines de la cailié- drale; les religieux de Saiut-Glidard n'avaient que les anniversaires et les prébendes des chanoines qui désiraieut se retirer dans leur monastère ; par suite des conventions nouvelles faites en 4222, tout en continuantà desservir, dans Tabbayc de Saint-Lau- rent, les anniversaires -des chanoines nions, ils de- vaient en laisser les revenus au cluipitre , mais en compensation les deux prébendes des morts leur appartenaient à Tavenic On lira sans doute avec intérêt celte charte de Gervais de Châteauneuf ; nous allons en donner la traduction. Échange fait entre Gervais^ évêque de Nevers , et l^abbé de Saint-Laurent. « Au nom de la sainte et indivisible Trinité. A tous • les fidèles serviteurs de J.-C, moi, Gervais, par » la grâce de Dieu, évêque de Nevers, Hugues, » doyen, et tout le chapitre de Saînt-Cyr de Nevers, > faisons savoir, que d'après une ancienne ei louable » coutume établie par nos prédécesseurs, le prieuré » de Saint-Gildard , soumis à l'abbaye de Saint- r Laurent , percevait dans notre église les prébendes > des anniversaires, de quelque raamère qu'elles » vinssent à vaquer, et qu'il y avait dans notre ca- * thédrale deux prébenJes destinées au?^ services » des morts, lesquelles prébendes sont égales aux » autres et en font partie; du consentement et en- » tière volonté de Gervais, abbé de Saint-Laurent, ]> ^t de toute la communauté , après avoir bien pesé fl) Histoire manuscrite dêi évéques de Nevers^ '"•^^Wrf/f-- — 258 — les intérêts des deux églises, iioas avons échangé lesdites prébendes aveirles anniversaires, et les o anniversaires avec les prébendes, en sorte que nôtrë'ègltse pourra employer], sans être jaùialà inquiétée dans ce droit, à ses propres besoins les anniversaires et tout ce que lé prieuré de Saint- Gildard est dans l'habitude de recevoir à l'ocra* B sl'on des anniversaires , soit dans l'église cathé- drale , soit dans le monastère de la bienheureuse l\larie' de IJfevers, ;soît ailleurs; et cependant, l'abbé et le monastère de Saint-Laurent feront, dans l'intérieur de leur abbaye, les anniversaires et le service des morts pour chacun dé nos cha- noines qui viendrait à quitter ce monde , comme » ils avaient coutume d'agir anciennement. » Quant au prieuré dé Saint-Çtldard , il possé- dera à l'avenir, et dans leur' entier, lès deux pré- JD beridcs des morts dont nous avons parlé , pour en jouir à tout jamais «l sans trouble dans notre ca- thédrale. Nous ne retranclions que les maisons attachées à ces prébendes, qui resteront à la dis- position 'du chapitre. Deux des prêtres, chanoines de Saint-Gildard , seront chargés de desservir ces deux prébendes, et devront célébrer tous les jours une. messe pour if^ morts,. dans noire église, excppté les jours où nous né devons pasi dire de » messes des morts. » Si ces chanoifles viennent à manquer de célébrer çel^e mpsise, il^. seront punis selon l'usage. Le prieur de Saint Gildard pourra h son gré changer ces, deux chanoines. » Les deux chanoines chargés de ces prébendes auront droit, dans les distributions quotidiennes, au pain et au vin ^ quand ils assisteront h la grand'- j> messe et à deqx des petites heures ; s'ils sont pré- sc^nls aux vêpres et aux deux autres heures,. ou seulement aux matines, ils auront les deniers du matin; mais s'ils se rendent. à la grand'messe et à rt deux petites heures, ou à vêpres et aux deux » autres petites heures, alors ils seront libres de — 259 — • choisir entre le pain et le vin et les deniers matu- 9 tinaux. Ils recevront ,' ccimme deax de nos cha- h Boiae^^ le^. disir^toUons qui se font,, soit. .au s chapitre ,. soit pour les anniversaires,, soit dans les ^ processions ou. dans d'autres circonstances^ quand ^ lisseront présents^ mais ils ne peuvent avoir voix » aa.jcbap|(re. Oans.tous.Jes.reyenusque reçoit le • cl^apitj:^, Qu dan^ les dépenses auxquelles il est » tieptt >' le prieuré dç.. Sainl-Gildard recevra qu ii payera au .prorata de sesdeu^ prébendes. » Fait à Nevers , en 1222 , au mois de juillet (i)*- « On ne sait au juste .^ quelle époque cessa la con- ventualité de Salnt-Gildard ; mais; quand elle ces^a , le^ privilèges et les droits de cette maison passèrent à r.abbaye de Saint-Laurent, qui en était, comme la inère; Iqç services des çliànoioes morts continuèrent à êtr^ faits à Saint-Laurent , et les prébendes de Sainl-Gild^ird étaient obligés d'en fournir jiu cha- piirç une attestation, sous pein'e d'expulsioii .. On sait pomme on est inflexible quand il s'agit dés privilèges de corps ; i[ y eut souvent des contesta- tions et, mgme des procès entre le chapitre de Ne- vers et les monastères de Saint-Gildard et de Saint- Laurent, yers Tan i^OO , les Socii Sancti-Gildardi , comme. on les appelait, voulaient marcher de front avec les; chanoines delà cathédrale, et porter comme eux le camail fourré de gris ; le chapitre s'y opposa ^ préjiendaui que leur fournirc devait être noire, pou^ les distinguer des chanoines de Saipt-Cyr. A lin de les j contifaindre, on leur avait refusé la délivrance de leurs, r^.venus. Le prieur de Saint Gildard , qui desîiervî^itjui- même* une des prébendes •, et son con- frère furent fqrcés de sç soumeltrç; ils prirent donc le camaij foqrré de noir, et firent ensuite sommation au chapitre de leur délivrer leur revenu. (I) GaUia christs ^ toin. xUt c, 3i8, »•- - ,î . ^' ^^^^^99Mif^. — 260 — Une sentence du palais , en 1 507 , régla les droits respectifs des parties , et rappela anx religieax les obligations dont nous avons parlé; il y est dit que les religieux de Saint Gîldard ne pourront sortir de la ville sans une permission expresse du chapitre. Un autre arrêt de 1513 confirmé celte sentence et déclare que les seuls religieux de Saint Laurent peuvent êire admis à la desserte dés prébendes de Saint-Gildard. En 1587 , un arrêt autorise les religieux de Saint- Gildard à se dire chanoines de Nevers (1). . Dans le principe , une grande régiilarité régnait dans le monastère de Saint- Laurent , grâce ^ la vi- gueur de la discipline. On IR dans la Gallia chris- tiana un fait bien propre à nous en donner une idée ; il e>t tiré du nécrologe de celte abbaye au treizième siècle. Nous nous contenterons de donner ici la tra- duction lillérale du nécToioge : Le 22 juillet est dé' cédé Godefroi, religieux de cette maison , chargé de la régie de notre maison de Centose ; il s'est attribué en propriété des choses qu'il n*a pas déclarées ; (fest pour^ quoi il a €t,é privé de la sépulture ecclésiastique , et nous mettons ici son nom, non pour engager à prier pour lui ^ mais pour servir d'exemple aux autres. On voltnn exemple d*une semblable sévérité dans la vie de saint Grégoire le-Grand (2). Cependant , le relâchement s'était insensiblement introduit dans le monastère ; dès le commencement du quinzième siècle , Michel de Cresnay , évêque d'Auxerre, plaidait contre l'abbé de Saint- Laurent, qui gérait fort mal le teniporel de l'abbaye. La cour, par un arrêt du 20 avrH 1^09 commet deux prieurs voisins pour en avoîrj'admiuistration pendant quatre ans (3). Près de cent cinquante ans plus tard , en 15/i8, il y fl) Extrait d'oD manuscrit de M. Tabbé Alloury. r2) Gallia christ, , lom. 'xii , col. 434. [3) Lebœuf, Hi$t, d*Aiixerre, tom. i, ut»**-" — 261 — eut un nouvel arrêt du parlement, à la requête du procureur du roûqui portait que les religieux de cette abbaye seraient réformés. François de Dinieville » évêque d'Âuxerre, nomma deux chanoines réguliers du même ordre pour y introduire la réforme, savoir : l.aurent Pétition» abbé de Saint-Père d'Auxerre. et Jacques du Coin » religieux de Saint-Martin de Ne- vers i 11 les établit ses vicaires-généraux à cet efiet , avec pouvoir de faire toutes les inroniialions et per- quisitions nécessaires,, de punir les délinquants et de rétablir le bon ordre (1). On comprend maintenant les démêlés qui s'étaient élevés entre les chanoines de Nevers et les relJKicux de Saint-Gildard , qui étaient sous la dépendance d'une abbaye devenue si peu régulière* Avant 1689, l'abbé de Saint- Laurent ^ sans tenir aucun compte des conventions établies, avait nommé un génovéfain à une des prébendes de Saint Gildard; le chapitre de la cathédrale réclama , et il y eut un nouveau iilrocô» entre les chanoines de Nevers et les abbé et religieux de Saint-Laurent. Ce procès fut suivi d'une transaction, iiin 16S9 l'abbé reconnut qu'il avait eu tort de nommer un génovéfain , et avoua qu'il n'avait pas même le droit de nommer, mais seulement de commettre. Par la môme transaction, l'abbé de Saint- Laurent et les religieux ainsi que le prieur de Saint-Gildard renoncèrent à tous leuis droits sur celte maison , et la remirent entièrement au chapitre de Nevers. Le chapitre, de son côté, céda en échange le droit qu'il avait de nommer aux cures de Saint-Trohé dans la ville de Nevers, d'Apremont-sur-Allier et d'Avril- sur-Loire. Depuis lors> l'abbaye de Saint-Laurent a perdu tous ses droits sur Saint-Gildard et le. chapitre a nommé à la desserte des prébendes (2). (t) Lebœuf, Bist. dCAuxerre, 1. 1. p. 593. (S) Manuscrit de M. l*abbé Altoury. 1 t tu . t I i< t .' Il'' i t I '*«•;» r : If i t • Nous avons dit qu'avant d'atypartenfr k l'abbaye de Saint-Laurent V^glhe de SainUGiIdard devint paroissfale pendant quelques années. Il paraît qné les religieux tinrent à conserver ce titre. Guy €o*» qnille compte Saint-Gildard parmi les prieurés-cures dti diocèse de Nevers (1), tt le pouîilé riianusci^it déposé aux* archives de révôché de Nevers, qui aurait été dressé en lA74par'lés ordres de Werre d* Fontenay, parle de la cure de Saint-Gildard , qui était, aiiïsi que lé prieuré» à la nomination de l'abbé de Saint-Laurent (2). 11 est certain qu'avant itiUB Saint-Gildàrd était paroisse. Parmeniier raconte que cette église , ainsi que celles* de Saitit^Benin et de Sàlnte-Valière , eurent .beaucoup à souffrir pendant la guerre de cent ans; placées en dehors de la ville, elles étaient exposées à toutes les attaques de rcnnemi. Depuis long-temps les Anglais ravageaicfnt les alentours de Nevers; mais, en iiihO surfoul, ils avalent répandu partout la terreur, au point qu'on avait garni ée barrières et de fossés toutes les avenues de la ville. A cette époque, les trois égîfses dont nous venons de parier furent presque ruinées. En l/iû5, ledt)yen PiObert Tenon constate leur état , par ses procès- verbaux de visite du 14 octobre, du 12 et du 16 no- vembre ; il ordonne le rétablissement de ces églises $ mais , selon l'expression de notre chroniqueur, -W 'prenait maison temps ^ car ces trois paroisses n'avaient presque plus de paroissiens , et ce qu'il en restait n'à^ tait pas même le nécessaire (3). La paroisse de Saint-Gildard, déjà peu populeuse, ^'affaiblit encore davantage à partir de cette époque. En 1784 f les habitants prièrent l'évêque d'interdire l'église» ce qui eut lieu. Je ne pense pas cependant (i) Hist, du iVtvtfrnai^r'Pw 862.ei.a7S. > • - o- * (2) Ad coUationem abbatis Sancti Laurentii cura Sancti Gildardi et prioratus, (3) inventaire historique des titres de la ville de Ifevert» **. ' —. 2.63 — . ." ■ • qù'U s'agit d'un interdit absolu, mais seûléttient du titre d'église paroissiale, qui devenait nul par le fdlt. On (Continua jusqu'à la tourmente révolutionnaire à se rendre de la cathédrale à Saint-Gildard pour les stations, et les deux chanoine^ prébendes dont nous avons parlé conservèrent leur titre. îk' la* révolution, le prieuré de Sàint-Gildard éprouva le sort d'un grand nombre d'établissements religieux ; l'église fut vendue^ ainsi que les terres qui en dépendaient RUINES bu PRIEURÉ DE .SAINt-GJLDARD. Une nous reste rien de cet antique prieuré, -si on en excepte l'église, privée de sa partie absîdale, et réduite aux trois travées qui composaient la nef. Sa formé était un parallélogramme divisé en quatre travées. La quatrième travée, formant le sanctuaire, communiquait avec les bâtiments claustraux par deux portes dont on voit encore les restes, l'une au nord, Tautré au midi. Il serait difficile d'établir le plan du monastère , les quelques portions de murs découverts à l'orient de l'église ne présentent rien d'assez précis. A l'occident, on à aussi trouvé des restes de construction sur le devant de l'église, lieu qui parait avoir servi de cimetière; au milieu des tombeaux , on a rencontré un escalier conduisant à dne espèce de cave, parfaitement votitée et fort saine, qui nous a, paru être une chapelle sépulcrale ou plutôt ub charnier. Aux claveaux de la porte, à défaut d'autres caractères, il a été facile' de recon- naître une construction du douzième siècle. Notls avons aussi remarqué de la tnême époque quelques pierres employées dans les constructions du treizième, entre autres, une portion d* entablement garni de dents de scie , et des fragments de pierre avec ins- criptions eu lettres onciales. Tout ce que nous attri- buons au douzième siècle, aurait appartenu aune reconstruction ^ui a dû avoir lien par suite de la donation faite à Dongion^ abbé de Saint-Laurent; cette reconstruction se serait effectuée de 1100 à — 264 — 1130. Les dates historiques viennent ici confirmer les principes archéolofriques. Quant aux coustruclions antérieures à cette épo- que, on en chercherait en vain les traces. Les sarcophages, en pierre tirée des carrières voi- sines, trouvés à l'occident de l'église, ne présentent aucun caractère assez précis pour qu'on puisse leur assigner une époque certaine, la place de la tête est taillée et comme modelée, de manière à donner au corps (touché une position naturelle. On rencontre ces sortes de sarcophages, d'après M. de Gaumont, dès la fin du douzième siècle jusqu'au quatorzième et même plus tard (1). Ces tombeaux renfermaient dès ossements, mais point d'urcéole pour l'eau bé- nite, point de cassolette en terre, comme dans les tombeaux de Saint-Étienne de Nevers. Cependant un vase qui a été brisé renfermait un certain nombre de pièces de monnaies seigneuriales et étrangères, dont plusieurs remontent à la fin du treizième siècle. Malgré leur état d'oxidation, on a pu en reconnaître, entre autres, deux des comtes de Flandre, lorsqu'ils possédaient le comté de Nevers, d'autres de Châlons-sur-Saône, de Maguelonne, de Savoie, etc.; parmi ces pièces , on n'a remarqué aucune monnaie royale de France. Les trois travées de l'église, dont nous avons parlé, portent les caractères du treizième siècle; on découvre ces caractères dans les fenêtres lancéolées qui éclairent chaque travée , comme aussi dans la porte latérale du midi. Ce petit portail est flanqué de deux colonnes surmontées de chapiteaux à crosses végétales, soutenant un arc trilobé encadré dans une corniche au plein-cintre, formant larmier< Ou sait que le plein- cintre s'est conservé dans notre Nivernais simultanément avec les formes ogivales , lors même que le système ogival prédominait déjà ; (1} Cours d'antiquités monumentaletj \i^ partie » p. 3ld. Porte latérale de SVGildard. — 265 — réglise de Glamecy et la nef de la cathédrale de Nevers présentent ce mélange. Mais à Saint- Gildard, comme à la cathédrale , le- proAl des moulures prouve que le plein- chitre n'esiqu'upe simple rémi- niscence. Le tympan représente le Sauveur bénissant de la main droite et tenant de la main gauche le livre symbolique; il est assis sur un siège sans ornements autres que quelques peintures que le quatorzième siècle y a ajoutées. Cest à celte dernière époque qu*on a aussi environné le Sauveur des quatre sym- boles évangéliques, peints dans un quatre-feuilles dont les lobes sont cantonés en croix sur les qua» tre faces d'un carré. On ne reconnaît plus les ani» maux symboliques qu'à leurs silhouettes; il en est de même des» deux écussons, dont les pièces ont dis- paru. ,,"% Auprès de cette porte, ^oii'xemarque » sur une pierre d'appareil, une inscdption funéraire dont les caractères rappellent ceux du treizième siècle : m NONàS. KOTEUBRIS. GBirr. GYIDÔ, SACERDOS. NOSTRC C0NGRE6AT10NIS. CANONICVS ANIMA. ElTS. REQVIE. L'inscription est demeurée incomplète. . Le trois des nanes de novembre est mort Guy^ prêtre, chanoine de notre congrégation; que son âme repose en paix» L'intérieur de cette église est d'une élégance rare, et présente de gracieuses proportions ; les chapi- teauxy quoique encore un peu trapus, sont largement dessinés , et les nervures à lancettes aiguës vont se croiser à la clé de voûte , sous une large rose épa- nouie. A la hauteur du tailloir des chapiteaux, une galerie peu profonde » prise dans l'épaisseur des murs 9 règne d'une travée à l'autre , sans aucune rampe ni ornement, et établit correspondance entre 49 _ S66 . elles, pnr u{i eouloif ménagé dertlire lea nernireB, k lenr'nbjfssance. Le lailloir coDUnuetomla galerie, forni^Dt corniche. Au-de&sous, one plate-bande, composée d'une peinture poljrctarome' datant de I9 même époque, est garole d'un seml de violettes ^1). Les fèiiétres fa lancettes sont bouchées par de la maçoiineriti ; mais &a milieu de cette raaf onnerle , èans la partie qnl regarde la ville, comme aussi daps l* de l'un et l'autre sexe s'associaient par le sacrifice > elTectif de leurs personnes et de leurs biens ; ce » qui leur fil donner le nom de rendus et donnés. Les • biens Composaient une masse totale , destinée aux » besoins de la maison et au service des pauvres et » des malades. L'origine de cette «association n'est » pas bien connue (!)• » Il y avait des prêtres dans cette société. Dès l'année 1399, on Vbit que les éclievlns avaient la présentation des maître, curé, frères et sœurs, rendus et donnés de l'hôpital; le doyen de la cathédrale donnait l'institution. En 1588, Guillaume de Yaulx fut installé maître de l'hôpital par les échevins (2). On ne connaît aucun règlement pour la conduite particulière des frères et des sœurs ; mais on sait que vers la fin du dix-septième siècle le doyen du chapi- tre de Sainl-Cyr, Jean-Henri Bogne, donna une règle aux sœurs de cette maison. Il n'est pas parlé des frères; il parait qu'il n'y en avait plus. Cette règle fut modifiée et rectifiée, près de cent ^ns plus tard} par M. de Vllledièu, doyen, et par Mgr Tinseau. « Quand une fille veut se consacrer à l'Hôtcl-Dieu » au service des malades , elle commence par faire » trois ans de noviciat , pendant lesquels elle paye • sa pension. Au bout de ce temps, si elle demande 9 son admission , le bureau nomme deux recteurs , » pour aller dans la maison s'informer secrètement B de chaque sœur^ quels sont la conduite, le carac- > tère, l'aptitude , les talents , etc. , de l'aspirante. (1) Ffirvi^Uer, Inventaire des archives de Nevers. (%) Ebid. — 269 — » Ce fait « le bureau .assemblé 9 après une copréreiice • particulière avec la supérieure, appelle chacune • des sœurs l'une après 1 autre, 1 interroge par la • voî.\ du président, sur les mêmes choses. Si les f témoignages sont favorables , le bureau conclut à » l'admission. Le secrétaire dresse le contrat entre 9 les administrateurs et la récipiendaire, et Ton écrit i sur le registre un acte par lequel la direction la • présente à M. le doyen, qui l'accepte, et fait 1 ensuite, au jour p.ir lui indiqué, la cérémonie • de la, prise d'bâbit, en l'église de Saint- Didier (1). » En 1770 elles étaient treize sœurs , sous la direc- tion d'une supérieure. Il est facile , par ce simple exposé , de comprendre toutes les difficultés qui devaient surgir d'une semblable organisation , tous les tiraillements dont les sœurs devaient se ressentir. Cette institution disparut insensiblement. Ainsi deux besoins impérieux se faisaient sentir dans la société : une congrégation régulièrement organisée pour le service des hospices, et des sœurs qui se dévouassent à l'instruction des enfants. Déjfi saint Vlncent-de-Paul avait commencé à réaliser en partie cette œuvre , tandis que les ursu- lines, fondées dans plusieurs provinces dès les pre« mières années du dix-septième siècle (2), déployaient tout leur zèle dans l'éducation des jeunes filles. Mais comme on était loin encore de pouvoir répondre à tous les besoins ! Deux saints prêtres du diocèse de Nevers marchè- rent sur les traces de saint Vincent-de-Paul, et après avoir jeté autour d'eux un rtgard pieux et inquiet, ils conçurent , sans s'être concerté , la résolution de combler le vide que leur charité leur avait fait dé- couvrir ; c'étaient dom de Laveyne et l'abbé Bolacre. (1) Parmenlicr, Inventaire des arehivêt de Nevers, \%) Les Ursulines furent fondées à Nevers en 163i, à Corbi« gny en 1639, à Moulins-Engilbert en 1635 , à Lormes eo 1645, à Saint-Pierre-le-Moûtier en 1656. ! Laveyne (1) était <àé ft Sàtnt- •mhre 1653. Son père exerçait t de chirurgien , et sa mère se par sa piété. Ils ne négligèrent iD de leurs flis , qu'ils envoyèrent puis ensuite A A>itun , pour taire mpléta i Paris. Porlé ans amuse- ation , 11 eut à souleuir contre son terribles, avant de se déterminer eccjësiasllque auquel ses parents I, après de sérieuses rétlexlons, il entra cbei les béuédictins de Salnt-Uartin d'Autun , pour y faire son noviciat. Lft , il alTermit sa vocation et tul admis aux ordres sacrés. Il passa ensuite quelque temps dans le prieuré de Saiot-Sauveur de Nevers. puis il se rendit & Saint-S^ulge, où il possédait un bénéfice. Dom Nazaire Goiirieau , prieur clauslraî de Saint- Hévérlcn, son oncle maicrnet, qui possédai! ce béné&ce , s'en était déjii depuis long temps démis en faveur de son neven; c'était la sacristie de Saint- Saulge. Les fonctions de sacristain répondaient à celles de trésorier. Dom de Luveyne, dont le caractère, porté iila dissipation , n'était pa^ eotièrement réformé , oublia, pendant les premières années qu'il passa i, Saint- Saulge, la gravité qui convient ix un religieux, et sansso laisser aller à aucun désordre bien marqué, 11 menait cependant une vie joyeuse et toute mon- daine. A la suite d'une retraite qu'il se détermina à EKlri;,^. Saint-Martin d'Autun, it s'établit en lui un çhangeoieot complet. Dès ce moment , il ne quitta plus ï'tiablt religieux ; tout en tul, langage, manières, démarcbe, annonçait que la grâce avait triom|)bé. I^a glolr.e de Dieu , l'amour du prochain et surtout le soulagement des pauvres, tel était le but quil se proposait en tout. Il partageait avec les indi^rents (t) Nous ivoDi teni) à rétablir l'onitogra|jhe du nom. ae8,propre9. v^eBleQ|i|,pa7»^ le$ detie^ éff Pf^Q? Diers , visitait les paavr^s 4e la ville et de la camp^* gae » leur procurant^ dans leurs maladies» tous les soulagemeDts qui étaient en son pouvoir. .Uqjoax qu'il repdalt ce^ visites de çbarité accompagné d'un de ses amis, il lui dit avec simplicité < qu*il pouvait bien t secourir iQS hommes, maisqu*U faudrait qiî'uuç f femme se dévouât au service, des personnes de sob I seiue. » Si soq cœur charitable était ()risé quàed \\ voyait les malades des classes ouvrières souveqt sans secours,, iln'était pas moins affligé par la cousidérar tion de rignoraoce profonde dans laquelle croupis* saieol les enfauts pauvres de Saint-Saulge et 4fs pajs voisinsi . Attacjié | la famille de saint Benottif qui avait rendu lant de service à la société^ et qui avait vu autrefois les princes eux-mêmes assis sur les bancs de ses écoles, jl résolut de continuer cette tradition de charité , et il consacra auK pauvres el aux infirmes tout ce que Dieu lui avait donné de fortune, de talent, de bonne volonté et d'énergie. . Il confia sa peusée à deux jeunes personnes qu'il dirigeait et dans lesquelles il avait cru trouver asseï de fol et de dévouement pour Le comprendre^ l^'étaient M"" Âuoe Legeai et Marie Marcbaogy« Leur modestie les arrêta d'abord, piais, après avoir exposa avec simplicité à leur zélé directeur l'hésltatloq que leur inspirait la cfalnte de ne pouvoir, répondre à soa attente, elles se soumirent avec docilité ^ et s'aban- donnant à la Providence, elles s'engagèrent dans la voie que dom de Laveyne leur avait indiquée. Le pieux bénédictin, de son côté* sans se laisser arrêter par les observations que lui fit.son père, qui regar^ dait ce projet comme impossible dans son exécutloQ^ voulut être lui-même rinstituléor de M^^" Legeai ei Harchangy ; \\ les forma aux sciences humaines* doni elles devaient donner aux enfants les premières notions, et aux ceuvres de charité qu'elles devaient exercer auprès des pauvres malades. M"" Legeai et Marchangy se réunirent dès 1680 dans une chanî* bre que dom de Laveyne avait louée pour elles; r — 271 — d'autres filles pieuses ne tardèrent pas à se ranger autour d'elles, entraînées par l'exemple de leur charité et de leur dévouement. Parmi elles se trouvait Jeanne Robert. ne fti part à sœur Marie^Anne de la demande de M. Bolacre^ et con- vaincu que sa petite communauté pourrait à l'aveair se passer de sa direction , il 1 engagea à aller remplir à Nevers une mission semblable à celle qu'elle avait remplie à Saint Saulge , avec tant de dévouement et de succès. Elle partit avec les fillesqui lui avaient été confiées, et qu'elle avait formées au soin des malades et à la préparation des remèdes, en môme temps qu'aux vertus propres à l'état auquel elles voulaient se consacrer. Le 11 juillet 1683, Mgr Vallot leur donna l'habit des sœurs de Montoire, qui était, dans le principe, de serge grise, avant qu'on adoptât définitivement la couleur noire. On lit dans un ancien manuscrit de Saint Saulge : f Leurs principales fonctions sont de servir et » médicamenter les^ pauvres , d'enseigner et de ca- » téchiser les petites filles , d'orner les égllsps et » les autres lieux saints. Elles portent 1 habit gris et > la coëiïc noire (1). • Parmi les nouvelles religieuses se trouvaient M"* Marchangy, qui prit le nom de §œur Scholaslique, et !>!"• Legeai, qui conserva le nom de sœur Aiine qu'elle portait aupai avant. La cérémonie eut lieu dans la nouvelle chapelle de ThôpUal général ; elle (1) Oo ignore à quelle époque la robe noire Tut subsUtuée à la robe grise; par un acte du 18 novembre 1710, déposé aux arcbives de la communaulé, les habitants de Decize demandent deuc sœurs grises de Nevers pour desservir leur hôpital; et Tauteur du manuscrit de Sainl-Saulge. qui écrivait en 1715, donne à penser qu*alors le costume n'avait pas encore été changé. - S74 — Avait élé tôAâacrée le 1& septembre 108i« Tootei lés sœurs demeorèrêot à Nevers eDcore trois mois, pour achever de se perfectionner sous Thabile direc» tion de sœdr Marie- Anne de Guiliet; au bout des trois mois, une partie d'entre elles retournèrei^tà Saint^Saulge, ayant à leur télé sœur Scolastiqbe Marcliangy, qui leur fut donnée pour supérieure* Dès ce moment les deux maisons de Nevers et. de Saiht'Saulge furent régies par les mêmes règles^ et ne formèrent qu'une seule congrégation. Les sœurs portaient le nom de sœurs, de la Misét ricorde , car ce ne fut que plus tard qu'elles prirent le nom de sœurs de la Charité. Quant aux deux fondateurs, mus par le même esprit et n*ajrant en vue que le bien , ils dirigeaient leur œuvre avec un admirable accotd ; ou plutôt donp de Laveyne déféra la direction entière à M. Tabbà Bolacre , homme plus versé dans les affaires^ et que Algr Vallot avait nommé son vicaire-généraL Sœur Marie-Anne , se rendant au désir formel de Mgr Vallot, demeura à Nevers après le départ. des sœurs pour Saint-Saulge , afin de continuer la roissioa qu'elle avait entreprise. Le 2^ septembre 1684, Mgr Vallot donna 1 habit à deux nouveiles sœurs qu'elle avait formées, et le 7]anvicr 1685, eut lieu la troisième prise d*habit, qui augmentade sept novices la petite communauté. La cérémonie eut lieu, comme les précédentes, dans la chapelle de l'hôpital, et fut présidée par uu vicairè-général eu l'absence de révoque (1). L œuvre était fondée , sœur Marie-Ânne de Guiliet dût retourner à sa communauté de Montoire, oii on la réclamait avec instance; son mérite était trop connu pour qu'on pût l'oublier; aussi, malgré une absence de plus de deux ans, qu'elle avait passés dans le Nivernais, tous les suffrages s'étaient réunis pour la (1) Ancien registre de la congrégation, — 275 — proclamer ^apérfeare de la commuoattté. Cepefida&t comme elle avait à cœar de voir se développer la con- grégation des sœurs de Nevers, elle voulut que sœur Marthe de La Valette , son ancienne amie, dont elle connaissait les talents et la piété, abandonnât à son tour pour quelque temps la communauté de Mon- toire, et se rendit à Nevcrs, afin de consolider Tœuvre qu'elle avait commencée. Sœur Marthe était une fille aussi remarquable par sa piété et ses talents que par sa naissance. En 1681, M^ l'abbé Moreau l'avait envoyée à Saint-Claude pour y fonder un établisse- ment. Âu bout de trois ans elle ie quitta, ayant été chargée, en 168^, sur la demande de M*"' de Main-- tenon , du soin des malades de la maison de Saint- Cyr. Malgré sa répugnance pour un poste qui devait la mettre en rapport avec la haute sociétés elle se soumit par obéissance. La bienveillance toute particulière de M""* de Maintenon h son égard contribua à lui rendre ce sacrifice plus pénible, t Je le vois bien , lui disait I M"** de Maintenon , vous êtes comme votre père, » qui ne pouvait souffrir la cour. • La santé de sœur Marthe s'était sensiblement altérée, pendant le peu de temps qu'elle avait habité la maison de Saint-C yr; elle fut obligée de rentrer h Montoire^ où elle se remit promptement. Ce fut alors que la mère Marie- Anne de Culllet la chargea de la direction de la maison de Nevers (1). Sœur Marthe se rendit donc h son nouveau poste, on ne sait précisément à quelle époque , mais il est probable que ce fut aussitôt après le départ de sœur Marie- Anne, dès le commen- cement de l'année 1685; on ignore aussi le temps qu'elle y resta; son départ a dû concourir avec la nomination, comme supérieure générale, de sœur Scholastique Marchangy, qui eut lieu dans lé cours (1) Extrait de la Vie de sœur Marthe de La Valette , iropri* méc h Paris, chez Gaume frères, 1853. — 276 — de la même année , à moins qu'on ne suppose qa'elle soit resiée encore quelqae temps avec elle, peur Téclairer de ses conseils et l'aider de son expérience. Quoi qu*i] en soit , au commencement de Tannée suivante , sœur Marthe était de retour à Montoire , et dans le cours de la même année , Tabbé Moreau lui donna une nouvelle mission; il s'agissait de fon- der une maison à Asnières , auprès de Bourges. Il y avait dix huit mois qu'elle dirigeait cette maison , quand Mgr de La Vhllère , archevêque de Bourges , exprima le désir de voir cet établissement transféré dans la ville. Sœur Marthe s'y rendit avec ses compagnes. Elle les avait amenées de Nevers à Montoire pour achever de les former ; puis ensuite elle se rendit avec elles à Àsoières et à Bourges. Malheureusement un directeur peu éclairé, au lieu de seconder les desseins de cette pieuse supérieure, avait paralysé, soit à Asnières, soit à Bourges, les efforts qu'elle faisait , pour faire avancer les sœurs dans les vertus propres à l'état saint qu'elles avaient embrassé. Bientôt on comprit qu'il fallait se séparer. Sœur Marthe pria M. Moreau de lui envoyer de Mon- toire de nouvelles compagnes. Mgr de La Vriilère plaça les anciennes dans une autre communauté de la ville, mais elles n'y restèrent pas (1). On ignore si elles rentrèrent dans la communauté de Nevers, ou bien si elles retournèrent dans le monde , comme elles en avaient le droii ; on ne trouve plus aucun renseignement sur leur compte , et à parlir de cette époque, on ne remarque plus aucune relation entre les communautés de Nevers et de Saint Saulge et celle de Montoire. Cependant dans l'acte passé en 1691 entre les administrateurs de l'hôpital de Nevers et la communauté des sœurs de la charité ^ on voit figurer auprès du nom de M. Bolacre celui de M. Moreau, curé de Montoire^ pour lequel M. Bo« (1) Vie de tœur Marthe de La Valette. — 277 -- lacre devait se porter fort (1). Gomme les sœurs de Nevers n'étaient pas encore approuvées, tandis que celles de Montoire se trouvaient légalement consti- tuées , il est possible que nos sœurs aient tenu à se rattacher encore à elles. Après la prise d'babii du mois de janvier 1685, une partie des sœurs restèrent à Thôpital général » sous la direction de sœur Marthe, qui, cmnme nous Pavons dit , ne tarda pas à venir pour remplacer sœur Marte- Anne de Guillet, tandis que le reste de la petite congrégation faisait, avec la mère Marchan- gy, rédjficalion de la ville de Saint Saulge. Dom de Laveyne était au comble de la joie en voyant que Dieu bénissait son œuvre; persuadé qu'il serait plus facile de la développer â Nevers qu'à Saint Saulge, il avait pensé à y fonder une maison de noviciat; il écrivit donc à M. Tabbé Bolacre pour lui faire part de son nouveau projet. M. fiolacre l'accueillit avec empressement, et la Providence, secondant leur pieux dessein , inspira à deux méde- cins célèbres, MM. Lenay et Leroy, la généreuse pensée de leur venir en aide. Non contents de favo- riser de tout leur pouvoir cet établissement > ils mirent à la disposition des sœurs et leur fortune et leurs talents. Us leur firent don d'une maison située sur la place Saint- Pierre (2), et se chargèrent de leur faire suivre un cours de médecine et de chirur- gie, pour les rendre plus propres à remplir leurs fonctions. La communauté, ainsi constituée, avait besoin d'une supérieure générale; la sœur Scholas- tique Marchangy , qui n'avait encore que vingi-deux ans, fut investie de ce titre dans le cours de la même année 1685 (3). Six ans plus tard, en 1691 , les administrateurs de rhôpital géuéral , qui avaient déjà pu apprécier les (1) Archives de la congrégation des sœurs de Nevers. (s) Maintenant place Uuy Coquille. (3) Vie de sœur Marchangy. services reiidii6 pdr les soeurs de U cbarii^, pass^* rept uQ compromis avec leurs fondateurs, aGu de fixer ees pieuses filles h perpéluUé dans cet établis^ sèment. On nous saura gré de donner connaissance de Tacte passé à cet effet (1) : • Gejourd*hui. . . . 1691, au bureau de l'hôpital général de cette ville de Nevers, et par-devant les notaires soussignés, pot comparu les directeurs dudit hôpital , et ont dit et déclaré qu^ayaot rè-< connu et éprouvé de plus en plus le grand secours et Futilité qu ils tirent des sœurs de la charité , dites du Saint-Sacrement, qui sont depuis quelques années dans ledit hôpital , tant à cause des soins et des services assidus qu'elles rendent à tous les pauvres en général, et aux malades en particulier de l'un et de l'autre sexe , et des bonnes instruc- tions qu'elles leur donnent, qu'à cause des grandes épargnes qu'elles font dans la maison, par le mé- nage et l'économie qu'elles tiennent , soit dans la dispensation des vivres et provisions, soit dans l'entretien des vêlements et chaussures des pau- vres, ont estimé et délibéré entr'eux qu'ils ne pourraient faire un plus grand bien et un avantage plus considérable audit hôpital général, que de lui assurer un certain nombre de sœurs, qui y demeu- reront à perpétuité , pour y continuer les mêmes fonctions à l'avenir que par le passé; c'est pour- quoi Ils se sont adressés à Messire Charles Bolacre, prêtre, vicaire-général de Mgr l'évêque de Nevers, l'un des directeurs ou pères spirituels desdites sœurs, et qui ont pouvoir et autorité sur elles ^ avec lequel ils ont fait le traité et la convention qui en suit, par l'avis et consentement de Tillus- trissime et révérendisslme père en Dieu, Ngf 9 messire Edouard de Vallot, évêque de Nevers , et (1) Archives de la communauté* de MH, les offiolers c|e U Justice» éciievins ^\ proeore ur do fait commun, i Cest à savoir : qae ledit slear Bolacre , tant de non cbef en ladite qualité, que pour et au nom d€l M. Moreau* prôlre, curé de Montoire, auss) directeur ou père spirituel desdites sœurs, auquel il sera tenu de faire ratifler ces présentes toutes foiset quantes, a promis et s'est obligé envers leadits sieurs directeurs de fournir et mettre dans ledit bôpital général des sœurs de )a charité, autrement dites du Saint-Sacrement, jusqu'ai) nombre de six ou sept, pour y servir et soulager les pauvres de run et l'autre sexe et malades, pour y instruire la jeunesse et y avoir l'adminis- tration et l'économie du domestique , par les ordres desdits sieurs directeurs, auxquels la supé* rieure desdites sœurs sera tenue de rendre compte de trois mois en trois mois de ce qu'elle aura géré et administré ; moyennant quoi , les sieurs direc* teurs se sont obligés de leur part, lant pour eux que pour leurs successeurs, de loger lesdites sœurs dans un appartement particulier dans ledit hôpital général, et'de leur fournir annuellement tout ce qui leur sera nécessaire poui: leur nour- riture et entretien d'habits et poi]ir les soulager dans leurs maladies (i}. a Jusqu'en 1693, la congrégation n'avait à Nevers que deux maisons : l'hôpital et la maison de la place Saint^Pierre, où se trouvait le noviciat. Lesiiœurs avaient encore ouvert dans cette maison des classes payantes ei gratuites et recevaient des pensionnaires. M. l'abbé Bolacre comprit que le local n'était plus en rapport avec le personnel do la communauté et avec les œuvres, qui prenaient une extension si Rapide; il acheta, de ses propres deniers, la maison (i) Uq autre acte du 13 mai 1699 assigne à chacune des loeurs 36 livres pour ses vétemeots. — 280 — occupée maintenant pair les élèves de Técole nor- male et par les petites orphelines , rue de la Parclie- mlnerie; en 1702, la mère Marchangy y ajouta une maison voisine qu'elle acquit avec cinq de ses corn* pai^ues; plus tard , on agrandit encore cet établisse- ment, par d'autres acquisitions faites à différentes époques. Cette maison fut primitivement consacrée aux œuvres de charité, auxquelles les sœurs étaient consacrées , tandis que le noviciat et le siège prin- cipal de la communauté furent maintenus dans la maison de la place Saint-Pierre, comme le prouve un acte du 13 juin 1733 (1); on ne sait à quelle époque les sœu.s quittèrent ce dernier local. Dom de Laveyne n'avait pas laissé ses filles abandonnées à elles-mêmes; il leur avait, dès le principe, donné une règle, que Mgr Vallot avait approuvée , mais celte approbation tacite ne portait aucun caractère officiel. Ce fut le 6 février 1698 que le prélat, à la requête du promoieur du diocèse , autorisa et confirma la congrégation , ainsi que les différents établissements fondés à Nevers et ailleurs, comme aussi ceux qui , à l'avenir, pourraient être fondés par les pères de l'Oratoire, On voit par cet acte, dont nous donnons là teneur , que Lesdits pères avaient été chargés de réviser et de compléter les constitutions de dom de Laveyne : Approbation donnée à la congrégation des sœurs de la charité par Mgr Vallot , évêque de Nevers» « Sur la requête à nous présentée par le proroo- » tpur général de notre diocèse , tendante à ce que » 9 pour les causes y contenues, qu'il soit de notre » bon plaisir de vouloir autoriser et confirmer la » congrégation des sœurs de la charité , autrement > dites du Saint-Sacrement , venues originairement (i) Archives de la communauté. — 281 — da diocèse da Mans , où elles soDt établies par lettres-patentes de Sa Majesté , de Tan 1676^ et lesdlts établissements qui en ont été faits par les pères de l'Oratoire de notre diocèse , tant en cette ville et celle de Saint- Saalge , que dans les autres villes et gros bourgs de la campagne d'icelui , où elles sont d*une très-grande utilité , tant pour le soulagement spirituel et corporel des pauvres malades, que pour Téducation des pauvres petites filles , auxquelles elles apprennent la piété chré« tienne et à gaigner leur vie par le travail de leurs mains , et rinstruction même qu'elles donnent aux pauvres femmes qui' sont dans Tignorance des mystères de la religion , ainsi que nous l'avons reconnu dans le cours de nos visites » et que nous rapprenons tous les jours par le témoignage de plusieurs personnes dignes de foi : et en consé- quence d'approuver les règles et constitutions, faites sous notre autorité par lesdlts pères de l'Oratoire , pour maintenir et perfectionner dans ladite congrégation et lesdlts établissements, qui en ont été faits , l'ordre , la piété , la pureté de l'esprit, dans lesquels elle s'est entretenue jusqu'à présent , à la plus grande gloire de Dieu > et à l'édification des peuples de notre diocèse. » Nous, Edouard , évéque de Nevers , pour ces causes , désirant de plus en plus contribuer à l'un et à l'autre de ces avantages, et procurer par toutes sortes de moyens le salut des ûdèles de notre diocèse , avons autorisé , omologué et conûrmé , autorisons, omologuons et confirmons ladite con- grégation desdites soeurs de la charité, autrement dites du Saint-Sacrement, et les établissements qui en ont été faits, tant en cette ville et celle de Saint-Saulge , que dans les autres villes et gros bourgs de la campagne, par lesdlts pères de l'Ora- toire, auxquels nous permettons d'établir lesdites sœurs de la charité , dans tous les lieux de notre diocèse, où ils le jugeront à propos; ordonnons que lesdites règles et constitutions faites par notre 20 — 282 — t cirdfe , el que nous av^ns approuvée^ et approu- 1^ voq^ de fechef par C(is presenles, seroqt enregis- n ir^^s en nptre grefie, pour être inviolablemept 1 pbsçf v^çs, selon leur forme et teneur, et y avoir « reçpors quand besoin sera, le tout sans préjudice I 4e pas droits de supériorité ^ de visites et autres « droits épiscopaux. ^ Fait ^ Revers , dans notre palais épisçopal , le \ sixième février de Tannée mil six cent quatre- I v|pgt*dixrl|uit. » I EDOUARD , évêque de Nevers (1). ^t plus b^s ; » Par moi^dit Seigneur, » DUCHESNE. » Malgré les services éminents que les sœurs de la charité avaient déjà rendus, elles n'avaient pu obte- nir l'assentiment de l'autorité civile et jouir d'une existence légale, quand le procureur fiscal du duclié. les voyant autorisées par Mgr Vallot , fit observer au duc de Nevers quHl serait important de fixer défini- tivement cet établissement à Nevers. Le duc ne balança pas à se rendre à cette demanda , et le 1'" décembre 1698, il délivra son brevet, portant quUl consent et donne pouvoir de fonder cet établis- sement, pour le soulagement des pauvres et l'éduca- tion de la jeunesse. Chargeant l'abbé Bolacre de continuer l'œuvre qu'il avait commencée , le brevet porte : « qu'à cet » effet) toute assemblée sera convoquée, et tons pro- • ces- verbaux faits par- devant son lieutenant-général • de police<> sur la réquisition de son procureur* » général, pour le tout être registre et déposé au » greffe public » £9 çonséqi^ence 9 le 18 décembre ^ à la requête (i) Ar^l^lYes 4d U ç^DfM^égaUoa des sœurs de Neverâ. — 283 — du procureur-général , il fut rendu une ordonnance de police en vertu de laquelle M« Rapine» lieutenant- général, Michel Cornu et Gaspard Rocheri» écbevinSy se réuniraient au procureur-général» pour aller visiter la maison des sœurs» et faire toutes les Infor* mations. jLe lendemain » 19, ces messieurs se Iransportèrent dans la maison occupée par les sœurs , rue de la Parcbeminerie , accompagnés de M. Bolacre; ils furent d'abord iotroduks dans la classe, qui réunissait plus de quatre-viogt3 petites filles; ils en interrogé* rent plusieurs, qui répondirent de manière à les satisfaire entièrement. De la classe ils passèrent à la pharmacie , dont ils admirèrent Tordre et la pro« prêté ; ils examinèrent le journal des remèdes dis** tribués, des saignées faites et des noms des malades* Le personnel de cette maison était de sept sœurs, comprise la supérieure , sœur Thérèse Houdon ; elles crurent devoir profiter de cette circonstance pour adresser h ces messieurs leurs observations. Kntre autres choses, elles leur firent remarquer que depuis cinq ans qu'elles étaient fixées h Ne vers (1), on avait pu les juger par leurs œuvres , qu'elles avaient bien Tespérance que les autorités de la ville ne leur refu* seraient pas les consentemenls nécessaires, pour obtenir de Sa Majesté des lettres-patentes ; que d'ailleurs elles n'entendaient nullement être à charge au public ni aux particuliers , étant dans Tintention de continuer, comme par le passé» leurs fonctions^ sans rétribution aucune. Cet engagement de n'exiger aucune rétribution ne concernait que les écoles des pauvres et les remèdes fournis aux indigents, car on n'a pas oublié que les sœurs avaient ouvert » dans la maison de la place (1) Comme on Ta vu, il y avait plus de cinq ani que les sœurs étaient fixées à Nevers, mais il y avait cinq ans s«ale- ment qu'elles s'étaient fixées dans la maison de la Parcheminerie, et qa'elies avaient donné à leurs œuvres plus de développement. Jusque-là, ces œuvres n^étaient qu'à l'état d'essai. — 28& — Saiot-Pierrc, des classes gratuites et payantes , ainsi qu'on petit pensionnat, vers 1693. Gomme nous l'avons dit , elles confondaient dans une même ciia- rite les enfants des riches et les enfants des pauvres, sachant mettre l'instruction en rapport avec la {ilosi- tion que lesuneg et les autres étaient destinés à occuper plus tard dans la société. Aussi, à l'égard des enfants pauvres , on a admiré partout leur dévouement et leur abnégation, et d'un autre côté, les connaissances variées de celles d'entre elles qu'on destinait aux classes plus relevées, les firent réclamer dans les grands centres de population, pour diriger les pen- sionnats. L'abbé Bolacre déclara , en présence des com- missaires, que des personnes charitables avaient acquis pour les sœurs la maison qu'elles habitaient, et que d'autres lui avaient mis en main un fonds de 18,000 livres, tant en terres qu'en renies , ce qui pouvait suffire pour la subsistance de sept ou huit filles , nécessaires pour les exercices ; et qu'il leur remettra ces fonds , lorsque leur établissement aura été confirmé par des lettres-patentes , sans que les capitaux, ni les intérêts ou revenus, puissent être divertis ni employés fi aucun autre usage y et sous quelque prétexte que ce soit (1). Le 8 janvier 1699, la police déclara, dans un procès^verbal dressé à la suite de cette enquête, que < sous le bon plaisir du roi et de monseigneur, on y 1 donne son consentement, comme à un ouvrage qui » n'a pour fin que l'honneur de Dieu, et pour motif V qu'une charité désintéressée; à condition , néan- » moins, que dans ledit établissement l'autorité des » charges des ollices de la police sera conservée , et i> qu'il ne sera fait aucun préjudice aux droits » d'icelle (2). » Pendant qu'on travaillait à les faire reconnaître iX) Parmentier , Archives de NeverSk 12J ibid. — 285 — légalement , les sœurs examinaient avec soin les constitutions 9 qui déjà leur servaient dérègle de conduite; mais ce ne fut que deux ans après qu'elles signèrent l'engagement formel de s'y conformer en tout. Acceptation des règles et constitutions. c Nous, sœurs de la charité chrétienne, érigées en communauté, sous le bon plaisir du roi, par lettres-patentes de Mgr Tévêque de Nevers, le 6 février 1698, reconnaissons qu'après avoir ouï plusieurs fois la lecture des règles et constitutions, faites par Tordre de mondit seigneur, et approu- vées et confirmées de son autorité épiscopale, pour nous maintenir dans l'esprit de notre état et nous en faire acquérir la perfection , et les avoir souvent méditées devant Dieu , et les avoir même long-temps pratiquées ; nous les avons reçues avec joie et nous nous sommes volontairement soumises i\ porter de bon cœur ce joug aimable et doux, ce joug de Jésus-Christ, promettant et nous obligeant à garder fidèlement et inviolablement, toute notre vie, les règles et constitutions, sous les peines cy- mentionnées, espérant de la miséricorde de Notre- Seigneur que nous ayant inspiré la volonté d'em- brasser ce saint état, et de nous consacrer pour le reste de nos jours aux œuvres de la charité, envers Jésus-Christ en la personne des pauvres, il per- fectionnera en nous cette bonne volonté, et nous donnera ù toutes les grâces nécessaires pour con- sommer cette grande œuvre de Dieu, à sa plus grande gloire, et îi notre propre satisfaction , en foi de quoi nous avons signé le présent.. » Fait à Nevers, le 6 janvier 1700. » (Suivent les signmtures (1), '"'^(1) Archives de la congrégation des soMjrs de la charité de Nevers. — 286 - Cependant la congrégation avait âéjà tin tcrtain nombre d'établissements ddns ie diocèse « et même hors ûu diocèse; les pieax fondateurs comprirent qne poar maintenir partout le même esprit^ et con« server Tunité de direction , il serait important de confier cette congrégation à un ordre de prêtres réguliers. L'abbé Bolacre , supérieur du séminaire de rOratoire, avait pu apprécier la vertu et les talents des pères de cette maison , et déjà il leur avait confié la direction spirituelle des communautés de Nevers. Nous avons vu dans l'ordonnance de Mgr Vallot que ce sont ces pères qui ont fondé les premiers établissements 5 comme ce sont eux qui ont été chargés de mettre la dernière main aux constitutions des sœurs. Leur zèle et leur dévouement pour celte congrégation furent tels , que les sœurs se réunirent à M. l'abbé Bolacre, pour les supplier d'accepter la supériorité générale de la congréga- tion , et de s'occuper en même temps de leurs inté- rêts temporels, tant qu'elles ne seraient pas établies légalement dans le royaume, par lettres-patentes du roi. Mgr Edouard Vallot donna son consentement, les pères acceptèrent et passèrent le compromis solvant : c Nous, soussignés, François Cuissard, supérieur; Jean Prouverre , Jean Galipand , Pierre Chaseray, Louis de Carrières , tous piètres composant la communauté de l'Oratoire de Nevers, du consen- tement et approbation de Algr Edouard Vallot, évêque de Nevers , de l'avis et par la permission (lu très-révérend père Pierre-François de Latour, supérieur général de notre congrégation , et des révérends pères Jean-Louis Cuiot-de-la-Mirande, Jean- Joseph Aveilion, Jean-Baptiste Thouron, ses assistants, à la prière de M. Tabbé Bolacre, ins- tituteur de la congrégation des filles de la charité chrétienne, établie dans la ville et diocèse de Nevers et autres diocèses de ce royaume, et encore à la prière desdites filles de la charité chrétienne - 287 — » Hes deux principales maisons et ctIttimtittàflWs , * établies dnos ladite ville de Revers, avons accet)tS * la supériorité générale de ladite congrégation pour i toujours, et leur avons promis de les cbndaire t selon les règles de leur Institut, approuvées ^af * mondlt seigneur évéque; de leur doiiner loUs leS » Secours spirituels que nous pourroti?, pdiir ïeat » avancement dans la perfection de lélir 6taL Vto- i mêlions de plus de donner nos soins, {foilf liât ■ établissement, dans les vlllc^ et lleilx btl elles » seront appelées, pour y exercer les fonctions dé 1 leur Institut. Et pour conserver entre lesdttes > maisons déift établies e' i dans la suite, l'union * d'esprit et de conduite < ■ visiterons de temps en t I oii elles sont et seront él » de noire congrégation , * g<3néral jugera a propi > marquera , et selon t'o: > écrit A celui ou cens qu > ploi; sommes convenu > Bolacré et les sœurs des > établies dans celte ville » susdites se feront aux 1 congrégation des filles d » des maisons particulièrî > des pères qui feront les » serviront, que pour leu * il f aura des maisons à » temps des visites; de te » rien ni aux maisons de 1' * liers qui seront nommés I rend père général, et ^ > simple parole, pour la dt » tes visiteurs rendront c( ■ père général des visites » actes, comilïc aussi au 1 maison , qui , après les 1 principales sœurs des nii — 288 — gardera dans nos archives. A l'égard des change- ments de résidence des sœurs, il a été arrêté qu'ils dépendront du supérieur de cette maison de rOratoîre , qui ne pourra néanmoins en faire aucun 9 sans en avoir donné avis au très-révérend père général, et sans son consentement; et en cas de nouveaux étahlissements, ils ne pourront être faits que par les ordres dudit très-révérend père général, qui nommera les sœurs, qui seront envoyées pour faire lesdits établissements^ dans les Uèux où elles seront appelées. > Fait en double, à Ne vers, le 11 mai 1700. » ' c Nous, soussignés , François Cuissard, supérieur; Jean Prouverre , Jean Galipand , Pierre Ghaseray, Louis de Carrières, tous prêtres composant la communauté de roratoire de Nevers, promettons à M. Tabbé Bolacre , instituteur de la congréga- tion des filles de la charité chrétienne , établie dans la ville et diocèse de Nevers , et autres diocèses du royaume, et auxdites filles de la con- grégation, qu'en conséquence de l'acceptation que nous avons faite de la supériorité générale de ladite congrégation, et communautés particulières d'icelles, en notre propre et privé nom , que nous en passerons tous actes nécessaires avec les bien- faiteurs et fondateurs, que nous prendrons soin de colloquer utilement tous les fonds qui seront donnés en argent , et de faire valoir les fonds de terres et héritages, le mieux que nous pourrons, comme nous faisons de nos propres biens; nous promet- tons de plus de donner auxdites filles tous et chacun les deniers clairs et nets, qui proviendront des rentes et fonds de terres et héritages, aux fermes que nous les aurons reçus, et cela pendant tout le temps que ladite congrégation n'aura point de lettres-patentes, pour son établissement dans le royaume , et lorsqu'il aura plu à Sa Majesté lui accorder ses lettres-patentes, et qu'elles auront été vérifiées en parlement, nous promettons de ren- — 289 — dre à ladite cong^régation des filles de la charité chrétienne, et à chaque maison particulière, ce qui nous aurait été donné pour elles, et ces promesses faites àcondition l^que tous les fraisqu'il conviendra faire pour accepter^ entretenir, faire valoir lesdits biens donnés, sans en excepter aucun^ de quelque nature que puissent être lesdits frais et dépenses, mêmes décimes, ordinaires, extraordinaires, capi- tation^ subvention, dons gratuits, seront tous pris, avant toutes choses, sur les revenus des fonds de terres et héritages et rentes ^ sans que nous soyons obligés d'en donner aucun état à qui que ce soit, et d'en rendre compte , et Ton nous en croira à notre simple parole ; 2"* que nous ne serons point responsables des dépérissements qui pourraient arriver aux biens , fonds , héritages , rentes , par accidents des eaux, feu , force majeure ^ les faits du prince , insolvabilité des Fermiers et débiteurs des rentes constituées; 3"* que le cas avenant de l'obtention des lettres-patentes pour rét«?blisse- ment de ladite congrégation , les fiUcs de chaque communauté de la charité chrétienne, ayant reçu de nous leurs biens et rentes, terres et héritages^ nous donneront bonne et valable décharge ^ en la forme et teneur que nous la demanderons, pour le passé, et toute indemnité pour Favenir, afin que nous ne puissions jamais être troublés par aucune des affaires que nous aurons faites, pour leur faire plaisir; que dans la décharge qu'elles nous don- neront , elles se chargeront elles-mêmes de tous les événements des affaires que Ton nous suscite- rait, à l'occasion desdits biens reçus et administrés pour elles, et qu'elles seront tenues d'en faire toute la dépense. Ce présent acte , fait sous le bon plaisir de notre révérend père général et de son conseil et non autrement, à Nevers, le 11 mai 1700 (1). • (1) Archives de U communauté. — Si90 — f^f ce eotnproiâis^ M. Tabbé Bolacre as^nratt l'avenir de la congrégation; toulant, eu outre ^ pré- venir tout sujet de division entre les nlaispns de Mevers et de Saint-Saulge, it s'entendit avec dom de Laveyne, et, en 1701 , ils signèrent l*un ftt l'antre l'acte suivant 9 qu'ils firent signer aussi pat* les sœurs des deux localités : k NOUS, dom Jean de Laveyne , souâ-prieur du i prieuré de Saint-Saulge et supérieur de la com- » munauté des filles de la charité clirétlenne qui y » est établie ^ et Charles Bolacre , prêtre, desservant i les pauvres de l'hôpital général de Nevers, sopé- à rieur de la congrégation desdites filles de la charité à Chrétienne , sommes demeurés d'accord de ce qui I âuit: » C'est à savoir, qu'au cas qu'il plaise au roi i d'accorder des lettres-patentes en faveur de ladite i congrégation , pour en assurer l'établissement k 9 perpétuité dans ladite ville de Saint-Saulge, cette » grâce 5 quMl plaira à Sa Majesté de faire à ladite i congrégation , n'apportera aucun changement à la I conduite qui se doit garder, soit à l'égard du I spirituel, soit à l'égard de l'administràiion tem- i porelle, dans ladite congrégation , en conséquence i des règles et constitutions qui lui ont été données » par Mgr l'évétjue de Nevers , lesquelles subsisle- » ront et s'observeront inviolablcment, et qu'ainsi : c l'' La principale communauté sera toujours dans » la ville de Nevers , ainsi qu'elle y a été jusqu'à » présent; « 2° Le noviciat demeurera à perpétuité dans » cette communauté ; » 3° Les cérémonies de prise d'habit et de pro- » fession se feront toujours dans ladite communauté. » A l'égard (Je l'administration temporelle : » !• Elle se fera de la manière qu'il est énoncé » dans Icsdiles règles et constitutions ; • 2"* La supérieure sans rencontrer la moindre épreuve. Les deux fondateurs semblaient n'avoir qu'on même esprit et qu'une même pensée; la ferveur et le dévouement régnaient daqs leur pieuse famille; les sœurs étalent vénérées des pauvres et des riches; elles avalent inspiré tant de coofi^noe qu'on leur avait confié la direction de l'hôpital général de Nevers. Elles possédaient déjà plusieurs maisons dans le diocèse ^ et même au loin, telles que celles de Tulle, de Carcassonne, etc. Le duc de Nevers les honorait de sa protection ; les oi&ciers du duc avaient proclamé hautement leur charité el leur dévouement, ainsi que leur habileté; l'évêque de Nevers les environnait de soins tout paternels. Que pouvaient- elles désirer de plus ? Ce que sans doute elles ne désiraient pas , Dieu le leur ménageait, comme un gage de sa bonté : la contra-^ diction. Il faut que la branche de la vigne soit tour* npicntée , avant d'apporter des fruits abondants. L'esprit ombrageux et tracassier du dix-huilième siècle commençait à se manifester ; il s'eiTarouchait, en voyant de pauvres filles travailler à l'instruction des enfants et au soulagement des malades. cAu mois de mai 1703, M. l'Intendant écrivit » aux échevins que tes Filles de l'Union chrétienne (1) » et maîtresses d'école de la ville avaient supplié le roi 9 de leur accorder 200 livres de pension , pour les » mettre en état de continuer à instruire les enfants^ » et faire leurs autres exercices ; qu'ils eussent à lui I mander si cette somme pouvait être payée, outre 9 et par-dessus les autres charges, réglées par les » arrêts du conseil, afin qu'il pût en rendre compte » à Sa Majesté (2). » On s^assembla le 23 du même mois, pour délibérer à cet égard, mais la demande des sœurs fut fort mal (i) C'est sans doute par erreur que les sœurs sont qualifiçef ici oe Filles de VVnion chrétienne. (2) Parmentier, Archives de levers. - 295 — acciieUlie ; la délibération prise dans cette circoos- iance respire l'esprit irreligieux , qui gagnait déjà toutes les classes de la société. Qu'il nous suffise de rapporter ici la dernière phrase de cet acte inqualifiable : « Il y a déjà à Nevers un trop grand B nombre de communautés d'hommes et de filles » qui occupent un terrain considérable , ce qui » tourne à la foule du peuple (1). i MM. les notables avaient déjà oublié que c'était dansées communautés qu'ils avaient puisé les premiers principes de la science^ que ces filles soignaient les malades dans leshôpîtauXy et que ces ordres mendiants, sur lesquels ils déversaient leurs mépris, s'étaient voués au ser- vice de leurs pères, quand la peste désolait leur ville. Décidément la reconnaissance et l'irréligion ne nrar« chent pas ensemble. Les sœurs n'avaient plus rien à espérer de ce côté. L'année suivante, 1704, elles demandèrent des let-? Ires-patentes; mais leur demande fut retournée aux échevins, qui convoquèrent pour le 5 juin une assemblée des notables. Ceux-ci se montrèrent aussi hostiles qu'à la réunion de l'année précédente ; il fut arrêté • qu'on supplierait Sa Majesté et Nos Sei- » gneurs de son conseil de ne point souffrir Tétablis- » sèment de ces filles en cette ville, i Le premier motif de cette opposition, «i c'est le nombre consi- 9 dérabie d'églises et de couvents qu'on rencontrait » dans la ville : un chapitre, onze paroisses, dix 9 couvents d'hommes, cinq de filles et deux hôpl- » taux, y ayant des rues entières où on ne voit que des » églises et des couvents, (2) » Les apothicaires de la ville, jaloux de la préfé* rence que souvent on donnait aux remèdes préparés par les sœurs, travaillèrent de leur côté à accroître le mauvais vouloir du conseil des notables ; ils récla- mèrent, et prétendirent qu'il devait être fait défense. fl) Parmentier, Archives de Nevers, [2) Ibid. — 296 — à tout autre qu'à eux , de composer^ vendre, débiter aucun remède composé tels que sont les tnédecines, tes ta» blettes, les sirops, lesélectuaires, les potions, tes poudres, onguents et emplâtres, et généralement tout ce qui con- cerne l'art d'apothicaire, à peine de 400 fr. d^ amende^ La police , sans admettre les prétentions des apo- thicaires, voulait cependant mettre quelques entraves à la vente des remèdes de la part des sœurs, et de plus elle soumettait leur pharmacie à une visite an- nuelle^ que devaient faire, au mois de mai, les gardes-jurés. Le subdélégué de Tintendant, plus exigeant, prétendait que cette visite devait avoir Heu tous les mois et même plus souvent , au gré des gardes-jurés. C'eût été une vexation de tous les jours, si cet avis eût prévalu (1). Les lettres-patentes furent refusées aux sœurs; elles continuèrent cependant à exercer leurs saintes fonctions, s'abandonnant aux soins de la Providence. Quant aux remèdes qu'elles préparaient, l'autorité supérieure , tout en soumettant les sœurs aux règle- ments établis , sut les garantir des tracasseries aux- quelles elles auraient pu être exposées, dans les visites des gardes-jurés, < Les sœurs de Nevers pourront continuer de » composer les remèdes pour les pauvres et les leur » donner charitablement, laissant à la prudence de » l'évêque de Nevers^ leur supérieur « la faculté de » faire visiter leurs drogues et remèdes , par les mé- » decins qu1l lui plaira de choisir (2). » Des épreuves d'un autre genre leur étaient encore réservées. Tout en leur refusant une existence lé- gale , on voulait les soumettre aux droit3 de main- morte, comme les communautés qui avaient des lettres-patentes; pendant long-temps elles luttèrent à ce sujet avec les agents du lise (3). (1) Archives de la congrégation. (2) Ibid. (3) Ihid. Cepôidant left aosom ae se labsèf cul pas décou- rager; si â'on côtéTesprit phiiosopiiiqw diercbdl à arréler Je dérdoppeaieot de lear coogrégatkmt de l'antre noa éyêqoea s'établkreat leora proteeiewrs et lews pères, et profitèreat de toutes tes ctreonsK tances pour leur prodiguer 1^ témoigiiages de tear affieetaetts; dévouemeiit* En 1716, Édcmard fiar* gedé> confirma la eomomnanté de Saint-^Sanlge ^ cosuBUe son prédéceasenr avait fait poiur celle dt Itevers. lie 8 décembre» il vonHit aller lui-mtae tK dter le berceau de la congr^ation , et en dédier la modeste chapelle à rimmacutiée conception de la kèsr^faite Yierge. Par nn acte autbantioue , la lille de Saiitt-^SaiiH^ nvalt confié, en 1714, son bOpttal anx scmrs; 0«:lse leor avait donné, en 1710 p la miaM marque de coofiance (1). L'humble famUte de dom de Laveyue s'augmentait insensiblement, et avant sa mort» qui arriva le 5 juin 1719, il eut la consolation de voir ses filles répaaduessurdifléraits points de la France. Quant à Fabbé Boîaare, on %hore répoque précise de son décès, mais on sait qu'il cooserva jusqu'à ses derniers moments nue tendre affectiOD pour cette congrégation, à laquelle il avait voné toute son existence; il ne voulut pas avcir d'autres héritiers que ses (itères filles de la cbarUé , qu'il établit par sou te^ameot ses léga- taires universelles. Sa mort dût être postMenre a eeUe dé dom de LavejFoe (2>, & en juger d'après un reçu, donné le 13 avril 17ai, par un sieur Berger du fiouçhat, curé de Gigi^ne, pour un legs délivré à 6^te église par les sœurs delà cbariléy comme l^t tàires uoiverseUes de U. Bokore (3). (1) Archires de la costrégàtion* •ls* cre plus de trente ans avant cette époque. ^ - (a) Aroktvet de là coegrégaliÔB.. .24 -'^m/'î^^-''^ ^ I TK 9 ^ eoi^régatiM coioplait dë}à solsjasite- ttn ^étattijsmncûts , répandus sor ^iférents poMs ihria Fraftce, (fiie la noèfe M arch^^y avait f&Adés eà «kHés; H y avâtt cfiiartfiiie ans qœ tette v^^àblBi iièreT«»i|>ftssait tes foncttonsdesie^ériecnrétéoérale^ ip^M B^ ftit frappée 4'iiDê attaque â'aEp^exfe, qol la fèrça )d« déposer le flirdeati qu'elle arait porté aveè laÉt âB icowage ; tepeiMiaDt elle pot eacQ^$ ^n»ne lasi^tante 9 aider de ses conseils et desoa e ar pé rt ène e la ïnère Olrarlotie Morean*, q«i M aiid^ eëd». Elle mc^rat te ^ décembre 172C^ La ooiit^^tion deiteenra jusqu'en 17M sass pouvoir obtenir du roi les lettres-patenleB q«*ail »râU si souvent rédaméea. Ce fut MsfrTi»esBqul DiïttDrt ces let^^, le 15 septeia^bre l?^"; elles tarent enregistrées au p^ement le 29 décerabrt ^^nVsm* Ce vénénMe "prélat , comiBe ses prédécesseurs > fk)rtnit aux sœurs de la chaHté un intérêt tout pa^^ ccrael ; s sœm^ de Nevers, que j'estime trés-tmpartclnte/ ^ Je tâcherai de le faire de mon vivait. Si la iBimt ^ me suifrrend avant que je puisse eirécuter mon il dessin, je lenr lègue douze cents francs^, qire tam * ^exécuteur leur fera fayer, »Mvam qullserains- il tmtt de mes volontés, t £ë^ demièreft phrases du testaiâent , sont enëMm jpdtfir les "Sd^rs ; c'é^t la dernière pensée ^Hat pèrr, ^ifl^, Itvani de fermer les yeux à la lii«!!èi^5 Jette ^tfëdre un regard de tendresse isur ses enfants ; tes bénit, les recomU)àibde à uh ami dévote^, et iffiAtft en paix. « Je le prie en particulier (son successeur), » 'de protéger et de soutenir rétablissemieïïl des ifi «aws de Nevers^ ayant reconnu par une langue ^ * expérience , qu'il est extrêmement utile à la inélé % cWréflenïié , à l'édtkîWidn Bt hu sonlagerment » des pauvres. 'Les colins qttll donnera h cette affaire, » quoique pénibles/ne seront pas sana consalalidn. » r £a 1789, la congrégation eompUU d(^ plus 4e cent vingt établissements; sur différent J^tmàM 4e la FraiBce ; soù revean était 4e 14,0#0 Mvres , iattt «a blens^foBds qu'ea reste» sur le dergé. La mtoéoÊkÊ msàËOÊk 4e la rue de la Parcheni&erie devenaf t io«| à Is^ ^suffisante , et la mère de AlolèBe ai:ait adMé deux matoMs voisines , dans riuteaCioB de reoons^ tmire sur ua j^lan uaifonne et plus, appr^nié aK besoins de la comnimiauté. C'était Mgr 4e SégninsM qui »ralt œnçu ce projet , et qui devait fonmir ken moyens de le réaliser. II donna , en effet, les fmdt nécessaires pour payer les d^x maisons dont nous avons parlé. Comme son prédécesseur, il était tiMl dévoué à la congrégation, et souvsent il prodigua aun SQBurs les témoignages de ce dévouement • C'est parce que nous sommes les servantes des » membres infirmes et souffrants de J.-C, écrivait » à ses sœurs la mère de Molène, que nous lui étions • si chères , et qu'il ne craignait pas de nous appe^ » lef ses filles de prédilection. Il était vraiment ncriré » protecteur déclaré, notre ami le plus sincère et 14 » plus effectif, ce respectable prélat, pdiee qu'il » était celui de tons les malheureux Quelques » heures avant de rendre le dernier soupir, ilTramèné • ses forces, pour dicter un testament, où il nous » appelle encore en partage de ce qu'il laisse , pour » parfaire ces établissements ébauchés. (1) t Les projets de reconstruction, ajournés par la mort xle Mgr de Séguiran, furent abandonnés forcément quand le torrent Révolutionnaire renversa et en- traîna dans son cours tous nos établissements rell-^ gieux. On put se convaincre que la philantropie ne veut pas considérer la charité comme sa sœur ; en cela, elle a raison : elles n'ont pas eu le même ber- ceau , elles n'ont pas été nourries du même lait. £n 1791 , les filles de dom de Laveyne et de l'abbë t»m»^m^* M m II»» I II ( I i m • « I II I I m , —^M»^ I « i^pi»*»^- Il 1 I <»— 1^».»» ««Il» »*■ (1) Circulaire de la inére Pélagie de Moléne, 10 novetthreUISS. -. 300 — Bàlacre , fureui obligées de se séparer ; il ne resta à la comœmiaolé que la mère de Môlène, sœur Idétalcle de Molène , i$a sceur^ qui était assistante , sonir Glaire Roumier, 4ui fut maîtresse des novices, ttear Dorade Marrouch 5 économe, deux jeunes professes de la dernière profession , sœur Giiâleau et sœur Aubnsson. Avant la fin de. la même année , ees saintes filles furent brutalement arrachées de leur chère maison et conduites en prison^ Lu, comme les antres captifs ,, elles attendaient tous les jours la mort Outre les sœurs dont nous venons de parler, les r^istres des prisons contiennent encore le nom de deux autres, sœur Sophie Marty et sœur Pélagie Jatinque ; et pourquoi ne raconterions-nous pas id l'histoire de leur chute passagère et de leur héroïque repentir. Personne n'ignore que parmi les prêtres qui pot prêté le serment , à cette déplorable époque , un grand nombre ont agi avec bonne foi , sans corn* prendre toutes les conséquences de cette démarche, dont on avait cherché à dissimuler toute la perfidie ; il ne faut pas s'étonner que de pauvres filles, qui n'avaient pas les mêmes lumières^ se soient laissé gagner; peut-être même chez elles le motif déter- minant était la charité; elles devaient, en elTet, sou- pirer après le moment où il leur serait donné de re- venir auprès de leurs chers enfants, ou de prodiguer aux pauvres malades leur charitable dévouement. Sœur Dorothée IVlarrouch, sœur Sophie Marty et sœur Pélagie Jalinque demandèrent à être élargies, disant qu'elles étaient dans Tintention de prêtrer le serment exigé par la loi. Eu effets elles sortirent de prison et prêtèrent le serment; mais-, malgré la pureté pré- sumée de leurs intentions, cette démarche eût été une tache pour cette congrégation ; Dieu ne le permit pas. Le regard puissant de celui qui, en un intant, avait changé le cœur de Pierre apostat, avait péné- tré jusqu'au fond de l'âme de ces panvres filles et les avait éclairées d'une lumière soudaine. £lles cdm- r — 801 — pHrent Pacte schismatlqoe augoe) ellos aTatemdMaé leurcoDsenteiiieDt^etâiissf(ôt,s'arinaBtd*ini gèrent courage^ elles s'empressèrent de réparer leur faute d'aoe manière éclatante, et poussèrent leor rependr jasqa'à Thérolsme. Non contentes de désavouer leor démarche et de rétracter leor serment, elles allèrent d'elles-mêmes se reconstituer prisonnières, «t re« Joindre lears chèi^ compagnes. L'acte dressé par l'oiBcler municipal, constatant en fait, nous a paru a^ez curieux pour être ïoêM dans celte notice : ^ c Cejourdliol dix-sept frimaire de Tan II de la république française, une et Indivisible, moi, René* André Bigot, officier municipal de MeT«r9, faisant la visite des prisons , Léonard Simonot m'a déclaré que Sophie Marty, Dorothée Marroach et Pélagie Jalinqoe, ci-devant sœurs de la Marmite de cette ville, étaient rentrées sans ordre, après leur élargissement es prisons, et les ayant fait pa« raraftre devant moi et interrogées de leur présence es prisons , elles m'ont répondu qu'elles avaient été élargies pour prêter le serment exigé par la loi f ce qu'elles avaient effectué ; mais que se re- pentant , elles l'avaient rétracté ; pourquoi les al mises sous la garde dudit Simonot, pour être Ju- gées révolutionnairement suivant les lois en pareil cas ; même envisageant que le fanatisme est en pa- reil cas dangereux , enjoins audit Simonot de les tenir séparées des autres individus , sous sa res« ponsabillté. . i Signé BlGOT, SltfOROT(l). i Quel délicieux instant pour toutes les sœurs que ce retour! Si celles qui étaient demeurées fidèles (1) Extrait des registres de prises de corps, créé k Neyerf le 28 mars 1791 «déposé au greffe, quatorzième feville du re* gistre. . atal^n ta xm tamn^i \t eœor brisé » p^ edie cniélle séparation , comine elles durent 3e réjouir de la généreuse réSoIutloB de leurs compagoes , qui denlt tottl réparer, en leur faisasi affronter le «Hurtf re. Ce fut dans ces drcoustanees qu'on put admirer les soins généreux et compatissants .d'une des do- mestiques des sœurs ; loi^-temps son nom sera pro- aoBcé afee respect et reconnaissance dans la con- grégation^et les annales de Tinstltut perpétueront le souvenir du charitable dévouement de Fançhon. Ayant su que les sœurs n'avaient pas dans la prison la quantité de nonrritore qui leur était nécessaire , die allait visiter tous les jours les personnes qui .poovalenl lewr porter quelque intérêt . clierchait à exciter leur commisération , puis revenait trouver ses bonnes maîtresses, avec le produit de ses quêtes. Slle alla jusqu'à vendre ses meubles'et même sçs habits 9 pour empêcher les sœurs de souffrir de la faim. Inutile de dire qu'après ces jours de triste mémoire, les'tiœors, rentrées dans la communauté , n'oublièrent pas leur mère nourricière : la bonne Fanchon passa le reste de ses jours dans la maison , traitée à l'égal des membres de la congrégation. CSependant, les hépitaux que les sœurs desser- vaient furent livrés à des infirmiers salariés. « Alors, . 9 dit M. de Saint^narie, les mallieureux apprirent à • connaître la différence des soins que donne un • mercenaire qui doit gagner ses gages, et ceux que n prodigue la charité chrétienne qui veut gagner le s ciel ; et les soupes économiques ne firent pas publier » iaux pauvres celles des saui^s diija Marmite (1). i L'emprisonnement des sœurs faillit occasionner une émeute, car les pauvres et les malades n'étaient plus visités ; les mariniers de Nevers, dont tout le monde connaît la droiture et la franchise', se mirent à la tête du (1) M. de Saintemarie, ReehereheM histcriquis «tir Newrt, p. 344. piiaMHitnli Mtvii é'mB mtWIiin ^e tnmm$ Hk aUtaent tfoaT«r k ranvésealaot dv (lemita nanr «6? clamer /«Mri »èiv4 U tsàiuH ct4er; on pr^dîik k l^V^sea^ttit Aoft $(¥iac«, qai alors Cfif4c$r{i9t ^fns ^a çoDuuiwaalé. . A^ moipent où l'cirage av<\it éclaté» ^^^% mieat déposé çhçy pliisievirs de leur$ voisins lemfs meuble^ leur lUige et Ie& objets précieux qu'elle^ j^osséc^aiçnt ; iqaisy quand elles réclamèrent ce dépôts çUes ^'ager? Car^at> qa'ellea savaient affaire k des gppsi sa^^ cons- cience , cl elles se trouvèrent dans le ^ dé^uçtuept le plus qxmpiet. U leuir ^<^l'ut se mettre à tç^vnijler pour vivre , ^t , Dieu bénissant leur travail ji ellè§ Rtirei^t enca^^e p^irtagef leur pain avec les p.a'ivres, c Rappelées et ekassées plosieartfois daas leeMn » de la ré?oliition , leur dévouemeiit fat iouJ«iiis V sans bornes ^ leur douceur toujours HiaUérable; 9 elles se consacrèpent avec le iDême sèle à Icais » pénibles fonctions, toutes les fois qu'os daigna leur » permettre de les exercer (i ). i Di^U préparait une nquvelle épreuve ^ cette ppn- fifré^atiqp en lui çnleviint sa supérieure général^, Ia véuérable mère de Molène, J-e 27 août 1797, ejle alla recevoir la récompense de ses vertus ; elle était Agée de soix^qle-huit ans. Lqs circonstances ne per- mettaient pas de procéder ^ une élection ; les sœurs demeurèrent jusqu'en 1801 sans supérieure générale. Des jours plus heureux cgnimençaieut^ ]iiir^ sur (a Francp, et les sioeurs purent rentrer déripitivemeut d^ns leur chère communauté ; mais Copime la prç- mière entrevue dût être triste ! H a {.a mprt eu'avait a |QOi3sonné un grand ûorpbre ; beaucoup d'autres , f accablées d'ipOrmité^, rédauialept des Sj^cours» i bien loin d'être en état d'en porter; les revenus I étaient perdus ; U oe restait que U mai^pp de Ne- (é)ne fi(riiiieaiJhrip« ntich0r4hê9 idâtqHqim mr Navets, p^344. — M4 — i vefsel tifi peât énasaÉie île êM ttfres de ««ite; > enfifi 9 . la congrégation se trouvait sa même poisl » que cNi temps de Layeyoe et de Boiacre » (1). Les soenrs prièrent la mère de Monméfa , qui déjà avait été supérieure avant la mère de Molène , de se mettre à la tète de la congrégation. Elle y consentit et remplit les fonctions de supérieure générale, de- puis 1801 jusqu'en 1807^ sans qu'on eât procédé aux élections» ' Les vides opérés dans les rangs de la congrégation se remplissaient insensiblement, et bientôt où s'aperçut, que la maison de la rue de la Parchemi- nerie dé venait insuffisante, car le nombre des novices allait toujours croissant On entrevoyait la pos^llité d'obtenir du gouvernement l'ancien cou- vent' de la Visitation , et déjà on se disposait à fidre 4es démarches à cet effet , mais on était arrêté par im sentiment de délicatesse , en se rappelant qu'il y avait encore à Neveris et à Moulins des filles de saint François de Sales, qui avaient autrefois occupé cette maison. Les supérieurs demandèrent à ces religieiises, si elles avaient l'espoir dé rentrer dans leur monas- tère, et si elles étaient dans l'intentioù de le réclamer; elles répondirent qu'elles seraient dans l'impossibilité absolue de faire les réparations nécessaires pour l'habiter, qu'elles y renonçaient^ et qu'elles laissaient aux sœurs de la charité toute liberté dé travailler à l'acquérir. Mgr de Fontanges , évèque d'Autun , et M. Fabbé Groult , vicaire-général , adressèrent alors de pressantes sollicitations au gouvernement, et ils furent assez heureux pour obtenir, en faveur des sœurs de Nevers, cet ancien monastère (2). Il nous est impossible de ne pas rappeler ici en peu de mots l'histoire de la fondation de cette mai- (1) De Saintemarie, Rêchireha hUtoriquei iur Nwmn^ p. 344.et 345. (») ÛÊMnàm de cette naiflon tai fait k la eoofpé^iiioii par décision du ministre de la guerre du 13 avril 1806. mur qot f dep«ls biwtM «isfMrtcut, eit d«i«MM 16 ^le^Iita de la cooif éfatloa MM* de ChêteM-R6g^Mk, teroo d^ Lange (1), el ¥Woe«t iloHltal , avaienl cMça le i^^t de fonder à Ilarer» un noiKttlère de VMtaBdiaee; ap^ès avoir obttim da doc de Hevert » de révé^œ £iisiacbe du Lys et des échevi» les amorisatioiis nécessaires ^ ib adresnèrènt Irar demande à M""* de Bréchard , supé- rieure du OMmastère de Moulins. GeUe^ei en écrivit à salai Fraaçoie de Sales et à sainte Françoise de Gbsffital » qaï cMsenttrent volontiers à la fondation de cet dtaMissenent. Le saint ordonna à la mère de Bréchard de sa roKlre à Nevers; mais elle ne put exécuter cet ordre» les habitants de BiouUns s'y opposèrent de la auHdère la plas énergicpie» et firent IxHine garde autour du mmastère , afin d*eaipêcher le départ de celle qu'ils tenaient à conserver au milieu d'eux, saint François de Sales crut qu'il devait céder h leurs désirs ; il la remplaça à^ Nevers par sœur Pauline- Hiéronime de Moi^oox , sa parente , qui vint comme snpérteure de la nouvelle maison, avec quatre autres reUgieuses , manies de leur obédience, écrite de la luropre maia de leur saint fondateur. Gë fut le 22 juillet 1620 que ces saintes filles arri- vèrent dans nos murs, et le lendemain 23, £ustacbe da Lys, accooipagoé d'un nombreux clergé; bénis- sait la petite chapelle provisoire que M. Bouzitat avait fait élever pour elles. Le 22 jttin>i639, le même évéque bénissait la pre* mière pierre de Tégltoe actuelle , qui fut posée p^r la princesse Louise^Marie de Gonzague , dans les fondaticM» du mur, à droite du maître autel , avec une plaque d'étain aux armes de la princesse. Deux ans plus tard, la princesse Aune de Gonza- gue posait la première pierre du maitre^autel , à (1) tabaroimiede LangteHiltuéedMlSlatmniaiiMdvSiiat» nriie-le><;kil0t. mêKiie année 16A1 , l^4§Um M bénlltt pa» EMicht #9 Z.7S , sent le WMblè ée la l^Mtetlu dd la ttlnle Viei^e. Ah »oli tfoct^re 1649 , Bitttacta M 61iéri Al une iiQQVelId 4Mteaoe de celle isliee; ce fui Miiis doQte une oottiéerftti09Mle«ieUe,qut e»! Heii^M&d ton» les travafiix ftireftt p«Mcliev6a. Il est facile de recomaUpe le ffcnr» Maltai èms rornemenlatlon de l^llie de fa VUtatictt, a^ an maUre^autel, aeit a« mvtaU^) M ftiMlOTS briaéa qui couronnent l'enaewMt» lea têiea d^asges )ei4e» fà et là comme remplissage ou comlse samlien des cm- soles» leurs ailes eoibpoaéea de fiaotUages de fiinlaisie au lieu de plumes ^ d'autres ovnenmtts (ourmettléay rappellent cette arcbtteolnre eaprldesse, fcwl m usage à cette époqua II ftntl cependaBl avêuer qM le' portail et l'autel, dimt noua parlons, neaottt pas sans mérite ; les dUKrenls mtoibrea d'arehitectôre ioat heureusement dlsposéa , PensemUe en cal graoiwia. Peu de temps après cette fondation, une contesta- tion s'était élevée entre le monastère de Hefors et celui de Moulins; 11 s'agissait d'une affaire d'totéfét. Les religieuses de Neverscéd^f^^t, préfénHut la paix à tout autre bien. Cet acte de désintéressement îat si agréable à saint François de Sales, f u'il voulut les dédommager, en leur envoyant les deni volnmes du Bréviaire ûxmi 11 avait coutunie de se sernr. Les sœurs reçurent avec bonheur ce précleni témoignage de satisfaction de leur saint fondateur. On dit que le Jour de la mort du saint , ces deux volumes s'ouvri- irent d'eux-mêmes, et remplirent le monaatàre d'une suave odear. Ge fait donna aux religteuans un pres- sentiment de sa mort ; elles se rendirent aiôtttét devant le Sainl-Sacrement, posr foire un acte de rési- gnation. Bientôt, un coaf rier arriva, et leur confirma cette triste nouvelle ; elles se rendirentdn i^uittnu à la chapelle pour réciter l'ofiicc des morts; mais au lieu de dire,selonrusage,leile9m>m (tternamMtifin Al ehafue pseMune , elles disaient muifff^ ell^s le Gloria Patri, ce qu'elles considérèreni £ommfi une Chapelle des Sitaiv^ de Li Lhsnlc, »*• wma "ptwm qie W&a a? ait adiMi 4aÉ& aâi i^ii^ fié Mêle ^enriteor (1). Salme Chantai boiiora aoisl ploiiBnrs tolê oeile maismi de m présmee. Oa raconta (|iie la premitee loto qif ello Tint à Ne^ers , après la constructico de ^église du monastère , elle adreaaadeareppttisheaii ses chères filics, an sujet d« loxe qu'on avait déploré dans ronMunentation do cette égli$e ; eUe oât voidn qu'on se contentât d'une noble simplicité» ot qote évitât tout ce qai iemblalt pen en rapport avec la pauvreté évaDgéUq»e. On comprend que ces re- proches, qnl rappelleat eenr que le trop sévère saM Bernard adressait aùtrefoisaui moines de €lony, oe pouvaient atteindre les religieuses de la Tisitation»; complètement étr»igères à cette eônstmction » eltes avaient laisrà les prince^es de Nevers suivre l'élan de lenr piété. La tourmente révolnjUteenaire avait laissé le monastère de la Yisitatjjpn 4éps un affi*èux état de dégradation ; on y avait é&ÏRi le dépôt des snlnie- tances militaires; les dortoirs servaient de grenier à blés , des fours 'avaient été construits au rea*de« chaussée^ et la chapelle av^t été convertie en magasin de fourrciges. Avant d'entrer, dans cette maison , la congrégation avait d'énormes dépenses à faire, pour la rendre propre à sa nouvelle destination^ Grâce à la hante intelligence et au dévouement de M. l'aLbé Groult, on parvint promp- tement k réparer d'une manière convençhle les bâtiments de la communantéi et i^ mettre l'église daps un état décent. En môme temps, la mère Victoire Albouys f qui venait d'être élue supérieure générale, faisait un appel à tontes les sœurs de la congrég ation, et toutes s'empressèrent de contribuer, selon leurs facultés 5 aux réparations de leur nouvelle maison. Bientôt une somme de 36,000 fr. fut recueillie ticet elfet 9 et déposée dans la caisse de la communauté. {{) Parmentier, Archives «fi^ Nêvêi^ê. — sds — Le ijQla 1801 , le)ettdi daiB Todavê de la FMe- Dieu, les sœurs prirent possession de raDden CM- f est de la VisitatlOD ; IL Talibé Groult « aecoapagné du elergé de la ville, de la couArérie de la Salute- ?iei!ge , et d'une foule nombreose , Tist cbercher {NrocesatoimellenieBt le S^iot^Sacreuieiit daus la ^apelle de la maison de la Parcbeninerie , et le transporta avec pompe daas l'église noinr ellemeut restaurée. Au mois de nov^Bbre de la même année, Madame^ mère de rEmpereur, convoqua à Paris toutes tes supérieures des diftâreutes congrégations , dans le but de comiattre les œurres auxquelles dles se consacraient , et lea secours qui leur seraient néces* saires (1). La mère Victoire se rendit à cette assem- blée f où eRe se tt remarquer par une prudence consommée et une rare intelligence. M. Portalis , ministre des cottes, sut. apprécier s, de La Gbaiité-sar- Loire, de Co«ie, d'CDiraIns, d'Âonay, de Neuvy ; Ies«Kteraals de La Macldne y de Vandesesse , de Ckarrio , de 1Mly4a-^Totr , de Garcblsy, de FonrciMinèaalt, de Gorvcl-rOrgueilleux, de Planchez; Tlio^ioe de Oerlf^y,etc Mais œnmiet^ fôire face à tant de demandes ? La provtdeste se ehârgea d*y pourvoir. Grâce à nne direction liabile, qui devait contribuer à développer tes vocations > dans les différentes localités où la congrégation possédait des maisons, lenomJk^des aspirantes s'accrntà un tel point qve i' ancien monsA'- lère de la Visitaftiofi devint insuffisant, malgré les mmlireinefraddtticins qu'on y a faites; en sorte gn'on se vit forte de disséminer, dans plnsiours établisse* . Tnents , un certain nombre de novices. Le p^soimei de la congrégation se compose d'un nombre const*- ^lérable de sœurs, réparties dansf^s de 230 maisons. t)n pent #re qoe la fille a pro^^é plus que la mère, car l'Institut 4^s sœurs CMiteseK (toûc qb )teu plus vaste pour y ikesser i vos testes» étoMes vos pavlUoiiSy allongez vos » "cordoges ei afferiBissez les fûeux qui doiveal les i «^eoîr > car vos «ooibreia Mfaots voftt se répao* t 4hre4 dr^eoi à ^aaobe (i). • Cêlâft l>teÉ là le désir le pkb «Ment du vêKénàltê |Mnat; i«ifatsd*atitre»t^t^occupafltowS) auwjel^eoeKè i*OiÉintinnfttté> venatettt ^9pefidre l^éMttofi-deios Ofi se )ràFppei1e ce qite MfiS a^ens itéjik riBoe^ aivec sa bante intelligence, comprit de suite qu'il y aurait injustice à priver les sœurs de la Charité d'un établissement qu'elles avaient possédé de bonne foi, pendant tant d'années^ it)*Ë$aïê^ dbflp. wt9.\^ a. ^ 312 -- et dans lequel elles af^tfeiit fêté des semws éMmcs, pour l'approprier à lems besoins ; à cette prenrière considération venait s'en joindre une autre : les ser« Tices humenses qu'elles rendaient dans les bôpitaux dvils et militaires » dans les pensionnats et les écoles gratuites , dans les salles d'aMIe et les maisons de refuge , dans les ou?roirs et les miséricordes , dims les salles d'enfants trouvés et dans les bospfces d'aliéné et d'ineurables, milttai^nt en leur faveur* Le prince ne bakmça pas à promettre de s'occuper sérieusement de cette demande, et aus»lôt il flt donner ordre à radministralioa des domaines de suspendre toutes poursuites. Devenu empereur, il n'oublia pas sa promesse, il fit présenter un projet de loi 9 qui devait affecter , au service des sœurs de Mevers » l'ancien couvent de la Yisit|tion, situé dans cette ville. Cq>endant M^ Dofêtre , se confiant à la Provi- dence^ avsUt acquis, dans le but d'y faire construire, pour celle communauté , des bâtiments plus vastes , le magnifique plateau de Saint-Gildard , avec le vaste enclos, qui s'étend depuis le Parc jusqu'à l'élaug de la Passière.et à la fontaine d'Argent. La pureté de l'air, le maignifique aspect dont on jouit du baut de ce plateau, l'antique église de Saint* - Giidard qui le domine , les souvenirs rellgieu^^ et historiques qui s'y rattacbent, tout se trouvait réuni, pour justifier le cboix de l'emplacement adopté par le prélat. Les pla^ fareM dressés, et bientôt l'enclos de Saint-Gildard devint un vaste cbantier, qui se couvrit d!une foule nombreuse d'ouvriers. Bénédiction de la première pierre de l* autel de PéfUse de 'Saint-^Sildard. Le vendredi 10 juin 1853 , on4isait dans le Jmtr- nal de la Nièvre l'article suivant : — > < Hier jeudi, vers quatre heures du soir, une i cérémonie religieuse pleine d'intérêt avait Met à - 313 -- Nevers sur l'emplacement de i'ancienûe chapelle de Saint-Gildard. Là, aa milieu d'un vaste terrain, acquis à cet effet , s'élèvent sur de belles propor- tions et d'après un plan habilement conçu les constructions destinées à une nouvelle maison de noviciat pour les sœurs de la Charité et instruction chrétienne de Nevers, vulgairement appelées chez nous sœurs de Sainte-Marie. » Cette communauté, dont les immenses services dans rinstruclion et dans le soid des malades sont appréciés partout ^ a pris depuis quelques années de grands développements : l'ancien couvent de la Visitation, originairement bâti pour un nombre restreint de religieuses, était devenu depuis long- temps insuflELsant à leurs besoins , malgré les aug- mentations successives qu'on y avait faites. 11 a donc fallu penser cl créer un établissement capable de répondre à toutes les exigences que créent aujourd'hui les circonstances; car, il faut q'on le sache bien . les sœurs de la Charité et instruction chrétienne de Nevers ne peuvent satisfaire aux demandes que de toutes parts on leur adresse, pour leur confier l'éducation de la jeunesse et le soin des malades^ C'est dans la vue du bien qui reste à accomplir, et d'après les heureuses inspi- rations du premier pasteur de notre diocèse qui, dans son 2è1e parfaitement éclairé , a déjà attaché son nom à tant de belles choses parmi nous , que nous devrons ce nouvel établissement qui sera un des plus importants de notre cité. • La cérémonie avait pour objet la bénédiction de la première pierre de l'église de la maison du noviciat ; elle s'est faite avec solennité par Mgr l'Évêque lui même , assisté de son clergé et en présence de toute la communauté des religieuses. Les élèves des établissements d'instruction qu'elles dirigent y assistaient aussi. » Un grand concours de peuple s'y était également rendu; c'était en effet pour le peuple une solennité à laquelle il devait applaudir de grand cœur ; n'est- n — 316 — ce pas principalement d l^éducation de ses enfants qae travaillent sans cesse ces saintes filles, dont on élève et agrandit aujourd'hui la demeure ? n'est- ce pas à soulager ses misères ^ panser ses plaies, à le consoler de ses maux , que les sœurs de la Charité chrétienne s'appliqueront chaque jour ? C'était donc pour le peuple une véritable fête^ à laquelle il devait prendre une large part. i Après avoir récité les belles prières que l'église prescrit pour ces sortes de solennités, Mgr rÉvô- que a adressé à la nombreuse assistance des paroles pleines d'onction et religieusement écou- tées; il a rappelé en quelques mots bien sentis les services immenses qu'avaient déjà rendus les sœurs de la Charité et instruction chrétienne de Nevers , et ceux qu'elles étaient encore appelées à rendre. Cette belle et touchante cérémonie s'est terminée à cinq heures par la bénédiction pontificale. » Après la cérémonie , Mgr l'Évêque s'est rendu au milieu des nombreux ouvriers occupés dans les différents ateliers de construction , sous la direc- tion immédiate de M. Desforges , entrepreneur chargé d'exécuter les plans de l'architecte, M. Paillard. Le vénérable prélat les a félicités sur la tenue parfaite des chantiers, Tadmirable disci- pline qui y régnait , l'ardeur et l'intelligence avec lesquelles les travaux étaient exécutés. Les paroles dont Mgr Dufôtre sait toujours se servir en pareilles circonstances ont électrisé ses auditeurs. Aussitôt des vivais ont retenti de toutes parts , et cet heu- reux épisode a terminé la belle journée du 9 juin, dont le souvenir sera précieusement gardé. ^ Traduction du procès-verbal , enfermé dans une boite de plomb , et déposé dans un d^s piliers du Cloître, « A LA GLOIRE DE DIEU , INFINIMENT BON . INFINIMENT » PUISSANT ! » Et sous la protection de saint Loup et de saine — 315 — Gildard . cette église abbatiale avait été fondée, à ce que Ton croit, vers le huitième siècle, puis était tombée au pouvoir de laïques; mais, par les ordres de CharleS'le-Chauve, confirmés plus tard par Charles-le-Gros, elle fut restituée et fit partie des biens de l'église cathédrale. » Hugues III, évêque de Nevers, après l'avoir retirée de nouveau des mains laïques , la donna aux chanoines de Saint-Gyr, avec ses dépendances, comme église paroissiale : ce fut en 1080; mais en 1096, Gui, évêque de Nevers, voulant rendre à son ancienne destination l'église de Saint-Gildard et de Saint-Loup, en fit l'abandon, du consente- ment du chapitre, à Dongion, abbé de Saint- Laurent-l'Àbbaye, à condition qu'il y enverrait des religieux de son monastère pour y célébrer le service divin et se rendre utiles à la cathédrale. Il fut spécialement convenu que si un chanoine, dans le désir de servir Dieu d'une manière plus parfaite» venait à se retirer à Saînt-Gildard , il conserverait • sa prébende sa vie durant, et qu'un des religieux serait chargé de faire sa semaine à la cathédrale. Deux religieux devaient aussi se réunir aux cha- noines pour les heures canoniales. • Hervée , évêque de Nevers, signait cette con- vention en 1100; la charte fut confirmée en 1130, par l'évêque Fromond, et en ll/i7, par le souve- rain pontife Eugène III. • A la suite de quelques démêlés survenus entre les chanoines et les religieux, en 1689, l'abbé de Saint-Laurent, moyennant une juste compensation, renonça à ses anciens droits sur Saint-Gildard , en faveur des chanoines , qui , depuis cette époque , disposèrent des deux prébendes qui y étaient atta- chées. Déjà plusieurs fois, dans ces temps malheu- reux, l'église et les lieux réguliers avaient été presque détruits, surtout en l/iA0« quand les Anglais ravageaient les faubourgs de Nevers ; il ne reste plus maintenant que l'église mutilée dont on vient de faire l'acquisition. - 316 — » L'an de notre salut 1853 , les sœurs de la Charité, • établies à Nevers, achetaient de leurs propres ' deniers toute Tenceinte de Saint-Giidard , agran- • dissaient Téglise, la restauraient et en même temps 9 jetaient les fondements d'un nouveau couvent pour » leur communauté. Ces travaux furent exécutés sous » la direction de Monseigneur Dominique-Augustin » Dufêtre , évêque de Nevers , supérieur de la con- : grégation desdites sœurs; sœur Philippine Juin p étant supérieure générale , sœur Julie Fouilloux 1» assistante, et sœur Rosalie Bouvet, maîtresse des » novices. Les plans dressés par le sieur Paillard , » architecte , furent exécutés par le sieur Desforges, » entrepreneur. » Augustin-Joseph Crosnier, archidiacre , dictait > cet acte , et sœur Elisabeth de Montjournal , secré- » taire générale de la congrégation , récrivait , le » cinq des ides de juin , XI"" indiction , la sixième 9 année du pontificat de notre saint-père le pape » Pie IX, et la seconde année du règne de Louis- » Napoléon III, empereur. » Fait à Nevers, au nom de Dieu , qu'il se montre 9 propice à cette entreprise ! (9 juin 1853). » Sœur Rosalie BOUVET, maîtresse des nomees; » Sœur JCLIE ¥0\}lLLO\}\ , assistante ; > Sœur Philippine JUIN-LAIVIIRAUDIE, supé- » rieur e générale, D t DOMINIQUE-AUGUSTIN, o Évéque d$ Nevers, » Le 15 juin de la même année, Mgr TÉvôque de Nevers annonçait par une lettre-circulaire, adressées toutes les maisons de la congrégation, cette cérémo- nie, en même temps qu'il leur faisait part de la promulgation de la loi, qui affecte au service de ladite congrégation l'ancien couvent de la Visitation. - S«7 - Leltre^drctilaire de Monseigneur l'Èvêque de Nevers aux sœurs de la Charité et Instruction chrétienne. 1 Nos TRÈ8-CHËRES FILLE8 , » Vos vœax sont comblés. Les bâtiments occupés par la communauté viennent d'être affectés à la congrégation d'une manière irrévocable. » Sa Majesté l'Empereur, à son passage à Nevers, au mois de septembre dernier^ avait bien voulu accueillir favorablement la demande que nous lui avions adressée à ce sujet , et nous promettre de faire cesser vos inquiétudes et vos angoisses , en consacrant légalement la cession qui vous avait été faite de cet immeuble si important. » Un projet de loi a été présenté par le gouverne- ment au corps législatif, qui Ta adopté à Tunani- mité; le sénat s'est empressé de confirmer ce vole et Sa Majesté vient de le sanctionner en promul- guant solennellement la loi dont nous vous donnons communication à la fin de cette circulaire. » Désormais vous jouirez en paix des bâtiments de cette chère communauté , où vous avez presque toutes passé le temps heureux de votre noviciat, et qui ont été les témoins muets de votre tolennelie consécration au Seigneur. 1 Ne croyez pas, nos très-chères Filles , que cela doive modifier en rien les projets que nous avons conçus pour Saint-GIldard , et dont vous connais- sez déjà les plans. Vous savez les graves motifs qui ont déterminé le conseil de la communauté à for- mer cette grande entreprise . et ces mêmes motifs nous imposent l'obligation de déployer tout notre zèle pour en assurer l'exécution. » Il y a long-temps que la congrégation souffre de l'exiguité et de l'insuflfisance des bâtiments occupés par la communauté. L'air, la lumière et l'espace manquent également à ce cher noviciat , qui est 316 votre gloire comme il est votre espérance; les santés souffrent notablement de l'agglomération des sœurs dans un local étroit et étouffé , où l'on ne trouve ni commodités, ni dégagements; il fau- drait contrarier les desseins de Dieu et renoncer au développement toujours croissant de la congré- gation, si Ton était condamné à voirie noviciat à jamais emprisonné dans le local qq'il occupe; comme aussi il nous serait impossible , dans cette hypothèse 9 de faire exécuter l'ordonnance que nous avons rendue , conformément aux prescrip- tions du concile de Sens, relativement à la durée du noviciat^ et à l'obligation de le faire , au moins en grande partie, à la communauté. » Saint-Gildard doit devenir le véritable centre de la congrégation, le séminaire du noviciat; et vous savez déjà dans quel site admirable il est placé , quels avantages inappréciables il offrira pour le recueillement . Tinstructiou et la santé des novices. Nous n'bjésitons pas à dire que nous regardons comme une des plus grandes consolations de notre épiscopat d'avoir pu contribuer à doter la congré- gation de ce magnifique établissement » Nous sommes loin de regarder pour cela la cession des bâtiments actuels de la communauté comme indifférente et superflue. Vous savez dans quel état de gène vous vous trouviez à Nevers pour toutes les œuvres de votre saint état. Point de local, ni pour les classe; payantes , ni pour les classes gratuites , ni pouf une miséricorde , ni pour un puvroir, etc. Une maison étroite et sans jardin était affectée aux jeunes orphelines et à Tasile payant Nous avons la confiance qu'avec une distribution convenable la communauté actuelle suffira pour toutes ces œuvres. » Saint-Gildard sera aussi le bien propre de la congrégation , qui , dans aucun cas, ne pourra lui 9 être contesté. Il sera le fruit de vos économies et de vos largesses, et nous ne pouvons que bénir la Providence du zè)e qu'elle vçus a inspiré pour - 5i9 — > concourir toutes , selon vos ressources , à ce grand » ouvrage. » Nous profitons de cette occasion pour vous 9 annoncer que les travaux marchent rapidement • » et sont conduits par les entrepreneurs avec autant > d'intelligence que d'activité. 1 Jeudi, 9 courant, nous avons posé solennelle- > ment la première pierre de la chapelle qui doit » former le centre de ce vaste édifice. Nous espérons » bien y célébrer les saints Mystères dans le cours » de Tannée 1855. » Recevez , nos très-chères Filles , l'assurance de y nos sentiments les plus dévoués. » t DOMINIQUE- AUGUSTIN, » Évéque de Neven. » Après les nombreux et honorables témoignages d'intérêt, qui , de toutes parts, avaient été prodigués à la congrégation des sœurs de la Charité de Nevers, il semble que ces saintes filles ne devaient plus rien avoir à désirer ; et cependant ces témoignages si flatteurs n'eussent pas encore comblé tous leurs vœux, si le vicaire de Jésus-Christ ne leur eût accordé son approbation. La Providence ménageait à cet institut cette nouvelle faveur , qui venait cou- ronner toutes les autres. Dans le voyage que monseigneur Dufêtre fit h Rome, en 1852, il n'oublia pas la congrégation dont Dieu l'avait établi le supérieur et le père : le 10 mai , dans une audience particulière, il présenta au sou- verain pontife Pie IX les constitutions des sœurs, en priant le Saint-Père de les approuver et de répandre en même temps sur la congrégation une bénédiction toute spéciale. Ce fut avec effusion que Pie IX accorda cette bénédiction paternelle à celles dont on lui avait exposé la vie toute de charité et de dévouement. Quant à la première partie de la den ande , tout le -^ 320 — moDde connaît les saf^es lenteurs de Rome ; le vieil adage sat cita si sat benè est toujours en vigueur. La question des constitutions devait être mûrement étudiée ; elles furent donc remises à la congrégation des évéques , qui , tout en ajournant le jugement à porter sur les constitutions , proposa au Saint-Père d'approuver L'institut des sœurs de la Charité et Instruction chrétienne, ce qui eut lieu par un décret du 26 août 1852. 321 — SÉANGB DU il AOUT 4853. Siègent au bureau : MIS. l'abbé Crosnier^ prési^ dent ; le général Pétiet ; Raynaud , recteur de Taca- demie de la Nièvre ; de Villefosse , secrétaire. M. le président fait part à la Société d'un inté- ressant mémoire que lui a adressé M. Gbarleuf « sur l'église d'Alluy : Notice snr réalise d'Allny. Autant qu'on en peut juger après les monstrueu- ses mutilations subies à diverses époques « Téglise d'Alluy , conçue primitivement dans le style byzantin, n'a jamais été achevée. On peut placer la date de sa fondation vers la fin du douzième siècle , celle des changements les plus , importants vers la fin du quinzième; alors qu'AUuy - était constitué en fief baronal. l*" L'église est orientée assez exactement ; 2° Les dimensions générales donnent 22 mètres en longueur et 12 mètres en largeur > le bas* côté compris ; 3* Les matériaux de construction sont des débris romains provenant sans doute de quelque cella^ si- tuée sur l'emplacement de l'église actuelle; des pierres taillées de moyen appareil, surtout des moellons bruts; le tout en calcaire d'Alluy môme;, k'' L'église n'a qu'un seul collatéral au nord : l'in- tention d'en construire un second est suffisamment indiquée par des arcades ménagées dans le mur mé- ridional de la nef et par des pierres d'altente laissées à l'extérieur ; h"" Le chevet de Téglise se termine carrément; la vçûte est ogivale , surbaissée et du quinzième siècle ; 23 — 322 — aux angles da fond règne une moulure torique, coupée à 2°" 50 de hauteur par une dentelle simu- lant de légers chapiteaux. La grande fenêtre derrière Tautel est géminée, avec des meneaux rayonnants et une élégante rosace. Les fenêtres latérales du sanctuaire sont en meur- trières^ à pleUi-cintre, elles appartiennent à la cons- truction primitive ; celle du sud, malgré des raccords modernes , est particulièrement remarquable. L'arc triomphal du côté du sanctuaire et du côté du chœur est à plein- cintre, retombant sur quatre piliers à chapiteaux ornés dans le style oriental. Le plein-cintre se retrouve également dans les trois grandes arcades qui ouvrent de la nef sur le colla- téral; des mutilations , des plâtrages faits avec plus de zèle iiue de discernement, ne permettent plus de décrire en détail la construction primitive de cette partie de Tédifice. Néanmoins, une chapelle do ^inzième siècle s'y fait remarquer par son élégance, par le système de nervures de ses voûtes , enfin par une belle fenêtre rayonnante, en grande parûe masquée par la sacristie ; e^'La porte d'entrée est surmontée d'une ogive romane; les claveaux sont assez artistement dispo* ses ; elle est soutenue par deux colonnes grossière- ment canelées; le tympan est plein, sans aucun or- nement. Le chapiteau de droite a des palmettes , celui de gauche des pommes de pin. La portion la plus intéressante de l'église d'AIluy est sans contredit la crypte située sous le chœur. Par suite de l'exhaussement -du sol environnant, l'accès en est assez difficile; on y pénètre en ram- pant, du côté du sud. £lle a trois travées occupant une surface dé six mètres carrés environ; les retombées des voûtes sont supportées par des piliers romans de un mètre de hauteur. Le mur de fond à l'orient , les voûtes , les parois latérales, tout est revêtu de peintures à fresque 4ont Je vais donner une description succincte. — .325- Immédiatement au-dessos de la place jadis occu- pée par l'autel , le Christ eu croix est entouré des saintes femmes. Un peu plus haut , le Sauveur^ dans sa gloire, assis sur un trône de forme antique, la tête nimbée> la main gauche posée sur le globe du monde, bénit de la droite^ selon le rit latin. La fi- gure du Christ est un peu plus grande que nature. A droite et à gauche du trône, deui anges tiennent des cierges; en avant, sur la retonibée des voûtes, c(eux autres anges soutiennent des banderoles , puis les attributs ordinaires des quatre évangélistes. On peut lire encore les mots : S, Lucas , S, Matheus^ en caractères du quatorzième siècle. Sur les parois la- térales se déroule une suite de personnages , parmi lesquels un prêtre , portant Tétole en la forme de l'époque, puis un second (selon toutes probabilités, le donataire), soutenant un .petit édifice. Au plafond des deuxième et troisième travées des anges ba- lancent des encensoirs. A la suite de la crypte , il existe un charnier ré - gnant sur une grande partie de la uef. Cette peinture murale est trop peu connue ; nous ne croyons pas qu'il en existe ailleurs dans le dio- cèse une seconde offrant autant d'intérêt. Il suffira de la signaler à monseigneur l'évêqué de Nevërs pour qu'il soit pourvu sans retard à sa conservation. Malheureusement , la crypte n'est pas la seule par* tie de l'édifice qui réclame des secours urgents; à la rigueur, en prenant un dessin exact, en fermant l'en- trée méridionale, la conservation matérielle de la fresque serait assurée. L'église, attaquée par les infiltrations pluviales, surtout vers le pilier butant le chœur au midi, est depuis long-temps trop étroite pour une population toujours croissante. Le cimetière, si l'on peut donner ce nom à l'étroite bande de détritus humain qui entoure l'église , exhaussé depuis des siècles par les inhumations suc- cessives, n'est pas seulement insuffisant , il est me* naçant pour la salubrité des habitations voisines. Il sert en outre de passage public; et telle est son exi- guitéy qu'on est parfois forcé de creuser des fosses sur ce passage même. Si les arcades inscrites dans le mur méridional de l'église ont yne solidité suffisante, chose facile à constater, il serait facile aussi de les déblayer; res- terait ensuite à construire un bas-côté semblable à celui du nord En évaluant à 150 mètres cubes les maçonneries^ soit une dépense de 1,500 fr , audou* ble de cette somme les travaux de charpente, de couverture et d'appropriation intérieure^ on voit que 6,000 fr. suffiraient à réf^arer et agrandir Téglise d'Alluy. : Cette somme où la trouver? Nous ne savons. Toutefois, en cherchant bien, peut-être se ren- contrerait-il qiielques ressources imprévues, quel* ques usurpations de terrains communaux, dont on forcerait les détenteurs de rendre à Dieu ce qu'ils ont pris à la commune; puis les dons de la charité privée, puis la munificence du département et celle derJÈlat. Nous ne doutons pas qu'on ne parvînt à conserver à Alluy ce qui mérite tant de l'être, et à mettre l'église en harmonie avec les besoins de la paroisse, sans s'écarter des règles d'une sage économie, sans demander pour la maison du Seigneur autre chose que cette simplicité décente, que dans une de ses premières lettres pastorales monseigneur l'évêque de Nevers réclam&it avec une autorité qui ne saurait appartenir cl un obscur archéologue. , La Société a écouté avec intérêt la lecture de cet intéressant mémoire, qui sera imprimé dans le Bulletin» M. le président fait ensuite part à la Société de plusieurs lettres qu*il a reçues de M. Clément , curé de Saint-Amand-en-Puysaie, et de M. Meyniel, curé de fiouhy^ au sujet d'un sarcophage trouvé à Bouhy. Ce sarcophage, composé de trois pierr-es, contenait trois corps : le corps d'un homme , celui d'une femme et celui d'un enfant. En retournant les pierres ^ 325 — • qui le composaient, pD a remarqué deux inscrip-- tioDS, et par une singulière coïncidence , une d'elles rappelait le nom de deux époux et de leur enfant. M. le curé de Saint- Amand croyait que Tinscrip- tîon concernait les trois personnes dont les corps avaient été trouvés. M. Tabbé Crosnier qui , ainsi que la Société tout entière , avait écouté avec un vif intérêt les détails donnés par M. Tabbé Clé- ment, déclara que ce sentiment ne lui semblait pas admissible. Il est évident à ses yeux que Finsoription est payenne, et d'après le fac-similé des caractères, qui lui a été adressé , il l'attribuerait au premier siè- cle ou à la première partie du second siècle de l'ère chrétienne. Il refusie cependant d'y reconnaître un tombeau payen ; Tabsence de tout signe usité sur les tombeaux le confirme dans cette pensée ; D M : Dits Manibus ; S. À. D : iSub Asciâ dedicavit, etc., qu'on remarque sur les. autres tombeaux de cette époque ne se trouvent point sur ces pierres. M. l'abbé Crosnier regarde ces pierres comme des autels votifs, qui ont été renversés et qu'on aura creusés plus tard, pour en faire un sarcophage chrétien. Ce sentiment a été partagé par ]Vli\I. Cougny et Morellet. L'assemblée a prié son président d'adresser à MM, les curés de Saint-Amand et de Bouhy de sin- cères remerclments, tout en les engageant à procurer à la Société les pierres qui composaient le sarco- phage. Al. Morellet a bien voiriu se|charger de préparer un mémoire sur ces inscriptions , et M. Cougny pro- met aussi, pour la prochaine séance, une notice sur une inscription qui couvre une petite pierre trouvée à Saint-Révérien. 336 — SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1852f. M. le Président annonce à la Société que grâce aui démarclles intelligentes de M. Meyniel 9 caré de Bonby , il a été assez heureux pour enrichir notre Masée lapidaire des doux autels votifs dont il à été question dans la dernière séance ; c^est après avoir étudié les inscriptions qui couvrent ces pierres que ML Morellet a pu déterminer d'une manière certaine le sens de ces inscriptions. (iarcopliace thréiien irouré à Boaby^ - autels Totifs i^onsacné» à Wars de Bo util y-le-Tertre. Dans le courant de Tannée qui s'en va 5 un maçon de fiouhy-le-Tertre , en déblayant des terres pour établir des fondations ^ a découvert à peu de pro- fondeur une tombe chrétienne. Portée à la surface du isol , elle fut trouvée longue de deux mètres dix centimètres. Elle se composait de trois pierres iné- gales de longueur et cregsées en auge ; llntériëur contenait quelques ossements humains qu'à leur forme on reconnut appartenir à des individus diffé- rents d'âge et de sexe : un homme adulte ^ une femme ^ un enfant. Le couvercle du sarcophage était formé de quelques pierres plates et sans caractère. Cette découverte mit en émoi Bouhy et les alen- tours^ et tout le monde pensa que ce pouvait être l'indice d'un trésor. On ne se trompait guère : c'était bien un trésor qu'on avait trouvé, et un trésor d'autant plus précieux que le département de la , Nièvre n'en a pas de semblable. — m — En retirant de la terre les pierres da sarcophage , on avait aperçu sur le côté qui portait sur le sol des caractères gravés , des lignes régulièrement tracées; on fit tomber Targile ou le sable qui y adhérait encore ; on reconnut une inscription latine. Vous savez ^ Messieurs , Tempressement qu'on mit à informer la Société nivernalse de la curieuse trou- vaille : notre collègue M. Clément^ curé de Saint- Amand-en-Puysaîe> et M. Meyniel, curé de Bouhy- ie-Tertre^ qui sont d'habitude aux aguets de tout ce qui 9 dans leurs alentours , peut intéresser la science ou l'art, éveillèrent l'un et l'autre, presque simul- tanément , l'attention de la Société nivernaise, et lui envoyèrent chacun une copie de l'inscription avec des commentaires et une interprétaUon semblable , mais diversement motivée, la Société nivernalse , tout en réservant son jugement » comprit l'impor- tance de la découverte , et par l'entremise de son président, M. l'abbé Grosnier^ grand-vicaire du diocèse , elle se mit en rapport avec la municipalité de fiouhy^ qui avait revendiqué la propriété da monument trouvé sous une voie communale ; M. l'abbé Meyniel , dont le zèle avait été chargé des démarches auprès des autorités de Bouhy^ en obtint facilement que le monument fût mis à la disposition de la Société et l'expédia tout aussitôt pour Nevenu Les pierres sont aujourd'hui déposées au Musée lapidaire de la porte du Groux. Antérieurement , la Société avait chargé MM. Ba- rat^ Gougny et Morellet d'étudier le monument et de lui communiquer le résultat de leurs observations. La commission nommée pour l'examen et l'étude des pierres trouvées à Bouhy s'est occupée de ce travail , et il ne lui a fallu que quelques Instants pour reconnaître que les pierres du sarcophage chrétien provenaient de deux monuments différents^ mais seniblables quant à la destination et à l'usage. Ge sont deux autels votifs ^ comme le prouvent oe qui reste de leur forme et les deux inscripttobs qu'on y lit. — 328 — r L'une de ces inscriptions se compose de dix lignes et de vingt-sept mots, dont seize sont écrits en entier , cinq en partie et idx indiqués par les lettres initiales : \i/ AVG . SACR. MARTI . BOLV INNO ET DvNa C. DOMiT.VlRI LIS.DECvRIOPR* SALvT.SVA.ETIvL THALLl . YIRILLI AWI . FIL».ET . A Yll TILLAE.AVITI.FiL VXOfelS.Y.S.L.M. ^ tm tim Inauguré par des cérémonies religieuses , consacré A Mars Bolvinnas et Dunax , G. Domitius Yirilis , décurion , ' J^ »our sa conservation et (celle) de ules Thailus Yirillianus son fils et (celle) d'Avitilla , fille d'Avitus , son épouse. Y . S . L . M . c'est-à-dire votum solvit libem merito : f S'acquitte de ce vœu volontiers et comme il le doit, i Le fils de yirilis porte sur Tinscription le prénom de Jules; son nom de Thailus se retrouve dans une inscription donnée par Grutér , et enfin le diminutif du nom paternel Viriliannus; seulement le graveur — * 829 — a doublé la lettre l. De même la fille d'AvItus se nomme Avitilla. Oosait qae dans l^antlqaité romaine, c'était rasage qne-les enfants portassent , si ce n'est durant tonte leur vie, au moins jusqu'à leur complète adolescence , le diminutif du nom paternel ; c'est ainsi que la fille de Gicéron s'appelait Tulliola, du nom de son père Tullius. L'autre inscription se compose de quatre lignes et de sept mots, dont un seul n'est pas écrit en toutes lettres ; la voici : JMARTI.BOLv WN . L.^BIN VS. SEVERES DONVM ; DE DIT. vuv>r H 3^^o è T Jules Gabinus Severus a Boluinnus ou Bolvinnus, fait ce don à Mars Assurément le sens est complet , mais Finscrlption ne Test pas ; il suffit de regarder attentivement la pierre pour reconnaître les traits inférieurs d'une ligne placée jadis à la partie supérieur^ du monu- ment ; le bas des caractères gravés est encore visible et ce qui en reste nous amène à conjecturer qu'il y avait : AVG . SACR . Inauguré par des cérémonies religieuses , consacré. Évidemment il s'agit ici d'inscriptions votives , et la divinité à laquelle le ,vœu est consacré est connue ; c'est le Dieu Mars , auquel se trouvent accolées dans l'une des inscriptions l'épithète 4e Bolvinnus ou — 330 — BolttiDos» et dans Tautre les deux qualificaUo&s de BolviDus ou Boluinnus et de Dunax. Nous revieo- drons plus lard sur la siguification de ees épithètes qu'on chercherait valuement daus d'autres ioscrip-» tiOQS. A quoi serya|ent ces ioscriptions et qu'étaieut-tce que ces pierres qui les portent ? L'une de ces pierres est entière sur la face et sur les deux côtés et appartient évidemment à un autel. Cet autel, haut de 1" 18 , large de 0» 56, était décoré de deux ornements en saillie à sa partie infé- rieure et à sa partie supérieure, c'est-à-dhre de deux larmiers. Et au-dessus, ce que j'appellerais volontiers la table de l'autel , était creusé au ciseau et réguliè- rement disposé un bassin de six centimètres de pro- fondeur et destiné à recevoir les objets du sacrifice : le feu , l'encens , l'orge , les libations , le sang, les entrailles et la graisse des victimes* L'entablement du tiaut et le larmier du bas gênaient pour l'usage auquel les chrétiens destinèrent l'autel ; le marteau les a fait sauter. On voit encore en haut et en bas, sur trois côtés du monument , un rebord rectiligne ; il marque le commencement des reliefs qui y exis- taient encore , il y a quelques siècles. Ces reliefs ont disparu , et malgré cette dégrada- tion , il faut se féliciter de ce que les ouvriers , char- gés de changer l'autel en cercueil , n'ont pas entamé la pierre du côté de l'inscription ; la pierre a été creusée sur la surface opposée. L'autel était au- trefois et est encore monolithe. La seconde inscription appartient également à un {iVLiél votif consacré au même Mars BolvUiqs on Bolni- nus ; mais cette divinité n'a pas la seconde épithète DVNA. Assurément, l'autel était également mono^ Uthe suivant l'usage; mais pour servir de sarco- phage , il a dû être coupé en deux , et peut-être la scie en ayait-elle déjà détaché le morceau su- pérleur, emportant non - seulement la table , le bassio et r entablement de i'aatel , mais encore la presque totalité de la première ligne de l'inscdp* tion. La partie basse du monument a été conservée ; seulement le marteau en a effacé l'ornementation presque en entier ; il n'en reste plus qu'une légère saillie en ligne droite sur les trois côtés de l'autel ; à la saillie commençait le larmier. La première Inscription accole au nom de Mars les deux épitbètes bolyinnts et dyha , et la première se Ut paiement sur le second autel votif. L'épitbète bolvimncs ne se trouve ni dans le re- cueil des inscriptions de Gruter, ni dans aucun vo- cabulaire de la langue latine. Faut-il y voir un nom de localité où Mars était spécialement bonoré ? ou bien faut 11 supposer que Boluinnus ou Bolvinnm vient de quelque mot latin ^ comme Mis, javelot; boius , coup de dé ; bolus, monceau de terre , butin amassé^ ou vohere, renverser. Ainsi le motsigni- iierait, ou lanceur de traits, ou faiseur de butin, ou qui renverse. Assurément ces épitbètes conviennent parfaite* ment à Mars, et les poètes lui en donnent fréquem- ment d'analogues ; cependant la commission repousse ces diverses étymologies comme forcées et barbares. Elle croit que le mot bolvinnys désigne un lieu que Mars entourait de sa protection tutélairé eioù il était particulièrement bonoré. Les exemples de qualifica- tion analogue sont fréquents dans le style lapidaire. Nous n'avons qu'à feuilleter le recueil des inscrip- tions de Gruter et nous y lirons : ApoUiniSianno, à Apollon de Sienne. Deo Lucaniœ, au dieu de la Lucanie. Fortunis Antiatibus, 2Lnx Fortunes d'Antium. Ho- race n'a-t'il pas invoqué la fortune d'Antium 7 Dwa, gratum Quœ régis Antinm ,etc. — 352 — ^ Hei'cuU Reatino, à Hercule de Reaie (Riéli). HercuU Tibunino, à Hercule de Tibur (Tivoli ). Noas troavoDs encore dans le même recaeil : Jùvi Mgerio , à Jupiter d'iEgérie. Jovi Capttolino , à Jupiter de Gapitolin. Javi Cœlimontis, à Jupiter du mont Gœlius. Javi Damascenoy à Jupiter de Damas. Ladicoiovt, du ném d'une montagne près du fleuve Bibrius en Galice. Mercurio Arverno , à Mercure d'Arverne. Minervœ Aveniinensi, à Minerve- Avenline , du monl^^entin. Palladi AiticcB , à Palias d*Atbènes« Marti Vindo, à Mars de Vence €in Provence. Votre commission pense y Messieurs , que ces épi- tbètes diverses fobt allusion à la protection dont ces dieux couvraient telle ou telle localité ; la cbose lui paraît être bors de doute pour tous les exemples cités et surtout pour le dernier : marti yincio, à Mars, pro- tecteur de Vence, à moins de supposer que KmctW vient du latin rennr^^ encbabier; marti vincio, à Mars enchaineur, locution aussi barbare dans notre langue que dans la langue des Latins. Il serait facile à la commission de multiplier les exemples de ces sortes d'épithètes^ surtout si elle recourait à la langue des poètes latins ; mais elle a cru ne devoir recueillir que les exemples qu'on ne saurait contester que par Ignorance ou par mauvaise foi (1). La commission est d'avis que Fépitbète bolvinnvs (t) Les analogies ne manquent pas dans le catholicisme : Saint Antoine de Padoue, Saint François d'Assises , Suint. Jacques de Compostelle , N.-l). de Lorette , N.-D. d'Eisielden, - N.-D. de San-Luca , N.-D. de Fourviéres, N.-D. de La Saleite, etc., etc. — 333 - vient à Mars da lieu même où ii était spécialement honoré et oà Ton a tronré les deux autels votifs qui ornent aujourd'hui notre musée de la Porte-du- Croux , et que ce mot désigne Bouhy le-Tertre, avec lequel il est difficile d'avoir plus d'analo«ie. L, eu passant de la langue latine dans la langue française, disparaît souvent ou se change quelquefois en u; c'est ainsi que Bellovaci est devenu Beauvais; Uxel- lodunum, Issoudun; calvus^ chauve; catceus, chaus- iure, etc., etc. La lettre h qui se voit dans Bouhy est une de ces lettres qui s'introduisent souvent dans un mot 5 on ne sait ni comment ni pourquoi et sans en altérer la physionomie , comme on le voit par Dhun-les-Places qu'on devrait écrire Dun-les- Places, comme Châtcaudun , Dun-le-Roi, etc , etc. La commission n'ignore pas les objections qu'on peut soulever contre rinterprétation proposéje ; dans le moyen-âge, Bouhy a porté tour à tour et en même temps les noms différents de Belgiacus et de Boiacum et bien des étymologistes assurent que cette déno* mination lui vient des prisons de la cité d'Tntarau'- num {Entrains), qui le comprenait dans son en- ceinte. Mais , au moyen-âge , les noms de localité n'ont ils pas subi des modifications qui les défigurent souvent à tel point qu'il devient presque impossible de les reconnaître? Voici trois exemples remarquables de ces sortes d'altérations au moyen-âge; ces exem- ples sont pris dans le Nivernais. Champlemy , que l'on doit prononcer Chanlcmy , disons-le en-pàssant , et non Champelemy ^ est nommé dans les Statuts de Saint' Aunaire , évoque d'Auxerre au sixième siècle, Campu^ Lemetiif le champ de Lémélius. Au quator- zième siècle et au quinzième , Champlemy est tra- duit en latin par des mots analogues de son avec le mot français, et devient Campus Dimissus dans les chartes de cette époque. Ghâteau-Chinon se dit en basse latinité Castrum Caninum; mais le véritable nom de cette ville parait être Castrum CtBfionis^ d'après un ancien arrêt du parlement de Paris et la prononciation morvandelle qui dit Château Cignon, — 33Û ~ . N6vers est , à l'époque romaine, Noviodunum ; au moyen-âge 5 c'est successivement Ebirno , Ntvemi, Nivernensis cwitas. Maintenant ^ quelle signiflcation donner au mot 0VMA qui ^ dans la première inscription , accompagne arec boltinno le nom de marti? La commission croit le mot incomplet et écrit d'une manière abré- gée ;dvi9A est pour DTNAGi. Ce mot n'est pas in- connu ; nous ouvrons les glossaires latins et nous y lisons que l'on appelait de ce nom une montagne de la Thrace. Faut-il croire, que notre épithète dvnâgi vient d'aussi loin? La commission s'est souvenue que dans la langue des Celtes le mot dvn désigne une élévation ou naturelle ou factice y un lieu fortifié où les Celtes asseyaient volontiers leurs demeures pour les mettre à l'abri d'un coup de main. Ainsi Novio- dunum^ l'ancien Nevers, était sur la hauteur qui - domine la Nièvre et la Loire , sur l'emplacement oc- cupé par l'église de Saint-Cyr^ les deux palais jadis Habités parnos évêques e t nos ducs^ la place Ducale et tout cet amas de maisons compris entre les escaliers des Jacobins et du Calvaire, les rues d'Auvergne , de la Parcheminerie 9 d' Adam^Billaud 5 de la Tartre , des Caches et des Marmouzels. Lyon n'est-ce pas la ville qui a commencé sur la montagne du Corbeau, Lugdunum. autour d'un temple de Vénus? Uxello- dunum, si célèbre dans les Commentaires de César, ei qui fut le dernier asile de rmdépendance contre rambition romaine^ était sur un roc 5 dans une pres- qu'île baignée par le Lot. Le mot Dun se retrouve dans les mots formés^ après la conquête romaine^ de deux éléments dîvers comme Cœsarodunum , Àngusiodunum et dans les dénominations françaises 4e Châteaudun , Dun-le-Roi , Dun-les-Places, etc. , qui désignent tous invariablement des lieux élevés et forts par leur position. La commission croit que dvn a signifie simplement montagne , qui tient ou appartient à la montagne» et que ce mot complète la désignation du lieu dont Mars. était particulièrement le dieu. Le tçmple de — 335 — Mars est à Bouhy, et le dieu séjouroe sor la haatear qui domine Boufiy. Ainsi marti bolyinno dyha signifie à Mars de Bouhy-la-Montagne. Le souvenir de répiihète dyna se retrouve dans le nom mo- derne de la localité où les deux autels votifs qui font l'objet de ce travail ont été découverts , et Ton re- connaît les deux qualifications de B<».TmNys et de DYNAX dans la dénomination de Bouby-le-Tertre que porte aujourd'hui cette partie de Tantique ville dlntarànnum ( Entrains ) . Quant à l'époque de l'érection de ces deux autels, la commission la trouve dans la forme large et cor- recte» dans la beauté des caractères tracés; les deux monuments sont de la fin du premier siècle de l'ère chrétienne ou des premières années du deuxième siè- cle , mais assurément postérieurs de peu d'années aux dernières tentatives faites par les Gaulois pour recouvrer l'indépendance. Alors la politique romaine s'efforçait de défigurer les vieilles divinités celtiques, de les romaniser pour ainsi dire^ et d'enlever aux Gaulois tout ce qui pouvait leur rappeler leur vieille liberté et raviver le sentiment encore mal éteint de leur nationalité. A quelle époque ces pierres ont-elles été réunies et creusées pour servir de sépulcre? La commission pense qu'il est assez difficile de la déterminer. Rien ne la décèle dans le travail chrétien , car le ciseau , conduit d'ailleurs par une main sans habileté et sans goût 9 s'est borné à creuser l'intérieur sans tracer sur les parois ou donner à la forme aucun de ces signes caractéristiques qui trahissent sûrement et le temps et l'esprit de l'ouvrier. La commission croit que ces pierres peuvent avoir été creusées en cer- cueil, au plus tard durant le seizième siècle. La commission résume ainsi son avis : Les pierres du sarcophage chrétlea trouvé à Bouhy proviennent de deux autels voués à Mars l'un par G. Domitius Yirilis, l'autre par J. Gabinius Se- vérus. Le caractère payen est incontestable^ et l'on aurait tort d'y voir un monument uniquement chré- — 536 — tleo; toute tronquée qu'elle est, on reconnaît la forme habituelle des autels.votifs t^hez les payens.: un dé entre deux larmiers. Cette opinion est corro- borée par la ressemblance de nos deux inscriptions avec celles de ce genre qui se lisent dans l'ouvrage de Gruter. • Les deux autels doivent être ou de la fin du pre- mier siècle ou des premières années du deuxième. Lei membreê de ia commisêion , Barat, CODGNY, MORELLET, rapporteur. Au sujet des mots pro sainte de la première ins- cription, M. de Crozant, médecin des eaux de Fougues^ demande s'il n'y a pas, soit à Bouby , sôit dans les alentours, des eaux thermales ou. ferrugi- neuses'; il a remarqué, dit-il, que les sources, dans l'antiquité payenne, étaient d'ordinaire consacrées à Mars , et cela résulte d'une infinité de monuments et d'inscriptions recueillis autour des sources curalives que fréquentaient les Romains. M. Morellet répond et après lui (Vautres membres de la Société assurent qu'il n'existé aucune source de ce genre ni \ Bouhy ni dans les alentours. Notice sop une pierre aati Cette pierre et cette inscription sont donc utt monument précieux du cuite des Gaulois et des Romains , qui mérite d'être conservé dans le Musée de Nevers, d'autant plus que je crois qu'on n'en connaît pas d'autres et que l'inscription est unique. Je n'ai trouvé d'inscriptions pareilles dans aucun des recueils que je possède: dans Gruter, dans Mura- tori , dans Orelli, etc. » De là . il suit qu'il y avait à Saint Révérien un temple et un autel où l'on devait sacrifier des tau- reaux , puisque l'on y a trouvé des ossements et sans doute aussi des cornes de grands animaux. » Il y a encore à Saint-Révérien cinq foires où Ton vend , comme dans toutes celles du Morvand « des bœufs qu'on immole aujourd'hui dans les abattoirs de Paris. Ce saint inconnu , qui avait un prieuré de son nom près de Saint-Saulge {Salvius), à trois lieues delà, dont le savant abbé Cliastelain > . dans son Martyrologe universel^ fait un évéque d'Àutun , sans lui assigner de jour ni de date, mais qu'il met dans . son Vocabulaire hagiologique ^ publié plus tard dans Ménage, au 1'' juin et au troisième siècle , et dont Baillet ne fait pas même mention, ce saint, dis>je, avait dans le Nivernais et le Bourbonnais , c'est à-dire chez les Boii, deux paroisses du nom ùt Saint- Révérien ou Reverian . et une dans le Bas-Poitou, sous celui de Saint-Révérend ou Reverendus ; de plus il était honoré dans le Forez sous celui de Saint- Réran, contraction ûeSaint'-Révérany et peut-être sous celui de Saint-Révérent ou Reverentius^ le 12 septembre, à Nouâtre, près de Sainte Maure, en Touraine. Son nom qui vient du latin reverendus^ — 340 - vénérable, de reverear et revereo, vénérer, doit donc, ainsi que son culte, avoir remplacé chez les Gaulois le nom et le culte de Jupiter Sabasius, dont on a trouvé une inscription à Luca , en Toscane * où Jovi Sabasio est écrit à tort par z, selon Gruter, Gori et Orelli^ puisque Sabasius yleni de sebasis (i) veneratio, sebazomai^ révérer^ honorer d'un culte, et a le même sens par conséquent que reverendus. Ce culte était celui de Jupiter Tarants, à qui lies Gaulois immo- laient des victimes humaines , selon Lucain ; Et quibas immitis placatur sanguine diro Teutatès , horrens que feris altaribuê Hesus ; Et Taranis scythioçg non tnitior ara Dianœ. Luc, Phars. i, v. 444, s. qq. • Le Dom de 'i:araiils doit dériver de tauros^ tau- reau, comme le prouvent les métamorphoses do Dieu en taureau (2). ^1) C'est ce qui' est parfaitement contestable. Il ii*est pas dif- ficile de trouver ainsi des arguments pour son opinion, quand on voit partout de» teites altérés, des mots à restitaer. Sabazitu est bien sabazius et nullenient anf aitéftatton de $ebaziu$ ; il ne vient pas du tout de sebazomaû mais de sabazo^ célébra les fiétea de Bacchus phrygien , en criant saboé\ comme les âcchanttt de ce pays. Sabasius ou Sabasios est donc une divinité toute phrygienne qui , comme beaucoup d'autres, se confond souvent avec Jupiter. Démostbénes, dans le discours «tir la eouronne, rappelant è Eschine les occupations de sa jeunesse, lut dit : « La nuit tu affublais les initiés d'une peau de [faon, tu leur versais du vin, tu les purifiais Le jour, menant par les rues cette troupe de fanatiques couronnés de fenouil et de peuplier, {tressant les serpenis et les élevant au-dessus de ta tête, tu voci- érais Evo'é, saboë. etc.» Ceux qui faisaient ces bizarres céré- monies étaient appelés sa^ot', au rapport de Photius, dans son LeMque : Oi rnèn sabùiu kg$$thai tous telouménous t&i sabaziôi» toutesti toi Dianusoû (Pbotius, Lexeén $unagége, au mot sabot). Les inductions de M. Johanneau sur ce point, comme sur beaucoup d'autres, semblent donc un peu forcées, Suelque savante et ingénieuse que soit d'ailleurs sa dissertation; luanU on est savant, U faut l'être pour tout de boi. ^S) Ce nom dérive plutôt du celtique taran^ lonnern». (Y. Cluvier, I. I. De antiquitate Germaniœ, c, 9.) C'est comme un épithète de Jupiter, Jupiter tonant , brontaios. » C'est de Taures aussi et sans doute par suite du culte du taureau cbez les Boii, qu'on voit, en 517, au coûdle.d'EpeoDe ou d'Ëpaune, composé de pré- lats de Bourgogne,un episcopus nivernensis souscrire sous le nom de Tauricianus (1). i II suit encore de ce petit .monument et de cette inscription : l** que ie nom de Saint- Révérien a fait pçrdre, comme tant d'autres noms de saints» le nom primitif ou ancien de la ville gallo-romaine, dont on .a retrouvé les ruines; 2" que ces ruines oh aboutis* sait une voie romaine et qui consistent en un temple octogone, un autel revêtu de marbre, un cirque ; en statues, en statuettes, dont quatre t*n bronze: une Minerve, deux Mercures et un joueur de flûte (Faune ou Pan), et les autres en terre cuite , et en hacbes druidiques, c'est-à-dire en silex, pour les sacrifices ; en trois inscriptions . dont deux ont été détruites et la troisième vient d'être expliquée, et un grand nom- bre de médailles romaines , il suit,dis«je, que ces ruines doivent être celles de Gergovia Bolorum ou Boia ; car ces deux noms sont ceux d'une seule et même ville, de la capitale des Boii, dans César, et non pas, comme le croit M. Boniard , les ruines de Saint-Kévérien, celles de Bola, et les ruines d'Âr- zembouy (de arx in podio ou de arx in Botis) , à un myriamèlrc de Saint-Révérien, celles de Gergovia. Je croirais donc volontiers que Saint-Révérien était la capitale des Boiensy si Château -Cbinon, Castrum Caninum , où je la place depuis long temps, et dont la position sur un podium ou mamelon isolé, res- btùntôn. { y. GliUTBR , xvii , ta. } Le mot même apparaît ainsi dans une ancienne inscription publiée par Spon , section m , p. 73. I. o. M. TANARO. à Jupiter très-bon^ très-grand, Tana- rus pour Taranus. Il faut reconnatlre pourtant que le rappro- cliement indiqué par Lucain entre les sacrifices de Tarants et ceux de Diane taurique pourrait offrir un argument de plus à la thèse de M. Eloi Jobanneau. (1) Quelle preuve! Mais trop souvent M. Johailneau rai- sonne ainsi , et , malheureusement, il n'est pas le seul parmi les savants qui mette ainsi lu brido sur le rou h son imagi- nation. semble bien plus ix celle du mont Gergoie, où s'éle- vait, comme la tête de la Gorgone, la Gorgâpis de Glermont , la redoutable Gergovia Arvernorum , la capitale des Arvernt, offrait des ruines semblables à celles de Saint Révérien. » Il suit, enfin, du culte qu'indique notre trop courte inscription et du lieu où elle a été trouvée, que le Bon, nommés Botot dans Strabon« Boîoi dans Polyen , qui avaient d'abord donné leur nom au Boiohaemum, la Bohême, composé de £mt et de- kaimos^ le sattus hcemus, ou les déserts Boiorum^ en- suite à la Boiaria, la Bavière, et à Boiodurum^ sur le Danube, en la même contrée, tirent leur nom de Boieoiy bovini, bubuli, et Bota, leur capitale, de Boieti^ Bovina, bubula, parce qu'ils paissaient des troupeaux de bœufs en errant dans ces solitudes de la Bohême, comme les Bohémiens, vagabondsencore aujourd'hui; comme les Alemani, dont le nom , quoi qu'en disent ceux qui le font venir de l'allemand qui n'existait pas alors, vient â'Atêtnén, vagabond ; comme les Numides ou Nomades, dans celles de la Numidie, dont le nom vient de iV > ce fut « la virole d'un goupillon d'eau lustrale, d'un dsffergiUum , aspergile ou aspersarium en grec perirrantêrion , pour le sacrifice des tau- reaux. » Cet usage, ajoutait M. E. Johanneau dans une lettre à M. Gallois, s'accorde bien avec rinscnptioii: Eau à laver les matns , ou plutôt gaupiUon gui as- perge l'eau lustrale de Momy 6 ou iiONiiiTS gnatvs (1) HÂGABU.s, pour le sacrifice de taureaux. Ce qui le prouve, c'est que c'est nimmos qui signifie eau à la- ver les mains et Bon pas nirnmon qu'on ne trouve pas au neutre ; ce mot doit donc avoir un sens un peu différent : celui de goupillon. » Ainsi , en résu- mé, selon M. Eloi Johanneau, nous aurions la por- tion d'un goupillon à répandre Tean lustrale, dans le irou de laquelle s'adaptait un faisceau de crins de cheval ou une queue de renard ( ancien français gou- pil, goulpil. de vulpilla, vulpes , d'où goupillon)^ tandis que d'une autre part, le même trou était des- tiné à recevoir le manche. Dans l'enthousiasme que lui causa sa découverte et surtout la savante dissertation qu'il bâtit sur le mot BovTHYTiô restitué , M. Johanneau envoya son mé- moire à plusieurs savants et notamment ^ AI. Freu- gel ; il ne doutait pas qu'on dût applaudir à deux mains. Ce dernier cependant lui écrivit, le 18 mars (1) Ou plutdt MONiGNATVs , coHiRie ]'e TaTaU d*abord pensé, comme ciNTOGNATYS , Rom que je trouve sur une poterie du Chàielet, ainsi que cihtv^ ei Boduognatus ^ dux Nerviorum, Critognatus , nrvêrnut, dans César , 11 « 28, et vii , 77. . ( Note âeV auteur,} — W5 - 1850, la lettre suivante , imir lai proposer que autre explicatlOD : « ;\JON GHBa MAITRE BT AMI , » Quant h la nouvelle inscription que vous tne faites l'Iionneur de me communiquer, je crois que vous étiez sous Tinfluence de votre axiome favori : {omnia grâce), quant vou^ y avez vu du grec en ca- ractères latins. Votre Incomparable érudition a fait une de ses œuvres gigantesques en donnant un sens à rinscription regardée comme grecque et une des- tination au monument sur lequel elle est tracée. « Je ne suis pas assez helléniste pour pouvoir ju- ger de l'exactitude d'une explication difficile et sur- tout d'une explication faite par vous , mou digne maître ; mais j'avoue qu'à la vue des deux D traversés par une barre ^ le doute m'est venu. Je ne me souve- nais d'aucun exemple de ce genre ni dans les ma- nuscrits latins , ni dans les Inscriptions latines (1). Je n'avais vu ces D traversés par une barre que chez* les Anglo-Saxons , et, je crois, chez les Islandais. Celte lettre a la même valeur que le P, le ih des Anglais d'aujourd'hui, comme tfès-bleo vous le savez « Je me suis donc mis à vérifier mon doute , et j'ai trouvé que tous les mots de l'inscription étaient de l'anglo-saxon » et tous écrits complètement sans au- cune abréviation : » MON , homme. » GNAT, mouche. » HAGA, haie 9 épine blanche* » Bi> près, auprès. » BVDy troisième personne du présent de l'indicatif du verbe buan, habiter, demeurer. (1) Gruter , dans sa Notarum ac Htterarum singularium vœum que abbreviatarum interpretatio , à la suite do ses InscripHone» ^ et Sêrtorius Vrsatus dans son tommetiUirûts dênotis Homanorutn, citent cependant une fonli» 4>iemples de ceUe abréviation ri Teipliqueni. diversement. — 346 — » DVT, troisième personne da présent de l'indicatif du verbe D£Otan> hurler, crier. » 10 / autrefois , jadis. » NiMON pour NAMON (1), première personne du pluriel , parfait de Tindicttif du verbe niman , pren- dre, saisir. • Je n'ose presque pas me liasarder à traduire cette inscription » n'étant pas assez ferré dans la con- naissance de l'anglo-saxon. Voici, sauf meilleur avis, comme je l'entends : » Hamme, la mouche est près de la haie ; » Elle bourdonne ; autrefois r^ous (la) prenions. > La fréquente répétition des mêmes lettres dans cette inscription , me fait conjecturer qu'elle est en vers , et que l'allitération n'est pas fortuite. ù Les inscriptions anglo-saxonnes de ce genre sont très-rares et le musée britannique posséderait un précieux monument national de plus, s'il avait la pierre intéressante que vous avez chez vous dans ce moment. » Si c'était le fragment d'un chasse-mouche, votre sagacité n'aurait pas été éloignée du but , en pre- nant ce fragment pour la virolle d'un goupillon d'eau lustrale. • La forme des caractères paraît être de la capi- tale romaine pure ; en ce cas le monument ne pour- rait pas être plus ancien que le règne d'Alfred-le- Grand , sous lequel ce genre d'écriture fut apporté de France en Angleterre. » Il est inutile, je crois, de réfuter l'opinion de î\l. Freugel ; les dernières lignes de sa lettre mon- trent seules combien elle s'éloigne de la vérité , puisque la petite pierre de Saint -Révérien a été (1) Le inolNIMAN est le seul qui varie avec mon diclioti- itaire anglo-saxon, mais l'orthographe dans cette langue, qui avail d'aUleurs beaucoup 4e dialectes, n'était pas uniforme. (Note de V auteur). - .-,67 — trouvée parmi des débris romains de toutes sortes. Toutefois, il remarque avec. raison que M. Eloi Johanneau n'avait tenu aucun compte des D traver- sés d'une barre qui l'ont lui-même induit en erreur. Mais ni l'un ni l'autre de ces deux savants n'ont ob- servé que les faces planes de notre disque sont or- nées d'un feston gravé en creux autour du trou qui le traverse; ce qui prouve que, dans l'emploi qu'on faisait de cet objet, ces parties devaient se voir. Enfin, ce qui rend l'explication de M. lîloi Johan- neau inacceptable , ce sont les nombreuses alténi- tioiis de toute espèce qu'il est obligé de supposer, et cela gratuitement. Pour avoir l'espérance de faire mieux qu'un si profond érudit , Il faudrait trouver d'autres objets seml.'lables avec lesquels on pût comparer celui du Musée; mais il y a apparence ctu'iln'en existe point. Gruter { Inscriptiones , p. ccxxii) donne bien le dessin de poids en pierre noire et de forme arrondie, avec inscription sur le pourtour; on en trouve même encore d'autres dans le Thésaurus àntiguitatum Ro- manarum de Groevius (lom XI, pag. 167/i) ; mais il est impossible, je pense , do faire cadrer notre ins- cription avec une pareille destination de la pierre sur laquelle elle est gravée. Nous croyons donc de- voir nous en tenir encore provisoirement mée de la s^nificatton de cette inscription » quelle » qu'elle soit , afin de se livrer à des fouilles ullé** » rieuresy sil y avait lien. » A la réception de cette lettre, }e me suis félIcM de nouveau de l'établissement de notreSoeiété nweafnaise^ et sans doute, Messieurs « vons vons félidterex avec moi du mouvement que déjà nous avons Imprimé dsms cette contrée , et des heureux résultats que nous avons obtenus. On sait dans tout le départamem que — â5S — iMHis ne travaillons pas pour nous , mais qoe le bot de notre association est de recueillir, pour couselrver ànotrepays, les objets d'art, à quelque époque qa'ils appartiennent et quelle qu'ait été^leur destination. On sait encore que, dans nos réunions mensuelles , chacun de nous apporte son contingent de travail et d' expérience, pour résoudre les questions posées d'avance et celles que les circonstances soulèvent* De là , les découvertes faites dans le départemeiM nous sont soumises , et , de toutes parts , non- seulement on s'empresse de nous donner avis de* ce qui peut intéresser l'bistoire du pays et aug- menter nos collections, mais encore on travaillée nous procurer les objets d'art qui doivent enrichir nos musées. Les deux dissertations que vous avez entendues dans notre dernière séance , l'une par M. Morellet sur les pierres votives de Bouby , l'autre par M. Gougoy sur la pierre de Saint-Révérien , objets maintenant acquis à nos collections départemen- tales, vous ont vivement intéressés et vous ont fait comprendre toute l'importance de nos réunions. Aujourd'hui» j'ai à vous entretenir de la petite pierre trouvée auprès d'Alluy, et que M. Oemerger, à qui elle avait été remise, a bien voulu abandonner à la Société avec un entier désintéressement. J'ai cru , Messieurs , que j'étais l'interpréta de vos sentiments 5 en adressant, en votre nom, à M. Demerfer de vifs et sincères remerciements; c'est un bomme tout à la fois intelligent et dévoué à la science; depuis qu'il nous a adressé cette pierre, nous avons encore reçu de lui les médailles et les autres objets déposés sur le bureau. Nous sommes heureux de rencontrer Ms Demerger dans une con- trée aussi ricbe en débris romains qa'Âlluy et les en* virons. Ceux d'entre vous auxquels les antiquités romai- nes ne sont pas étrangères , après avoir examiné cette pierre, n'ont pas eu de peine à reconnaître un cachet de médecin -oculiste romain. J'ai pensé que 25 — 354 — ceox de nos collègues qui De se sont pas livrés â ce genre d'études nous sauraient gré de leur exposer d^une manière succincte l'histoire de ces cachets , dont les deux derniers connus ont été découvert» dans notre département , le premier à Entrains, et celui qui nous occupe actuellement auprès d'Ailuy. Je connaissais déj% les savantes dissertations du docteur Sichel sur ce point d'archéologie, et je savais que la tablette trouvée à Entrains avait été de sa pari l'objet d'une étude sérieuse; mais je dois dire que F histoire générale de ces cachets était pour moi en* core bien confuse. Laissez*moi vous raconter, Mes- sieurs , rheureux hasard qui m'a permis de complé- ter mes études sur cette matière. Il y avait peu de temps que nous étions en posses- sion de cet objet précieux , quand j'eus l'avantage de voir au château de Menou Mi, le duc de Blacas. C'é- tait la première fois que j'avais l'honneur de m'entre - tenir avec ce noble duc ; vous dire comment, pour- quoi, à qu( lie occasion, je lui parlai de notre cachet, je rignore absolument ; vous savez comme moi , que deux antiquaires qui se rencontrent , se devinent facilement, se reconnaissent à je ne sais quelle phy- sionomie , et bientôt parlent leur langue chérie. Je n'avais pas été long-temps à découvrir, dan$ M. le duc de Blacas, une science profonde de l'anti- quité, jointe à une érudition des plus variées, et à cette urbanité exquise , héréditaire dans cette famille. En lui parlant de notre cachet , il me semblait qu'il de- vait me comprendre, et il me comprit en effet , car il eut l'obligeance d'aller aussit(yt me chercher la Gazette archéologique de Beriin (1), à laquelle il est abonné ; et y comme la langue allemande m'est absoluiment étrangère , il voulut bien oie traduire un article sur les cachets d'oculistes , et me remettre par écrit les points les plus intéressants de cet article , qui déve- loppe rbistoire de ces cachets. (i) N"* 38 et 39, fèyrier et mars 1852. — Î55 — » Nous coonaissons 5& cachets d'oculistes romains » » dont ^5 00 1. été trouvés dans les Gaules. * Les deux premières pierres connues , ont été 9 publiées par Smétias dans ses Antiquitates Neama- > genses. — Noviomagi^iùl^. Uue d'elles se trouve eB- i core au musée de Leyde^ et vient d'être décrite 1 avec plus d'exactitude par L.-J. F. Janssen. Smé^ 1» tins ne savait que penser de cette découverte. Spon» » û^iAsse&MisciUena eruditœ antiquitatis ^ p. 236; et » Maffei, dans son Muséum Veronense, p. 135 , se sont » également trompés, en pariant chacun d'une pierre • de ce genre , et ne surent en comprendre ni l'u- » sage ni le sens. Il fallait en étudier une plus grande • quantité pour en juger sainement. Caylus dans son 1 Recueil d'antiquités^ 1 vol. p. 225. en cite ooie, ». et est plus heureux dans ses interprétations, sur* • tout poar ce qui regarde le nom des remèdes. » Presqn'en en même temps , et sans s'être con^ » certes, deux savants allemands arrivèrent au même » résultat : Walch , dans son ouvrage intitulé : Sigil- ;• lum medici ocuiarii romani nuper in agro senensi 9 repertum, etc., 1763; et Saxe> dans son mémoire » adressé ft Van ^yn de Veteris medici ocuiarii » gemma sphragide ^ etc., Mlh, Ce dernier connais- ■ sait 18 de ces cachets. a Bnfin, au commencement de ce siècle , on en ^ trouva beaucoup , et M. Tôchon d'Annecy, dans t sa dissertation sur l'inscription grecque lasonos > UoBion et sur les pierres antiques qui servaient de » cachets aux médecins- oculistes (Paris, 1816), en • cite 30. Depuis, MM. Siebel et Duchalais , ont ap*- » profondi la matière. » Il est parlé d'un cachet remarquable dans un j mémoire sur deux inscriptions latines et sur l^opo- I baUamum inséré dans le 3* vol. des Mémoires de % Pinstitut national , an IX . p. 380. Ce cachet a » échappé à MM. Siebel et Duchalais et n'a pas été • expliqué. • M. Tôchon d'Annecy a réuni dans sa collection » 7 des 13 cachets, qui forent trouvés ensemble , au — 556 -T » Tillage d<^ Nais, auprès de Ligoy, en 1807, et dont B il est fait mention dans le Joarnal de la Mease > (1808 et 1809). » On Croitire dans le tome iV des ÈÊémoàns de l'académie celtique^ p. 10/i, on article de Dolanre, sur les ifiscriptiofis troa?ées à Nais (1) , dont il est parlé dans la Gazette arckéologùfue deBerIm; je dois cette communication à notre honorable collègue , M. Cougny, qui m'a fourni encore d'autres docu* ments pour compléter cette notice, f Ces inscriptions se lisent sur deux petites ta- blettes. La première formant us carré de 2 pouces de côté ; l'autre un parallélogramme de 20 lignes sur 15. L'épaisseur de ces tablettes est d'environ 6. lignes. Les inscriptions sont gravées sur la tranche, qui d'ailleurs est à pans coupés, ce qui forme sur la tranche trois faces ; c'est sur celle du milieu que sont les inscriptions, filles furent pu- bliées pour la première fois , avec la figure des tablettes, par le Journal de la Meuse y en sep* tembre 1808. Le rédacteur, déclarant n'y rien comprendre, en adressa copie à l'académie cel- tique , et Dulaore fut chargé d'en rendre compte. Il en donna Texplication , d'après la copie même insérée dans le Journal de la Meuse , et dont il vérifia plus tard l'exactitude. Ce qu'il y a de remar- quable , c'est que la petite tablette ne porte que deux inscriptions , et que ceux de ses côtés où eHes sont gravées sont seuls à pans coupés; la graàde porte quatre inscriptions, une sur ehacun de se» côtés, tous quatre à pans coupés. » Dulaure, racontant avec complaisance comment il est parvenu à expliquer ces curieux monuments, constate que les Antimites de Caylus , tome VII , p. 261 , donnent une inscriptioo empreinte en relief sur un fragment de vase de terre , qui a le même objet que celle des tablettes de Nasium^ Nais. (t) Nais sur-rOrflaio» dépsrtemenl delà Meiwe. » Od«d peutconchire , ce semble, que cesdernières • aom ce qu'on appelle aujourd'hui des estampilles , » destinées à êUe imprimées, soit sur i'ajrgile des » ya^es conteuattt les remèdes , soit sur une couche » de cire. Voici d'abord rinscription relevée par « Caylo» sur uu fragmeoi de poterie : CDVRONCTKT CHEUDOADCAL » Avec rexpUcatioii légèremeat modifiée par Du- » laure : » Caii Duronti coUyrium tetrum chelidoniœ ad » eaUginem. u Collyre épais ( noir) de GhéUdoine, pour l'obs- :> curcissementde ta vue , de Caim Duronius^ Gaylus » lisait : CoUyrium durum onciœtres Cheiidonium ad n caliginem. » Voici maintenant les six inscriptions de Nasium » Petite tablette : QIVNTAVRIANODY NVM ADOMNLIPP • Explication de Dulaure : Quinti Junii Tauridi • (pourquoi pas Tauri) anodynutn adomnes Uppi- • tudines. QIVNITAVRIDIALIBAN ADSVPPVRATBXOVO » Dulaure , qui veut absolument lire tavribi , nom • qui n'a guère la physionomie latine , est obligé de » supposer une faute du graveur , et lit oliban pour » AUBAN. Quinti Tauridi olibanum ad suppurationes • ex ovo. Onguent, etc. - $58 — » Il faut lire éviâernoient IHalibanum , qui se trouve sous la forme latine dans M- fimpiricus ^ en deux mots grec : dia Itbanou^ dans Geke {Lib YI, 13), qui donne un collyre pour les ulcères aux yeux . dans la composition duquel il entre de l'encens. Fit quoque proprie ad hœe, quod DIA LiBANoi} vocaiur. Quant à l'expression ex oyo, divers passages de Gelse, et notamment celui-ci ( VI^ 12) : UsuscoUyrii , vel ex ovù y vel ex lacté est^ prouvent qu'elle signifie que le collyre doit être délayé dans de l'œuf. (F. aussi t6t(i.,yL 1.) f Grande tablette : TVNPTAVRICROCODSAR COEACVMADASPRIT 1 L'explication de Dulaure n'est pas admissible; 1 il suppose deux ou trois fautes du graveur , et veut » lire Crocodilia et sanocoUa. Il n'a pas vu dans » Crocod l'espèce de coWyre, appelé Crocorfei, à base » de safran : Crocus {V. Gels., VI, 33), iarc^actim est > évidemment un seul mot, une épilhète indiquant » la propriété du collyre ad aspritudines , soit pour » les aspérités de la peau , comme le veut Dulaure , » soit pour les démangeaisons des yeux. IVNITAVRICRODIALEP ACCICATRIESCABRIT » Dulaure déclare que cette inscription lui a paru » plus diflScile à interpréter que les précédentes. r Selon son habitude , il suppose des fautes de la » part du graveur , et lit : »« »' » Junii Tauridi Crocodilia lepram ac cicatrices abripietes, » Il faut lire évidemment , sans rien changer, sans cien supposer : — 559 - « Junii Tauri Crocodes diaUptan ad cicatrices et « 9cabritudinem. • Crocodes (ou collyre safrané ] . ongaent de Jonlus 9 Taorus, pour les cicatrices et les croûtes aux pau- » pières. t Dnlaure ne donne que ces quatre inscriptiODS, an • Heu de six qnll devrait y avoir , d'après la descrip - » tion qu'il fait Ini-même des tablettes • If. A. W. Z.nmpt, auteur de l'article inséré dans la Gazette archéologique de Berlin, après avoir fait la description des cachets et rapporté quelques ins- criptions, pose les trois questions suivantes : i"* À qui étaient destinés les remèdes indiqués sur les cachets ? 2*" Les noms propres indiquent-ils les inventeurs ou les vendeurs des remèdes? 3* Gomment se servait-on de ces cachets ? il répond à ces trois questions : « l*" tVl. Tôcbon , dit il , avait pensé que les re- • mèdes étaient destinés à des soldats romains. Il » est hors de doute que les Romains avaient des raé- • decins attachés aux armées de terre et de mer ; 2. pourquoi donc ces médecins n'auraient -ils pas M fabriqué ou vendu des remèdes pour les maux » d'yeux , auxquels les soldats pouvaient être plus » particulièrement sujets ? Parmi les remèdes indi- » qués, il y a un stratiolicum que le nom semble n désigner comme particulièrement utile uchalais; les noms sont ceux des » oculistes inventeurs des remèdes, auxquels sont adjoints souvent les noms des vendeurs. . . . . . . » Il resterait à savoir si ces noms se rap- portent à quelques-uns des médecins romains dont les historiens nous ont conservé le souvenir. » M. Duchalais croit que les sept noms suivants rentrent dans cette catégorie , savoir : CharUon , FlamanuSf Alexander, Dionysiodorus , Philumenus, Paulinus , Heliodorus. — Nous ne voulons pas le contredire, mais certainement il faudra encore quelques recherches pour prouver l'identité de ces noms , cités par les auteurs , avec les noms qui se retrouvent sur ces cachets. » La troisième question semble la plus difficile à résoudre. L'auteur explique que le cachet devait se mettre sur la bouteille qui contenait la drogue et - Ml - ooD sur le remède lÉl-niéiiie. il reaire sur cela dan» de ioQgs détails, il cite FopiDîon de M. Doehalais, et rappelle que ce savant parle d'un caciiet sur le revers duquel est représenté un [>etit pot à deux anses, avec un cartouche chargé des lettres G A , et des signes représentant les yeux II voit ici uoe preuve de la vérité de son opinion. < A quelle époque pouvons-nous rapporter les ca- chets qui nous ont été conservés? La forme des lettres et Tbabiâeté de Ti^rtiste nous répondront. La beauté des inscriptions de ceux de iSais et de celui d'iéna semblent les faire remonter au moins au deuxième siècle. Sur d'autres, au contraire, par exemple sur le cachet rapporté par R. Gooc^h , dans TArcA^a^'a, voL ix, année 1789, p. 3A0. rinscription est tout à fait barbare. Peut être celui- ci est*il moins ancien, ou bien rinscription a été faite par un provincial maiadroiu Mais l'opi- nion de M. Duchalais que tous les cachets connus datent de Tépoque des Antonins, me semble être un peu hasardée et nullement loodée (l).t D'après ces données, il nous est facile de résumer rhistoire de ces différents cadiets. Les deux pre miers connus ont été publiés en 1679; mais ce ne fut que dans le cours du siècle suivant qu'on arriva à comprendre le sens de ces tablettes gravées; on en découvrit aussi un certain nombre dans le cours du même siècle; enfin, ce fut principalement dans le dix-neuvième siècle qu'eurent lien les découvertes les plus nombreuses. En 1816, iVK Tôchoo « dans la dissertation dont nous avons parlé plus haut , en cite 30 qui avaient été reconnus à cette époque. Depuis, MM. Sichei, Duchalais et autres ont étudié cette matière d'une manière plus sérieuse, et ont fait connaître de nouvelles pierres de ce genre. La pierre trouvée à Entrains pofte le n*' 45 ; mais le docteur Siebel fait remarquer qu'il avait ou- t) Gazette archéologique de Berlin. — 862 — bliè de citer deax nottvdles pierres déjà publiées par Grivaod de la Vinceiie , en sorte que la pierre trouvée à Entrains serait réellement la quarante- septième décrite pour la France et la cinquante*- slxième dans tput le monde. Nous devons ici faire observer que ce n'est pas sans motif que- nous sou lignons le mot décrite^ c'est qu'il est certain qu'il en doit exister bien d'autres, dans des cabinets particu liersy mais ces derniers sont restés inédits. Notre pierre d'Âlluy va donc .prendre, pour la France, ie n° àS et le n*" 57 parmi les cachets connus, 4vant de parler en détail de nos deux cachets nivernais, achevons notre résumé général. La pierre qui reçoit l'inscription est ordinaire- ment une tablette en stéatitc, carrée, ayant de qua- rante à cinquante millimètres environ, sur une épaisseur de 10 à 1 5 millimètres. L'inscription est ordinairement à rebours, puisque cette pierre doit servir de cachet Cependant « M. Grivaud de la Vinceiie cite {Recueil des monu- ments historiques de l'ancienne Gaule) un cachet qui porte l'inscription à rebours sur une tranche, tandis que la tranche opposée porte les deux lettres ini- tiales du remède, à l'endroit. Ce côté ne servait pas à cacheter, mais à guider celui qui devait en faire usage, afin qu'il ne se trompât pas sur le contenu du cachet On connaît huit de ces tablettes donl l'inscription est d'une seule ligne; la plupart ont deax lignes; une en a trois. On verra bientôt que la pierre d'Alluy a aussi trois lignes sur une tranche, tandis que la tranche opposée n'en a que deux. Ordinairement l'inscription porte ie nom du mé- decin , le remède, la maladie à laquelle ce remède est destiné, et la manière de remployer. Quelquefois on se contente d'indiquer le collyre, sans parler de la maladie. Il s'agit sans doute alors d'un remède h tous les maux. Tel est le cachet trouvé k Entrains. Habituellement l'inscription commence par le nom de l'oculiste en abrégé; ce nom est au géhitif. Le nom da remède est aa nomlDatif, meUnmn , diaU- pidum^ etc. Le nom de la maladie est précédé de la prépositiOB ad^ ad asjnitudinem^ ad cali^nem , ad lip- pîtudinem. Qaand oo doit joindre au collyre un antre ingrédient , il est désigné avec la préposition ex , ex aqua » ex ovo , dialibanum ad suppurqtùmem exavo. Il y a huit ans^ environ, en 1845, M. de Long- Perrler, employé au cabinet des médailles, venait révéler à M. Regnaait , d'Entrains , tout le prixd'uoe semblable pierre, qui faisait partie de la icnrieuse collection qu'il a formée d'objets trouvés dans le paysmé^me. M. de LongPerrier en fit parvenir les empreintes au docteur Siebel , qui publiait alors et expliquait quatre nouveaux cachets inédits d'ocu- listes romains. lie cachet d'Entrains , qu'il classa .sous le n'* 45 , avec le titre de Lapis interamnensù , fut joint aux quatre autres, et devint, de la part du savant doc- teur , l'objet d'une étude et d'une explication toute spéciale. Nous allons donner Ici on entier Tarticle du doc- teur Siebel , tel qui se trouve dans la Gazette médi- cale ûe Paris, 1865. AT* 45. Lapis Interamnensis, Pierre d'Entrains. L'impression de la première partie de cet article était déjà terminée, lorsque, le 18 septembre, j'ai reçu de 111. Adrien de Long-Perrier la lettre suivante. C'est de sa part une prévenance dont je lui ai une gratitude d'autant plus vive que notre connaissance est très-récente et date d'une seule entrevue que nous eûmes ensemble an cabinet des médailles. • Monsieur le docteur , > La fermeture de la bibliothèque me donnant » quelques jours de vacances, j'en ai profité pour » visiter quelques parties du Nivernais et de la > Bourgogne, où je savais rencontrer des antiquités. H désirais sortoBt étadicr la sUlion . nwnaiae d'EntraiDs. Là, j'ai troiiré, enefifet, âésiQOQo-* méats irès-inléressaDU. L'ao d'eu m'a paru de nature à figurer dans le savant travail ^ae vous préparez sar les oculistes, et je me hâte de vous en faire le dessin. Peut-être arrivera- t-il encore k temps. Le cacheta été découvert à Entrains même» petit bomrg à quatre lieues à l'ouest de Qamecy (Nièvre) ; il appartieat à M. Renaud, qui a refusé de me le vendre, mais qui m'a permis très-obli- ireamment d'en prendre copie. J'espère, monsieur, que vous voudrez bien excuser, en faveur de Tin- tention, la forme d'un envoi que je vous expédie de la cuisine d'une auberge. • Croyez-moi, etc. Cette lettre était accompagnée du dessin de ce cachet , fait au trait et entouré de ses quatre inscrip- tioDs reproduites eu lettres majuscules renversées* telles qu'elles existent sur les quatre tranches. La pierre, de couleur verte, proi)ablement en stéa- tite, a 39 millim. carrés sur 10 millim. d'épaisseur. Voici les inscriptions qui y sont gravées : 1. LTEREirrPATERNl DUTESSER'M 2. LTERBNPÂERNl .MEUNVM 3. LXERENPATERm DIAIUPU3TM U. LTERENPATERNI DUSMYRNEN 1. Lucii TERBNTtV PATSailI DIATESSER'M. Collyre Diatessaron de Lueius Terentius Paternus, Le deuxième x de Terentius est indiqué i^ tin trait transversal placé sur le dernier jambs^e de I'n. Le nom d'un oculiste L. Caemius Paternus se trouve - M5 — dMiftiiiie isscripliofi de pierre sâgillaire qae bous rap- porleroDs plas loin. Les Grecs appelaient Dia tessaron ou Diatessaron des médicaments composés d'Os quatre ingrédients. Le mot est formé comme eeloi^ de Dialepidos de rinscription ^1^ 3. Il n*a pas été latinisé par les Romains, bien qu'il dût lenr être assez familier* puisqu'il désignait aussi un Intervalle en musi- que (Macrob. Somm. Scip., 1. ii, c. 1). Paternus a essayé de le faire, en le changeant en Diatesserunu Dans cette transformation, cet oculiste a probable- ment été moins guidé par la forme ionique tesseres pour tessares que par son défaut de la connaissance de la langue grecque et par l'assonance du mot latin tessera. L'ignorance du graveur a sans doute fait substituer à l'avant-dernière lettre un i qu'il a placé, en plus petit caractère, un peu plus haut que les au- tres lettres. Quelque chose de semblable se voit sur d'autres pierres. Paul d'£gine ( 1. m, c. 77, fin) recommande dans la sciatique l'usage interne d'un diatessaron préparé avec le petit-chêne {Chamaidrus, Teucrium chamae- drys)^ la gentiane, l'aristolochie ronde et la semence de rue. MarcellBs Bmpiricas indique un diatessaron de parties égales d'huile, de vinaigre, de miel et de ▼in comme linimem (c 20, p. 147, init.), et on autre de parties égales de costns ( cotms araèdeus L. ) , fénugrec, raeiae d'aulnéeet de fenouil comBie médi- ciment interne contre les affections du foie ( Ci 22, p. 159). Bien que, ni sur les cachets^ ni dans aucun aadeii auteur que je sache, il ne soit question d'un collyre diatessaron^ la teneur des trois autres i«a<- crlptions de cette pierre ne permet point de doirter qu'il ne s'agisse id d'un topique oculaire fbrmé de quatre substances médicamenteuses. Peut-être môme qu'en cherchant mieux, lorsque j'en aurai. le loisir, je réussitfaii à trouver dans les anciens un collyre de ce non» — 366 — 2. Lwctï TBREwm PATEBlfl MBLIN VM. CûUyre Meii' num de L Terentius Paternus. Le T (le Paternus est marqué par un trait trans- versal au-dessus de Ta. Le nom de collyre Melinum, ciléj sur Hes cachets n" 2, a, 11 et 17, a été interprété de trois ma- nières» Saxe (Epîstola..... de... occularii gemma , Traiect. ad Rhen., 1774, 8, p. 29) , et d'après lui Tôchon (p. 18) le font dériver de l'alun de l'île de Mftlos, dans la mer Egée. Ils s'appuient sur un pas- sage de Pline (L xxxv, c. 52) : « le meilleur alun est celui qui est appelé Melinum de l'île de Mé- los. Il réprime les granulations des yeux. (Ocw- lorum scabritias exténuât.) • Mais sur les quatre cachets le mot melinum se trouve deux fois seul , une fois (n* 11) avec l'épithète de lacrymatorium^ une seconde fois (n' U) avec celle de : ad claritatem, jamais avec la désignation : ad aspritudines ou ad scabrities ; et dans les formules qu'en donne Galien il n'est pas question d'alun. Cette explication est donc inadmissible. Walch ArfTIQtJITATES MBDIGiB SELECTE, ïcn., 1772, 89 p. 55, sq.)9 se fondant sur d'autres passages de Plinci regarde le melinum comme un onguent pré- paré avec des coings. ^ Avec le^ diflférentes espèces de coings («x tnalùcotorieis et struthiis) on falU'huil^ melinum qui entre «Uns les onguents (i. xiii. c. 2). » « Avec les coitigs, quand ils ne sont pa» venus dans . un terrain humide, on fait l'huile que nous avons dé}à mentionnée sôus le nom de melinum (l. xxm» c. 54, fin.) » '(La fleur fraîche ou desséchée du coi^ gnassier est utile dans les inflammations des yeux iibid.). > Melinum ici serait dérivé de meUm, pomùe^ maium Cydanium ou coton^um, coing. Mais les pierres sigillaires servent à cacheter des vases contenant d^ collyres, c'est-à-dire des pommades on onguents oculaires, tandis que il#e/tntfin était one huile. Un'eii est d'ailleurs fait aucune mention dans les formules --. 367 — conservées par Galien Celle ioterprélalion doit être encore rejetée par une saine critique. La dernière qui reste est la seule qui nous paraisse devoir être adoptée. Le mot melinum désigne un collyre jaunâtre , semblable à celle du coing. Galien rapporte les for- mules de trois collyres de ce nom , dont il appelle Tun melinum délicat (COMP. MED SEC LOC. IV, c. 8, éd. K. p. 769) , l'autre (i6., p. 786) melinum ata- rachum, c'est-à-dire contre le taraxis, et le troisième (i6., p. 787) melinum de Ludus, Tons les trois con- tiennent des substances médicamenteuses minérales et végétales , à Texclusion de Talun et de Thuile de coing. Il y entre au contraire du safran, qui, en leur donnant une couleur jaunâtre, justifie et explique ce nom. Le même auteur (t^.^ 1. viu, c. 5, p. 183) décrit un malagma melinum^ contenant des produits végé- taux et du safran , sans huile de coing. Ailleurs (COMP. BIED. IPER 6£N. , L II, 6 11, éd. K. T. XIII, p. 503 sqq.) il traite longuement des emplâtres me- lina^ ainsi appelés à cause de leur couleur qu'ils doivent au vert-de-gris incorporé par une coction modérée; car, ajoute- t-il, par une cuisson plus prolongée, en les faisant changer de couleur, on produirait les emplâtres appelés bicolores {dickomai) par les ucsjjauite-^fare icirrat) par les autres. Il ne peut donc rester aucun doute à ce sujet : cette d^nooiination est uniquement puisée dans la cou« leur de l'onguent. C'est de cette manière que l'a aussi compris Caylus ( Recxeil d'antiquités , t. i , p. 226), qui semble avoir en vue ce dernier passage de Galien ; car son explication du mot meli-- num sur le cachet n"* 2 se borne à ce qui suit : ^ Il y entroit^du verd-de gris, d'où il prenoit une couleur qui lui donnoit ce nom. xMelinus color^ gilvusinter album et fuscum, » Ces derniersmots latins semblent pris dans un lexique; ils se trouvent aussi , mais sous forme dubitative, dajis le Thésaurus latinœ tinguœ de Gesnei\ Aucun auteur classique romain ne parait s'être servi dans ce sens du mot melinum. — 568 — 8. Lucit TERËNttï PâTERKI DlAILIPlfOTM. CôUyre IMa- lepidum (pour Diaiepidos) de Je, Terentùts Aterfws. (Toirlen* M. 5). L'oculiste, ignorant Tétymologie de ce mot. Ta latinisé, en songeant peut-être au mot latin lepidus. Le graveur a commis plusieurs erreurs. Lesquatrième et cinquième lettres pourraient bien être un el altéré par Tusure ou un petit éclat de la pierre. Le d dans les inscriptions se trouve parfois formé comme un 13. U. hucii TERENaV patbrni diasmyrnen. Collyre de myrrhe de L. T. Patemus. Le collyre (^ÎMmyrn^j, diasmymùn oudiasmymum avait pour principal ingrédient la royrrbe. Il était d'un usage très-répandu. Diastnyrnen^ comme on lit sur ce seul cachet, est une forme iuusitée, mais pas ab- solument contraire aux lois de la langue grecque ; car la préposition dia se construit aussi avec Tac» cusatify bien que. dans le sens où nous la voyons ici employée et dans les mots composés semblables, ce ne soit point correct ( Voir Dkdepido», n<* 61,3.) Il se peut aussi que diannyrnem ait été gravé par erreur pour dtoêmymeum. Notre pierre d'Alloy est évidemment de même nature que celle d'Entrains, qui nous était connue depuis long* temps, et dont nous avions lès emprein- tes. Cest unestéatite (1) de couleur verte, marbrée d'un vert moins foncé. Sa forme est un carré long de 52 millimètres sur (1) La «téatite e§t une pierre d*uii grain fin« qui se dissouf dans Teau et y produit de Técume comme du savon ; elle 9e rapproche de la marne , mais elle est plus dure. On troure la sléalile sur pHtaieura pointa de notre départeoient ; dans <}U6^ ^iiea endroits elle est rouge on rosacée, marbrée de blanc; ailleurs elle est crise, marbrée aussi de blanc. Notre sol n*en renferme pas qnt ressemble à celle dont les cachets sont formés. Ces pierres proffcnnent certainement d'une auve contrée. — 369 — uùt largeur de Si milUmèlres^ son épabseur est de 13 milHmètres. Ce cachet n'est gravé que sur deux tranches; les deux inscriptions sont en petites majuscules et d'une exécution parfaite. II est bien préférable > sous ce rapport, à celui d'Entrains, dont les caractères présentent des formes plus barbares^ qui indique- raient le troisième siècle de l'ère chrétienne, tandis que celui qui fait maintenant l'objet de nos études remonterait au premier siècle ou à la première partie du second siècle. Une des tranches porte une inscription de trois lignes^ composées de cinquante-une lettres ; c'est le second cachet publié ayant trois lignes. Gomme sur les autres pierre$ sigillaires, toutes les lettres se suivent sans aucune séparation entre les mots et sans aucun signe d'abréviation. r - LPOMPNIGRINIARPAS TONADRECENTLIPPIT VDINEODENDIEEXOVO Pour arriver à découvrir le sens de cette inscrip- tion^ il faut la reconstituer en séparant les mots et en les complétant, c'est ce que nous allons faire : Lwctt POMPontt NIGRINI AUPASTON AD RECENTem LIPPITVDlNem EODEN DIE EX OVO r Collyre arpqston de Lucius Pompànius Nigrinus , pour l'ophtalmie au moment de son d^t^ il faut remployer le même jour en le mélangeant avec de Vœuf. Arpaston est le nom du collyre ; tous les collyres portaient un nom , le plus souvent dérivé du grec , qui indiquait la qualité principale ou la base de^sa composition ; on a déjà vu le dialibanum ou diali- banon;Ge]se indique de même les collyres ^cha- riston , basilièon, cythion , etc. L'autre inscription en deux lignes a plusieurs S6 ^ .470 - lible de découvrir le nom da collyre. L POIIP..... OpS AD UPP..... EX OVO Collyre de Luçius Pomponius Nigrinus. pour. Vophtalmie, on h mélange avec de Vœuf. * L'œuf était fréquemment employé par les anciens 'dans les remèdes pour les- maladies des yeux ; Pline en fait souvent mention. Ne nous étonaons pas ^e -trouver un certain nombre de pierres sigUlaires 'Indiquant le mélange de l'œuf avec les collyres. Il reste encore une question à examiner : Pour- quoi une des inscriptions est •elle effacée en partie , ' tandis que Tautre est parfaitement conservée ? La solution parait facile : Lucins Pomponius Nigrimis avait composé deux collyres ; Tun qui devait être employé au début de la maladie^ le jour même, l'autre qui était recommandé pour tout le temps que devait durer la maladie. De là il résulte qu'un côté du ' cachet n'était employé^u'une seule fois pour chaque malade,, tandis qu'on se servait plus souvent de l'autre côté , l'ophtalmie pouvant durer plusieurs mois. Après la lecture de ce mémoire , qui a «xcité un vif intérêt » m Morellet a demandé la parole au sujet d'un des autels votife de Bouhy dont l'inscrip- tion a été altérée! L'i^norable vice-président de la Société fait observer qu'il s'est glissé dans cette ins- cription deux fautesrde typographie qui avaient échappé à son attention , lors de la correction des 'épreuves , erreurs qu'il tient ^^rectifier. ' ' Au lieu > de : ^caunvs. . ; sbveeus , il faut lire : ' GABIIIVS SBWRVS. Le Secrétaire de la Société , HÉBON DE VILLEFQSSB. j - 571 — SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 18&S. Siégeut au bureau ; MM. l'abbé Grosoier , le gé'- néral Péftiet , Morellet et de Villefossei* Le bureau rend compte à hi Sotiété du résultat de rexamen des comptes de ranûée. M. Morellet parle de médailles qui auraient été trouvées à Saint-Honoré daits les travaux qui s'exé^ cutent aux puits des eaux tbermales. M l'abbé Grosnier fait remarquer qu'il serait bien important, pour l'histoire de cette localité» de ne perdre aucune de ces médailles qui pourraient servir à constater tout à la fois Tépoque à laquelle ces eaux avaient le plus de vogue et l'époque de-la destrucfîon de cet établissement. M. Morellet dit qu'on y ^trouvé des monnaies de rèpdqbe mérovingienne, et que Gillet attribue aux Sarraxîns la destruction de rétablissement des bains; ces barbares, après avoir saccagé Autun , se jetèrent sur le Nivernais, M. Grosnier, tout en partageant ce sentiments dé- clare qu'il attaché la plus grande importance à la conservalion de ces médailles qui pourraient venir en aide à de nouvelles études à faire sur cette loca- lité, et il rappelle ce qu'il a dît des eaux de Sainte Honoré au congrès de Nevers : D Les eaux thermales de Saint-Honoré en Mor- t vand étaient inconnues à Danville ; de son- temps 1 elles étaient encore cachées sous uo amas de^rui- • nés couvertes de broussailles;' ce ne fut qu'en • 1821 qu'on commença les déblayements^ et que • l'on découvrit l'ancien établissemeot romain;. iDès- z> lors il fut facile de comprendre que la- carte de diifi^maHi^MMiiK:-z::zj \v — S7Î - PeutlDger était exacte sur ce point; Âqua Bormo- nis, BourboD*Lancy, placé sur la rive droite du fleuve, occupe la place qui lui convient ; et Aquœ NisincBi dans Tintérieur des terres sur une des voles qui part de Decize, Degena, pour se diriger sur le Morvand, est évidemment le lieu qui a pris plus tard le nom de Saint-Honoré. Mais il est im- possible de reconnaître avec Danville , Bourbon C ArchambauU dans VAquœ Bormonis, situé sur la Loire, et Bourbon-Lancy dans VAquœ NisincBi re- porté dans l'intérieur des terres. • Je dois ajouter que le village d' Anizy semble avoir conservé dans le pays le souvenir de VAquœ iVtVt- nœi qu'il représente en abréviation A...nisy. Sans doute, il est encore un peu éloigné des eaux de Saint -Honoré, mais ne serait -il pas possible que les habitants, après là ruine de leurs habitations placées auprès de ces eaux , ruine qu'on attribue aux Sarrazins quand ils se portèrent sur Autun et sur les pays voisins jusque dans l'intérieur djD Morvand, se soient fixés au bas des montagnes et aient donné à leurs nouvelles habitations le nom du lieu qui les avait vus naître. • Iteàt encore important de rectifier ici une auîre erreur de Danville. 11 prétend qu^Anizy, dont nous venons de parler, est l'ancien Alisincum indiqué dans l'itinéraire d'Antoninsurune autre voieallaot de Decize à Autun ; mais il est certain que jamais on n'a trouvé à Anizy aucunes traces de construc- tions romaines, ce qui ne serait pas étonnant si, comme je le disais tout à l'heure , Anizy doit sa fondation à la ruine de Aquœ Nisinaû depuis Saint- Honoré , par les Sarrazins, au milieu du huitième siècle. A Alluy, au contraire, toutes les fouilles qui ont été opérées ont constaté la présence d'un an- cien et vaste établissement. Ce sont des mosaïques magnifiques , des statuettes, des médailles en grand nombre, des ustensiles de toute sorte et de nom- breuses fondations. Nous devons donc reconnaître dans Aliuy VÂlùincum de l'itinéraire d'Antonin j> 373 — .Discours Prononcé par M. l'abbé Crosniei', vicaire gc'néral^ à l'issue de la messe célébrée au Parc , le k sep- tembre 1 853 , à l'occasion du comice agricole de Nevers. Dans tous les temps, Messieurs, la religion s'est associée aux progrès des sciences, des arls et de Fin- duslrie, ou plutôt c'est elle qui leur a donné la vie, c'est elle qui les a abrités de son ombre protectrice, c'est à elle qu'ils sont redevables de leur dévelop- pement. S'il fallait remonter aux temps anciens, je vous la montrerais dirigeant larcbitecturc et lui fai- sant exécuter ses premiers essais dans la construc- ik>D de ses temples, tandis que la sculpture s'exer- çait dans l'ornementation de ses sanctuaires ; vous la verriez encourageant la poésie naissante à exalter les grandeurs de Dieu , et la musique à faire retentir les voûtes sacrées de ses pieuses harmonies. £n même temps Tagriculture venait déposer sur l'autel les pré- mices des biens de la terre, pour témoigner sa gra- titude à celui qui dirige les saisons, et le conjurer de ne point mettre de bornes à ses faveurs. • Cependant , il y avait une fête toute spéciale, celle des tabernacles ; les travaux de la campa^^ne étaient terminés» les greniers étaient combles, les accents de la reconnaissance retentissaient de toutes parts sous les tentes d'Israël. Aujourd'hui , Messieurs , il semble que la fête des tabernacles se renouvelle ; à la vue de tout ce peuple réuni des différents points de la contrée, et environ- nant cet autel champêtre, je me rappelle les Israë- lites, comblés des bienfaits du Seigneur, et sortant de la ville sainte, pour célébrer ses louanges, au mi- lieu des champs, fécondés par son amour. Qu'il est beau , qu'il est magnifique, le tableau qui« dans ce moment, se déroule sous nos yeux! Il n'y a qu'un instant^ en entendant la musique guerrière, 27 i : dont les échos répétaient les sons prolongés, je me sentais pressé de m'écrier avec le prophète : « Oui , bénissez le Seigneur, c'est le Dieu des armées; Do- minus exercituum nomen efus (1) » Bénîssez-le, célébrez ses louanges au son delà trompette et des autres instruments; exaltez son nom dans vos chœurs de musique et au bruit des tam- bours; Laudate eum in tympano et choro; que Tair retentisse du bruit joyeux de vos cymbales, que tout ce qui respire loue le Seigneur ; Laudate eum in cymbalis jubiiationis omnis spiritus laudet Do- minum (2j. A cette harmonie vient s'en joindre une autre; c*est celle de la création tout entière, qui semble s'être donné ici rendez-vous pour bénir et exalter le nom du Seigneur. Ahl je puis bien continuer avec le Prophète: « Montagnes et collines, arbres de toute espèce, bénissez le Seigneur; Montes et omnes colles lignof fructifera et omnes cedri; animaux des forêts, joignez-vous à ceux qui paissent dans nos prairies ; serpents qui rampez sous l'herbe, joignez- vous aux oiseaux qui voltigent dans les airs, pour bénir le Seigneur ; Besiiœ et universa pçcora , ser^ pentes et volucres pennatœ. Princes de la terre et vous peuples qui l'habitez , magistrats et vous qui rendez la justice , jeunes gens et jeunes filles, enfants et vieillards, louez tous le nom du Seigneur; Reçes terrœ et omnes populi; principes et omnes judices terrœ; juvenes et virgines ^ senes eum junioribus , laudent nomen Domini {^). Oui ^ bénissez-ie tous, car c'est aujourd'hui la fête de la reconnaissance. £n effet , Messieurs , si tous les arts doivent à la religion leur origine et leur développement , Tagri- culture lui doit sa prospérité; elle est, nous pou- vons le dire, sa fille privilégiée. Ne nous en étonnons pas ; car c'est encore au sein des campagnes que (1) Isaïe, 48, 2. (2) Psalm, 150. (3) PsaJm, 150 — 375 - les verlus chrétiennes brillent d'un plus pur éclat, et nous pouvons Uire avec un poète qui vous est connu : La justice quittant nos coupables climats, » Sous le chaume înaoceiit porta ses derniers pas (1)/ Aussitôt que Tégllse , débarrassée des tyrans qui Vopprimaient 9 put sortir des catacombes, nous voyons une partie de ses enfants se réfugier dans les solitudes. C'est ici qu'il faut admirer l'action de la Providence : l'ancien peuple, au goût dépravé , ré- clamait avec instance le morceau de pain qui devait apaiser sa faim et les spectacles ignobles ou barbares qui devaient charmer ses loisirs. La religion se char- gera de satisfaire ce double besoin, mais par des moyens plus nobles , plus dignes de l'homme; elle déroulera sous les yeux de ce peuple étonné les pompes de ses augustes cérémonies, et surtout le merveilleux spectacle des vertus de ses enfants ; et ces mêmes enfants, inspirés par l'esprit de pénitence et de charité, en se chargeant de défricher les dé* serts, s'établiront les pourvoyeurs d( s peuples. Illustre saint Benoît, c'était vous sans doute, c'était vos frères qu'Isaïe apercevait dans le lointain des siècles, c'était vos incroyables travaux qui exci- taient son admiration. < Quel étonnant spectacle , s'écriait-il dans une prophétique extase : l'abondance rognera dans le désert; la solitude sera dans l'allé- gresse et fleurira comme un lis , elle germera de toute part , germinans germinabit;ses hymnes et ses saints cantiques témoigneront sa joie et son bonheur, elle partagera la gloire du Liban ; elle sera belle comme le Carmel , fertile comme la montagne de Saron,... Un autre spectacle, ajoutait-il, se présente à mes yeux : je vois des canaux.se creuser, pour ré- pandre ensuite leurs eaux dans le désert; je vois les fleuves arroser les solitudes; la terre la plus aride est devenue un lac , des fontaines jaillissantes rafral- " ' ' - .1.. , ■ ' I — I ■ — (1) Deiille, Géorgigues. i ÉÊÊ^mmamÊÊÊmÊÊÊÊÊÊ::::z::z:r>7maam::mT^'^ — 376 ^ chisscDt des plaines jadis desséchées; là où habf- taient les serpents , j'aperçois une agréable ver- dure (1). » < Heureux peuple , tu sèmeras sans crainte sur les bords des eaux ; tu laisseras errer en liberté dans tes gras pâturages l'onagre et le bœuf. Beati qui semi- natis super omnes acjuas , immittentes pedem bovis et asini (2). B Les bois solitaires du Nivernais devaient aussi de bonne heure servir d'asile à des âmes fatiguées du monde, et des vices que la religion n'avait pu déra- ciner encore, du milieu de celte société naissante. Déjà, dès le commencement du VP siècle, saint Eptade jetait les fondements du monastère de Cer- von, et défriphait avec ses compa'n'nons les terres voisines ; tandis que les marais de Sainr-Laurent- TAbbaye se desséchaient par les soins de Wulfin. D'un autre côté, saint Patrice conviait à la civilisa- lion la contrée resserrée entre la Loire et l'Allier. Par Tascendant de leurs vertus, ils entraînèrent après eux dans la solitude cette foule de religieux, auxquels nous sommes en partie redevables de la prospérité dopt nous jouissons. Hommes de prière et de labeu»'', au sortir de l'oraison, ils saisissaient Finslrument du manœuvre et se mettaient à défri- cher cette contréQ, qui devait devenir une des pro- vinces les plus belles et les plus fertiles de la France. En vain plus tard l'ingratitude, fille de l'irréligion , cherchera à déverser sur eux le venin de la calom- Die, le souvenir de leurs bienfaits ne s'effacera pas , et la partie la plus riche, la plus florissante du Ni- vernais, la terre ^'As Mognesy dira aux siècles à venir tout ce que notre province doit de prospérité à ces laborieux cénobites. Ces premiers exemples produisirent de merveil- leux effets; aux siècles suivants, de nombreux mo- nastères couvrirent le Nivernais. Cette fois leurs (1) Isaïe, 35. (2) Isaîe, 32. If .Jr — 377 — membres, non contents de prier et de cultiver les terres, se livrèrent à Télude des sciences et des let-* très, et tout en s'établissant les économes du pays , auquel ils assuraient des ressources contre la famine, ils faisaient de leurs pieuses demeures autant d'aca- démies qui devaient nous conserver les ouvrages précieux dont nos bibliothèques sont ornées. La piété, la science et rindustrie avaient choisi le même sanctuaire et y vivaient comme trois sœurs. Ceux d'entre vous , Messieurs , qui ont étudié la si Intéressante histoire du pays que nous habitoos , se rappellent que dès les premiers jours de septem- bre, à cette époque où le laboureur, voyant ses gre* niers chargés et ses granges pleines, peut se livrer cl un doux repos, la population tout entière de la con- trée dont nous parlions il y a un instant, de nos ri- ches Amognes, se mettait en mouvement. Au jour Indiqué, les hommes, les femmes. Les enfants, se revêtaient de leurs plus beaux vêtements, comme aux plus beaux jours de fête; un char préparé à l'a- vance, ortié de guirlandes de fleurs et de gracieux festons, portait une hémtne de froment ; à ce char étaient attelés quatre superbes taureaux, les plus beaux qu'on avait pu trouver dans toutes les fermes du pays , ilsélaient couronnés de fleurs comme les victimes des anciens sacrifices ; quatre jeunes filles les conduisaient. En même temps, les cloches des vingt-sept principales paroisses des Amognes fai- saient entendre simultanément leurs joyeux caril- lons , et toute la population se mettait en marche . se dirigeant vers ie même but. La ville de La Charité était le terme de ce pèlerinage ; et le jour de la Bonne-Dame de septembre, la fille aimée de Cluny, nom glorieux qu'on donnait au prieuré de cette ville, recevait tout ce peuple dans Tenceinte de ses murs. £h I de quoi s'agissait-il donc? était-ce un comice agricole ? Oui , Messieurs , c'était tout à la fois lé comice agricole et le comice de la reconnaissance. On y voyait les plus belles productions de la con- -^ 378 -- trée^ et ces productions étaient offertes à ceux qoi , les premiers, sons les auspices de la religion, avaient arrosé de leurs sueurs ce pays dont la fertilité est devenue proverbiale. C'était une fête religieuse et civile, car, alors comme aujourd'hui , on voyait briller dans cette fête champêtre les insignes de la religion ; les pieuses bannières des différentes paroisses, aux couleurs éclatantes et variées, flottaient dans les airs , et, au milieu, de ces bannières on apercevait , à la tête de chaque paroisse, la croix du Sauveur, Tauguste signe de l'espérance et du salut , de la civilisation et de la paix. £n traversant les hameaux et les bourgs qui se rencontraient sur leur passage, ces phalanges pacifiques semblaient dire : c Frères , ne craignez n rien , ce ne sont pas les gonfanons des chevaliers , 9 marchant à l'attaque du château féodal , et annon- » çant la destruction des manses qu'il abrite , et la » ruine du cultivateur; c'est tout un peuple, enrichi- » par les travaux de ces hommes dé dévouement et » de charité, qui va payer k ses bienfaiteurs la dette » de sa gratitude. » L'impiété ignorante a bien pu tenter de couvrir d'une sale écume un fait qui honore notre pays et notre foi ; une philosophie ombrageuse et jalouse a bien pu condamner ce qu'elle considérait comme un acte de servage ; pour nous , nous comprenons autrement l'histoire; nous retrouvons ici, je me plais à le répéter, le comice de la reconnaissance. Je suis convaincu que si nos chroniques locales, au lieu de se contenter de constater ce fait, fussent entrées dans quelques détails, elles eussent fait mention d'une bannière plus riche que les autres, ornée plus magnifiquement que toutes les autres , dominant toutes les autres, avec cette inscription ; A la religion , les Amognes reconnaissantes ! Aujourd'hui , Messieurs , il manque quelque chose à rornementation de cet eutel ; j'aurais voulu voir flotter au-dessus un étendard avec la même inscrip-' tion : A la religion , la Nièvre reconnaissante ! Mais — 379 — riD$cription devenait inutile , la devise est gravée dans les cœurs. En effet , c'est à la religion que notre vieux Nivernais doit en grande partie sa prospérité territoriale ; vous n'ignorez pas que les pieux céno^ bitesqui s'étaient condamnés à défricher la terre, avaient trouvé trop étroites les bornes des vingt-sept paroisses dont nous avons parlé; sur le territoire qui compose maintenant le diocèse de Nevers, 226 paroisses étaient sous leur patronage; c'est vous dire que ces paroisses leur sont redevables de leur établissement, ou du moins de leur développement. La religion ne faillira pas à sa mission civilisatrice ; elle continuera à offrir à la société son puissant con- cours. £lle ne se contente pas de soutenir TagricuL- ture par ses encouragements, elle veut que ces bons religieux , trop long-temps méconnus, disons le mot, trop long*temps calomniés , prêtent à la société le secours de leurs bras et de leur dévouement , en même temps que le secours de leurs prières. Les successeurs de « ces défricheurs de l'Europe , d pour me servir des expressions de M. Guizot , deviendront les défricheurs de l'Afrique , et au besoin les défri- cheurs du monde entier. Dans ce moment ils arrosent de leurs sueurs les côtes de Bouffaric et les plaines de laStouëli, aussi bien que les vallées de Fongombault et les terres sablonneuses de Septfonts. £t nous. Messieurs , nous applaudissons à leurs travaux comme nous applaudissons aux vôtres, car c'est avec bonheur que nous» prêtres, nous assistons ^ vos pacifiques triomphes. Bientôt on va distribuer des médailles et des récompenses à ceux qui se sont distingués par leurs vertus et par leurs succès , npus prendrons part à leur joie , et nous ferons des vœux sincères pour la prospérité de tous ; mais nos vœux à nous ne sont point éphémères , ce jour de fête pas- sera comme les autres, et vos prêtres rentreront dans le silence du sanctuaire, pour continuer à appeler sur notre commune patrie toutes les bénédictions d'en haut. Nous prierons le Dieu qui protège la France de "^-r-'^^^^îfe: — 580 - bénir le nouveau Gyrus qu'il a mis Inl-noême à la tête de son peuple , et qu'il a cliargé d'accomplir ses vo* lontés : Dico Cyro , pastor meus es , et omnem volun- tatemmeamcompiebis (1) ; nous le prierons de con- tinuer à placer auprès de son trône cette sagesse qui est debout devant le trône étemel : Da sedium tuarum assisiricem sapientiam (2). Nous le prierons de bénir cette belle et brillante armée , la gloire de la France, et la terreur de ses ennemis ; nous le prierons d'éclairer de ses lumières ces magistrats auxquels il a départi une portion de son autorité; nous le prierons pour tous , parce que tous nous sommes les membres d'une même famille ; mais nous -le prierons en particulier pour vous, braves cultivateurs, les pères nourriciers de la patrie, nous le conjurerons de vous accorder la double bénédic- tion de Jacob, d'abord et avant tout, la rosée du ciel, puis la graisse de la terre : Dé rone cœli et de pinguedine terrœ (3)» ■ Discoai»s Prononcé par M. Morellet, professeur d*histo%re au Collège^ à la distribution des prix de cet établisse- ment y /e 13 août 1853. C'est du Nivernais, jeunes élèves, c'est d'un pays qui vous est cber et auquel se rattachent les plus doux sentiments de votre cœur et les plus aimables souvenirs de votre enfance, que je viens vous parler : je veux vous entretenir des hommes éminents qui. Font illustré, et qui, depuis le treizième siècle de notre ère , ont heureusement influé par leur génie sur les destinées de la France et sur les progrès de la civilisation s Isaïe, U, 28. Sapient., 9; 4. (3)-Gen., 37,98. - 381 — Ce sajetdoot TiiHérét particulier pour vous, jeunes Nivemistesi aura l'avantage de déguiser ma faiblesse, est moins étranger quMl ne paraît d'abord à la solennité qui nous réunit dans cette enceinte. Nous allons distribuer au talent naissant^ au travail assidu, les prix mérités par une année d'efforts et de cons- tance. Or, n'est-il -pas à craindre que, dans l'ivresse d'un triomphe obtenu^ sous les yeux humides de leurs mères, aux joyeux applaudissements de leurs parents et de leurs amis, et pour ainsi dire sous les regards émus de la patrie, nos jeunes lauréats ne soient tentés de laisser périr dans un repos prématuré les précieuses facultés qu'ils ont reçues du ciel? ' L'arbre qui se contente de donner des fleurs, n'a donné que des espérances. Et' d'ailleurs, si les noms glorieux par l'admiration qu'ils inspirent, enseignent la modestie , ils encouragent aussi et sont un puis- sant moyen d'émulation. Ce n'est pas à la formation de la province du Nivernais que nous pouvons constater Theureuse influence exercée par vos ancêtres, jeunes élèves, sur les destinées de là civilisation; pour que l'esprit nivemais produise d'utiles fruits, il faut laisser nos premiers évêques effacer les derniers restes du paga- nisme, et raffermir les racines du christianisme nais- sant, dans un sol incessamment ébranlé par lès incursions des barbares (1); il faut laisser la pro- vince vêtir la robe blanche des églises de Dieu^ les couvents se fonder et peupler les solitudes, les terres se défrieher sous la direction des prêtres et des moines ,* et les intelligences s'éclairer à l'enseigne- ment des cathédrales et des cloîtres. Insensiblement le sol s'affermit, la féodalité s'organise , les cœurs farouches s'adoucissent; l'humanité, délivrée d'af- freuses appréhensions, entrevoit un meilleur avenir. G^est avec les Croisades que le Nivernais commence (1) Du troisième au huitième siècle, les barbares d*Outre- Rhin; au huitième, les Sarazins; — au neuvième, les Nor- mands et les Hongrois. — 382 — il se signaler. Aussitôt après ces grands événe- ments dont Dieu s'est servi pour affaiblir la féodalité et préparer la France à Tunité monarchique , nous voyons Tesprit nivernaisse montrer dans tout Féclat de sa force. Depuis des années, un dominicain , que l'admira- tion de ses élèves et la reconnaissance de la posté- rité désignent par les glorieux surnoms de docteur universel, de docteur angélique, d'ange de Técole, saint Thomas d'Aquin, enseignait la théologie dans Tuniversité de Paris, lorsque les besoins de son ordre Tarrachèrent à son auditoire et le rendirent à Tltalie (4272). Qui donc fut choisi pour remplir, dans l'en- seignement de la Fille aînée de nos rois, le vide qu'y faisait ce départ? Un Niverniste, jeunes élèves^ Jean . de Yarzy, qui était célèbre déjà comme prédicateur. 11 remplaça l'ange de l'école; et sa parole, que de fortes études avaient nourrie, se fit écouter après celle du maître que la théologie regrettait £n môme temps, Etienne de Gorbigny, que sa science avait fait élire abbé de Fontmorigny, dans le diocèse de Bourges, encourageait le talent poéti- que de Macès de La Charité et l'engageait à finir sa tradactîOD de la Bible en rimes françaises, travail Ingrat, aujourd'hoi qu'on a soif d'originalité , mais fort estimé dans ces temps reculés, où la langue se- formait, où les esprits cherchaient confusément leurs voies. L'œuvre du pieux curé de Sancoins, con- servée en manuscrit à la bibliothèque impériale, est un des grands monuments littéraire» de la fin du treizième siècle : la clarté de l'expression, la préci- sion du style, l'heureuse tournure des vers attestent une merveilleuse facilité, et durent exercer la plus salutaire influence sur les progrès de la langue française. C'est le moment, jeunes élèves , où nos légistes prennent place sur les marches du trône et portent dans les conseils de la royauté cette netteté d'idée, cette lucidité d'ordre et de méthode, cet esprit pra- tique et cette science profonde qui distinguent — 383 — eucore les juriscoDSuHes de ce pays, et je ne sais quel amoor de la loi romaine qui la leur faisait vénérer comme une émanation de la raison divine. Ils ont assurément contribué à faire pénétrer Tesprit et les dispositions du droit romain dans les coutu- mes féodales dont Us ont ainsi préparé la désuétude et la ruine. Henri de Vezelai, avait été cfiapelain de saint Louis, et il avait eu sans doute plus d'une fois à raf- fermir les scrupules de conscience du plus grand roi qui fut Jamais, dans ce duel qui commençait entre le pouvoir royal et la féodalité. Devenu chancelier de France sous Philippe III, il conseilla deux ordon- nances célèbres, dont Tune créait le parlement de Toulouse, et dont Tau tre abolissait un usage barbare, la coutume qu'on avait encore en Gascogne de per- mettre aux accusés d'homicide de se purger par le serment. Pierre de Belleperche, né à Lucenat sur-Ailier, était versé par de longues études dans le droit canon; mais il ne connaissait pas moins le di'bit civil, c'est- à-dire le droit romain, et il l'enseigna dans l'univer- sité d'Orléans avec un éclat extraordinaire. C'était à qui viendrait entendre ce père des savants en droit civil, cet habile et ingénieux interprète des lois, ce maître que l'admiration contemporaine proclamait le second Justinien, Il avait composé pour ses élèves un glossaire, qui facilita l'étude et qui fit marcher à grands pas la science du droit. Ses livres» multipliés parles copistes, allèrent enrichir les bibliothèques des universités les plus célèbres, et renouvelèrent partout l'enseignement. Barthole, ce coryphée des Interprètes du droit, comme l'appelle un savant jurisconsulte du seizième siècle (1), regrettait de n'être pas né assez tôt pour avoir pu aller s'abreuver et se nourrir au lait fortifiant de la doctrine du légiste nivernais. Le clergé national, jeunes élèves, s'honora des succès de Belleperche ; le chapitre de ' ' < '■ ' ■ . ■ — . — ■ ■ ■ ' ' " I M M (1) Dumoulin. — 384 - Notre-Dame de Paris lui conféra le décanai; le roi Philippe IV lui ouvrît son conseil, renvoya en 1299 négocier la paix avec l'Angleterre, et le chargea, après la mort de Boniface YIII (1303), de rétablir le bon acord entre deux pouvoirs encore tout émus de la lutte, tnàis^ assurément plys étonnés de se trouver ennemis. Le roi, dans sa reconnaissance, le fit investir de Tévêché d'Auxerre, lui donna la terre et la seigneurie de Villeneuve-sur- Allier, et lui con- fia les sceaux du royaume. Au quatorzième siècle, Messieurs, nous ne ren- controns rien qui rappelle la haute culture que les intelligences avaient reçue au treizième. Alors éclate la guerre de cent-ans; guerre à la fois étran- gère et civile, qui ne laisse aucune province, aucune ville, aucun hameau à Tabri de ses atteintes; guerre affreuse et démoralisatrice, où les guerriers passent sans scrupule d'un drapeau sous l'autre, n'ayant plus d'autre règle que leur intérêt , d'autre mobile que Tappât du butin ou d'une solde plus élevée. Si la guerre donne un riche développement à certaines facultés de l'intelligence, elle entraîne à sa suite la dévastation et la misère, elle intimide les arts libé- raux, qui se taisent ou se cachent d'épouvante. Dans cette guerre, plus d'un Niverniste se signala par son courage et par ses services , mais nul plus que François Bureau, seigneur de la Rivière, près de Donzy. Nous le voyons mériter l'amitié de Charles V, recevoir son dernier soupir, «et aller, une fois » mort, dans les sépulcres de Saint-Denis, reposer à » côté du brave Du Guesclin, aux pieds d'un maître 1 qu'ils avaient l'un et l'autre fidèlement servi » A mesure que la guerre de cent-ans se ralentit, on tend à se porter aux frontières en se dégageant des complications de la guerre civile ; les arts de la paix refleurissent dans le Nivernais et les choses de l'intelligence reprennent leur empire. Alors Jean d'Armes enseigna le droit avec un vif éclat à Paris, et reçut en récompense de son talent et de sa vertu, la présidence de la première cour de justice du — 385 — royaume. Son contemporain et son ami, Jean de Ganay, devint membre du conseil de Ctiarles VIFF; il le suivit en Italie» et guida son inexpérience à tra- vers les détours et les perfidies de la politique ita- lienne. Louis Xll le nomma premier président du parlement de Paris et lui confia en 1507 les sceaux de France. Le chancelier niverniste a signalé son passage aux affaires par plusieurs ordonnances toutes marquée^ au coin de Tutilîté publique ; la plus importante est celle de 1510, qui invita les provinces de France à rédiger leurs coutumes, et prépara ainsi l'unité de notre législation française. Nous sommes en pleine renaissance. Le Nivernais, Messieurs, ne resta pas étranger h ce grand mouve- ment qui emporta les intelligences vers l'étude de l'antiquité, et qui renouvela parmi nous les arts et la littérature. Parmi les hommes qui se sont alors signalés, permettez-moi devons citer Jean Àrnolet. Tessier de Ravisy et Théodore deBèze. Jean Ârnolet fut savant humaniste et poète distingué ; ses hymnes latines sont animées d'un pieux enthousiasme. C'est assurément rendre à cet homme un honneur mérité que le nommer à cette fête de famille : les échevins de Nevers lui confièrent en 1524 la direction de notre collège qu'ils venaient de fonder. Jean Tessier de Ravisy mérita la reconnaissance de son temps et la nôtre, jeunes' élèves, en nous facilitant l'accôs du Parnasse latin par ses travaux, en réunissant en un seul livre tout ce que les anciens savaient de leur mythologie et du monde, en classant dans un ordre nouveau les connaissances de son temps (1). Ses poésies latines excitèrent une admiration telle qu'on alla jusqu'à l'égaler au Cygne de Rlantoue. L'univer- sité de Paris fut heureuse de lui confier les impor- tantes fonctions de recteur. Théodore de Bèze s'éleva tout d'abord au premier rang des poètes latins du seizième siècle. Il faisait partie, dit un vieil auteur. (1) Voir la Notice de M. E. Cougny sur les travaux de Jean Tessier de Rarisy. "'"r-^i^.^r"^--' — S86 - (le celte compagnie qui eutreprit la guerre contre l'ignorance, et fut comme Tavant-coureur de Ron- sard et des autres poètes (1). Mais, tout en favorisant le goût de l'antiquité, il se prononça, avant Malherbe et Boileauy contre ces écrivains, qui cutdoienty dit Pasquier^ enrichir noire langue en l* accoutumant à la grecque et à la romaine. On ne sait où se serait arrêté le génie littéraire de Théodore de Bèze ; mais tout-à- coup il renia son passé et se jeta dans l'hérésie où il devint le bras droit du calvinisme, et oublia, non-seu- lement sa foi native, mais encore l'aménité de ses mœurs et la douceur de son caractère , en écrivant l'apologie du supplice de Servet. En même temps et sous de meilleurs auspices sll* lustraient Henri Ferrandat de Nevers, Guy Coquille et Guillaume Joly de Decize, Nicolas de Langes et Simon Marion. Henri Ferrandat enrichit de notes précieuses le Spéculum Juris qui s'imprimait à Lyon, etfacillla par ses travaux l'étude du droit Guy Coquille vous est connu, jeunes élèves, et plusieurs d'entre vous ont pu saluer à Decize la statue du grand jurisconsulte, de l'intègre député, de l'homme simple et pur, qui sut préférer à l'éclat de hautes fonctions près du trône royal sa position modeste au bailliage ducal de Nevers. Vous dirai-je que, tout en restant catholique, il n'épousa aucune des passions de son temps, et qu'avec l'aide de son confrère et ami,, le sage fiolacré, il parvint à pré- server Nevers des sanglantes exécutions de la Saint- Barthélémy? Ailleurs, le Guy Coquille de notre temps a dignement célébré son illustre compatriote, e la magistrature française s'est inclinée avec res- pect devant ce vertueux et sage maître qui donna l'exemple de toutes les vertus'chrétiennes, et dont les écrits éclairent d'un jour si vif l'histoire de sa pro- vince natale, l'histoire politique de la France au seizième siècle, enfin la science do droit. (tjPàsqoier. — 387 — Son ami, Nicolas de Langes^ u^a rien écrit; mais il encoQragea par son exempie et ses libéralités le goût des lettres, et il fut le seul des magistrats de Lyon qui s'opposa au massacre des huguenots (1572). Simon Marion devint le premier des avocats de son temps, en s'efforçant de dégager l'éloquence Judiciaire de Férudition pédantesque alors à la mode ; il était, disait-on, Vestoile resplendissante du parle- ment de Paris. Enfin Guillaume Joly fut lieutenant-général de la connétablie et maréchaussée de France ; il éclaira par ses travaux la marche de la*justice militaire, et publia celles des œuvres de Guy Coquille qui étaient encore inédites. N'oublions pas de placer à côté de ces hommes de paix deux des plus grands hommes de guerre du seizième siècle, François l*' de Glèves, duc de Nevers^ et le maréchal de Bourdillon, qui ôontribuèrent Tun et l'autre à la défense de Aletz contre Charles-Quint, sauvèrent l'armée française après la défaite de Saint-Quentin (1557)^ et arrêtèrent les progrès da vainqueur. Sa vary de Brèves, élevé en 1582 à l'ambassade de Constantinople, se montra digne de ce poste, malgré sa jeunesse; il gagna l'amitié du sultan Moo- rad III au roi Henri IV, et il conclut avec Ahmed I*' le glorieux traité de 1604, qui renouvelait nos an- ciennes capitulations avec la Porte, plaçait les catho- liques du Levant, les Lieux-Saints et le commerce deschréliens avec l'Orient sous la proHection du dra- peau français, et enjoignait aux corsaires de Bar- barie de mettre en liberté les captifs de notre nation et de respecter nos vaisseanx. Avant de quitter l'empire des Ottomans, < Savary voulut s'assurer par lui-même de l'observation de la . foi jurée. » Dans ce but, il parcourut les lies de l'Archipel et de Chypre, la Syrie, le Mont-Liban et les Lieux-Saints, l'Egypte et les côtes d'Afrique, s'arrêtant partout où le commandait l'intérêt de la — 388 — religion et de rhuoianlté^ réclamaDt l'exécution du traité dans Alger et dans Tunis, et courant plus d'une fois le danger de la vie au milieu de ces repaires de pirates et de renégats, aussi âpres au gain qu'intolé- rants sectateurs d'une religion qui met le paradis à Tombre des épées. A son retour; il dut aller à Rome, comme seul capable de rétablir rinfluence française en Italie et de démêler sans guerre les inextricables embarras de la succession des Gouzague, où ies princes de Nevers étaient intéressés. Savary n'est pas seulement un habile et coura- geux dipion^ate ; c'est un observateur judicieux et fin» qui a deviné, la décadence de l'empire ottoman et la grandeurfuture des MoscoviteSyquin'attendaieut que le règne de Pierre-le- Grand pour étonner et presque épouvanter l'Europe. Il est le vrai fondateur de l'orientalisme en Occident. Aussi familier avec les langues parlées sur les terres musulmanes qu'avec les langiies anciennes et les Langues des peuples chrétiens, ilT«tpportadu Levant nombre de manus** crits turcs, arabes, persans et syriaques, et ùi graver plusieurs corps, de caractères orientaux avec lesquels on imprima d'abord le glorieux traité de 1604. Ces manuscrits et ces caractères servirent, avant la mort de Savary, à mettre en lumière les travaux d'un jeune Orientaliste du Nivernais, Jean Duval de Glamecy. Envoyé en Asie par les devoirs de Tordre religieux auquel il appartenait par ses vœux, Jean Duval parcourut la Perse et la Terre-Sainte, refusa l'évôcfaé de Nazareth et revint porter à la France l'hommage et le butin de ses conquêtes. C'est à lui que fut destiné à sa'création l'évéché de Babylone ; et il n'usa de son influence et de ses richesses que pour fonder à Paris l'un despl|jis utiles établissements destem{)s modernes, le séminaire des Missions étran- gères, d'où partent incessamment ces pacifiques soldats qui conquièrent des âmes à la foi et des ccears à la France. Quand on parcourt les campagnes de la Nièvre et que rœil s'arrête sur ces ormes séculaires qui ornent ou la grande place du village ou les abords de nos églises nivernaises, on demande quelle main bienfai- sante a jadis planté ces arbres gigantesques, et Ton s'assied à l'ombre de leur vaste feuillage , en bénis- sant le nom de Sully. Avec plus de vénération et de reconnaissance nos yeux s'arrêtent sur les immenses services ren- dus par les sœurs de la Charité de Nevers. Deux prêtres du Nivernais en sont les fondateurs: I un, Jean Delavenne , avait réuni « dans sa ville natale de Saint-Saulge , quelques personnes pieuses pour soigner les pauvres femmes malades , et leur avait donné une règle de conduite ; l'autre , nommé Bolacre, anima de son esprit de cbarité quelques dames de Nevers, demanda l'aide et les conseils des coopéralrices du bon Delavenne ; et, au bout de quelques années, se trouva fondée et grandit, sons les bénédictions du ciel et de la terre, la congréga- tion des sœurs de la Charité. Vraies sœurs de miséri- corde, comme on les appela d'abord, on les volt au- jourd'hui dans les hôpitaux endormir ou tromper la douleur sous la magie de leurs soins pieux; dans les salles d'asile guider par la main les petits enfants pour leur apprendre à marcher d'un pas sûr dans la vie; enfin, dans les écoles, initier les jeunes filles à des connaissances dont elles trouveront plus tard l'utile appÏÏcation dans leurs ménages. L'arbre > planté par les vénérables Delavenne et Bolacre, abrite aujourd'hui le monde enlier. Après eux , vous parlerai-je de ce menuisier de Nevers , d'Adam Billaud , dont le talent poé- tique plut à Richelieu et fut célébré par Corneille; de ce Roger de Piles de Clamecy , qui fut un peintre distingué au temps de Poussin , de Lesueur et de Lebrun , rhistorien des hommes de son art et un habile diplomate , à l'époque des Pomponne et des Torcy ? Puis, c'est Leprestre de Vauban que la Bourgogne laous dispute en vain. Né à Saint-Léger-deFougeret, 4 roUDATHUlt DU KUtÉB DB L*UOTEL-DB-VILLE DK KITKR»^ NOTICE L«e à la Société Nivernaise des lettres, sciences et arts\ 11 est des hommes quù sans être doués de ces talents qui font Tadmiration publique » savent . par des qualités moins brillantes, par l'esprit d'ordre , par le goût du travail, par l'amour desJnvesligalions^ se rendre utiles, laissent après eux d'honorables souvenirs et perpétuent, pour ainsi dire « leur trop courte vie ici-bas, par des services qui ne meurent point avec eux. Ils n'ont été ni poètes , ni artistes , ni législateurs, ni généraux d'armées ; et cependant, dans la sphère modeste où Dieu les a fait naître , ou leur a permis de se placer, ils ont fait plus que briller : ils ont été utiles. Tel a été M. Gallois, tel est l'homme que la Société Nivernaise et l'Archéo- logie regrettent, tel est celui qu'une affluence con- sidérable d'amis accompagnait, le 15 février 1852 , à sa dernière demeure. M. Jacques Gallois est né f\ Nevers , le 15 octobre 1790^ au moment où la vieille société disparaissait pour toujours. !^es premières années d'enfance se passèrent assez calmes; et dès qu'il eut acquis ces premiers éléments des sciences qui permettent à l'in- telligence naissante des éludes plus élevées, il entra au collège de Nevers. Les programmes des prix^ imprimés à la suite des Annuaires de Gillet, font foi du travail et des succès du jeune élève. M. Gallois puisa , dans l'enseignement élevé du collège, le goûl — 395 — des choses sérieuses et l'amoar de tout ce qui peut oruer ou développer les diverses facultés de TiDtel* ligcDce humaioe. Daos un âge avancé , M. Gallois se souvenait encore de ces luttes d'émulation où l'esprit seul est en jeu ; et il parlait avec amour de ses jeunes années partagées entre le travail et les jeux , de ses camarades de classe dont il était resté Tami , de ses matlres, et surtout des leçons qu'il avait reçues de l'excellent M. Millot. On voit , au musée de l'Hôtelde-Ville de Nevers des tableaux ^ quelques d(îssins et plusieurs modelages en terre, dus au talent de ce dessinateur habile ; !V]. Gallois , en les sauvant de la destruction > a noblement payé la dette de sou adolescence. A l'âge de vingt-trois ans, M. Gallois entra comme piqueur dans les ponts et chaussées 11 ne resta pas long-temps dans ce grade inférieur, et bieniôt il fut nommé conducteur; la rigueur exclusive des lois existantes l'a seule empêché de s'élever plus haut. Comme conducteur, il mérita Testime de ses chefs, qui lui confièrent l'étude des routes à tracer dans le département. C'est dans les courses et les travaux qu'il eut à faire comme comme conducteur, qu'il s'étonna de voir î\ chaque pas les débris du passé Apparaître à ses pieds. 11 comprit de suite l'impor- tance de ces découvertes acndentelles , par malheur perdues trop souvent pour la science. Aussitôt il se mil à faire de l'archéologie, alors que personne n'y songeait dans le pays , notant soigneusement les faits observés, et recueillant av<îc amour tout ce que la pioche et la bêche pouvaient amener d'intéressajit à la surface du sol. L'ignorance peut se raiiler de ce goût singulier qui porte l'archéologue à s'entourer de vieilles pierres et de pots cassés ; mais ces vieilles pierres et tes pots cassés sont de vrais monuments d'histoire que le temps a brisés, et dont les restes précieux viennent confirmer, souvent éclairer d'un jour nouveau et compléter les monuments écrits. C'est ainsi qu'a commencé le cabinet de M. Gallois. A ces débris soigneusement recueillis, M» Gallois. — 392 — ce comte de Damas -Crux^ qui api>ela sous les dra« péàux de âôn ' r^imefit de £iiuosiD une fouie de Icunes. Nivernais qui iui'dui%û(: le commencement de içur fortune ou de leur gloire ; ce Michel Desfossés qui, en arrêtant Tarmée anglaise sur le pont de Toulouse, donna au maréchal Souille temps de préparer notre dernière victoire sur les Anglais; ce Desfourneaux qui, dans la guerre contre les noirs d'Haïti, sauva son artillerie en s'uttetant lui-même aux pièces, et ces deut généraux de l'empire, Pail- lard de Donzy, et Sorbief, dont les noms figurent sur Tare -de-triomphe de TÉtolie à Paris. Après eux, n'oublions ni ce Marchangy qui fut un écrivain brillant et qui contribua à ramener les esprits de son temps à Tétude sérieuse du moyen- âge ; ni cet Athanase Jourdan, ravi si tôt à la science du droit qu'il éclairait de la vive lumière de ses aperçus historiques'et philosophiques; ni ce Phi- lippe Dupin que le pays regrettera long-temps et dont la mort prématurée a pour ainsi dire décom- plété une trinité de talents et de vertus. Si je ne craignais pas de lasser votre indulgence, il me serait facile de vous montrer , jeunes élèves, que la Nièvre se montre la digne héritière de tant de gloire ; mais je ne puis suivre^ dans toutes les car- rières où ils se distinguent, les hommes de notre , département; et il n'appartient pas à ma faible vois de devancer à leur égard la voix de la postérité. Qu'ils vivent pour notre exemple et pour notre gloire, et que Dieu les conserve long-temps encore aux besoins et aux vœux de la patrie 1 Quant à vous , jeunes élèves , rappelez-vous ce que vous disait l'an dernier une voix bien connue et à laquelle l'élégance du langage n'ôtait rien de son autorité : « Noblesse oblige! » Que ces noms éclatants , que ces glorieux modèles stimulent votre éniul^tion et que leur souvenir anime votre courage. ' En attendant que la patrie vous appelle à prendre part aux devoirs de citoyen, elle vous invite par la — 3»3 - ▼oU de vos parents et de vos maîtres, par la pré- sence dU'diffne chef de cette académie, desbonora- hles. administrateurs de la ville et du département» à ' développer par Tétode les riches facultés que vous avez reçues de Dieu dans Tintérét de Tavenir. La religion elle-même» dans la personne de ses plus éloquents et saiBts ministres, sourit à vos succès; n'enseigne -t-elle pas que le travail est ici-bas ^ loi (les individus comme des sociétés? Vous savez la parabole du serviteur infidèle* , Ne pensez pas que vos obligations diminueront avec Tâge^ Négociants ou laboureurs, médecins du coqps ou de Târoe, guerriers ou magistrats, vous verreii vos devoirs grandir,iii mesure que vos talents et vos services vous élèveront davantage. Non sans doute, jeunes élèves, vous n'êtes pas tous destinés .'i égaler un jour les Bellepercbe, les Guy Coquille et les Vauban; mais tous, dans la sphère où Dieu vous permettra de monter, vous pouvez vous rendre uti- les, selon la mesure de vos forces, et bien mériter de Vos concitoyens. Oui, que vos talents, mûris par Tétude, que vos succ^ attestent partout rinstruciiop que vous avez acquise ; mais avant tout, que puissent ces vertus, dont nous avons reconnu le germe dans vos cteurs, continuer de se développer au soleil de- la religion, fleurir et fructifier, comme ces arbres <|ui nous enivrent au printemps des plus doux par- fums et qui noiiSi enrichissent à Tautomne de leurs fruits savoureux ! C'est ainsi qu'entourés de l'estime et de raffec- tlon de tous , vous serez un témoicrnage vivant de l'éducation chrétienne queivous recevez dans cette maison; ainsi, vous remplirez les vues de la Provi- dence à votre f^gard ; ainsi vons ne serez pas indignes de vos illustres devanciers.. : i à \ — 390 — d'une famille nivernaise, sur une lerre nivernaise, le Jeune Vaubnn vivait au milieu des petits paysans de dOii père, lorsqu'on religieux, qui passait, remmena à son couvent de Semur. L'eofant y apprit rapide- uienties langues anciennes, les mathématiques et le dessin ; puis il s'attaclia à la fortune du grand Gondé qui faisait la guerre de la Fronde, et tout d'abord ii donna des leçons de tactique, d'attaque et de défense à des généraux blanchis sous les armes. Mazarin fut [leureux de le gagner au service du roi et commença sa fortune. Nous ne voulons pas suivre dans son vol cet aigle du génie militaire ; qu'il suffise de dire que cet bomme étonnant a pris part à 140 actions, con- duit 53 sièges, réparé ou élevé 333 places de guerre, véritables Thermopyles dressées par lui sur nos frontières et qui trouveraient au besoin des Dau- mesnil ou des Léonidas. Affligé de la détresse oit les guerres et les magnffi- - cences de Louis XIV avaient réduit les campagnes, il rêva une société conforme à l'esprit de l'égnllté chrétienne, et, pour arriver à la réaliser sur la lerre, il imagina l'égalité de l'impôt. II présenta le projet de la Dyme royale à Louis XÏV ; mais il avait prévu l'inutilité de ses ciTorts : le mémoire final déduit les raisons secrètes qui devaient s'opposer et qui s'op- posèrent en effet à la réforme proposée. Vauban écrivit aussi nombre de mémoires qu'il intitula mo- destement mes Oisivetés; mais là se trouve la solu- tion des problèmes les plus dignes d'occuper les méditations du sage et de l'homme d'état. Ces tra- vaux, publiés de nos jours, ont augmenté la gloire de ce grand génie; il est le créateur de l'économie politique. Après Vauban, que vous dire de tous ces hommes distingués qui ont soutenu la gloire du Nivernais au dix huitième siècle ? L'éclat éblouissant de ce grand nom ne fera-t^il point pâtir tous les autres? Et cependant il y aurait injustice à n(^, pas donner même un souvenir à cette illustre famille des Lamoignon, — 391 - qui a tenu si long-temps d'une main ferme le glaive de )a justice, plus d'une fois ies sceaux de France, et dont le dernier représentant fut le défenseur de Louis XVI ; à ne rien dire de ce Germain de Chau- veiln qui devint, en 1727, chancelier de -France, et qui conclut en 1735 le seul traité glorieux du règne de Louis XV, le traité de Vienne qui nous donna la Lorraine ; a laisser dans l'oubli le médecin Berryal de Clamecy, à qui le temps seul manqua et non le génie ; le jésuite Laborde qui inventa le clavecin électrique et avança par sesexpériences l'application deTélectri- cité à la télégraphie ; le grammairien Bazot, dont les décisions font encore autorité ; l'abbé Kadonvilliers, qui fut précepteur des enfants de France et écrivit pour eux des livres où revit la manière de Fénélon ; enfin les doux Brotier deTannay; l'un, savant éditeur de Pline et restaurateur ingénieux de Tacite^ l'autre, continuateur intelligent et dévoué des travaux com- mencés par son oncle. Il faudrait plus qu'une men- tion au dernier duc de Nivernais, qui servit la patrie avec la plume et avec l'épée, qui fut poète élégant et pubUcIste distingué, qui n'émigra pas, qui souffrit avec la plus douce résignation la perte de ses hon- neurs et la captivité, et mourut h l'âge de quatre- vingt-deux ans, regretté de tous, mais surtout des gens de son duché où vivait encore le souvenir de sesl)ienfaits: la révolution qui avait brisé tous les liens de servitude, n'avait pas dénoué ceux de la reconnaissance. Saluons en passant le restaurateur des forges de Guérigny, ce Babaud de La Chaussade, dont les efforts, pendant la guerre de l'indépendance , aidè- rent notre marine à se relever ; le baron de Bour- going qui rattacha l'Espagne à la politique de la France pendant la révolution, et en fit notre plus fidèle alliée contre l'Angleterre; ce marquis de Bonnay qui présida plusieurs fois ta Constituante, qui porta dans les assemblées politiques et dans la diplomatie son esprit fin, souple, délié, capable des affaires, et une loyauté que rien ne put faire dévier; ^-*r---N^6fe::^2t3^^ — 396 — a joint toul ce que )e pays lui a offert de vieilles monnaies 9 d'antiques médailles, les œuvres d'art enfouies dans les greniers ou pendues dans les vieilles ferrailles • les faïences de Ncvers, des briques émail^ lées, des émaux de toul genre, et tout cela entre- mêlé de porcelaines de Sai^e^ de Chine , de Sèvres,, du Japon . des crucifix , des statuettes , des reli- quaires , des sculptures du moyen âge et de la re- naissance , des bagues, des colliers, des. bracelets v- des armes, de toutes les époques, en un mot tbiis le» objets du passé qui arrivaient ciUre ses mains. . Et cependant M« Gallois ne laissait rien. échapper de tout ce qui pouvait constituer une collection d'un nouveau genre: l'histoire purement intellectuelle du pays; ramassant et conservant , impritnés ou maous" crits , les vers des poètes , les commentaires des légistes , les recherches des historiens et des philo- logues , les dissertations des philosophes , lesobser- valions et les théories des économistes. De cette manière,.il a formé une collection assurément unique en France, Tensemble de tous les travaux purement intellectuels du Nivernois. C'est jour par jour et pour ainsi dire pièce à pièce, et à la suite d'un travail incessant de quarante ansi,, que M. Gallois est parvenu à se former son cabinet de curiosités, envié par plus d'un amateur, et sa bibliothèque nivernaise. Tout le monde sait que ce cabinet et cette bilHiothèque sont devenus le musée de rHôtel-de-\ille de Nevers, par la cession volon-. taire que M. Gallois en a faite en 1847. J4es travaux d'investigation de M. Gallois l'avaient mis en rapport avec les hommes les plus distingués de la science archéologique : M. Duchalais, conser- vateur des médailles à fa bibliothèque nationale ; M. LetronnCy qu'il suffît de nommer ; M. Riocreux^ conservateur des musées céramiques de Sèvres; M. Cartier, le savant auteur de la Numismatique française; les antiquaires MM. de Lonpérier et Jo-» hannol; le savant M. de Caumont, et tant d'autres,, qu'il serait trop long de nommer. Presque dès îe. - 397 -- principe., il avait éjé.reçv ,in^inbre.de i^ Sociéié Frapçaise poiir.|à conservaUop des monuments , et ce titre n'était pas pour lui \ine vaine sinécure. i>J. Galipisa fourni aux Almanach et aux Annuaires du département, de IS/tO h 1852^ dçs notices dé- taillées sur les médjailies trouvées dans le département de ta Nièvre durant cçs douze dei;nières années. ,| Historien du Nivernais , je rends hommage plus que personne à inépuisable obligeance d^ M. Gallois', toujours disposé à bien accueillir les étrangers et les gens du pays, qui voulaient s'instruire en visitant ses riches collections. Pour mon compte, je l'ai toujours trouvé prêt à m'éclalrer de ses lumières et de ses conseils^ et nulle partie de ses trésors archéologiques ne m'est demeurée cachée. M. Gallois m'a admis à tout voir, à tout toucher, et je lui dois les plus pré- cieuses indications sur la direction des voies romaines à traversle Nivernais et surtout à travers le Morvand* qu'il avait exploré dans tous les sens et comme sil- lonné de ses fructueuses investigations. Nul ne l'a jamais mieux connu que lui : dolmens, menhirs^ pierres percées , pierres dansantes ou tournantes , arbres ou fontaines sacrés , voies antiques , manoirs féodaux ou de la, repaiss^pce, curieuses églises, traditions qrales; ij avait tout.vi^ , tout recueilli , il savait, tout dans le Mprvand./ L^ langue d,u pays né lui était paSi étrangère:? et il parlait morvandiau tout aussi l^),en qqe les paysans.de Gâcogne ou d'Arleuf^/ ,,L\i. Cougoy» l'tjm de.^ coqservatf^urs dq musée qui devrait s'appplei^ }e Muséf. Gq^oi^ ^ comme, celui d,e la porte du Croux J^usée Tertpré, a pieusement re~ cueilli toutes les notes et les dessins de son beau- père, et les a déposés daçs la bibliothèque nivefnaise. Npus y remarquons des notes curieuses sur le pays , des dessins d'objqts antiques, des coupes de tumulus et de voies rp^taines , dont M. Gallois ,a luirpiême constaté la, construction, çtl la ns^tuçç, enfin une csrrte archéologique diiMorvand;,, qtje )â Société Niver- n^iise jugfsra peut-être utile de fwe ythogRaphiçr pour son; bulletin., Jp rappelle, ipi avec recpn^nais- Marie-Madeiaine-Gharlotte-Michel y est aussi très^ fanatique. . . . que leurs enfants ont émtgré. . . . etc. Et maintenant , suivez moi k Paris. Nous soinmes au 4 thermidor , — 27 juillet 1794, — devant le tribunal révolutionnaire. Sont condamnés à mort et exécutés pour les faits que nous venons de rappor- ter, Claude-Laurent d'Uxeloup père, un de ses fils, qui l'avait accompagné ù Paris, sans être lui-même sous le coup d'aucun jugenaent , et vingt autres per- sonnes de Nevers, peut-être, la plupart , complices de la messe de minuit. La confrérie des Plats , h JVererà , an treizième «lècle. Fralernitas ferculorum» Le moyen-âge, si fécond en confréries religieuses de toute espèce , en avait vu naître une dans notre antique cité , dont l'objet , dont le nom même est aujourd'hui à peu près entièrement ignoré. Nous voulons parler de la confrérie des Plats ou des Festins , Fraternitas ferculorum. Voici ce que nous en apprend Parmenlier , qui , le premier, et pro- bablement le seul jusqu'à présent, nous en a révélé l'existence : « AU mois de mai de Tannée 1223 , Tévéque Re- nauld rendit un décret par lequel il dit, qu'en fa- veur des pauvres de l'Hôtel-Dien de Nevers, il accorde aux instances de plusieurs personnes pieu- ses) que les serruriers, maçons et charpentiers de la ville de Nevers , reçus dans la confrérie des Plats, Fraternitas ferculorum, — lesquels plats on est dans la coutume de porter aux environs de la fête de la — kOl — Chandeleur, — puissent élre enterrés à l'Hôtel- Dieu, nonobstant toute excommunication générale par lui prononcée en U ville , pourvu toutefois qu'fls en fassent la demande dans leur dernière maladie , et qu'ils ne se trouvent point . en mourant , dans le cas d'une excommunication personnelle. • • Ce décret, ajoute Parraeniier, peut être regardé comme une sorte de modification, apportée à la rigueur des censures prononcées par le prélat contre une conirérle 'probablement indécente ou ridi- cule (1). » De ce décret de TéVêque Renauld, deux faits res- tent acquis : 1" au treizième siècle existait à Nevers une association religieuse, de différents corps de mé- tiers , sous le titre de Confrérie des Plats ; 2" cette confrérie renfermaitalors quelque indécence^ quelque ridicule ou de fond ou de forme , puisque l'évéque avait cru devpir la frapper d'abord de censures , dont il modifia ensuite la rigueur. Quelle est cette confrérie des Plats, qui se célébrait aux environs de la Chandeleur? qu'avait-elle de réprébensible pour avoir encouru les censures ecclésiastiques ^ Telle est la double question que peut soulever le passage de Parmenlier que nous venons de citer. Ducange, qui énumère dans un très grand détail les confréries religieuses du moyen -âge , n'en \cite poini , il est vrai, sous le titre de Fraiemitas fercu- /orum, mais il signale la fête de Saint- Pierre-des- Plats ou des Festins, Festum sancti Pétri Epula- rum (2), la môme que la fête de la Chaire de Saint- Pierre à Antioche. que l'Église célèbre le 22 février. « Cette fête de Saint-Plerre-des -Plats, dît-il, e^i ainsi appelée , parce qu'en ce jour les païens fai* salent des festins aux tombeaux dé leurs parents, — on la nommait encore Cansda^ ou Cara cognatio , (t) Hitt. manuscrite des Évéques de Nevers, (S) Glossairk, h ce root\ placer soo appareil au Conservatoire des arts-^t-, métiers. Un assure qu'il . y en a un semblable au mi^ée de la inariae. M. Bouys en avait fait un autre exemplaire pour loi. M"' Brotîqr, qui en était devenue propriétaire h la mort de son frère, s'en dessaisit en faveur de la Spciété Nivernaise. La Société a accepté avec reconnaissance ce cu- rieux appareil , dont elle a admiré fout c luachine. Tout le monde couualt ici le magnifique obélisque qui orne la place de la Concorde à Paris. Il est en granit rouge et vient du village de Louqsor , qui rampe au milieu des ruines de Thèbes; c'est Tin- génieur M. Lebasqui a présidé à son enlèvement^ h son embarquement sur le Nil , à sa traversée sur la Méditerranée et la Seine 9 à son débarquement à Paris et à son érection. L'obélisque avait été ébranlé de sa base le 1*' no- vembre 1831 ; il fut érigé à Paris le 25 octobre 1836. Il avait donc fallu cinq ans pour mener à bien cette difficile entreprise. Un de nos compatriotes, iM. Bouys, émerveillé de cette prodigieuse opération de Tingénieur M. Lebas, voulut reproduire en miniature son ingénieux appa- reil. Après avoir mesuré la dimension et le poids de la fameuse aiguille, il en fit une petite , qui repro- duisait exactement la grande sous le double rappqrt de la dimension et du poids , fabriqua , dans les rapports de dimension et de force , toutes les pièces du mécanisme inventé par M. Lcbas, les réunit, les monta , ci il eut la satisfaction de voir marcher sa miniature avec la justesse de la machine qi:i lui avait servi de modèle. Alors il montra son travail a M. Lebas. L'inventeur, étonné des calculs cl de Topiniâtre application de son imitateur, Tencou- ragea , lui donna quelques conseils de rectification , et y ajouta le don du grand ouvrage où il avait con- signé. tous les calculs et les opérations qu'avaient nécessité le déplacement, le voyage et l'érection de l'obélisque. M. Bouys se remit à l'œuvre , corrigea ce que son travail avait de défectueux , et produisit un nouveau modèle , qu'il soumit à l'examen de M. Lebas. Celui-ci le trouva si parfait , qu'il appela l'attention du gouvernement sur son habile imilaleur , et fit — 404 — préciséiDeDt 'du souvenir des parents y xognati , qni en étaient l'objet ; et il renvoie au docteur Belelh et à Durand de Mende. Nous croyons devoir faire remarquer que Belelh , auteur liturglste , chancelier de Tuniversité de Paris , écrivait sur la fin du douzième siècle , et Durand, évêque de Mende, dans le courant du trei- zième siècle. La fête qn ils décrivent se rapporte donc parfaitement à Tépoquepù l'évéqne de Nevers frappait de ses censures la confrérie des Plats. Écou- tons maintenant Beleth : « Vers le même temps, — il vient de parler de la fête de Saint Biaise 9 S février, ^^ on a coutume de célébrer la chaire de Ssûnt Pierre, tant à Rome qu'à Antioche (1 } ; mais la commémoration de la chaire de Saint* Pierre à Antioche est la plus solennelle; on rappelle aussi fête de Saint- Pierre-des-Plats. C'était la coutume chez les anciens païens que tous les ans , à un certain jour de février, ils apportassent des mets aux tombeaux de leurs parents. Ces mets étaient consommés ia nuit par les démons ; ils avaient là persuasion aussi fausse que ridicule que les âmes en étaient soulagées; ils pensaient donc que ces mets étaient consommés par les âmes errantes.au- tour des tombeaux. Cette erreih''superstitieusen'apu qu'avec peine être extirpée (lu milieu des chrétiens ; ce que voyant de saints hommes, et voulant éteindre entièrement cette coutume,, ils instituèrent la fête de la Chaire de Saint-Pierre , tant â Rome qu'à An- tioche , et )a fixèrent au jour même oii avalent lieu ces abominables pratiques des païens , afin de les abolir, en y substituant cette solennité. C'est de ces festins que la fête fût appelée par eux la fête de (1) Dans le principe, ceUe commémoration de rétablissement delà chaire de Saint-Pierre à Antioche et à Rome secé^ébrait le mémeiour,2S février ; c'est le pape Paul lY qni en fit deux félea distinctes, et fixa au 18 janner celle de la chaire de Saint- Pierre à Rome (t5^8:l. Sailli Fierre-des Plats (1). » Duraod ne fait qae re- prodatre le maître Jean Belelb, Secundùm vmgistrum Joan. BeUih (2). Sealement il cite le nom de la fête de Saint-Herre-des- Plats comme encore iisUé de son temps. Il n'cfitre pas dans le but qoe aoos noas proposons de disserter sor cette pratique de déposer des inels sur les tombeaux. Nous en trouverions des traces , et dans les livres saints, où nous lisons, parmi les avis de Toi>ie à son ûls, celui-ci : « Mettez votre pain et votre vin sur le tombeau du juste et gardez-vous d'en manger et d^en boire avec les pécheurs (3) , • et dans saint Augustin , qui cite ce trait de sainte Monique : t Ma mère ayant apporté aux tombeaux des martyrs, seloB l'usage de V Afrique, du pain, du vin et des gâteaux de riz , le portier de Téglise lui opposa la défense de Tévêqoe ; elle reçut cet ordre avec une pieuse soumission , et Je l'admirai > en la voyant renoncer avec empressement à sa coutume, plutôt que de discuter la défense (iï). » Toutefois , de ces témoignages , qu'il nous serait aisé de multiplier , il résulte que l'usage d'offrir des mets sur les tombeaux des défunts n'était supers- titieux que dans ie sens qu'y attajchaient les pateDS; et pour cooeiore suv la confrérie des Plats à IMevers en 1223 , nous nous croyons autorisé à dire : €e n'est autre chose que In fête de Saint- Pierre- des- Plats I qui. en effet, se célébrait « aux environs de la Chandeleur. » Les plat^ qu'on avait coutuoie d'offrir en cette fôte, à l'ùiteolion iïes morts, étaient, vraisemblablement, déposés à i'HôteMMeu de Nevers pour les malades. A cette [Nratique bonne et légi- time , les confrères , vraisemblablement encore , avaient mêlé quelques-unes des superstitions con- (1} IH^inoTum offU, expUcatio. , c. lxxxiii. (2) Ralionale div. offlc., lib. vu, c. viii. IX) Lib, Tobiœ . c. iv, r. 16- U) Conférions de saint Augustin. 29 — 406 — servées des païens, puisque Tévéque sévit coDlre em. EnfiD , la confrérie a pu subsister encore après la censure ecclésiastique, qui ne frappait que sur les abus , puisque l'évéque 9 • pour qu'ils puissent être enterrés à THôtel-Dieu, » n*exige autre chose, si ce n'est 4 qu'ils en fassent la demande dans leur der- nière maladie, et qu'ils ne se trouvent point, en mourant , dans le cas d'une excommiinicatlon per- sonnelle. • Dimanche des Brandon». I. Brandon , dit Ducange , vient du mot allemand brand , et signifie torche , flambeau. Nos pères ont donné au premier dimanche de Carême le nom de dimanche des Brandons. Les usages populaires ont maintenu ce nom jusqu'à nous. Voici la raison qu'en donnent les auteurs liturgistes. Le premier dimanche de Carême , les jeunes gens , principalement ceux qui s'étalent abandonnés à une joie trop dissipante pendant le carnaval, yenaient se présenter à l'église, le brandon à la main. Ils demandaient la pénitence, qui leur était imposée pour tout le Carême, jusqu'au jour de l'absolution ou du jeudi-saint. Quoique cette cérémonie ait été depuis avancée au mercredi des Cendres, où commence maintenant le jeûne quadra- ^ésimal, le nom des Brandons n'en est pas moins resté attaché au premier dimanche de Carême. IL A remonter plus haut, nous découvrons dans la cérémonie des Brandons un caractère bien moins grave. Beaucoup d'usages^ remontant au pa- ganisme, s'étaient perpétués dans le sein même du christianisme, en autres les danses , qui , malgré les prohibitions réitérées de l'église , avaient lieu soit — 407 — anprès des églises, dans certaines circonstances; soit amour des tombeaai des martyrs, à l'occasion de la fête de ces saints; saint Augostin, saint Césaire et tous les pères s'élevèrent avec force contre de sem- blables usages « mais long- temps encore il en resta des traces. Dans les statuts de saint Aunaire » évéque d' Auxerre , vers 581 , un article porte : • Il faut em- pêcher les laïques de danser dans Téglise, d'y cbanter des chansons on d'y donner des festins. » Mais, repoussée de l'église , la danse des Brandons s'ins- talla sur la place publique. Il parait que tout n'était pas innocent dans ces danses nocturnes du premier dimanche de Carême , à la lueur des brandons; car on cite plusieurs ordonnances de nos rois qui les défendirent III. Dans la partie du Nivernais qui appartenait à l'antique diocèse de saint Aunaire (1), il est encore d'usage aujourd'hui de se réunir en famille le soir des brandons ; on danse , non plus au son bruyant de la musique ordinaire » mais au chœur des voix. La soirée se termine par une simple collation , oii Ton sert des beignets. Elle offre cette particularité que ce sont les plus jeunes époux de la parenté , les derniers mariés dans l'année • qui la donnent Ne serait-ce pas la danse des Brandons, exclue successivement de l'église et de la place publique , se réfugiant dans le sanctuaire de la famille ? Gela mms parait vraisemblable. Mais pourquoi est-ce aux derniers mariés d'une famille à inaugurer leur mé- nage, en payant les beignets, le soir du dimanche des Brandons ? En voici , ce nous semble , la raison : lY. On sait que l'usage était , dans les mariages des païens, que la jeune fille fût conduite le soir à la maison de son époux par des paranymphes , h la lueur des torches. Des traces de cei usage se sont conservées dans le mariage des chrétiens ; c'est ce {i) Cet usage est pratiqué dans tout le Nivernais. — 408 — qae nous apprennent les statnls de l'église de Mar- seille , de 1274 , où il est défendu < qu'à l'avenir mil garçon ou fille n'ose désormais porter ou faire porter des brandons aux veillées des époux , — ad vigiUas sponsarum , — excepté le père et la ni^re de l'é- pouse. » C'était là , à n'en pas douter, des restes de pratiques païennes , et voilà pourquoi l'Église les a proscrits. Mais , comme rien n'est plus vivace dan» le peuple que les usages, il aura transporté au soir du dimanche des Brandons la visite aux flambeaux des Jeunes époux, laquelle , s'épurant d'âge en âge, est arrivée Jusqu'à nous sous les traits d'une simple soirée de famille. Après la lecture de ees notices intéressantes « la dlseifftioo s'engage sur l'excommunication dont l'évêque de Nevers, au dire de M. Millet, s'appuyant sur l'autorité de Parmentier, aurait frappé la con- frérie des Plats. M. Morellet conteste les données de Parmentier,et M. l'abbé Grosnier^adoptant l'opinion de M. Morellet , soutient que cette confrérie devak être protégée par l'église ;ioin de la considérer, dit-ll, comme une réunion dé gastronomes^ comme le nom pourrait le faire croire à quelques personnes , cette confrérie, qu'on voit en action à une époque de Tan- née à laquelle ont lieu les repas multipliés , n'était qu'une association de charité , puisque ses membres portaient à l'hOpital des plats chargés de mets, dont, sans doute, ils dépouillaient leurs tables. Peut êCre encore faisaient-ils ce que font maintenant les petkès sœurs des pauvres , en réclamant pour les pauvres de l'hôpital ce qui restait sur les tables des riches après leur repas. S'il en était ataisi, on comprendrait facilement les privilèges qui leur étaient concédés, cetai entre autres d'être à l'abri de l'interdit dont le pays pourrait être frappé, pourvu que ses membres se rendissent a l'faêpitaK auquel, comme on l'a re- marqué, les confrères offraient des plats de diffé- rents mets aux environs de la Chandeleur. îVl. Morellet rappelle que V Album du Nivernais a parlé de la confrérie des Plats , dont il a cherché à expliquer Forigioe. M. Tabbé Crosnier croit aussi devoir ajouter quel- ques observations au sujet du mémoire concernant les brandons. On a sans doute été étonné , dit-il, de voir saint Aunaire obligé d'interdire les danses , les chansons et les festins dans les églises. Gomme Ta fort bien fait observer M. Tabbé Millet , certains usages du paganisme se sont propagés long-temps encore après l'établissement dti christianisme , mal- gré les prohibitions et même les anathèmfô de l'église. Il faut cependant remarquer que dans les églises on distingeait primitivement cinq parties : deux parties extérieures, le parvis et le narthex , et trois intérieures, la nef, le chceur et le sanctuaire. Il est probable que les danses dans les églises, contre lesquelles les pères se sont principalement élevés , avaient lieu dans la cour qui précédait le narthex ou sous le narthex, et dans le cas où l'abus, poussé plus loin, se fût fait remarquer dans l'intérieur de l'église, c'est-à-dire dan» la nef, on doit se rappeler qne le choeur était séparé de la nef par un cancel ou une olôture , telle qu'on la remarque encore dans plu- sieurs églises du midi de la France, aux catiiédrales de Toulouse, d'Alby, etc., ce qui semblait diminuer l'inconvenance de cette danse. Nos apports sont un reste de cet usage. Le Secrétaire^ E. COUGNY. ^ 410 — SÉANCE DU 9 FÉVRIER 185 A. Siègent au bureau, M. Tabbé Crosuier, président; M. Morellet^ vice président; M. Arthur de Rosemont , remplissant les fonctions de seo^étaire. M. le Président , de la part de M. Demerger, de Ghâtilion, présente ù la Société des médailles trou- vées récemment à Ghâtiilon. Elles offrent par elles- mêmes peu d'intérêt. Ce sont des médailles romaines assez frustes et quelques-unes du moyen -âge, mais elles sont une nouvelle preuve que Châtillon , dont les environs sont si riches en antiquités de ce genre, doit avoir eu , lui aussi , quelque habitation impor- tante dans ces temps reculés. M. Demerger a envoyé aussi des restes d'animaux anlidiluviens; quelques-uns, surtout un ammonite et un oursin , paraissent dignes d'avoir une place dans la collection minéralogique de la Nièvre et y seront déposés. La Société 9 sur la demande de M. le Président, vote à Tunanimité des remerctments à M. Demerger, et décide que pour lui donner une preuve de son intérêt, elle lui offrira le titre de membre de la Société, qu'elle sera heureuse de lui voir accepter. M. Chevillot, notaire, est, sur sa demande et la proposition de M. le Président, nommé membre résidant. M. Morellet fait part à la Société d'une décou- verte qu'il vient de faire , c'est un acte de vente, du treizième siècle , d*un terrain situé dans la paroisse de Chevenon , et qui offre quelqu'intérêt , en rela- tant d'anciens usages assez curieux. Cet acte , passé .1 Nevers, est revêtu du sceau de i'officialité de révêché ; ce sceau est celui qui a été décrit dans Y Album du Nivernais^ il porte au milieu la figure d*UD — ail — évêque , crosse et mitre , et pour légende : Sigillum curiœ Nivemensù. L'acte , en oatre , ainsi qne cela se pratiquait généralement à cette époque , porte que les anathèmes de l'Église sont prononcés contre ceux qui ne respecteraient pas la propriété vendue. A cette occasion , M. le Président fait remarquer que cette sanction , qu'on retrouve dans un grand nombre d'actes du moyen-âge, peut paraître extra* ordinaire à quelques personnes, mais cependant qu'il est facile de s'en rendre compte, en se rappelant l'état de la société aux siècles précédents. Malgré les efforts incessants de la religion pour établir d'une manière solide l'empire de la justice, soHvent la force et la violence venaient se substituer au droit et à l'équité; et au milieu des guerres continuelles qui existaient entre les seigneurs voisins , les faibles se voyaient dépouillés. Toujours fidèle à sa mission civilisatrice » l'Église faisait entendre sa voix puis- santé, et menaçait de rejeter de son sein et de mécon- naître comme ses enfants ceui qui violeraient les droits d'autrui. Quand un seigneur contractait des engagements envers ses hommes, voulant leur inspi- rer plus de confiance et leur donner plus de garanties, il venait lui-même demander à Tévêque de prononcer anathème contre lui, s'il venait à oublier la foi jurée, car, lui aussi , tout en recevant les hommages de ses vassaux et de ses sujets, reconnaissait qu'il avait des devoirs à remplir à leur égard. I^e faible , de son cOté , venait implorer la protec- tion de l'Église , la conjurant de confirmer ses droits et de les sanctionner» en menaçant de ses anathèmes «eux qui seraient tentés de les violer. Seul pouvoir incontesté, seule autorité à l'abri des fluctuations sociales , l'Église voyait accourir à elle les hommes ûe toutes conditions. Que de fois le faible , pour plus de sûreté, s'est constitué vassal de l'Église, et a déclaré son domaine chose de l'Église I Quant, à la suite du chaos et des bouleverse- ments , la société se fut établie , vers les onzième et douzième siècles, d'une manière plus stable , ces - 412 — licii}itt«rles de recourir à V Église éevinreni des insti- • • tattons ; les peujries , habitués à bénir cetie autorHé toute paternelle , continuèrent à la reconnaître ; il ne fau( plus nous étonner de voir l«î5 offidalité» eccl^iastiqoes sanctionner les tntnsactiotis. Il esc à remarquer que dans les actes les plus foi- portanis , c'est l'évéque lui««iiênie qui agit et qui prononce Tanathènie contre le contractant infi Un antre représente un personnage debout sur la .- 415 — » porte d'un temple , haranguant le péu(4e. Ces » objets , m*assure-ton , ont été trouvés dans des » fouilles faites à Gbalaux , canton de Lormes. n M. Demerger a vu encore dans son pays un fusil de Kabyle dont H donne la description. Il est fâcheux que la personne qui possède le mortier de bronze n'ait pas voulu le confier seule- njent pour quelques jours; on aurait pu traiter avec elle de sou acquisition. La lettre de M. Demerger sera conservée dans les archives de la Société. La Société remercie le nouveau récipiendaire de renvoi qu'il lui a fait d'un recueil de Noëls bourgui- gnons. La proximité des deux provinces de Nivernais et de Bourgogne rend ce livre intéressant pour notre pays. M. Morellet lit, pour en donner une idée, quel- ques-uns de ces vieux chants devenus populaires. M. Cougny fait remarquer qu'ils ne portent pas toute- fois le vrai caractère de la poésie populaire ; qu'à la régularité du mètre et. des rimes on peut reconnaître une muse savante. On ne peut d'ailleursi contester la naïveté d'allure de ces anciens noëls; et c'est sans doute grâce â cette qualité qu'ils avaient été adoptés par le peuple. Du reste , toutes nos provinces en offrent d'à peu près semblables, chacune en son dialecte ; et l'ou est frappé de la grande analogie des sujets qui y sont traités. Un chant qui se retrouve dans tous les recueils de noëls représente les bergers des différentes loca- lités du pays , apportant en offrançe à l'enfant divin des produits de leur hameau. M. l'abbé Hurault en cite un de ce genre , qui a été fait pour Glamecy et ses environs. Ce noël offre des renseignements cu- rieux sur les localités voisines de Glamecy et sur les principaux produits de ces localités, déposés par les bergers au pieds de la crèche. M. l'abbé Hurault est prié de tâcher de se procurer ce vieux cantique , devenu fort rare ; la Société le publierait dans son bulletin. M. Morellet donne à la Société , au nom d'une — 416 - persoaae de Nevers , oommaDioalkni d'an Bréviaire maiHiscrit de VÉglise romaine ^ Ecciesiœ rotnanœ, comme porte ce titre, aa treiiième siècle. L'écritnre es est d'une netteté remarqoabie. M. l'abbé Hnraalt présente un mannscrit en ters de la fin du di3[ septième siècle , qui loi a été com- muniqué. Il est Fceuvre d'un récoltet de Glamecy. Ge manuscrit contient une suite de pièces de vers en stances appliquées à des gravums relatives à la conduite de l'âme qui met sa confiance dans Jésus- Christ ou qui s'en éloigne. Cet ouvrage nrériterait un comple^endu détaillé ; la Société prié Ql. i'abbé flurault de vouloir bien s'en chaigen M. Morellet Ut des notes fort Intéreseantes sur la confrérie des Arbalétriers de Decize et sur les écoles de cette ville au moyen-âge. Ces notes , jointes à celles qu'il a déjà communiquées à la Société sur les représentations dramatlipes à Decize , forment une réunion de documents très importants pour l'histoire du Nivernais et de la ville de Décide en particulier. La Sodété demaaite leur insertion dans le BuUetin. Éèole» de DecLEC* La ville de ]>eeize a eu au moyen-âge, à partir du quâtondème^èéle jusqu'en 1769, un collège de quel- que hnportance, qui portait le notn d'écolesde Decize; elles étaient dé^réaiionuf haine; c'était la ville qui les entretenait , qui les soutenait , qui en nommait et en payait les recteurs et les maîtres. Les écbevins et le conseil de ville y exerçaient une surveillance active et de tous les instants , et quand un écoHer de la ville avait mérité d'être encouragé par son travail et ses succès , elle l'envoyait à ses frais achever le — 417 — cercle des études UtMrairet dans ose mîversUé voi- sine , soit Boarges, soit Orléans. Le9^ écoles 4e Declze étatoiil libres > Quêtaient agrégées à aucune universâlé y luate devaient être , comme le collège de Nevers , et coaformément aux lois qui régissaient la matièro en il%%pmom l'inspec- tion de l'écolâtre du chapitre de la eathéd^le, dont les fonctions étaient réunies à ceUe de grapritchaBUre et sous la surveillance du chef du diocàse; cependant nous n'avons pas trouvé trace de ces deux faits dans les manuscrits de M. Pallerne de Chaperon, Quoi qu'il en soit de cette surveillance ecclésias- tique . les écoles de Decize n'ont pas tocqours été confiées à des prêtres ni à des célibataires ; le plus ancien recteur des écoles de Declze , dont les ar- chives locales aient gardé la mémoire , est Jean Le- buisson ; il était marié, et «a veuve, Jeanne Yignault, vivait encore en 1389. Néanmoins , nous pensons que Jean Lebulsson était considéré comme homme d'église et Jouissait de tous les avantages et privilèges attachés durant le moyen- &ge % cette qualité. Voici par ordre chronologique la série des faits qhe nous avons recueillis dans les manuscrits de M. Pallerne de Chaperon sur les écoles de Declze : Jean Lebuîsson » redeur des écoles de Declze » était marié ; sa veuve , Jeanne Yignault » vivait encore en 1389. 1386. Jean de RaloMs, recteur. 1389. Jean Garnerin, maître rectieir des écoles de Declze. 1Zi28. Etienne Maulchausse, dit de Lauty, ancien recteur dès écoles de Dectoe. l/i36. Pierre Coquille, prêtre, recteur des écoles. 1437. Jean Blondet, honorable homme , maître ès- arts« recteur des écoles. l/i52. Jean Boudot, maître ès-arts. 1456. Pierre de Billon , prêtre et curé de Saint- Maurice à Decize, loue une maison .aux échevins de Declze pour y placer des écoles. - il8 - l/i62. Etienne Boët , maître ès-arts , recteur des écoles. i/i66-U96. Jean Maréchal, maître ès~arts , recteur des écoles de Decize , reçoit soixante sols tournois pour lui et ses compagnons ; ils avaient Joué la vie de saint Alexis le jour de Saint-Aré. 1485 Biaise Coustelier, recteur des écoles. 1Zi85. Lynard Perrin , de Lyon , et Germain Large , du Pin-en-B.-B. , maître ès-arts, sont en- voyés en la ville de Decize par maître Bonnet , maître ès-arts , pour commission des échevins , afin de procurer des maîtres pour régenter, gouverner et régir les écoles de la ville , que maître Biaise Coustellier , recteur des écoles , avait dit qu'il voulait abandonner. 1493. Jean de Noyon, maître ès-arts, recteur des écoles. 1498. Pierre Ogier , maître des écoles. 1510. Jean Decolonge, maître es arts des écoles de Decize. Famille servile. 1514. Pierre Cousin , maître d'école à Decize,. reçott de la ville douze livre» toamois cfrademnité pour le loyer de ton logement. Famille serve» 1 à25. André Bellaudier, recteur des écoles 1570. Jean Agier, recteur des écoles. 1575. Anselme Cabaille , recteur des écoles 1581. Robert Esmond , précepteur des écoles. 1610. Annibal Thus, d'Aix en Provence, prêtre. Pour l'engager à venir prendre la direction des écoles , les échevins traitent avec lui • sous les conditions dressées à peu près en ces termes, le 7 septembre 1610 : Il sera tenu d'avoir irois régents pour les trois classes. Les dimanches et jours de fête , les écoliers assisteront aux grands-messes; à vespres et à matines aux fêtes solennelles ; au temps de — /il9 — carême , aux ténèbres ; aux processions gé- nérales et autres de la paroisse de Saint- Are ; il sera tenu en outre de chanter au pupitre ; et de tellement régler les écoles qu'ils ne vacqueut pas dans les rues les jours de leçons. Outre les trois régents, maître Pierre Barseune fera la seconde classe à ses écoliers, et sera tenu de porter respect et hommage audit recteur , et de prendre de lui les documents et préceptes dans lesquels ledit Thus voudra que les écoliers soient instruits. Lequel rec* teur sera tenu de nourrir ledit Barseune. Mattre Nicolas Lebrnng sera aussi Tun des régents et fera la classe de troisième. Maître Barseune sera nourri par le principal. Ledit Thus aura cent livres par quartier , soit quatre cents livres par an. Les élèves payaient sans doute les droits d'ex- ternat. 1621. Nicolas Lebrun , prêtre, recteur des écoles. 1670. Ludovic Perroux , recteur des écoles. 1673. Pierre Marinyer, recteur des écoles. 1680. Gabriel Dars, recteur des écoles. Dars Regnault était serf de Druy eu 1 336. 1696. N. Louis, prêtre , recteur des écoles. 1736. N. Cabaille, recteur des écoles. 1736. N. Marchand, dit de THôpital, recteur des écoles. 1738. N. Rogue^ recteur des écoles. 1738. Vincent Roussel , régent des écoles. 1757-1771. N. Moreau y recteur des écoles de Decize et receveur de la fabrique de Saint-Aré. 1788. N. Gounoot , recteur des classes de Decize. t • 420 — Notes snr la confrérie des arbalétriers de IHeci^e* La création de l:i milice des fraocs-arokers , par Charles VU , à la fin de la guerre de Gent-Ans, avait amené, par tootes la» villes frasçaises de quelque importaoce, Tnsagede s'exeroer régiiiièrement au tir de l'arbalète tous les dioiaodies; chaque année on concours avait lien entra les citoyens ; toos y pre- naient part; un prix récompensait Tadresse de celui qui avait aballu le papegay ou l'oiseau attaché au bout d'un ndt , et il était déclaré pour l'aanée le roi d'armes, le roi des arbalétriers, le V0i.de l'oi- seau. A Decize, nous trouvons le tir de l'avbiAèCe établi, dès la fin du quinzième siècle. Les habitants , réunis en compagirie , s'eiereent fréfoemment au tir de l'arbalète pour se mettre en état de défendre la ville en cas d'attaque* C'est la ville qui paye le prix, et ce prix varie d'aanée en année 3 11 est tantôt de 20 sous, tantôt de 20 livres, tantôt de 30 livres, tantôt de ^0 , quelquefois de &4 livres. Par ordonnance de Louis XIV , 1669 , le prix fut de 20 livres et le roi de l'arquebuse fut exempté du logement orilitaire. L'arbalète resta Tanne de la confrérie jusqu'aux premières années du seizième ^èele. Alors elle fut remplacée par Tarqnebuse qsi, avec le mousquet, était devenue l'arme ordinaire de Tarmée française. Le tir et la confïrérie de Tarquebosef ont subsisté à Decize jusqu'à la fin du dix-huitième siècle. \U9U. Pierre Bourbon reçoit la franchise en sa qua- lité de roi d'armes des arbalétriers. M. Morellet ne pense pas que ce soit la fran- chise personnelle ; il s'agit seulement, à son — 4îl — avis , cte la fraacMse des impôts et da {oge- ment des geas de guerre. \k96* ÉtieoBo Daovergoe , roi (tes arbalétriers. i&93. Jean Bert , roi de i'olseaa à Deciiew 15i1, Jean Dampjean , prévdt de Deeice, est roi des apl>alétriers. 1515. Guillaume Lemercier, barbier à Deotae. 11 est le premier des archers et , à ce litr« , chargé de payer dO fr. aux habitants ou eufants de la ville, qui abattraieat l'oiseau, afin de les exciter et les habituer à tirer de Tare , pour Vabnoieh et défense d'ycelle ville. 1519. Jean llobin , grenetter à Decize , seigneur de la Blotte-auX'-Giraod €t marchand , est roi des arbalétriers et reçoit 20 sous pour son adresse. 1521. Billard-Cordiii , sellier à Deeize , roi du pape- gay. — Fermier de la maille sur le pain en 1528. 1525. Jean Pomyer , cordier , est roi des archers et reçoit 20 sous peur avoir î^liattu lé papegay. 1532. Jean Esmalle , fermier de la mailte sur le pain à Deciae en 1510, est roi des arbalétriers en 1532 et receveur des deniers communs de Decize. 1569. Edmond Decray, roi des arbalétriers à Decize. 1570. Claude Yirot, fermier de la petite paesure ix Decize , abat le papegay. 1600. Etienne Boudinet , marinier à Decize, est roi de Toiseau et reçoit 30 livres. 1616. Le même est roi de Toiseau. 1602 et 1611. Gilbert Ao^yot est roi des arbalétriers et il reçoit chaque fpis de la ville de Decize 12 livres de récompense. 1610. Henri Yacherot , roi des arbalétriers à Decize. 1612. Antoine Mozan , roi de l'oiseau à Decize, reçoit 20 livres pour son adresse. 1619. Basane Guy, n'ayant abattu de Toiseau que la tête et les ailes, les échevins ne veulent pas le reconnaître roi de Toiseàu ; il y a procès. 30 ' — Û22 — 162}. Ësine FoQlgDot, charpentier en bateaux à Decize et cafoaretier, e$t roi de Toisean. 1621. Etienne Deeray, roi des arbalétriers , reçpU tïU livres tournois pour son adresse. 1621. Claude Lebas^ vigneron» garde des vignes à Decize, est roi de Toiseauen 1621 et reçoit pour son adresse SO livres. 1631. ÂQtoine Dngué , entrepreneur des pavés de la viUe de Decize , roi de Tarquebuse. 1^36. Antoine Lefebvre , marchand à Decize , roi de Toiseau i reçoit 40 livres. 1637. Jacques Moineau, fermier du droit de mesurage du charbon à Charbonnière , est roi de l'oi- seau à Decize , et reçoit 40 Uvres tournois pour son adresse. 1671. Denis Coppln, roi de l'oiseau à Décide. 1671. Bourdeau-Léger, roi de Toiseau , reçoit 20 li- vres pour son adresse à Decize. 1674. Etienne Deeray fils, roi de Toiseau, reçoit 20 livres pour son adresse, 1676. Charles Berquin, roi de Toiseau à Decize. 1 695. Jacques Piot est roi de Toiseau. Par ordonnance du 25 novembre 1669 , le roi avait accordé 20 livres à celui qui abattrait l'oiseau» avec TexempUon du logement de de guerre. 173B. Jacques Philippe Marinyer abattit Toiseau et reçut 20 livres tournois pour son adresse. 1746. Guillaume Millot, roi de Toiseau à Decize^ reçoit 20 fr. (20 livres?). Le Pro 'Secrétaire , E. COUGNY. ~ /|23 - SÉANCE DU 20 àTRIL 185^. Siégeât au bureau : MAI. Crosnier, président; Raynaud, reeteurde Tacadéttie; Morellet^ vice- président; de Villefosse > secrétaire. AL, de Bremoûd d'Ars, conseiller de préfecture^ est admis comme membre titulaire de la Société. ftlv'Bdroe- Thomas, employé au ministère de la guerre , gérant du Bulletin de l*Empire , est nommé • membre correspand ant M« le Président dépose sur le bureau des médailles romaines et du moyen-âge^ ainsi qu'un vase éii bronze garni d'une ianse , objets trouvés h Dcclze » quand on a abaissé la rue qui conduit au château. Ces objets ont été adressés à la Société par M. Trévaux de Berteux^ auquel la Société vote des remerci- ments. M. Morellet , qui déjà nous a donné de curieux renselgnenients sur Decize, croit devoir communi- quer à la Société les deux notes suivantes, qu'il a extraites du manuscrit 4e M. de Ghassenay : « En 1486 , les échevins de Decize envoient Re- gnault Gbevillot à Nevers consulter Droin Gottignon, avocat , au sujet du Grand- queux du roi» qui faisait lever ua impôt sur les bouchers, taverniers, traiteurs et autres vendeurs de chairs crues ou .cuites. » Ils l^ chargent ensuite de réclai^er auprès du gQuvernemeut du roi Charles VIIL 9 £n 1491 , Jean Dupont, roi des merciers du comte de Nevers, fait établir deiix foires à Gossaye, sur la demande de Jean de Chaqgy , $.eigneur de Peron , et Jean et Pierre du Cornier, seigneurs de Çossaye. » Suivant les ordonnaDces du ti juillet et k décenr- bre , les droits de leyde appartenaient auxdits sel- gneufs, et de plus, à Jean Micliel de Marcigny-les- Nonains et à Vincent Gervais, procureur, i A la fin de la dernière séance, M. le Président avais rappelé à la Société que le règlement dressé en 1851 n'était que provisoire ; qu'on avait pu , depuis bien- tôt trois ans que la Société s'était consftitu^,- vtilr cé^ui devrait être nrocfifié; il prié doii€ IVl le Se< crétaire de vouk>ir bien faire la lecture de ce règle- ment provisoire aOn qu'on puisse le discuter, article pàj* article, et en fixer lai teneur d'une manière d#i- nitivè. Après une double lectufre et vm sérieux examen , onr admet le règlement dans son ensemble avec que}- ques modifications , et, sur la pmjiosition de M. le Président , on nomme une commission de cinq mem- bres; cliargés de la f édàctiou. ■ '. ■- Ont été nonimés inemb^eâ tté eétte cdbmission : Mjn. Râynaud , recteur; président; du Broc de Séganges , Morellet , Cougny, de ViUefosse. i\ a été arrête qu'après lé travail de la ëdminB- stoii , M, rdbbé Crosnier voudrait bien adresser lé régleiîieût iîi. le iPréfet , pour le faire àfiprquvër et dot{^nir ensuite f existence légale de la ^ôrciéié; Le ré^ilëmeiit , iirie fois apjprouvé^ serait impriitié, tiodi' eire pldbé eu tête dii premier Volume dû BuUeiin. Hi. le Prësiddàt fait remart[uer (j[ùé ddtis là i^rd- chaîne séànée ddivéiii avoir iieù les élëçtiôds trien- nales , et iqiùé lé premier volûltiè du Bulletin devrait se compléter par le rapport de là présenté ^éaiiëè. « Il serait ibiportant , dit-il > dN ibitldre là listé des ouvragés et des objets id'àrt qui bnt iél6 dffei^të à la âbctétë pendant té cdurs de ces troiè^ àtottéé^. • Cet avis (est adopté à l'unanimité. M. Morellet émet le vceu que le compté-Kîii'dti — 425 - des onvrages offerts soit , à Tavenir , inséré dans le Bulletin. Cette proposition e^t adoptée , et les ou- vrages sont distribués aux différents membres qui ont bien voulu se charger de ce compte -rendu. Ce travail fera partie du secpnd volume du Bulletin. hprès l'approbation du règlement > on commen- cera à délivrer aux différents membres de la Société, soit titulaires , soit correspondants , le diplôme qui doit constater leur admission. JLe Secrétaire , aÉRON DE VIIfLEFOSSB. 426 — OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. Annales archéologiques de Didron, 12 vol. io-^*', donnés par le commandant Barat. JLc Nivernais, 2 vol. m-U'', donnés par le même. Éléments d'archéologie ^ 1 vol. in-lS, offert par M. Crosnier, vic?aire-général. Iconographie chrétienne , 1 vol. in>8° offert par le même. Esquisse archéologique sur quelques églises du diocèse de Nevers , 1 vol. in-8*, offert par le même. Société d'agriculture deMâcon, 1828, 1829, 1834, 1840^ brochures offertes par M. de Surigny. Recherches historiques sur l'arrondissement de Mor- tain y 1 vol. in-8'', offert par M. de Gaumont. Congrès archéologique tenu à Auxerre^ Cluny, Cler- mont, 1 vol. in -8% offert par le même. Promenade archéologique en Bretagne , 1 vol. in-8*, offert par le même. Tombeaux cryptes deJouarre, 1 vol in-8% offert par le même. Sur plusieurs questions, 1 vol. in-8'', offert par le même. Sur la Réforme académique, 1 vol. în-8*, offert par le même. Statistique routière de Normandie, 1 vol. in -8°, offert par le même. Union agricole^ engrais concentrés, culture sans en- graisy 1 vol. in-8% offert par le même. Société littéraire de Colmar, brochure in-8°, offerte par M. Morellet. Statistique de l'arrondissement de Nevers^ 1 vol. in-8% par M. de SouUrait. I — 427 — Thèse pour le doctorat en médecine , par le docteur deCrozant (i8ii4). Traité de l'asthme, par le même (1853). Sur les coliques néphrétiques et la gravelle , par le même (1851). Traité de l'emploi des eaux minérales de Fougues, par le même (1851). Château de Villeneuve , — Discours de réception à l'académie de Mâcon , par le même. Bulletin de la Société archéologique de Bordeaux , 1 vol. in 8*. Guide du Botaniste, par Germain, 2 vol. in 8% offerts par Tauteur. Origine dijonnaise, par le baron Roget de Belloguet, 1 vol. in-8% offert par Fauteur. Commission historiique du Cher, n°' 1 et 2 , in- 8°. Noéls bourguignons , offerts par M. Demerger^ de Ghâtillon-en-Bazois. Mémoire sur les sangsues, par i>l. Boudard , pharma- cien à Châtillon , offert par l'auteur. Recherche de l'arsenic , par le même. Les différents numéros du Bulletin de la Société des sciences de l'Yonne, Bulletin de l'Empire, par M. Thomas , 1 vol. in-8% offert par Fauteur. Lettres du général Alix, offertes par M. Jobert, curé de Corvol-FOrgueilleux. Brochure de M. BuUiot sur le Mont*Beuvray. Géographie de la Nièvre , par M. Lhospied ,' ouvrage offert par Fauteur. ComptC'rendu du congrès d'Orléans, Deux brochures in-6* de la Société archéologique de Montpellier, Esquisses d'Autographes, par Lefebvre , offert par Fauteur. Manuscrit du prieuré de La Charité, offert par M. de Bourgoing. Histoire de La Charité , extrait de Y Art en Province, par le même. LeMorvan, par M. Dupin, 1 v. in-1 8, offert par l'auteur Bulietïn de la Société de RamhouUlet. Pensées , Maximes , Réflexions . par le général baron Péliet. Numismatique nivernaise ^ 1 vol. în-S", .par M. Georges de Soultrait. Notice sur les Conseils généraux de la .Nièvre ^y de 1787 d: 1852, par M. Avril. Manuscrit de S. Marion , 1574 , offert par M. V. vde Maumigoy. Thèse de M, 'Honoré Jacquinot, les. Américains, An- thropologie^ offert par Taulenr. OBJETS D'!ART OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. 1° Bas-relief trouvé à Donzy, représentant le par- don de la femme adultère (renaissance), /offert par M. Tabbé Crosnier., vicaire-général. 2» Tête de che\al et torse d'homme trouvés à Avril-sur-Loire ^époque .gallo-romaipe ) , donnés par M. Verdevoye. y Style trouvé ù' la Motte -Pasquier,vprès Sain t- Amand-eti Puisaye (époqne gaJJorromaipe) , offert par M. Delafond , géomètre à Saint- Amand. Zi*» Cipegallo-ronàaiD trouvé auprès de Saint*AmaDd en-Puisaye, offert par M. Tabbé Ôléflaent. 5' «Brasselet en enivre (époque gallo romaine ) , offert par M. Armand Froissard, d'Alllgqy^sur- Cosne 6" Deux médailles d'argent , comméroorative du ^larfage de 'Louis XV, offertes par AL Alexis Frebault. 7* Une-antre aussi d'argent, frappée h l-oceasieii / \ — /i29 - da mariage de Charles ^ roi d'Angleterre , avec Henriette de France, 8<> Médaille d'argent du crédit foncier, offerte par MM. les Sociétaires. Q** Lampe romaine en bronze , trouvée auprès de Ghâteau-Chinon , offerte par M. Parthiot^ architecte. iO° Portrait du sieur de La Madelaine , offert par M. Oemerger, de Châtillon-en-fiazois. 1 1"* Cachet d'oculiste romain , trouvé près d'Âlluy , offert par le même. 12** Médailles romaines et autres du moyen-âge, offertes par le même. IS"" Fossiles de différentes espèces , offertes par le même. iU"* Vase de bronze trouvé fi Decize (époque ro- maine ) , offert par M. Trévaux de Berteux. IS*" Modèle de l'appareil qui a servi à dresser l'obé- lisque de Louqsor^ offert par M*"* Brotler. 16* Deux autels votifs trouvés à Bouhy ( époque gallo-romaine) , offerts par l'administration municipale de Bouhy. 17° Descente de croix , copie de Fra-Angelico par M. du Broc de Seganges , offerte par l'auteur. IS** Souvenir de Voyage, album in-folio , par M. le baron de Bar, offert par Tauteur. 19"* Carte de l'état-major^ donnée par le conseil général 20" Dessin au trait du portail de l'église de Con- ques (Aude), par M. Dnmouzat, architecte FIN DU PREMIER VOLUME. v' .lT%->* *A * t ■ U 1 { l « . . « I TABLE. Pages. Règlement de la société ^ i Membres titulaires et correspondaDts vu Organisation de la société .4 Composition du bureau , 2 SÉANCsmj 3 JUILLET 4854 3, Sceau adopté par la société. ........ 4 SÉANCE DU 24 AOUT 4854. . ' 6 Discussion sur le mode de publication.' 7 Tombeaux celtiques trouvés à Moussy. .... 8 Dissertation sur les anneaux et bracelets antiques. . 9 Importance d'une description des ûitisées du pays. '^ Monnaie arabe trouvée à SaintrRévérien. ; . . . 40 Eclipse du 28 juillet. — Phénomène végétal. . . .44 La société nomme ses délégués pour le congrès d'Or- léans 44 Plusieurs membres demandent qu'on consacre une partie de chaque séance à Fétode des princil[)6s archéologiques i' ...... '. 42 Curieux' procès de Donzy terminé en 4854, après plusieurs siècles de débats ' . . . 43 SÉANCE DU 4 4 SEPTEMBRE 4 854 43 Dissertation sur la pièce arabe, dont il a été parlé dansla8éancedu24 août. . .44 Notice sur la consécration de l'église ^ de D'hun-les- Places .' . . * . . . . 46 Acte de donation de cette église. . . . . . . ' 22 — 432 — Pages. Observations sur les moDuments druidiques. ... 26 SÉANCB DU 2 OCTOBRE i^lil. 29 Bulletin tiré à 300 exemplaires 30 Compte-rendu du congrès d'Orléans 30 Crjrpte de Saint-Agnan d'Orléans 30 Médailles romaines trouvées auprès de Decize. . . 31 'Monnaie d'argent à Saint-Bévérien .....,..,.,.». 47 J^eliefs de Téglise d'Ainay, à Lyon le serpent tentateur à t^te huitaine au douziènoe sièclç 48 îSiÉANCE DU 4 MARS 485^. . <, , ,. . . ,. . ^. 50 Tradijc|jiOO,^lajpçej»ièi'e ^Ipgi^e^e V^jrgile en,yers français, par M. Morcllet 54 (imitation en vers français ,^J^iii\ble 6('ttotj^je^}e BaU — Ià3 — Pages . dé vUU et 1« Éàidk champs, par 11. rabbé Hvrattlt^ ^f Pi'èiives authentiques do l» fetxssëté^ é«s aiMrttoog ingérées dans V Annuaire de la Nièvre h 845, au sujet de la mort de M. de Séguiran 56 SéàNGBiUri^ii^nii 4859 * * 59 ËCiiâe iconographique sur le portrait de Conque» (Aude). • 5» Fable de M. l'abbé Hurault , en vers français, le Pro- digue et VHirondelie ......... 64 SéANGEDU 43MAI 4852 62 Monument celtique découvert auprès de Tannay. . . 62 Brreur sur Corbigny. • • ' ^* SÉANCE DU 5 JUILLET 4852 « 69 Les écoles monacales en France au moyen-âge. — Influences de Quny en Italie. , 70 SÉAIIICE du 5 AOUT. . . ........ . ... . . .75 Étude biographique âdr Oiovani Ângelico. . . . . 75 Notice sur Sauvigny-les-ChanoineSi 76 SÉttNCB DU 2 SEPTEMBRE. ......... 79 Synchronisme des styles en Frmice et en. Italie* « . 79 S:6angb DU 44 OCTOBRE 4852. ; ^ . «^ . • • 84 h& ëonseil général vote 300 fr. pour la société. . . 85 U ^ciété décide la puMieàticMi de la mniogr^pkie de . m cathédrale, r- Différentes observatiot» au sujet de cette publication. . . . . k * . »; • 8ft Histoire symbolique et iconographique du lion. , . ^8 ^^ANCÉ DU 4 NOVEMBRE 1884. . . i ^^ SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE 4 85i • • *Ofe Commission instituée pour s'occuper des môyenâ de Compléter la restauration de Safal^Étiemie tte Ne» ' >^ers , • 408 / / — 434 — Pages. Ho^Âod bialtfwkpie ei ardiéûlogique ^ur SainIrËtiQnne. 4 09 Appendices kjNècesjuBtifîcatîveç. . 453 Séance DU 6 MNViBR 4853 479 Rapport sur les travaux exécutés dans les ruines gallo- romaines de Saint-Révérien , par M. Baudoin, d^AvalloD. ...... .....: 479 SÉANCE DU 40 MARS 4853 494 • ■ ' , • Discussion sur les tombeaux du moyen-âge. . . . 494 Notice sur les [ancienne» tapisseries dé Saint-Cyr, par M. Morellet. ............ 4 93 Notice historique et archéologique sui'Sémelay; par M. Charleuf. . .300^ SÉANCE DU 49 MAI 4853. ......... 208 Note sur Jean de Clamecy, par M. Delarochë. . . . 208 Étude sur la tragédie d'Adonis de Guillaume leBrer». ton , par M. Grandmotet. • 244 Charte concernant la paroisse de La Nocle, oommu^ niquée par M. Tabbé Millet. «234 Séance DU 7. JUILLET 4853. . 12)33 Saint-Gildard et les Sœuns dé la Charité .... 233 Promenade du château au parc. . •. . .... ,23i Le parc. .............. 237 Prieuré de Saint-Gitdard et de Saini-Loop. . . . 240 Saint-Laul«Dt4'Âbbafye'.' ........ ^ 249 Ruines du prieuré de SaintOildard. ..... ■. 263 Sœurs de la Charité. .......... 266 Fondation de la Visitation à Never^. . ... ... 304 Bénédiction de la première pierre de l'autel de Saint- Gildard . . . . . '. . . 342 SÉANCE DU 44 AOUT 4853. ......... 324 Notice sur Téglise d'AUuy, par M. Charleuf. . . .. 324 r' — im — 1 Pages. I I M. Clément, curé de Saint-Arnaud , et M. Meûiel, ! curé de Bouhy, écrivent au sujet d'un sarcophage I trouvé à Bouby 32i ■ SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1 853 320 Sarcophage chrétien trouvé à Bouhy , formé de deux anciens autels votifs 320 Notice sur une pierre antique trouvée à Saint-Révé- rien 336 SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1 853 354 Mémoire sur les cachets de médecins-oculistes romains 352 SÉANCE DU 45 DÉCEMBRE 4853. 374 ^ Médailles trouvées à Saint-Honoré 374 Notice sur les eaux de Saint-Honoré 374 Discours prononcé par M. Tabbé Crosnier à Fissue de la messe célébrée au Parc, ie i septembre 4 853, à TocC/asion de la fête agricole de Nevers. . • . 373 Discours prononcé par M. Morellet , professeur d'his- toire au collège , à la distribution des prix de cet établissement, le 43 août 4853 380 Notice sur M. J. Gallois , fondateur du musée de rhôtel-de-ville de Nevers 394 SÉANCE DU 42 JANVIER 4854. . . . ^ 398 Appareil en miniature qui a servi à élever l'obélisque deLouqsor. — Explications de M. Morellet sur cette ingénieuse machine 398 Une messe de minuit à Uxeloup en 4793 400 La confrérie des Plats, à Nevers, au treizième siècle. 402 Dimanche des Brandons 406 SÉANCR DU 9 FÉVRIER 4854 440 Acte de vente , du treizième siècle , d'un terrain situé dans la paroisse de Chevenon 440 4 ' V/ - T ■ t ^ * ' . * ' U) — 436 — Pages^ SÉANGEDU S MARSvISëi. 4.44 Écoles de D^ize 446 Nelice sur la confrérie des Arbalétriers de Décide. ^ . 420 SÉANCE. DU 2Q AVRii, 1854. 423 Commission nommée pour Is^ rédaction définitive du règlement de la Société. 424 0UVRA(ÎES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ :..... 426 Objets d'art offerts a la socrÉTÉ 4^8 ^ PIN DE LA TABLE DU PREMIER YtïLUME.